Fin Janvier, les iNOUïS du Printemps de Bourges ont révélé la liste de leur présélectionnés. Pas moins de 138 artistes font partie de cette liste. La Face B a scruté la liste et en a retiré ses favoris. Voici la première partie de notre liste de chouchous pour les inouïs.
Okala
Lorsqu’on découvre Okala, on a du mal à imaginer que le garçon vit à Amiens.
Lorsqu’on découvre Forbidden Love par le plus grand des hasards en 2019 le choc est total : cette manière de faire monter la tension sans le montrer, de nous offrir un titre qui prend le risque de s’orienter vers la pop orchestrale avant de nous offrir de la manière la plus inattendu cette voix sublime proche de la présence fantomatique… Tout chez Okala appelait à nous charmer.
Son premier EP Fist Step ne fera pas défaut, nous offrant une pop à mi-chemin entre Arcade Fire et les Beach Boys, une musique grandiloquente qui ne se refuse jamais les moments de bravoure tout en réussissant la gageuse de les placer pile au bon moment.
Si on ajoute à ça un fond thématique qui se nourrit autant des tourments de la vie que des songes, on obtient alors une musique évanescente, puissante et obsédante.
Si 2020 lui aura, comme à la majorité des artistes, coupé l’herbe sous le pied, on est assez ravi de le voir parmi cette liste et on espère grandement le voir aller le plus loin possible. Il le mérite amplement.
Desmond Myers
Desmond Myers, c’est la classe Américaine. À l’instar de George Abitbol, l’homme se distingue par une aura de classe dégoulinante et contagieuse. Le crooner originaire de Statesville en Caroline du Nord vit désormais en région Parisienne et vient, pour notre plus grand bonheur, diffuser son groove et son charme dans nos contrées. Après quelques morceaux auto-produits, il rencontre Mathieu Gramoli (HER, Victor Solf) avec qui la collaboration va accoucher d’un premier album encore à paraître. Mais les premiers extraits se révèlent extrêmement prometteurs et la direction prises par ces nouveaux morceaux parait vouée au top des Charts. Tant dans un rôle de romantique passionné que pour questionner les standards de la masculinité, il est comme un poisson dans l’eau et passe de l’un à l’autre sans transpirer. L’impatience grandit à mesure que le temps passe, à la fois de découvrir l’intégralité de l’album que de vibrer en concert avec lui. C’est pour bientôt parait-il, alors prenons le temps d’attendre. D’ici là, remember the name: Desmond Myers.
M Le Maudit
La 75ème Session, ce collectif parisien bien connu dans le monde du rap n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Un qui commence à être mis en avant c’est M Le Maudit. Son rap pue la capitale, l’écriture est toujours soignée et il n’est pas avare en punchline efficace. C’est tout d’abord avec le groupe Les Tontons Flingueurs qu’il affine son art avant de se décider à se lancer en solitaire. En résulte en 2018 et 2019 la sortie de deux EP’s. Depuis, il continue de bosser sa musique et délivre par-ci par-là des morceaux le représentant. Son univers est inspiré par les nuits parisiennes, pas celles à traîner sous la tour Eiffel ou les quais de Seine mais plutôt celles entre potes à peaufiner un art qui leur tient à cœur. Passionné de rap avant tout, le respect pour sa culture balise sa musique et son entourage joue un rôle non négligeable dans sa musique. M Le Maudit a encore pas mal de cartouches en stock, une fois qu’il aura rempli le chargeur, il risque d’envoyer quelques missiles.
Franky Gogo
On avait découvert Franky Gogo sur la compil queer Barbi(e)Turix en 2019, avec le vibrant et libérateur Sweet Fanta Diallo – repris d’Alpha Blondy. Artiste mosaïque balayant les frontières des genres – musicaux – il explore les tréfonds des sonorités analogiques. D’une voix suave, murmurée mais pénétrante il donne le ton d’un son aux couleurs glowy et vibrantes, flirtant sans mal avec les codes de l’hyperpop .
Des synthés progressifs de The Purple Rest, à la techno ravageuse de Fast and Too Much, en passant par les rythmiques électriques de Welcome to Minustown : il aura suffit d’un EP, un seul, pour nous faire dire que Franky Gogo est un des artistes les plus prometteurs de la présélection des iNOUïS, mais aussi et simplement de la scène électronique actuelle.
Rad Cartier
A l’heure actuelle, être simplement l’interprète de sa musique se fait de plus en plus rare. Être maître à 100% de son art est le rêve de tout un artiste et cela Rad Cartier la bien compris étant donné qu’il compose lui-même ses morceaux.
Une mainmise sur la composition qui lui permet de travailler au quotidien l’atmosphère musicale qui lui convient le mieux. Et cela commence à s’installer petit à petit comme le prouve la série de titres VT ZOOM. A la fois à la croisée de divers sonorités et ancrés dans une cohérence orchestrée par l’artiste lui-même ces titres préfaces bien l’esthétique Rad Cartier.
Également proche d’artistes comme Lala &ce qui sont en pleine expansion et avec une vision de la musique qui lui correspond, lui permet de trouver sa singularité et de tenter une multitude de choses. Un univers qui se dessine progressivement mais qui devrait déjà titiller les oreilles des plus curieux.
JOKO
Après un premier EP, Loon, en février 2018 JOKO s’était faite discrète jusqu’à juillet 2020 où elle présente alors le clip de U Got. Un morceau multiple soulignant sa voix soul et délicate, élevée par un matériel sonore synthétique et brut.
En proposant des versions remixes – par Inüit, Degree et Majeur Mineur -, ainsi qu’une version Demo, piano voix mélodique et apaisé, elle a su décliner sa palette de talents et dévoiler l’ampleur de sa musique.
Une profondeur foisonnante qu’elle explore dans I’ve never been good with words, son second EP qui devrait sortir dans les mois à venir. Elle oscille entre une maîtrise élégante de ses paroles feutrées mais affirmées, et des appuis électroniques singuliers rendant son projet plus excitant que jamais.
Ucyll & Ryo
La nuit joue un rôle important dans la vision de certains rappeurs. Cela vaut pour le jeune duo Ucyll & Ryo qui en touchant à la production aussi bien qu’a l’interprétation relate ce que l’ambiance nocturne inspire chez eux.
Il n’est donc pas étonnant de les voir évoluer dans des visuels sombres jouant avec des flows mélancoliques ou planant.Inspiré par la culture japonaise, leur premier projet Amour Hôtel est un condensé de leurs inspirations, aussi diversifiées soit-elle ils ont réussi à les unir pour créer la musique qui les définit. Encore au début de leurs carrières, les deux membres de ce duo ont une faculté a joué avec les différentes facettes qu’offrent la nuit et cela leur permet d’ancrer leur musique dans un univers facilement identifiable et propre à qui ils sont
Le temps devrait permettre à Ucyll & Ryo de s’ancrer encore un peu plus dans leur vision et par conséquent de la faire découvrir à un plus grand nombre.
MELBA
Pré-sélectionnée en région Auvergne-Rhône-Alpes, on espère bien que MELBA se rendra jusqu’à Bourges. La chanteuse lyonnaise et son immense énergie sur scène ont un certain goût pour l’impact, l’électrochoc, la claque : on tend d’ailleurs volontiers l’autre joue.
Aujourd’hui d’ambition lumineuse, positive et solaire, son projet était à l’origine plus sombre. On retrouvait dans son langage des thématiques belliqueuses qui se sont désormais apaisées. À l’image de son dernier single Amazones, MELBA cherche dorénavant surtout à rassembler et être inclusive sans détours. Il n’est pas question de baisser les armes, mais de mieux s’en servir.
En pleine manœuvre vers un nouveau tournant après son EP Cœur Combattant, MELBA propose une pop en français rafraîchissante, éclatante, empouvoirante mais surtout honnête, tout en mélangeant des sonorités organiques et des productions électroniques.
Moïse Turizer
Après un premier opus de 5 titres, les parisiens Moïse Turizer en arrivent au stade envié du premier EP officiel et des auditions aux Inouïs du printemps de Bourges. Pour un jeune groupe, formé en 2017, le duo fait preuve d’une sacré dose de maturité musicale – emportant dans leur bagage des références telles que Suicide, John Maus, Chemical Brothers et Animal Collective tout en s’orientant vers un post-punk électronique.
En écoutant leur EP Modern Light, sorti sur Lofish records, on a tout de suite l’impression de tomber sur la perle rare ou simplement la musique qu’on avait envie d’avoir dans nos oreilles. Réalisé pendant le premier confinement, Modern Light apparaît comme une lumière dans l’obscurité. C’est le clip du single éponyme, diffusé en noir et blanc, qui ouvre le bal. Des lumières fulgurantes jaillissent des stroboscopes, nous rappelant la ferveur du dancefloor – au cas où quelqu’un l’aurait oublié. C’est frais, séduisant et rempli d’énergie. On garde un œil et une oreille attentive sur ce groupe prometteur !
Lachinos
Dans le monde idéal de La Face B, la musique n’a pas vraiment de frontières, ni de genres précis, elle n’existe que par les émotions qu’elle nous fait ressentir. Et dans ce monde parallèle, Lachinos tiendrait une place en haut des têtes d’affiches qui font battre nos coeurs, pas loin des copains Murman Tsuladze.
Le groupe parisien porte en lui tout un bagage et un catalogue musical assez impressionnant, et totalement digéré, qu’ils exploitent dans leur excellent premier EP America Lachina. C’est bordélique, profondément punk et tout simplement jouissif.
Lachinos nous rappelle que la musique est moins une affaire de compréhension que d’échange et d’énergie.
Et de l’énergie, ces six la en ont carrément à revendre, la preuve avec les deux vidéos live qu’ils nous ont dévoilé récemment. On a choisi d’illustrer cet article avec Fêtes de mes morts, car c’est pour nous celle qui est la plus éloquente.
On vous conseille de lancer la vidéo avec le son très fort et les effets seront immédiat : sourire, fourmis dans les jambes et une folle envie de danser et de vivre tout simplement. Alors forcément avec des réactions pareilles, et un titre qui risque de squatter nos playlists pendant un bon moment encore, on ne peut qu’espérer retrouver Lachinos à la prochaine étape des iNOUïs.
UssaR
La vie se joue souvent grâce au hasard. Certains appellent ça le destin. Habitué à accompagner les autres, « homme de l’ombre » auprès de Kerry James ou Chilla, UssaR aura profité de deux mois de liberté imprévus pour prendre la lumière et le devant de la scène.
Écrire beaucoup, seul ou avec sa sœur, pour faire naitre six titres et un premier EP éponyme paru en juillet 2020.
La musique d’UssaR est celle d’un observateur, d’un acteur, d’un chanteur, elle ausculte le quotidien, le sien mais aussi le notre. Elle se trempe dans le noir mais aussi dans les couleurs, cherche le vrai aussi bien dans la brutalité que dans la tendresse.
C’est la sincérité qui est le moteur principal d’Ussar, on passe ainsi d’une misanthropie à peine voilée à un amour qui explose d’un morceau à l’autre.
Jamais très loin de son piano, Ussar s’amuse et dynamite les codes de la chanson française, allant chercher ses influences aussi bien dans la musique électronique que dans le hip hop pour habiller sa poésie des plus beaux apparats.
Un garçon moderne comme on en fait peu qui nous séduit dès la première écoute et celles qui suivent aussi.