En tournée pour la promotion de son dernier EP Skibidi, les Saint-Pétersbourgeois continuent d’enflammer les foules par leur électro-rave à la fois énergique et décalé.
Le groupe russe Little Big s’est fait rapidement une place sur la scène musicale. Tout a commencé le 1er avril 2013 quand le groupe publie sur Youtube le clip de Every Day I’m Drinking. Sur ce titre, le groupe s’amuse avec tous les clichés que nous pouvons avoir sur la Russie et déjà, il affiche un certain goût pour la décadence. A l’époque, le youtubeur Antoine Daniel a, une nouvelle fois, bien mis le viseur pour repérer la vidéo totalement barrée. Et mine de rien, cela a permis de populariser encore plus Little Big en France. Le quatuor ne s’est pas arrêté là et a poursuivi à sortir de nombreux clips tout aussi loufoques mais qui témoignent d’une satire de notre époque contemporaine. Au total, quatre albums et deux EP sont déjà à leurs actifs en à peine six ans d’existence. Productif. Si les débuts tournent autour de l’électro-punk, le groupe s’est normalisé assez rapidement vers l’électro-rave.
Il est alors peu étonnant de voir l’Elysée Montmartre affichait complet ce mardi 22 octobre. Le public est très diversifié, il y a certes des russophones mais aussi des fans de divers horizons venus en découdre dans la fosse. En attendant le concert, il n’y a pas eu de surprises. La régie son passe I Fink Ur Freeky de Die Antwoord avec qui le groupe a partagé de nombreuses fois la tournée.
La bande à Illich débarque sur scène à 21h pétante. La salle est déjà fort bouillante et le set débute par le riff de guitare de Punks Not Dead, l’introduction du 3ème album Antipositive, Pt.1. Le son est lourd et rappelle les vibes d’un live de Ramnstein à coups de « Hey ! ». Cette chanson est un hommage aux punk rock dont l’esprit porte l’identité du groupe : « Punk’s not dead, it’s a form of protest ». Après avoir enchainé avec To Party, Pump it est lancé. C’est l’occasion pour Ilya Illich Prusukin de dévoiler son T-Shirt « Teub » ce qui amusera bien entendu la salle. Ce morceau, aux faux-airs de Sexy and I know It de LMFAO, confirme que le public est déchainé : il bondit, saute et brandit les mains en l’air. Et le fera sans s’arrêter, excepté (volontairement) sur un titre, bien guidé par les ordres du groupe.
De nombreux autres morceaux portent diverses influences. Sur Hateful Love, la saturation électronique nous rappelle I Love It de Icona Pop ft. Charli XCX, les bruitages sonores de Give Me Your Money se basent sur l’introduction de Money des Pink Floyd tandis que la rythmique du synthé de I’m Ok est assez parallèle à celui d’Alors On Danse de Stromae.
Sur scène, la chanteuse Sonya Tayurskaya est placée au centre et permute avec Gokk et Illich quand ils chantent. Gokk se libérera très rapidement de son T-Shirt pour être torse nu, il sera vite suivi par de nombreuses personnes dans la foule. Anton Lissov se place quant à lui, plus en retrait, gérant le son à l’aide de son ordinateur et de sa « mixette », mais sortira de temps à autre de sa tanière pour chauffer le public. Notons que Olympia Ivleva, personne naine et chanteuse emblématique du groupe, a quitté ce projet musical l’année dernière
Little Big enchaîne les titres de ses trois premiers albums et du premier EP. Tout est juste, funky et dansant. On peut tout de même regretter que le groupe modifie peu ses titres en live : tout est calibré et calculé, rien n’est rallongé ou déstructuré, bref, tout est extrêmement proche des versions d’album. De plus, il n’y a pas d’effets de lumières ou de visuels alors que cela pourrait renforcer leur humour et du coup la qualité de leur prestation.
Il n’empêche que le groupe reste très efficace et décalé. Il a créé sa propre danse en 2018 : le Skibidi qui est vite devenue virale à travers le monde ! Pour préparer le public à s’agiter sur ce morceau, Gokk a eu l’idée amusante d’imiter le « Hey Ohhhh » de Freddy Mercury lors du Live Aid en 1985, mais en rajoutant bien entendu des bruits encore plus bizarres. Autre moment tout aussi drôle et jouissif, en plein milieu du concert, le groupe se met à chanter une chanson très décalée en français dont on vous partage les premières paroles : « Je veux te péter la rondelle mon ami ». Avec ce groupe, tout peut être chanté, dit, bref tout passe et c’est pour ça qu’on les aime.
Little Big terminera par un rappel et un unique titre, leur tube Faradenza avant de conclure encore une fois par quelques notes de poésie française. Le concert se termine au bout de 1h15, tout le monde est en sueur mais bien entendu un peu déçu : Every Day I’m Drinking est une nouvelle fois non joué. Malgré la présence d’une centaine irréductible fan qui reste pour réclamer ce titre, le groupe ne reviendra pas.
Il s’agissait d’un concert à ne pas manquer tant que la présence du groupe russe en France est rare. De plus, il bénéficie d’un public déchaîné qui rend le moment encore plus dansant et mémorable. Little Big a tout d’un grand dans son registre et est désormais très attendu à chaque nouvelle sortie.
Crédit photos : Alina Pasok