Parfois, un album vous saute à la figure, sorti tout droit des recommandations des plateformes de Streaming. Si 99% du temps la pertinence des recommandations peut se discuter, celle qui a mené Carbeau jusqu’à nos oreilles ne s’est pas trompée. On le suit le temps d’un premier album tout en nuances d’exotisme et de subtilités.
Crédit photo de couverture : Laurence Guenoun
Vous n’avez jamais voyagé en Amérique Latine ni en Asie du Sud-Est ? Quelle chance vous avez, Carbeau va se charger de vous y emmener grâce à son premier album : Madrugada. Ou plutôt, il vous emmènera dans un périple vers une terre inconnue, mélange paisible de Thaïlande et de Brésil d’après le peu de culture de l’auteur de ces lignes (je vous en prie, n’en prenez pas ombrage si mes propos vous offensent).
Madrugada, c’est huit titres pour une durée totale de trente minutes. C’est un premier opus qui s’écoute aussi bien en ambiance en faisant autre chose, qu’en courant, qu’en fermant les yeux dans un fauteuil pour en profiter. C’est un voyage envoûtant, qui vous emmène comme un train entre Lisbonne et Lagos, qui vous repose comme une sieste sur le sable d’une plage de Rio de Janeiro, qui vous rafraîchit comme une cascade Thaïlandaise au lever du jour. Bref, chaque morceau tamponne votre passeport d’un lieu nouveau mais étrangement familier, comme s’ils étaient tous liés, et évidemment logiques. Dès l’ouverture, on s’imagine facilement en train de présenter un sac à dos pour partir vers une destination dont on ne sait pas grand chose mais avec la confiance qu’on y découvrira des paysages fabuleux. L’électro de Carbeau a cela de magnétique : elle transmet une forme d’insouciance, comme si rien ne pouvait arriver sur les chemins qu’emprunte la vie.
Sans doute l’aspect polyglotte des compositions du jeune homme renforce-t-il le sentiment de dépaysement. Cette bande son ressemble à s’y méprendre à celle du prochain aftermovie ou du prochain reel que vous ferez en rentrant de vacances, rempli.e de nostalgie et déjà empressé.e de choisir votre prochaine destination. Et puis, finalement, un soir de soirée entre amis et de retour des beaux jours, vous repenserez à cet artiste qui vous a fait voyager avec sa musique et vous vous direz que finalement ça s’écoute aussi très bien pour profiter des bons moments à la maison. C’est le deuxième effet kisscool de Madrugada : pas besoin d’aller bien loin pour en profiter.
Parmi les histoires racontées par Carbeau, on distingue les influences plus ou moins proches de Bonobo et Fakear, dont l’art du mélange entre musiques électroniques et décalage horaire a déjà maintes et maintes fois été vanté. Ceci dit, on trouve dans son album peut-être encore plus de variété d’ambiances et de dynamiques. Bref, ce premier opus est une franche réussite et on a d’ores et déjà hâte de voir la suite.