La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face a vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la partie deux de la sélection numéro cent une des clips de la semaine.
yoa — Attente (Reprise) (Feat.Tomasi)
Notre attente sera bientôt récompensée… En effet, c’est vendredi prochain que yoa dévoilera enfin son premier EP intitulé… Attente. Un premier effort dans lequel la jeune femme a mis toute sa sensibilité, sa tendresse, ses colères, ses peurs et son amour.
Comme un écho étrange à la vie, cette semaine elle nous offre le clip de Attente (reprise) morceau qui, comme le titre l’indique, reprend le premier morceau que yoa nous avait dévoilé il y a de ça un an et demi et sur lequel s’ajoute un couplet du fabuleux, et très aimé par ici, Tomasi. L’attente finalement, c’est celle de la rencontre de l’être aimé ? de la rencontre avec soi même ? de la paix intérieur ?
Ces questions trouveront sans doute leurs réponses la semaine prochaine mais pour patienter avant la grande révélation, on profite du clip de Nicolas Garrier. Un moment doux et poétique, tourné dans le parking de chez Tomasi (oui nous avons les informations) qui illustre toute la douceur onirique de ce morceau et nous entraine dans un moment un peu étrange, sur le fil du rêve et de la réalité et dans lequel une tendresse infinie explose ?
Que demandez de plus ? Peut être d’arriver déjà au 22 octobre sans doute.
James Blake, slowthai – Funeral
Un clip en noir et blanc, James Blake quoi. Non en vrai c’est encore une fois magnifique, on en prend plein la vue et les oreilles.
On avait déjà eu droit à une collaboration entre James Blake et Slowthai sur l’album de l’enfant terrible du UK, cette fois-ci c’est sur celui du pianiste qu’on retrouve nos deux larrons pour un titre bas en couleur, mais haut en émotion, Funeral.
Dans ce clip, on visualise le bal de la mort, cette longue traine de véhicules, la file motorisée vers l’au delà, bloquée, comme immobilisée dans un embouteillage. Ce sont des obsèques, celles de qui, on ne sait pas, mais l’attente est là, celle du dernier instant, du dernier au revoir. Cet aspect solennel est tranché par le comique de la situation, c’est totalement pathétique, un enfant joue à sa console portable pour passer le temps, quelqu’un se fait livrer à manger dans l’embouteillage.
C’est triste, dans tous les sens du terme.
Adrien Legrand – La Grande Delle
Les souvenirs d’enfance sont une zone merveilleuse qui déforment la plupart du temps la réalité. Parce que tout était plus grand, plus dangereux, plus beau et que lorsqu’on se replongent dans ces moments de vie, l’esprit nous entraine dans des territoires bien différents du réel.
C’est ce que nous raconte Adrien Legrand avec le superbe titre La Grande Delle. Quartier situé à Hérouville-Saint-Clair, c’est l’endroit qui a vu les premières aventures du musicien, dans lequel il a vécu ses premiers souvenirs d’enfants, ceux grâce auxquels ont se construit un peu pour la vie futur.
Le morceau est une petite bulle de savon qui laisse exploser toute sa douceur enfantine avec ce petit côté naïf parfait et un refrain qu’on adore reprendre.
Pour le clip, c’est Vincent Condominas, ami et camarade de scène de Adrien Legrand, qui prend la caméra et retourne à La Grande Delle pour nous offrir un hommage à cet endroit, porté par de la pure nostalgie normande, comme une promenade dans des lieux portés par les fantômes de l’enfance.
Le premier album d’Adrien Legrand est attendu pour décembre, on a forcément très hâte.
Alkpote – Belles
A vrai dire, on ne trouve plus les mots pour caractériser l’oeuvre de l’empereur. Toujours prêt à surprendre son public là où il ne l’attend pas, Alkpote nous livre aujourd’hui le clip de Belles, un morceau presque pop, oui presque parce qu’il faut aussi écouter les paroles pour comprendre que ça n’a rien de populaire.
On retrouve ainsi notre champion dans cette vidéo déclaration d’amour aux femmes, quelles qu’elles soient, jeunes ou vieilles.
Il croise sur son chemin tout type de femmes, en ne manquant pas de leur signifier l’amour qu’il leur porte, alors bien entendu c’est attendrissant, mais on vous conseille quand même de bien écouter le refrain et d’attendre la dernière scène pour prendre ce cher Alk pour un saint.
C’est encore une fois lunaire, complètement barré et c’est là tout l’art de l’empereur qui n’en finit plus de nous surprendre.
JYEUHAIR – Laventur
Si vous kiffez les artistes selfmade et qui plus est avec un talent monstre, autant vous dire que JYEUHAIR a de quoi vous ravir.
Le jeune rappeur nous offre un clip pour son morceau Laventur. Cette vidéo c’est une animation 3D qu’il a lui même créée dans laquelle on l’accompagne, lui l’aventurier dans une épopée, sac à dos vissé sur les épaules.
Dans un décor qui rappelle le grand canyon, notre protagoniste part en quête d’une source de lumière ultime, une boule de feu qui scintille et galvanise l’esprit.
Notre héros n’hésite pas à prendre tous les risques, escalader des immenses canyons pour atteindre cet objectif. Toute ce périple pour embrasser cette source d’énergie et rentrer en son sein pour finalement disparaitre.
On vous laisse regarder la vidéo jusqu’à la fin pour une petite surprise.
C’est beau, c’est fort et putain, on en redemande.
Youv Dee – Ceci Cela
Sur La Face B, on n’est pas du genre à définir les artistes par un genre musical. Il faut dire que notre époque et l’évolution de nos modes d’écoutes rendent les frontières entre les genres de plus en plus poreuses, pour notre plus grand bonheur.
Youv Dee vient appuyer cette semaine notre pensée. Alors que l’artiste dévoile la réédition de son premier album, il se met en avant avec le titre Ceci Cela titre entrainant toutes guitares dehors dans lequel l’artiste explore une nouvelle fois des thématiques qui lui sont chères : le besoin de réussir, de vivre selon ses propres codes et d’assumer ses spécificités, quitte à être parfois marginalisé. Le morceau bénéficie aussi d’une certaine mélancolie mais Youv Dee nous le rappelle : il faut vivre en adéquation avec soi même, quitte à aller contre les choses que la société essaie de nous imposer.
La vidéo de Ysos met bien en avant cette idée. Le clip met l’artiste dans différents rôles de subalternes, encaissant, brimades, humiliations et violences jusqu’à la goutte de trop qui le fait exploser pour enfin enclencher une certaine rébellion et un sauvetage de sa propre existence.
Car comme le dit si bien Youv Dee : « Mais qui va me sauver, à part moi même ? ».
Meskerem Mees – The Writer
Il y a des dates qu’on note parfois d’une croix blanche dans nos agendas. Le 12 novembre, date à laquelle sera dévoilée Julius, le premier album de Meskerem Mees, fait parti de celles là.
La jeune belge nous met un grand coup au cœur avec sa folk hors du temps, lettrée et remplie d’émotions qu’elle maitrise à la perfection. La preuve avec ce nouvel extrait, intitulé, The Writer, et dans lequel elle nous entraine dans un univers au carrefour deu solaire et de la mélancolie. Une écriture assez dingue portée par une composition aussi légère qu’élégante qui nous bouleverse complètement.
Le clip de Felix Ysenbaert & Michiel Venmans joue lui aussi sur ce côté gentiment intemporel avec ce noir et blanc bien senti et cette histoire qui met en parallèle la vie de Meskerem et de ce mystérieux écrivain, le tout ponctué ici et là par des petites animations discrètes mais importantes.
Définitivement, on compte les jours jusqu’à la sortie de Julius,et en attendant on réécoute encore et encore The Writer.
Clément Walker – Sans toi
Clément Walker transmute le sentiment de solitude, d’abandon et de manque avec son clip Sans Toi. Le morceau est doux, tout en rondeur avec une mélodie pop et organique jouée au synthétiseur, accompagnée de piano classique, d’instruments à vents et de violons. Cet aspect symphonique porte le morceau lui donnant une véritable force émotive. Le paradoxe se joue dans la rime. Car l’artiste parvient à décrire avec perfection ce moment fragile entre le souvenir, l’oubli et l’obsession : “Quand je pense que je passe mes journées à oublier. Que le temps et le vent ont fini par balayer. Toutes les traces de nos pas, de nos moments.” Des pensées comme des coquillages, ou bien des plantes grimpantes à l’intérieur de la tête, à l’instar des objets dessinés dans ce clip. Avec ce clip animé aux couleurs vives, on reconnaît autant des airs de Voyou ou de Maïté Grandjouan.
Bolides – Dans le noir
Bolides nous emporte avec une balade baroque, intitulée Dans le noir. Une ambiance reprise par Coraline Benetti pour la réalisation du clip. On y aperçoit tantôt un décorde salle de concert avec une boule à facettes, tantôt un manoir contemporain habité par une vampiresse. Le passage onirique entre les décors se fait avec un rideau de velours rouge, comme un clin d’œil à la série Twin Peaks de David Lynch. Cet aspect velouté se retrouve aussi dans la voix du chanteur. Les textes sont travaillés, rythmés : “ Je cours tu t’en vas t’es comme l’année qui vient je me tue à la tâche comme je tache tes draps de mon vin.” Le tout étant porté par une musique urbaine proche de celle de Myth Syzer, ou Moussa et par une mélodie rappelant de grandes chansons françaises comme Barbara, Brel ou Aznavour.
Marc-Antoine Perrio – Mentir
Après Terrenoire, Fils Cara et Bernard Lavilliers, c’est au tour du stéphanois Marc-Antoine Perrio de montrer qu’à Saint-Etienne la bonne musique règne. Sur une mélodie disco-pop, presque swing, digne d’être sortie des années 1980, l’artiste chante le mensonge. Prenant la place d’un mythomane enchaînant les mensonges, ne faisant que mentir, se construisant un monde artificiel où la vérité des sentiments et la sincérité s’effacent voire s’oublient. Mensonges à la chaîne, aussi rapide que l’enchaînement des séquences du clip réalisé par Mickael Gaspar. Le clip comme le titre ont un côté psychédélique donnant le don à un futur premier EP, devant sortir d’ici la fin de l’année.
Baxter Dury – D.O.A
Un club vide, un homme au bout du rouleau dans sa solitude, et la mort qui débarque pour lui faire une lapdance. Vous trouvez ça étrange ? C’est sans doute que vous ne connaissez pas encore assez bien Baxter Dury.
Le clip de Tom Beard pour D.O.A résume à lui seul une grande partie de l’univers créé par par Baxter Dury au cours de ces 20 dernières années : les pérégrinations nocturnes d’un dandy mal rasé qui nous dévoile sans fard ses histoires d’alcool, d’amour brisé et de la mort qui se cache ici et là et qui, ici, se montre enfin dans une forme pour le moins … étrange.
Baxter est-il dans l’antichambre de l’existence ? Nous ne le savons pas mais ce morceau inédit, qui accompagnera la publication de son premier Best-Of, est une petite merveille. D.O.A pour Dead Or Alive, un sentiment que l’on a tous vécu lorsqu’une relation se retrouve à un carrefour. Baxter raconte, avec sa grâce habituelle, ces moments de fin du monde, mais cette fois-ci il laisse sa musique s’habiller d’une vraie modernité, comme si ce best-of était l’occasion de fermer une porte pour ouvrir celle d’un nouveau chapitre un peu différent.
Seul l’avenir nous le dira, en attendant on se délecte de ce nouveau titre brillant.