Encore inconnue en France, mais ça ne saurait tarder, Lil Halima est une jeune étoile polaire pleine de talent. Elle a grandi dans le nord de la Norvège dans une nature grandiose et mystique, qui irrigue encore maintenant sa musique et son goût pour le folklore. Elle joue du violon, du piano, s’entoure de musiciens de jazz et de ses amis pour travailler, préfère la littérature au cinéma, se fait tirer les cartes, voue une passion pour les sorcières et peint tous les soirs… Lil Halima est une artiste atypique, elle vogue à contretemps et raconte ses histoires sur une musique RnB teintée de soul. Elle était en concert à La Boule il y a quelques temps et on a profité pour la rencontrer juste après ses balances !
Lil Halima © Sara Saeidi
VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW.
La Face B : Tu as grandi en Norvège avec un père kenyan… est-ce que tu as grandi avec de la musique kenyane à la maison ? Et est-ce que tu utilises cet héritage dans la musique que tu fais aujourd’hui ?
Lil Halima : Oui, mon père est kenyan et ma mère est norvégienne. Donc je suis moitié kenyane, moitié norvégienne. Mais je n’ai pas grandi entourée de mes origines kenyanes. Mon père écoute de la musique américaine : il a grandi avec MTV et du coup il a grandi avec beaucoup de RnB et de hip hop américain. De mon côté je n’ai jamais vraiment utilisé d’influences africaines dans la musique, je n’ai jamais utilisé d’afro-beat par exemple… Enfin, en tous cas jusqu’à présent je ne l’ai jamais fait. Mes influences c’est vraiment le RnB et le hip hop américain, je tiens ça de mon père !
LFB : On ressent aussi des tonalités jazzy sur certains de tes morceaux, c’est le cas ?
Lil Halima : Oui ! J’aime énormément le jazz ! Je ne cherche pas spécifiquement à rendre mes titres jazzy parce que je considère que je ne m’y connais pas assez en jazz, mais les gens me disent souvent que certains titres sonnent un peu jazzy en effet ! Et puis je travaille avec beaucoup de personnes qui font également du jazz. Par exemple, j’ai fait un titre avec un pianiste de jazz, donc forcément il doit y avoir des influences.
LFB : Tu as été découverte un peu par hasard, via Instagram… tu avais posté une vidéo de toi en train de chanter, et puis quelqu’un t’a repéré, et maintenant tu peux vivre de ton art. Pourquoi avais-tu posté cette vidéo au départ ? Est-ce qu’au fond tu espérais que quelqu’un te remarque ?
Lil Halima : Non, j’étais juste en train de faire ma vie dans le Nord-Norge (NDLR : l’une des cinq grandes aires géographiques de la Norvège, concentrée au nord du pays), il faut dire que quand on grandit dans un endroit qui est si petit, si renfermé… on a du mal à se rendre compte que le monde entier est si grand… Donc moi je postais juste ces vidéos en me disant qu’il n’y aurait que mes amis qui iraient les voir, je n’imaginais pas un seul instant que d’autres personnes pourraient un jour tomber dessus… et puis finalement c’est comme ça que ça s’est passé et qu’on m’a contacté. Quand c’est arrivé j’étais vraiment là en mode « Quoi ? Non mais c’est trop bizarre… », parce que c’est vraiment le genre de scénario qu’on ne voit qu’à la télévision… Franchement je ne sais toujours pas comment c’est arrivé. Maintenant je ne vis plus que de ma musique et de mon art, et c’est complètement dingue de se dire que je peux vivre de tout ça dès maintenant, d’être complètement indépendante financièrement, juste en faisant ma musique… C’est vraiment une bénédiction !
LFB : Et pourquoi as-tu choisi l’anglais pour ta musique, plutôt que le norvégien ?
Lil Halima : Je me suis toujours sentie très à l’aise en anglais. On parlait beaucoup anglais à la maison quand j’étais petite, et puis je suis allée dans une école où on ne parlait qu’en anglais de 13 ans jusqu’à mes 19 ans. Donc je me sens vraiment à l’aise avec le fait de chanter en anglais. Et puis je voulais aussi être capable de parler à tout le monde à travers mes chansons, et pas juste aux personnes qui parlent norvégien.
LFB : Tout à fait ! Et est-ce que tu aimerais tout de même avoir un ou deux titres en norvégien ?
Lil Halima : Oui ! Je suis sur le point de sortir un EP cet automne et dessus il y aura une chanson en norvégien. Je n’ai pas de problème avec le fait de mêler différentes langues. La plupart des gens sont du style « si tu commences à chanter dans telle langue, tu dois toujours chanter dans cette langue… » Mais pour moi ça n’a pas sens, parce que la musique est un langage à part entière, donc le reste on s’en fiche ! Je veux dire, je peux écouter une musique en français, et alors que je ne connais pas un seul mot de français, eh bien je vais quand même comprendre la chanson et la musique.
LFB : Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton éducation musicale ? Est-ce que tu chantes depuis que tu es toute petite ? Est-ce que tu as pris des cours ?
Lil Halima : Oui, c’est l’histoire très clichée, ma mère dit que j’ai commencé à chanter avant même de commencer à parler… Après je n’ai jamais pris de cours de chant non. En revanche j’ai commencé à jouer du violon à l’âge de 5 ans, donc j’ai eu une formation plutôt théorique à la musique. Enfin… jusqu’à ce qu’on réalise, quand j’avais 15 ou 16 ans je crois, que je ne savais absolument pas lire une partition. En fait je jouais du violon mais je jouais toujours à l’oreille, et ma prof de violon jouait avec moi, donc je n’avais qu’à l’écouter et puis mémoriser ce qu’elle faisait. Du coup quand j’ai eu 15 ans, j’avais dix ans de violon derrière moi, mais j’ai réalisé que je ne savais absolument pas comment déchiffrer une partition.
LFB : Tu écris seule toutes tes chansons, par quel processus d’écriture parles-tu ? Est-ce que tu écris à chaud sur un état d’esprit, un sentiment, une émotion ? Est-ce que tu es dans un processus plutôt long où tu reviens plusieurs fois sur le même texte… ?
Lil Halima : J’écris depuis toujours, des journaux intimes, des poèmes… ça fait vraiment partie de mon quotidien. Je ne suis pas vraiment du genre à me poser à un moment donné avec l’idée d’écrire une chanson. Et en général quand j’écris une chanson ça va assez vite : je vais au studio, là-bas soit il y a déjà quelqu’un qui va jouer quelque chose pour moi, ou alors je suis toute seule et je commence à jouer quelque chose, et puis de là je me mets à chanter, un peu tout ce qui me passe par la tête. Et puis ça va devenir la base de la chanson ! Je chante au micro, j’enregistre tout ce qui sort, je chante à tue-tête, jusqu’à ce que j’aie le refrain… et puis à partir de ce moment-là je vais aller me poser et écrire. Mais d’autres fois il peut m’arriver de me reporter directement à mon journal, je vais regarder ce qu’il y a dedans et y trouver un sentiment que j’ai pu éprouver, et je vais écrire dessus.
LFB : Est-ce que tu aimerais écrire pour les autres également ?
Lil Halima : Oui, je le fais de temps en temps pour d’autres artistes en Norvège. J’aimerais en faire beaucoup plus parce que tu n’as pas besoin de sortir quelque chose de très personnel et je trouve ça cool. Tu te sens libre d’une certaine manière, parce que tu n’as pas besoin de travailler sur quelque chose que tu as ressenti, qui fait partie de toi. Quand j’écris pour les autres, c’est comme si j’écrivais une fiction. Quand j’écris pour moi, il faut que ça vienne de moi, il faut que ce soit un sentiment que j’ai connu, parce que je veux être honnête. Et quand j’écris pour quelqu’un d’autre, ce ne sont pas mes sentiments, ce sont ceux de quelqu’un d’autre.
LFB : Tu peins beaucoup également, est-ce que tu aimerais mêler tes deux arts : la peinture et la musique ?
Lil Halima : Absolument ! J’avais peint trois tableaux pour mes trois premières chansons, ils ont servi de pochettes pour ces chansons. Mais j’aimerais trouver un moyen de combiner davantage la peinture et la musique. Par exemple, j’aimerais beaucoup faire une exposition où je peindrais un tableau pour chaque chanson… où tu pourrais écouter le titre et regarder le tableau… Mais ça c’est pour plus tard. C’est drôle parce que j’ai la synesthésie : c’est quand tu connectes automatiquement un son à une couleur ou une forme. Donc quand j’écoute de la musique, ou quand je fais de la musique, il y a plein de couleurs et de formes différentes qui s’imposent à moi. Ça donne quelque chose d’extrêmement délicat quand les deux se mélangent. Alors quand je peindrai ces tableaux je voudrais que cela rende exactement ce que je ressens et ce que je vois de la chanson, avec les formes et les couleurs que je ressens. J’aimerais pouvoir rendre tout ça dans un tableau.
LFB : Ton rêve ce serait de devenir une artiste à part entière : peinture, chanteuse… ?
Lil Halima : Je voudrais être tout un tas de choses. Je dirais juste que je veux être considérée comme une artiste au sens le plus complet du terme. Je ne veux pas être mise dans une case. Je continue de peindre même quand je suis en train de faire ma musique, c’est juste que je peins un peu moins. Et puis quand je commence à être fatiguée, ou quand j’en ai marre, je change mon fusil d’épaule et je vais me mettre à peindre beaucoup plus (et faire un peu moins de musique). Et puis quand je me lasserais, eh bien cette fois-ci j’aurais peut-être envie de me mettre à la photo… Et puis il y a autre chose encore : depuis que j’ai commencé à lire, j’ai toujours eu envie d’écrire un livre, de créer des personnages…
LFB : J’ai lu que tu t’intéressais beaucoup au tarot, au folklore mystique, au paganisme… Est-ce que c’est quelque chose qui te vient du lieu où tu as grandi, une zone assez isolée au plein milieu de la forêt ?
Lil Halima : Oui, c’est ce que je pense. Quand j’ai déménagé de Nord-Norge, j’ai réalisé à quel point nous étions connectés à la nature dans cette région. Je m’en suis rendue compte parce qu’en déménageant dans la capitale, Oslo, je ne me sentais pas très bien… Tout ça c’est parce que quand je suis chez moi – comme tu le disais j’ai grandi au milieu de la forêt – on ne forme vraiment qu’un avec la nature… Alors qu’ici, dans les grandes villes, c’est différent. Donc je pense que c’est quelque chose qui est radicalement ancré dans mes veines, et c’est pour cela que ça m’intéresse autant ! Dans le Nord-Norge on a beaucoup de folklore, beaucoup de petites histoires que les gens racontent sur des bêtes curieuses et des créatures magiques…. Tout le monde dit que ce ne sont que des histoires, mais chacun y croit un petit peu en fait. Et puis ce sont des histoires qu’on nous a enseignées à l’école, on a appris les différentes histoires qu’il y a derrière chaque chose. Donc je pense qu’il y a juste quelque chose dans ces histoires que j’ai trouvées magiques, et que j’ai voulu faire miennes. En fait je n’ai jamais vraiment réfléchi à tout ça jusqu’à assez récemment en fait… mais tu sais c’est comme ça : à un moment donné dans ta vie tu réalises tout le bagage que tu as derrière, toutes ces influences et ces influences qui te suivent depuis que tu es petit·e.
LFB : C’est assez intéressant parce que la plupart du temps les artistes qui sont très connectés avec la nature, qui s’intéressent aux croyances mystiques et païennes, se tournent plutôt vers des chansons folks. Mais toi tu crées quelque chose de différent, en convoquant ces références dans des musiques beaucoup plus hip hop et RnB…
Lil Halima : Oui, totalement ! J’ai beaucoup de folklore ancré en moi, ça vient donc du lieu où j’ai grandi… mais j’ai aussi joué pas mal de folk quand j’étais plus petite, avec le violon. Mais maintenant on est plus dans une réappropriation je trouve. Par exemple tu as d’autres artistes comme Princess Nokia, qui utilisent cette mouvance autour de la sorcellerie, mais en la transposant dans quelque chose d’hip hop. Elle a une chanson qui s’appelle Brujas, qui veut dire « sorcières » en espagnol. Pour moi « sorcière » c’est devenu un nom commun pour désigner une femme qui veut se sentir puissante. Quand je sors le mot « sorcellerie », les gens sont vraiment du style « oh, mais qu’est-ce que c’est que ça ? ça fait peur… ça doit être du satanisme, de la magie noire, des trucs chelous… ». Mais ça n’a rien à voir avec tout ça. C’est juste redonner le pouvoir aux femmes. Il y a eu d’énormes chasses aux sorcières chez moi, dans le Nord-Norge, et ils tuaient les femmes non pas parce que c’était des sorcières, mais parce qu’ils avaient peur des femmes. Et c’est pour ça que j’ai voulu m’emparer de tout cela dans ma musique et l’utiliser pour redonner le pouvoir aux femmes. Les gens sont souvent effrayés par les femmes fortes, moi je veux que les femmes se sentent fortes, qu’elles aient confiance en elles… parce qu’on en a besoin. Et puis c’est sympa aussi, quand je dis à un gars que je m’intéresse à la sorcellerie, il prend automatiquement peur ! Du genre « oooh, elle est flippante… » ! Et ça c’est tellement cool… ! (rires)
LFB : Totalement d’accord ! Et j’ai une toute dernière question, c’est la fin de ta vie et tu peux écouter une toute dernière chanson, ce serait laquelle ?
Lil Halima : Hum… Redemption Song de Bob Marley !
LFB : Merci !
ENGLISH VERSION
Lil Halima was in Paris last saturday, she played at La Boule Noire : her first show in France, while she was doing an European Tour and we took this opportunity to meet her, right after her sounds check ! She’s a new talented singer and artist, emerging from Norway. And she’s doing a very fancy hip hop and RnB music, in the vein of Princess Nokia !
La Face B : You grew up in Norway and your father is Kenyan. Did you grow up with Kenyan music and did you use those influences in your present art ?
Lil Halima : Yeah, my dad is Kenyan and my mom is Norwegian. So i’m half-Kenyan, half-Norwegian. But I didn’t really grow up with Kenyan influences. My dad listen to American music, ’cause he grew up with MTV, so he grew up with a lot of American hip hop and RnB. And myself, I haven’t really use African music, I never use any kind of afro-beat… Well I haven’t done that yet. My influences are really American RnB and hip hop, from my dad !
LFB : I also feel something a little bit jazzy in some of your songs, am I correct ?
Lil Halima : Yeah ! I really like jazz ! I never intentionally try to make it jazz ’cause I don’t know too much jazz, but people say there’s some jazzy things in there. I also work a lot with people who do jazz. For example I made a song with a jazz pianist, so it could have some of these influences as well.
LFB : You were discovered through your Instagram, you posted a video where you were singing… and then someone noticed you, and now you can live from your music ! Why did you post this video at first ? Did you want to be discovered ?
Lil Halima : No, I was just doing my own things in Northern Norway, ’cause when you grow up in a place that is so small and so closed, it’s difficult to think that the world is really big… So I was just posting some videos for my friends to see, I didn’t really think anyone was paying attention to them… and then someone texted me. I was like « What ? That’s weird… », ’cause we only see this on TV… I don’t know how it happened. And now I only do music and arts. It’s pretty crazy that I can do it already, just be able to pay for everything… and just do music, it’s so blessing !
LFB : And why did you decide to sing in English, rather than Norwegian ?
Lil Halima : I have always felt very comfortable in English. At home, we talked a lot in English when I was younger, and I went to an English-speaking school since I was like 13 to 19 yo. So I feel really comfortable singing in English. And I also wanted to be able to talk to everybody, and not just people speaking Norwegian.
LFB : Right ! And do you want to create one or two songs in Norwegian anyway ?
Lil Halima : Yeah ! I’m actually releasing a mixtape this autumn and there’s gonna be a song in Norwegian. I don’t think it’s a problem to mixing. People are really like « if you sing in one language, you can only sing in that language… » but I think it’s weird, ’cause the main language is music, so who cares ? I can listen to a French music, I don’t understand a word in French but I still understand the song and the music.
LFB : About your musical education : do you sing since you’re a little girl ? Did you take some lessons ?
Lil Halima : Yeah, it’s the typical story : my mom says that I started singing before I started talking… I didn’t do any singing classes. But I started playing the violin when I was 5, so I did some theoretical music training. But we realized, when I turned… maybe like 15 or 16 yo, that I didn’t know a single thing about sheet music. ‘Cause when I played violin, I always just used my ears, and my violin teacher would always play with me, so I was only listening to her and then remember it. So when I was 15, I played the violin for ten years, and I realized that I didn’t know sheet music at all !
LFB : You write your songs yourself : what is your process ? Do you have an emotion and you write right away ? Is it a long process where you come back several times on your text ?
Lil Halima : I always write diaries and poems in my daily life… I don’t really write, like physically write a song… but when I create a song, it’s a quite short process : I go to the studio, usually there’s someone playing for me, or me playing something, and I just start singing whenever it comes out. And it became the base of the song ! I sing in the microphone and record everything that comes out. I sing it out loud, then I have maybe the chorus… and then I go, sit down and write. But sometimes I also go back to my diary, look at it and find a feeling that I felt before, and write about it.
LFB : Would you like to write for others ?
Lil Halima : Yeah, I do it sometimes, for Norwegian artists. And I would like to do it more, because I think it’s fun to just not have to be so personal. You’re free but in a different way, ’cause it doesn’t have to be anything you feel very strong. When I write for others, it’s more like making up fictions. When I write for myself, it needs to come from me and it needs to be a feeling that I have, ’cause I wanna be honest. And when it’s for somebody else, it’s not gonna be my feelings, it’s gonna be somebody else’s.
LFB : You also paint a lot. Would you like to combine your art and your music ?
Lil Halima : Definitely ! My first 3 songs had paintings that I made as the covers for the songs. But I would like to combine much more the art and the music, eventually. Like maybe do an exhibition where I paint a picture for each song… and where you could listen to the song and look at the picture… But that would be later. It’s kind of funny ’cause I have synesthesia : it’s like when you hear a sound, you automatically connect it to a color or a pattern. So when I hear or make music it all has like colors and patterns, it’s a sensitive thing when they combine. So when I will paint these pictures, I would like to be how I feel like the song looks like, with the colors and the patterns that I feel when I heard the song. I would like to make it into picture.
LFB : So do you also want to be a painter, as well as a singer ?
Lil Halima : I wanna be more things. I would just say that I wanna be an artist I guess, a complete artist, I don’t want to be put in one case. I’m still painting while I’m making music, but it’s more on the side. And when I get tired or exhausted, I’ll change my focus into painting more (and then do music more on the side). And when I get tired of that, maybe I would like to start doing photography… And also, since I started reading books I always wanted to eventually write a book as well, make up characters…
LFB : I read that you’re very interested in tarot and mystic folklore. Do you think this is directly linked to the place where you grew up : a very isolated place in the middle of the forest ?
Lil Halima : Yeah, I think so. When I moved away from Northern Norway I realized how unusually connected we are to nature in Northern Norway. I realized that because when I moved to the capital Oslo, I didn’t feel so good, ’cause back home – as you said I grew up in the middle of the forest – we are like one with nature… Well here, in the big cities it’s different. I think it’s somewhere in my blood that I’m interested in this ! Because coming from Northern Norway, such a small place, we always have these little folklore, which is the little stories that people tell about the freak creatures and magical creatures. Everyone say that it’s stories but everybody kind of believe in it, and they teach you about it… We learn different stories behind everything. So I think it’s just some things in those stories that I find magical, and what’s why I kind of use it. I never really thought about it until recent times, but you know it’s like when you come to a point in your life where you’re just like « this is something » : you realize this is something you grew up with.
LFB : It’s quite interesting because usually artists who are influenced by the nature, the paganism and all mystic things… use to do more folk songs. But you use this mystical background and you create something different, in hip hop and RnB…
Lil Halima : Yeah ! Obviously I have a lot of the folk stuffs in me, growing up in Norther Norway… and I played folk music when I was younger, with the violin. But I think that’s more like a reinsertion now : you also have other artists, like Princess Nokia who has a « witchy vibe » and who uses it in a more hip hop way. She has one song called Brujas because it’s the spanish word for witches. And I think it’s just becoming a modern term for a woman who wants to be powerful. When I say witchcraft, people are really like « oh, what’s that ? that sounds scary ! that sounds like Satan’s stuffs and dark magic… » But it’s not that. It’s just empowering women again. There were massive witch hunts in Northern Norway, and they killed women not because they were witches, but because they were scared of women. So because of that, I want to take that back in my music and use it to empower women again. People used to be scared of strong women, and I want to make women feel strong in themselves, because I think we need that. And it’s also nice : if I tell a guy that I’m into witchcraft, he’ll get so scared, and it’s so nice ! He’ll be like « oooh, she’s dangerous », and I’m like… (chuckling) !
LFB : I completely agree ! I have one last question : it’s the end of your life and you can listen to one last song, what would it be ?
Lil Halima : Hum… Redemption Song by Bob Marley !
LFB : Thanks !