À La Face B, on est des grands sentimentaux. On ne se refuse aucun guilty pleasure (à part certains qu’on taira par décence), et surtout pas quand il s’agit de pop rock nostalgique, quand bien même on sait pertinemment qu’on côtoierait des adolescentes de 15 ans dans la salle de concert. On n’a pas peur des mots, seulement des maux, et pour ça, on a la musique comme rempart et antidote. On ne sait jamais vraiment si on pleure par tristesse, par nostalgie, ou par délectation artistique. Un beau gang d’hypersensibles, aujourd’hui au service de The Big Moon.
Trois ans après Love In The 4th Dimension, le quatuor londonien revient sur la scène avec Walking Like We Do. Onze titres dorés par les rayons du soleil et de la nostalgie. Si l’album n’a pas été accueilli à bras ouverts par la critique, notamment à cause du tournant plus pop, plus grand public et moins nerveux que le précédent, il faut quand même noter l’unité sublime et mélancolique de cet opus. Celui-ci, de part les thèmes abordés, dénote une volonté, affirmée ou implicite, de s’écarter de ce qu’on attend d’eux et d’accueillir le changement favorablement.
Aux guitares plus énervées et loufoques succèdent désormais claviers, synthés et boîtes à rythmes, parfois presque RnB. Un peu Beatles quelque fois, les voix se conjuguent à mesure que les notes de pianos s’enchaînent pour délivrer une pop rock vintage assez lisse, mais parfaitement exécutée. Impossible de rester insensible aux quatre londoniennes qui nous font danser, nous font réfléchir et nous renvoient à l’aube des années 2000.
Tout au long de l’album se retrouvent des métaphores douces et amères sur le changement. Qu’il s’agisse des saisons (But autumn always comes, things will always change. And when the leaves drop down, it doesn’t mean the trees are dead) ou des choses en général (And you know things could start to get better), le quatuor londonien fait le choix d’embrasser les mutations, et de les vivre, sans craintes, sans a priori, simplement guidé par le coeur et l’espoir. Barcelona évoque le plus cette nostalgie adolescente qui règne sur la totalité de l’opus : la fête, les amis, ceux qui partent, ceux qui restent.
Ce que laisse Walking Like We Do, c’est une pop rock millennial dansante et cinématique, une mélancolie qui donne l’impression de courir à en perdre souffle sous la lumière réchauffante de la golden hour à la fin de l’été. La certitude que plus rien ne sera jamais comme avant, que les choses qu’on aura vécu ne seront plus jamais les mêmes, mais qu’on les garde, précieusement, comme une arme, une lueur interne qui permet de progresser sereinement vers une nouvelle ère. Et c’est sans doute là, le doux présage de la grosse lune.