Qui va piano, va sano signifie « qui va doucement va sûrement. » Un adage qui se concrétise avec le festival piano-voix organisé à Sainte-Eustache, par le label Microqlima et Souffle Collectif. On retrouve alors des versions acoustiques et sublimées de divers artistes allant de Feu! Chatterton, Clara Ysé, Terrenoire en passant par Joanna, Bonnie Banane ou encore Eddy de Pretto et November Ultra.
JOUR 1 : Jeudi 17 Juin 2022
Avant que le festival ne commence, on ressent une atmosphère particulière dans l’Eglise Sainte Eustache. Comme des énergies qui viendraient accueillir un à un les artistes. Il y a comme un parfum d’encens, de myrrhe ou de rose. Et une lumière tamisée, le lieu est simplement éclairé de la vibration des lustres et bougies. C’est d’ailleurs les incandescents cadavres Feu! Chatterton qui ouvrent le bal. On reconnaît trois membres du groupe de rock littéraire, (Arthur, Sébastien et Clément) venir sur scène. Ils interprètent des titres de leur denier album pourtant aux accents électroniques. Le fait qu’il n’y ait qu’un simple piano donne un effet de communion, en particulier avec le titre fédérateur Monde nouveau. La voix se fait alors plus intime, Aux confins prend des airs de confidence à l’entente de : « A dieu je m’en vais », et Avant qu’il n’y ait le monde, de prière.
On change d’atmosphère avec Nautilus qui nous emmène au bord de la mer. Loïc Fleury de son vrai nom, et chanteur d’Isaac Delusion joue une musique autant minimaliste qu’aérienne. Il parvient à nous emporter loi, notamment par les bruits de vagues qu’il nous fait écouter et les méduser qu’il nous fait rencontrer.
Sur un autre registre, une autre rive, vient de le tour de Clara Ysé dont la musique semble déjà sacrée, bercée par les fées et portée par des chamans nocturnes. Elle nous traduit son titre Libertad : « Je n’ai pas peur des déserts (…) Liberté reste comme la danse des sorciers gitans, reste comme la lune » Avant d’enchaîner sur un titre sensuel (corps à corps, mains qu’on devine sur la nuque d’un amant) et de conclure sur Le monde s’est dédoublé nous rappelant que « Derrière les nuages, il y a toujours le ciel bleu azur qui lui, vient toujours en ami » D’autres sorciers nous apparaissent avec la divine Yndi. Accompagnée d’un piano et d’instruments traditionnels, l’artiste franco-brésilienne invoque le feu et les anges au travers de ses chansons. Les esprits nous accompagnent lors de cette soirée.
On reconnaît des airs de Brel dans la voix de Raphaël, de Terrenoire, qui nous offre un titre inédit. Puis, le duo de Sainte-Etienne poursuive sur une promesse (Mon âme sera vraiment belle pour toi), une prière (Derrière le soleil) et un retour à soi (Jusqu’à mon dernier souffle). Enfin, une grande prêtresse vient nous rendre visite. Il s’agit de Bonnie Banane qui nous raconte des histoires de Bijoux de la Reine et de Flash, avant de reprendre une chanson de Brigitte Fontaine. La soirée se conclut avec Eddy de Pretto.
JOUR 2 : Vendredi 18 Juin 2022
Pour ce second et dernier jour, Joanna ouvre le bal. Avec sa chevelure orange flamboyante elle nous partage l’intimité de ces chansons. Ainsi, on peut l’entendre nous parler d’amour comme d’une maladie : « Peut-être qu’un jour, j’te dirais « j’t’aime à la vie » Mais pour l’instant, tu restes ma maladie » (Maladie d’amour) Comme évoquer ses souffrances, ses addictions, en somme : ses Démons. Avant d’entamer un hymne féministe (Pétasse). La sobriété du piano-voix ne dépouille pas les titres pourtant urbains, ils sont sublimés, plus puissants et résonnants. Joanna n’est pas la seule artiste de rap à être invitée au festival, car Squidji prendra la relève.
Le rappeur nous parle d’amour, d’évolution et de son travail, accompagné d’un piano et de chœurs. Pourtant, l’esprit hip-hop reste là que ce soit à travers les mots choisis ou l’auto-tune dans les chansons. D’autres artistes poursuivent le bal, on pense à deux artistes chantant en anglais sur une musique aérienne, qui semble s’envoler toucher le plafond de l’Eglise. L’un, Silly Boy Blue dont la mélancolie nous touche autant que la beauté de ses titres. Les autres, un duo prometteur nommé Quasi Qui.
On retrouve ensuite Olivia Merilahti (du duo The DØ) sous le nom de Prudence. La musique est minimaliste, le piano vient seulement porter la voix. Tout se joue dans les variations et vibrations du chant. Un chant est doux. De la même douceur que celui de Janie. En piano-voix, la chanteuse réinterprète ses chansons de variété avant de nous offrir une reprise de Message Personnel, de Françoise Hardy. C’est November Ultra qui joue en guise de clôture de festival ou comme elle le dit en guise de « digestif ». On découvre une artiste, drôle, sensible et touchante.
Une étoile qui nous éclaire de ses titres de bedroom pop comme les titres Miel, Soft & Tender, et nous offre en avant-première le bouleversant The End.
Les photos sont d’Inès Karma qui est parvenue à capter l’atmosphère si particulière du festival
Le festival est à retrouver en live sur Culturebox : Jour 1 et Jour 2