Mad Foxes devrait être fier d’Ashamed

Ils sont aussi brutasses et engagés qu’Idles, mais avec plus d’autodérision et de complexité. Mad Foxes sort son deuxième album Ashamed, et vous allez en entendre parler (ou les entendre crier). Entre punk hardcore et sensibilité d’un groupe de mecs qui cherche sa place dans le monde, ils ont beaucoup, mais vraiment beaucoup, de choses à nous dire. Et ils feront tout pour que vous les entendiez. Pour l’anecdote, Jimmy Fallon est fan, headbang dessus, et les a fait passer dans son show. On pose ça là, en toute tranquillité.

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Pochette en collage arty, Ashamed est représenté par deux « précieuses » romaines dans le plus banale des décors qu’est un supermarché. Œuvre de l’artiste ukrainien Alexey Kondakov, la pochette peut tout autant représenter ces instants d’émerveillement du quotidien, que l’absurdité de notre monde. Si vous cherchez à vous procurer une œuvre à un prix raisonnable, voilà déjà une excellente alternative. 

Une intro tout en crescendo débute cet album… Une voix venue d’outre tombes, auxquelles s’ajoutent roulement de batterie tribale, avant de balancer des riffs bien énervés. Dès ce premier morceau éponyme, on est immergé dans le style du groupe. Aussi technique que théâtrale, et une voix aussi brisée que leurs idées noires. 

Des idées ils en ont d’ailleurs énormément, et les sujets sociaux importants ont presque tous le droit à leur moment. Gender Eraser, le plus « idles » avec sa voix ultra saccadée et ses riffs féroces, est une tribune contre la masculinité toxique, mais aussi le racisme et le patriarcat.  Les accalmies sont nécessaires afin de reprendre son souffle, mais on retourne vite dans l’excitation grâce à la puissance de son rythme. Des voix qui se répondent, qui se hurlent dessus, qui s’unissent pour combattre les mêmes problématiques. Ces sons ultra violents (mais loin d’être bordélique) constituent la force de cet album à la manière de Propeller ou du pur moment de grâce punk de Fear Of Love. La fougue garage d’un Fidlar !

L’amour a aussi bien sur sa petite place avec le féroce Crystal Glass, single génial de l’album. Dans un rythme entre le garage et le punk dance, ils mettent en scène leurs amours déçus et leur auto dérision légendaire. Entre chorégraphies absurdes, œufs écrasés au rythme de la grosse caisse, et raid en trottinette électrique à faire pâlir Pascal Praud, on s’éclate littéralement. C’est aussi fun que rageur à la manière d’un Viagra Boys. Le titre rayonne, et rassurez-vous, nous on vous regarde et bientôt votre nom sera sur toutes les lèvres.

L’album fait aussi la part belle à des morceaux beaucoup plus lourds aux influences stoner tel que le progressif Charlie et le très puissant Sight. Ce dernier oscille entre basse de cow-boy blasé et voix éraillée. Loin d’être de gros bourrins, ils s’essayent avec succès à des styles plus progressifs et seventies avec notamment le tout en contrastes Charlie ou la ballade rock Home. Cette montagne d’influences variées et maitrisées démontre ainsi toute la qualité de leur jeu musical. Chaque instrument est mis en valeur, essentiel tel que dans Patience, ou les guitares utlra saturées de The Cheapest Friend. La force d’un power trio !  

L’album se conclut sur un titre acoustique blues assez inattendu, façon Face B ou cadeau au public. Dear Mother’s Eyes est d’une tendresse absolue, réconfortante après les sujets graves abordés et la violence plus ou moins contenue. Après une expérience aussi intense, on a tous besoin de ce petit moment de douceur et d’affection. 

Vous l’aurez compris, cet Ashamed de Mad Foxes est une vraie bombe à retardement. De par les sujets importants qu’elle aborde et la qualité de leur jeu, le groupe va exploser littéralement. Il devient une urgence d’aller les voir en concerts admirer cela en vrai ! D’ailleurs, ils passent le 24 juillet au Supersonic, Trabendo édition, et on ne doute pas que l’on va se prendre un shot de punk terrible en pleine tête. Hâte !

Retrouvez l’ADN de Mad Foxes ici