Les clips de l’été — Partie 2

L’été a été si riche en clips que nous ne pouvions pas vous laisser sans une deuxième partie des sorties qui ont marqué notre saison estivale. Voici donc la suite de notre sélection des clips de l’été.

Remi Wolf – Soup (Laura)

On avait découvert Remi Wolf en 2020 avec ses pochettes glitchées et sa voix pitchée sur des morceaux énergiques et délirants, le tout dans un univers saturé de couleurs, fun et sans complexe. En pleine crise sanitaire, difficile de passer à côté de son Photo ID. Puis, il faut bien le dire, elle était un peu sortie de nos radars. Mais quelle agréable surprise de la redécouvrir avec son deuxième album,Big Ideas, sorti le 12 juillet dernier. 

Si elle reste fidèle à son univers pop décomplexé, la Californienne franchit un cap avec un projet plus abouti, où sa maîtrise et sa maturité transparaissent clairement. Remi Wolf nous offre une palette sonore enrichie d’influences funk, soul, et disco synth, tout en explorant des thèmes plus personnels comme l’addiction, le doute, et la sexualité, sans jamais perdre cette énergie dansante qui la caractérise.

Pour accompagner la sortie de cet album, elle dévoile la vidéo de Soup, un titre à la mélodie contagieuse et accrocheuse, porté par une production scintillante aux accents 80’s. Un morceau qui aurait parfaitement pu servir de lead single tant il est efficace, réunissant tous les ingrédients d’un hit pop. 

Les paroles s’inspirent de l’idée de ne pas vouloir être éloigné de son ou sa partenaire, et d’être là pour eux en cas de maladie. Dans cette vidéo, Remi Wolf se lie d’amitié avec un crapaud au milieu d’un champ, une image décalée qui colle bien à son style. 

Olivia Dean – Time (Laura)

Olivia Dean n’a pas besoin d’artifices pour briller. Elle vise juste à chaque fois, et on ne se lassera jamais de la louer. Après l’avoir dévoilé en exclusivité lors de sa tournée,Time, son premier single depuis la sortie de son album Messy, est sorti en juin, suivi de son clip en août. 

Le morceau reflète l’état d’esprit d’Olivia, visiblement épuisée par son rythme de vie frénétique. Elle peine à trouver un équilibre entre ses ambitions et le temps qu’elle aimerait consacrer à ses proches, tiraillée par le besoin d’être partout à la fois. Si ce titre s’inscrit parfaitement dans la continuité de sa discographie, il n’en est pas moins marquant. Le refrain, porté par une voix qui touche en plein cœur, pousse son univers un peu plus loin, avec des sonorités teintées d’une influence rock.

Pour accompagner cette sortie, un clip en plan séquence, où l’on retrouve Olivia entourée de ses musiciens comme elle le serait sur scène, dans un décor simple mais marquant : un terrain près d’un aéroport, avec des avions qui survolent la scène. 

Rimon – City’s Burning (Laura)

Une tension palpable flotte dans l’air. Avec City’s BurningRIMON semble avoir atteint son point de rupture, livrant un morceau d’une intensité rare, annonciateur de son prochain album. Portée par une colère sourde, elle exprime le désir de tout réduire en cendres pour repartir sur de nouvelles bases. Plus question de s’excuser de se prioriser, après s’être trop longtemps oubliée par amour pour l’autre.

Alors on ne sait pas vraiment comment la connexion s’est faite mais dans le clip baigné d’une lumière rouge vengeresse, on découvre Dinos, incarnant le partenaire qui l’a poussée à bout. RIMON, désormais femme forte et déterminée, évolue dans une atmosphère cinématographique, affirmant sa résilience et sa volonté de ne plus se faire marcher dessus.

Baby Neelou – Rapporteur Vert (Pierre)

Cet été Baby Neelou n’a pas chômé en dévoilant une tournée pour la rentrée. Pour agrémenter cette bonne nouvelle, il a offert un second cadeau à son public avec un nouveau single inédit Rapporteur Vert. Ce dernier a été mis en image par LONNYPROD et s’inscrit bien dans cette période estivale. 

Originaire du Sud-Ouest, c’est directement depuis cette région ensoleillée que le clip prend ses racines. Ce dernier débute sur une ride au volant d’une grosse berline allemande, un sample lancinant en fond donne le ton. Dès les premières mesures, le rappeur plonge dans un récit sincère aux relents mélancoliques.

« La dernière fois que j’ai pleuré sur mon sort, ça doit faire des plombes« . 

Une mélancolique qui alimente un rap revanchard et gonflé à l’espoir. Tout en déambulant de petite ruelle aux grands espaces citadins sous un soleil tapageur, Baby Neelou rayonne, fait le point et galvanise sa confiance pour affronter au mieux la rentrée et la tournée qui l’attend.

Soccer Mommy – M (Pierre)

A l’approche de l’arrivée du mois de septembre et de la rentrée, l’été et sa douce nostalgique frappent comme les derniers rayons d’un soleil se couchant. Alors, l’heure est à scroller indéfiniment dans sa galerie à la recherche du moindre souvenir estival stimulant un brin de dopamine. Pour Soccer Mommy, cela se fait via un caméscope au grain renforçant encore un peu plus cette nostalgie latente. 

A travers M et son clip réalisé par Anna Pollack elle invite à plonger dans ses souvenirs d’été sous fond d’une indie pop aussi chaleureuse que ce chalet de campagne dans laquelle elle laisse entrer ses auditeurs pour un moment ressourçant. Avec la douceur de sa voix comme bande son, elle invite tout à chacun à l’accompagner dans cette nature accueillante. Entre les ballades, les visites aux musées et la cueillette des fleurs, c’est tout un été de repos et de plénitude qui s’ouvre au travers de ce visuel et que l’on devrait retrouver sur son prochain album annoncé vers la fin du mois d’octobre. 

Charli xcx ft Billie Eilish – Guess (Pierre)

Charli xcx aura marqué l’été 2024 de son empreinte avec l’album Brat et tout le processus marketing qui l’a accompagné. Après deux Boiler Room, des shows exclusifs et une réedition. La britannique n’a toujours pas envie de se reposer comme en témoigne un énième remix d’un morceau de son album. Après avoir convié Yung Lean (360), Addison Rae (Von Dutch) ou encore Lorde (Girl, so confusing), elle offre un nouveau moment de pop culture avec l’icône pop mondiale Billie Eilish pour un remix de Guess

Insolent à l’image de la production de FINNEAS et The Dare, le morceau ne fait aucun détour et son clip réalisé par Aidan Zamiri va dans la même direction. Au départ d’une fête débridé dans un salon où les corps luisant se déshabillent progressivement jusqu’à voler au quatre coins de la pièce jusqu’à l’arrivée au volant d’un bulldozer de Billie Eilish, tout vole en éclat sauf peut-être le capitalisme puisque Charli xcx semble collaborer avec H&M pour une collection autour de Brat. Make it pop mais à quel prix ? 

Tucker Zimmerman – Burial at Sea (Léna)

Le singer-songwriter américain Tucker Zimmerman, basé en Belgique, s’apprête à sortir son onzième album Dance Of Love, prévu pour le 11 octobre. Ce nouveau projet est le premier lancement de l’artiste via la maison de disque 4AD. 

Pour cette occasion, Zimmerman lance le titre Burial At Sea accompagné d’un clip réalisé en collaboration avec le groupe de rock et folk basé à Brooklyn, Big Thief. Ce morceau relate un message dans une bouteille d’un capitaine de mer d’antan qui refait surface, un parallèle de l’expérience musicale de Zimmerman, au travers de laquelle ce dernier explore le folk, le blues, le rock, les concertos et les compositions de piano classique. En d’autres termes, les mots écrits il y a longtemps ont le pouvoir de résonner pour les années à venir, transcendant le temps et l’espace. 

The Hives – Rigor Mortis Radio (Caroline)

Rappelez-vous, en août 2023, après plus d’une décennie d’absence, les suédois de The Hives sortaient enfin leur 6eopus « The death of Randy Fitzsimmons », percutant, tranchant et abrasif. Comme pour fêter ce 1er anniversaire, la bande de Howlin’ Pelle Almqvist nous offre un 3e clip « RigorMortis Radio ». L’énergie et les costumes noirs et blancs sont toujours là, la bonne humeur en plus !

Après les univers totalement déjantés « Bogus Operandi » – sur fond de morts-vivants – et de « Countdown to shutdown » – où une bande de punk vient dynamiter une entreprise à l’ambiance ultra feutrée, le groupe nous emmène cette fois dans le quotidien d’un petit quartier de briques rouges. Des ruelles, une place, une supérette, un pressing, une droguerie. 

Le clip démarre avec le refrain de « Bogus operandi » qui passe à la radio d’une supérette, d’où sort Johan Gustafsson, visiblement attendu. Les uns après les autres, les membres du groupe rejoignent leur lieu de rendez-vous puis déambulent dans les rues en exécutant nonchalamment une chorégraphie d’anthologie ! Plus ou moins synchronisée, avec quelques inspirations puisées pêle-mêle chez les boys bands des 90’s etchez les danseurs classiques, mais façon cadavérique. Le style Rigor Mortis est renforcé par les costumes noirs et blancs iconiques aux allures de quelette punk que le groupe arbore à chacune de ses apparitions de « The death of Randy Fitzsimmons ». 

On se régale avec clip loufoque, qui l’air de rien sert parfaitement le message de la chanson : croire en soi et se faire confiance en dépit de l’adversité. Un concentré de bonne humeur à voir absolument !

Fontaines D.C – Here is the Thing (Alexia)

« Here is the Thing » des Fontaines D.C.est extrait du 4ieme album intitulé Romance très attendu du public et sorti le 23 août. D’après les trois singles sortis jusqu’à présent, « Romance » est le projet le plus mature, exploratoire dans les sons et le plus ambitieux musicalement du quintette irlandais. Nous avions revu en Juin dernier le titre « Favorite« ,mais  « Here is the thing »  change de rythme pour un morceau alimenté par l’anxiété et poursuit donc le virage de Romance dans une vibe très années 90 pour un morceau riche rock post punk et grunge avec un refrain qui nous rappelle Nirvana ou Weezer. Grian Chatten a dit à propos de « Here’s The Thing » « C’est un morceau anxieux qui se tord et se retourne dans ce qu’il veut, oscillant entre douleur et engourdissement ». 

La vidéo est réalisée par Luna Carmoon, inspirée de films comme The Lost Boys et PhenomenaDe multiples mises en scène traduisent l’exploration électrisante du tumulte émotionnel de la chanson: Entre auditions angoissantes à un concours de danse irlandaise, scènes d’école et de quartiers qui oscillent  entre harcèlement et solidarité, et des plans qui frôlent l’horreur (sang, mygale, serpent), on a tout de même cette porte ouverte d’espoir et de protection qui contrebalancent cette noirceur et cette anxiété. 

Leo Leonard – Get to you (Damien)

La rentrée c’est demain. Raison de plus de profiter des heures qu’il nous reste pour lâcher prise une dernière fois en se laissant hanter par les fantômes bienveillants de nos étés passés. Des images VHS qui malgré, ou plutôt grâce, à leur définition chancelante et à leurs couleurs incertaines deviennent aussi intemporelles que les histoires qu’elles racontent. Rires et esclaffements se mêlent à une mélodie aux teintes pastel. « Let me talk to you ». 

Les paroles en anglais nous transportent au début des années 2000. Le coup de tête de Zinedine Zidane en finale de la coupe du monde de football en Allemagne. Mais aussi, peu de temps après, la sortie de Juno – incroyable Elliot Page – où Leo, dans la peau d’un Vampire déconstruit, squattait en anglais la tout aussi incroyable la bande son du film. Avant qu’Antsy Pants ne se mue en Coming Soon. « Let me sing to you ». 

Plus joyeux que nostalgique, Get to youde Leo Leonard s’écoute d’une oreille mutine et se regarde d’œil malicieux. Un nouvel EP, Best buddy for a runest prévu pour l’automne. Il signera pour le musicien un probable retour aux sources qui s’annonce fort engageant. « Let me get to you ».

Arven – Le Hublot (Enzo)

Embarquons à bord du navire d’Arven pour explorer Le Hublot, extrait de son dernier projet L’Espekao. Ce morceau, à la fois dansant et chaleureux, reflète l’univers et l’évolution musicale de son créateur. Il est accompagné de son clip, tourné sur les rives du lac Léman.

Arven nous invite alors à un voyage où se succèdent de magnifiques tableaux captés par Camille Borier. Tantôt dans un champ de coquelicots, tantôt sous un coucher de soleil sur le lac Léman ou le long de la digue, le jeune rappeur offre une palette d’images qui subliment le morceau. Il dépeint alors la vision d’un marin depuis son bateau, naviguant entre la beauté de son univers et ses expériences personnelles. Ce single est une superbe vitrine pour L’Espekao, réussissant à capter toute l’essence du projet.

Une imagerie chaleureuse, une mélodie entraînante, et des paroles aussi aériennes qu’authentiques : voilà le cocktail parfait pour une sortie estivale à ne pas manquer. Arven dévoile son single phare avec brio, rappelant qu’il possède un talent brut à ne pas sous-estimer.

Bananagun – Free Energy (Sam)

Vous pouvez, d’emblée, retenir votre vendredi 8 novembre car la comèteBananagun passera dans le ciel !

Et quel meilleure prophétie que le singleFree Energy ?Le morceau se présente à nous sous la forme d’un clip en huis-clos. Et cette petite pièce d’à peine 10m2 dans laquelle nous sommes enfermé·es ne manquera pas de nous faire tourner de l’œil… 

Sans compter la caméra-épaule et les plans fisheye renforçant nettement ce sentiment de claustrophobie.

Ajoutez à cela des mouvements tournoyants de caméra et des filtres colorés en intermittence : on est aux bords de la crise d’épilepsie !Le côté homemade ajoute, lui, un degré d’intimité avec les membres du groupe et leur projet. Autant qu’un peu de ce charme du ‘‘commun’’, dans ce paysage de grosses prod. 

En somme, la mise en scène du clip met constamment en opposition l’audio et la vidéo. En effet, la track est une invitation à danser autour de ses roulements rapides et ses mélodies en transe. Or, la vidéo dégage une mollesse palpable !
D’ailleurs, une séquence en milieu de vidéo, où la batterie lead le morceau, constitue un joli condensé de ce feeling ambivalent.

De ce que l’on a vu, et entendu, les Melbournien·es ont mis la barre très haut ! Et leur freakbeat dynamisant aux reflets jazzy risque de nous trotter dans la tête encore longtemps !

Johnny Jane – Bbye (Charles)

L’été à peine terminé, Johnny Jane part déjà soigner son bronzage pour être au top pour la reprise. Il faut dire que le garçon a un agenda assez chargé avec une nouvelle salve de dates prévues un peu partout en France et bien sûr un Olympia désormais complet prévu le 10 octobre prochain.

Dans cette boite à soleil dont les couleurs rappellent énormément la pochette de son album Attitude(s), il vient donc nous chanter Bbye.

Intéressant, quand de son propre aveux, ce morceau parle de substances artificielles, de choses qui mettent une distance entre nous et les autres, qui détruisent autant qu’elles élèvent.

Le morceau traine avec lui cette mélancolie propre au musicien, entre distanciation et émotions réelles, tout ce qu’on aime chez Johnny Jane.

Pour en savoir plus, on vous invite à retrouver notre interview par ici et on se retrouve sur la tournée de l’artiste qu’on ne manquera sous aucun prétexte.