Après un premier EP en 2023 intitulé Social Disappointment qui a su réveiller le feu et faire trembler l’air, les tourangeaux de //less explosent enfin dans un premier album sorti en France via À Tant Rêver Du Roi. Crawl In The Blur, c’est la pépite noise à ne pas louper en ce mois de mars ! Installez-vous bien confortablement, laissez vos paupières lourdes tomber et savourez ce moment d’ASMR noise. Un régal pour les amoureux·ses des flux tendus !

Un trio deux basses/batterie.
Qui sont ces trois musiciens qui ne passent pas inaperçus tant les sons qu’ils composent décollent l’asphalte ? Dans le groupe //less, vous ne trouverez pas moins de deux bassistes : Adrien Moreau et Romain Frélier Borda (+ chant) dont les cordes grattent la crasse et élèvent la tension. Matthieu Couffrant lie le tout à la batterie et scelle cette frénésie bruitiste absolument folle.
Crawl In The Blur se pare de douze titres hautement acérés et ce n’est pas le premier single extrait de l’album qui dira le contraire. That Kind Of Man a donné le ton et orchestre le démarrage de cet opus.
Un album construit autour de l’anxiété.
//less déchiquète les frasques de la déshumanisation et la noirceur charbonneuse de ce monde en s’appuyant sur cette tumeur qui grandit en nous et qu’on nomme Anxiété. Bury The Pig se veut explicite rien qu’à son titre à ce sujet. Ne laissons pas la haine nous prendre ce qui est censé nous définir : l’humanité. L’humanisme aussi qui ne doit pas être relégué au simple rang de courant littéraire.
S’ensuit Burn qui est un morceau bien “messy” comme on aime. Une sorte de chaos s’empare de la composition et investit l’âme des musiciens. Burn doit sacrément faire mal en live, on a hâte d’en profiter ! Une véritable offrande de cinq minutes de pur plaisir.

crédit photo Eve Coquelet
Des sonorités abyssales.
Ça devient diabolique sur Stress Place. Ce morceau d’à peine plus d’une minute vient nous bousculer sérieusement. Comme ballottés de la batterie aux basses, les musiciens ne nous ménagent pas. Mieux, ils fracassent la scène. Et c’est vraiment jouissif !
Disappear nous laisse légèrement reprendre notre souffle, mais juste légèrement. L’espace sonore s’étire et la tension diminue de 0,001 %.
La puissance.
My Sentence est une condamnation. Une ambiance solennelle permet d’introduire le morceau, ambiance qui est vite bouleversée par les cordes des basses qui s’emparent de l’atmosphère. En fin de composition, on sombre au fond des abysses avec des sonorités dans les graves et les effets les plus proches de la puissance d’un trou noir.
Vient enfin le second et dernier extrait qui a été dévoilé avant la sortie de l’album et qui est un titre éponyme. Crawl In The Blur décrit toute l’intensité de l’album et toute cette sensation d’avancer les yeux bandés sans savoir à quelle sauce on sera mangés le lendemain. Il est l’expression du doute le plus létal et de l’incertitude la plus totale.

Un rugissement féroce.
The Reason résonne presque comme quelque chose d’inaccessible. La raison existe-t-elle toujours en soi ? Ou est-elle biaisée par la folie ambiante ? Quoiqu’il en soit, ce titre est fabuleux. Des textures calleuses et rugueuses s’enchevêtrent pour donner un rugissement féroce dont on se délecte avec gratitude.
S’enchaîne Make Them Bleed dont la folie créatrice laisse penser aux compositions de Pneu sous certains aspects. On admire l’aptitude de //less à garder une cohérence parfaite sur Crawl In The Blur. Tout fait sens, chaque morceau résonne avec le précédent, c’est une vraie réussite.
Un album explosif.
The Pill serait-il le morceau qui permet d’adoucir le quotidien ? Un peu comme une drogue noise sans contre indications, The Pill prouve ses vertus médicinales. Gare à l’addiction !
Joy Is Sad constitue l’avant-dernier banger de Crawl In The Blur. //less continue de nous secouer vivement avec ce titre antithétique. Joie et tristesse se complètent souvent. Ces émotions font partie d’un équilibre à trouver et vont rarement vers l’un sans passer par l’autre. Il n’est donc pas déconnant de retrouver cette association.

crédit photo Eve Coquelet
Apothéose.
//less achève sa masterpiece en apothéose avec Can’t Run Away From Myself. On s’aperçoit que cette tension ne nous a jamais quitté durant toute l’écoute. Tout s’accélère, la batterie nous gifle effrontément tandis que les basses nous écrasent. Ça prend une pause tranquillement en milieu de morceau pour mieux dissoner ensuite et nous achever enfin.
//less nous a servi un tableau magnifique et une douleur délectable pour clôturer Crawl In The Blur.
On vous invite vivement à courir les voir en live. Une telle prouesse d’audace, de cohérence et de saveurs sur ce premier album méritent qu’on s’attarde sur ce groupe. //less se dresse en artisan du noise. Un très beau travail a été effectué sur Crawl In The Blur. À retrouver lors de la tournée le 11 avril au Confort Moderne, Poitiers, le 3 mai au Klub, Paris ou encore le 26 mai à l’Iboat, Bordeaux en support d’Heavy Lungs (et bien plus encore).
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