Les inouïs 2020 : les chouchous de la face B

Des guitares saturées et brumeuses, une voix lointaine gorgée de reverb’, des riffs électriques aériens, la musique de Stuffed Foxes nous plonge dans un nuage enfumé de rock psychédélique 60’s aux airs de shoegaze déchaîné. Les « six garçons aux cheveux longs » déchainent des soundscapes électriques et égrainent leur lyrisme sombre et envoûtant sur la scène underground française depuis près de deux ans : De Float in the Moonsick Club, leur premier album sorti en 2018 à leur plus récent EP No Vacancy (2019) et avec des morceaux aux titres aussi intrigant que poétiques tels Did We Grow Up to Feel, Coloured Ghosts ou Common Maze Model, les Stuffed Foxed nous entraînent dans des labyrinthes de sons et que nous avons hâte de découvrir live !

Si Rimbaud disait que l’on est pas sérieux quand on a dix-sept ans, les choses s’arrangent visiblement à 21 ans. Pour preuve, Baptiste Ventadour entame son chemin de musicien avec application et conscience. Conscient du monde qui ne tourne plus rond, en lui faisait une lettre d’excuse avec son titre Que reste-t-il ? Des interrogations qui résonnent avec une guitare folk : “Je te demande que reste-t-il de toi ? Combien s’en sortiront quand tu ne seras plus là ? Que reste-t-il du monde ? Quelques miettes de nous. Oh je te demande pardon, pardon à genoux.” Lorsque les paroles ne sont ni engagées, ni de lui, elles sont de Jean Fauque (rien que ça) car, Baptiste Ventadour est bien entouré; il suffit de voir les artistes lui ayant offert une premier partie : Claudio Capéo, Soan ou encore Eiffel. Décidément, le chanteur trace sa route presque aussi vite que le poète aux semelles de vent !

Originaire de Lille et fraîchement arrivé dans le label Panenka de Fonky Flav. Cet amoureux d’une scène rap où lyrics et kickage ne font qu’un. C’est en réactualisant cette recette à sa manière qu’il s’installe petit à petit comme une flèche montante de la scène francophone. Attitude, authenticité et technique implacable font de lui un artiste polyvalent qui n’a pas peur de titiller différentes sonorités bien épaulé par le beatmaker Lucci. Cette diversité fait de lui un artiste que j’apprécie particulièrement. Sa faculté a kicker comme à chanter sont réellement les points forts qui m’ont fait accrocher à cet artiste.

Son prochain projet Briques Rouges sortira fin septembre, il comportera 18 titres en solo.

Yellowstraps, c’est ce que la scène Belge a de meilleur à offrir en ce moment. Entre pop, soul, hip-hop… Difficile de ne les ranger que dans un bac. À l’origine, le projet s’est monté autour de deux frères, qui ont fait leurs armes avec un premier EP Whirlwind Romance avant de s’attaquer au projet d’album qui est sorti en début d’année (Goldress). Repérés notamment en première partie de la tournée de l’Impératrice, ils n’ont pas mis leur matériel de côté pendant ce confinement puisqu’ils ont multiplié les collaborations afin de mettre au monde le Yellockdown Project, un recueil de morceaux créés à distance, avec une diversité plus qu’intéressante. Bref, c’est tout naturellement qu’on les retrouve sur le plateau des Inouïs pour cette édition un peu particulière.

Il est de ces artistes dont on revient difficilement, et pour cause Michel réussit à faire coïncider dans sa musique une deep house efficace et pointue, et des paroles rap bien placées. Depuis ses débuts il a su collaborer avec succès avec des artistes comme Hatik (vu dans la série Validé), Sneazzy (connu pour sa participation à 1995) ou Moussa. Ce qu’on aime le plus chez lui c’est sûrement cette autodérision franche, son côté lover éperdu qui se manifeste sans difficulté dans Si c’est toi, Michel et sa go ou le génial Michel s’égara – qui rend un hommage singulier à une certaine Hélène. L’artiste originaire de Valenciennes construit ainsi sa carrière rap en marge du paysage musical actuel en proposant des compositions catchy et calibrées. En somme un artiste productif – quand il le veut – à suivre de très près et à (re)découvrir Michel vient tout juste de dévoiler son second EP, Le Vrai Michel 2.

Ils sont deux, en couple, se sont rencontrés sur Tinder et font de la musique ensemble. Ça, la petite histoire qui fait plaisir aux médias. Mais la réalité de Bandit Bandit va bien au delà de ce point de détail biographique.
Bandit Bandit c’est avant tout une musique qui frappe fort aux oreilles. Un mur du son brutal qui laisse se diffuser une poésie onirique qui nous frappe bien plus lorsque celle-ci est en français.
Sur scène, la formation passe à quatre et laisse s’infuser un mélange de stoner de psychédélisme qui pousse à la transe autant sur la scène que dans la foule. Une belle promesse qui ne cesse de confirmer son statut de futur valeur sure autant sur scène que dans nos oreilles. Parmi les chouchous de La Face B depuis le départ.

Oh Canada … Soyons honnête, si j’avais pu, j’aurais cité 10 groupes parmi mes chouchous de cette jolie sélection. Au delà de Bandit Bandit qui trouve une vraie place particulière dans mon coeur, et pour laisser la place aux autres membres de ma team d’amour, il y a aussi les québecois de Clay and Friends. Il faut dire que la musique de Mike Clay et ses amis a tout de la bonne dose de sommeil nécessaire pour une année 2020 pas forcément évidente. Du rythme, du groove, une signature qui ne renie ni la pop ni le hip hop associés à un humour et à un sourire toujours présents, la musique de ces garçons est une musique qui fait du bien et qui le fait bien. Impossible d’y résister, alors laissez vous tenter.

Les ultimes chouchous ont été très vite choisis. Mon coeur a fait « boum » en voyant Global Network dans la liste des Inouïs du Printemps de Bourges. Boum, comme les millions d’idées qui doivent envahir leur esprit à la seconde. Boum, comme les rythmiques entêtantes, groove et imparables qui défient quiconque de ne même pas taper du pied. Boum, comme leur manière singulière de percuter les étiquettes musicales et de créer leur courant unique.
Ça ne ressemble à rien d’autre, ou ça ressemble à tout. C’est inédit et génial.

Bon, je l’admets, il restait de la place dans mon coeur pour parler de Johnnie Carwash. Découverts il y a peu, j’ai été conquise par leur énergie vivifiante et électrifiante, par leur racine rock et punk, par leur attitude désinvolte et la sensation de voir jouer mes meilleurs potes dans le garage de leurs parents. J’ai adoré faire ce bond temporel dans une époque que j’aurais aimée connaître. Comme la sensation qu’ils renouvellent le genre.
Johnnie Carwash, on vous aime.

Voilà un nom qu’on ne présente plus tant les éloges auront été nombreux sur La Face B. Un projet que l’on affectionne sans retenue et qu’on se promet de défendre indéfiniment. Car derrière cet univers monochrome, cette voix éraillée et ces textes privés de pudeur, se cache un artiste débordé par une mélancolie qui nous touche particulièrement. Une mélancolie qui frappe, qui captive et que TERRIER défend toujours avec brio sur scène. Assister à ses concerts c’est toujours l’assurance d’en ressortir un peu plus bouleversé par son aptitude à nous entraîner avec tant d’aisance dans son univers empreint d’un mystère qui nous dérange autant qu’il nous fascine. Il sera sur scène ce mercredi à l’occasion des Inouïs du Printemps de Bourges alors laissez-vous tenter, vous ne le regretterez pas.

P.R2B. Un nom de scène qui se suffit à lui-même tant il attise notre curiosité, notre désir d’entrer dans ce monde fait de rage et de douceur, de nuances en somme. Jonglant entre le quatrième et le septième art, Pauline Rambeau de Baralon ne cesse de s’épanouir et de rendre inestimable la valeur de ses morceaux emplis de passion et d’une énergie sans pareil. Son premier EP paru il y a presque une semaine déjà en est la preuve même, véritable condensé de réalités et de rêves qu’elle se gardait de nous raconter depuis bien trop longtemps. Grand coup de cœur depuis le jour un pour une artiste qui à encore tant à dire et qui se glisse sans surprise parmi nos favoris de cette édition.