Artiste auréolée de mystère qui avance à pas de loup, elle ébranle la scène francophone de ses déambulations sensuelles, son timbre unique et maîtrisé sur le fil. On a tendu notre micro à Maud Ferron, aka Louve, qui emprunte aussi bien à Radiohead qu’à Christina Aguilera…
La Face B : Bonjour Maud. Tu vas bien ?
Louve : Ça va super, merci !
La Face B : J’ai aussi quelques questions pour Louve… À son sujet, justement : que te permet cet alter-ego féral dans le champ de création artistique ?
Louve : Alors, cet alter-ego me permet de pouvoir m’exprimer très librement sans avoir peur du jugement… Non pas que ça m’effraie vraiment, mais avec un alter-ego, on incarne un personnage. Et sur scène, grâce à ça, je n’ai peur de rien.
Louve, c’est le Moi en tout ce que j’aimerais faire, si il n’y avait pas de conditionnement, pas de peur du regard de l’autre…
La Face B : Dans tes chansons, tu mêles anglais et français sans complexe. J’imagine que tes influences sont elles aussi multilingues… Peux-tu développer l’origine de ton univers polymorphe ?
Louve : Mon univers, honnêtement, va un peu dans tous les sens ! Parmi mes groupes préférés, je citerais Radiohead clairement, et en ce moment Rosalía. En fait je fais partie d’une famille de cinq enfants, ce qui m’a fait côtoyer différents courants générationnels, disons ! Mes parents m’ont éduquée au son des Doors, Bowie, Bashung, Gainsbourg… Mais avec mes frères et sœurs, j’ai eu beaucoup d’influences autres. Ma grande sœur, c’était plutôt Radiohead, Archive, Goldfrapp, des groupes très anglo-saxon finalement, tandis qu’avec mon frère, j’ai plus écouté du Offspring…
Ma génération à moi, c’était les Destiny’s Child, Christina Aguilera, Britney… et tout ça, c’est hyper mêlé !
La Face B : Et le fait de chanter en anglais, du coup ? Pourquoi ce parti-pris ?
Louve : Peut-être cela m’a-t-il permis de me cacher un tout petit peu au début… Et puis il y a quelque chose dans l’anglais, qui coule, qui accroche l’oreille et qui permet en fait de dire les choses plus simplement. Tout de suite, c’est très joli… Mais apparemment pour les radios, c’est pas top. Étrangement désormais, sans même me contraindre, mes textes ne sont plus qu’en français. Bon, j’ai calé un peu d’espagnol (rires), parce que j’adore cette langue et que j’ai vécu au Mexique pendant un moment, mais du coup, il n’y a plus d’anglais !
La Face B : Il y a un côté très charnel, dans ta musique, lié à ton timbre très sensuel et à ta plasticité vocale. C’est un peu contrebalancé par l’usage des musiques électroniques. Comment trouves-tu ton équilibre, ta direction ?
Louve : Quand on a enregistré avec Dani Terreur, des morceaux qui sont finalement assez chargés musicalement, pour la voix, je voulais vraiment le minimum d’effets. Je voulais qu’on ait cette impression, à l’écoute, qu’on est là, avec moi. Je pense que c’est ça qui rend les morceaux assez charnels, même si ça fait aussi partie de ma personnalité…
Je suis quelqu’un qui dégage quelque chose d’assez sensuel, de naturellement féminin aussi, contrebalancé par un côté assez brut qu’on va retrouver dans ma musique. Je suis contente que ce contraste s’entende !
La Face B : De qui t’es-tu entourée pour la parution de ton EP ?
Louve : J’ai co-composé un morceau avec Dani Terreur, qui a aussi fait la réal, qui a produit, mais on a vraiment tout fait ensemble ! Au niveau du mix de l’EP, j’ai travaillé avec Perceval Carré. C’était super, on a passé quand même dix grosses journées en studio ! Au niveau du master, c’est Benjamin Savignoni qui s’en est chargé, et pour le coup c’est la seule étape à laquelle je n’ai pas assisté. Et puis il y a Romane Monnier qui est mon attachée de presse plus-plus, qui m’accompagne beaucoup !
La Face B : J’ai entendu de toi de très belles reprises, je pense notamment à « Everything in its right place » de Radiohead. Quel est ton rapport à l’interprétation ?
Louve : Mon rapport à l’interprétation est très naturel puisque j’ai commencé à chanter comme ça ! C’est quelque chose que j’adore faire en fait : d’arriver chez moi le soir, me réfugier dans mes playlists de covers que j’adore chanter… Je passe ma vie à ça ! Je joue du piano, donc il suffit de quelques accords pour s’accompagner et c’est assez agréable de reprendre des morceaux qu’on aime et qui au final deviennent un peu à soi : ils changent d’eux même au fil du travail, sans qu’il y ait une intention derrière. Concernant ma reprise de Radiohead, le morceau a été très complexe à travailler et j’ai vraiment pris la mesure de l’ampleur du génie de Thom Yorke ! Ça m’a appris plein de chose, de rentrer un peu plus dans la chair, la structure du morceau ! J’ai aussi repris un Nekfeu et pareil, j’ai vraiment réalisé la complexité de la structure !
La Face B : Quels sont tes projets pour cette année de reprise d’une vie empreinte de davantage de normalité ?
Louve : On va commencer à retravailler sur des morceaux avec Dani – soit pour en faire un EP, soit pour en faire autre chose… On verra ! En tous cas, j’ai déjà recommencé à composer ! J’espère aussi donner un maximum de concerts, parce que la scène c’est vraiment quelque chose que j’adore…
La Face B : Pour conclure, y a-t-il une question qu’on ne t’a jamais posée et que tu aimerais qu’on te pose ?
Louve : Alors… Peut-être, avec qui j’aimerais collaborer ? Et la réponse ce serait, avec Thom Yorke évidemment ! Ou Rosalìa ! On danserait et tout, ce serait super !
Louve jouera le 16/02/22 à 21h aux Disquaires en co-plateau avec Aurore de Saint Baudel.