Dans notre esprit, l’enfance et la musique sont fortement liées, l’une nourrissant l’autre et inversement. Cet été , entre la France et le Québec, on est allé à la rencontre d’artistes qu’on affectionne pour discuter avec eux de leur rapport à la musique dans leur enfance et de l’enfance dans leur musique. Des conversations souvent intimes et qui débordent parfois. Pour ce nouveau rendez vous, on a discuté avec Malik Djoudi avant de le retrouver vendredi pour un Olympia complet.

LFB: Est-ce que tu te rappelles de tes premiers souvenirs musicaux ?
Malik Djoudi: Mes premiers souvenirs musicaux ? Oui, oui. C’est en me baladant sur les chemins de campagne avec ma mère et à chanter.
LFB: Est-ce que tu as l’impression que la musique a toujours fait partie de ton existence d’une manière ou d’une autre ?
Malik Djoudi: Oui, toujours. Elle a toujours été là. Et de plus en plus, j’ai l’impression. Elle m’a toujours aidé à vivre et à survivre.
LFB: Et ça continue ?
Malik Djoudi : Et ça continue.
LFB : Est-ce quedans ton enfance, via ta mère, est-ce que tu as pratiqué un instrument ? Dans ta jeunesse, est-ce que c’était un choix de sa part ou une volonté de ta part à toi ?
Malik Djoudi: Non, non. Ma mère ne m’a jamais trop dit de faire un instrument. Il y avait des pianos, alors je tapotais sur les pianos. Je les ai regardés longtemps et à un moment donné, je suis allé vers eux et je les ai touchés. Au fur et à mesure, j’ai réussi à faire des lignes harmoniques, des lignes mélodiques. Personne ne m’a dit : « tiens, on va t’inscrire à ci, à ça” »
LFB: Du coup, toute ta construction musicales’est faite de manière autodidacte ?
Malik Djoudi : Complètement.
LFB : Et tu penses que c’est quelque chose qui a influencé ta façon de faire de la musique aujourd’hui et de vivre la musique justement ?
Malik Djoudi: Ouais. Je joue de quelques instruments. On s’est rencontrés eux et moi. Je ne les ai jamais vraiment appris. C’est comme le travail de studio aussi. C’est très autodidacte. J’aime beaucoup produire derrière mon ordinateur et j’en apprends au jour le jour.
LFB: Et tu penses que si tu avais une création un peu plus stricte, ça aurait pu te gêner dans ta façon de voir la musique ?
Malik Djoudi: Oui. Il m’est arrivé parfois d’essayer de comprendre quelle note je pouvais mettre avec quelle note. Et quand je pars là-dedans, ça ne me va pas.
LFB: Ça ne crée rien ?
Malik Djoudi: Non, ça ne me ressemble pas.
LFB: T’as l’impression que t’as un rapport un peu plus physique qu’intellectuel à la création ?
Malik Djoudi: Ouais, et surtout ludique. Innocent. C’est ça qu’on recherche de l’enfance, l’innocence.
LFB: Quelle part d’enfance tu fais exister dans ta musique, dans ton écriture et dans ce que tu fais musicalement ?
Malik Djoudi: Quand je fais un morceau, j’ai l’impression comme si c’était mon premier morceau. J’aime beaucoup cette chose-là de venir là comme un débutant et de venir là comme un enfant. Un enfant qui, avec ses jouets. C’est ne pas trop réfléchir à la musique, mais c’est la faire, la vivre, tout simplement.
LFB: Et du coup, est-ce c’est compliqué de garder cette part de naïveté ?
Malik Djoudi : Non. Pour ma part, il ne faut pas trop apprendre.
LFB : Dans un milieu musical où le business rentre en jeu, est-ce que tu as l’impression que c’est parfois dur de garder son âme d’enfant et de garder cette fraîcheur ?
Malik Djoudi: Oui, c’est dur. Mais si elle n’est pas là, je ne le fais pas. C’est vrai ce que tu dis. Dans ce business et tout ça, de devoir voir répondre à quelque chose de populaire. J’en ai rien à foutre moi.
LFB: Maintenant avec les réseaux, la mise en avant… ce sont des choses qui pourraient te rendre un peu plus cynique dans ta façon d’envisager la musique.
Malik Djoudi: Bien sûr. Je crois de plus en plus en l’identité de ce que tu as envie de raconter, de faire. Je crois en la musique. Quand la musique est faussée, c’est qu’il y a un truc qui ne va pas. Il est fort probable que j’ai puisé beaucoup de choses dans l’enfance, comme dans ma vie. Je crois que c’est un puit sans fonds.
LFB: De ressortir des souvenirs.
Malik Djoudi: Il y a plein de chansons que je faisais quand j’avais 18 ans et je pense que j’ai envie de les écrire.


LFB: Et justement, dans tes goûts musicaux, est-ce que tu as l’impression qu’ils se sont cristallisés sur quelque chose à l’enfance ou à l’adolescence ? Ou est-ce que ton amour de la musique continue à évoluer et tu continues à explorer la musique et les différents genres musicaux ?
Malik Djoudi: Ah oui. J’écoute pas mal de choses. Je suis assez curieux de ce qui se passe. Mais vraiment, j’ai quelques groupes et quelques artistes qui viennent de l’enfance ou de l’adolescence, de quand j’avais 20 ans. Ce sont vraiment mes socles d’inspiration.
LFB: Si tu devais choisir trois morceaux qui viennent de ton enfance et de ton adolescence et qui continuent de t’accompagner aujourd’hui ?
Malik Djoudi: Je suis venu te dire que je m’en vais de Gainsbourg, Redemption Song de Bob Marley et Thriller de Michael Jackson.
LFB: C’est marrant, ça correspond bien à la musique que tu fais actuellement. Et si tu devais choisir un morceau à toi pour présenter ta musique à des enfants ?
Malik Djoudi: Les enfants aiment bien Vivant. Il y a une espèce de joyeuse nostalgie. Ça leur plaît.
LFB: Justement, par exemple, en te promenant sur le festival ou ailleurs, un enfant vient te voir et te dit qu’il a envie de faire de la musique et de devenir artiste. Qu’est-ce que tu lui dirais ? Qu’est-ce que tu lui conseillerais ?
Malik Djoudi: Je lui conseillerais de faire exactement ce qu’il a envie de faire. Et on pense que c’est un très beau métier, ça l’est. Et que c’est assez difficile quand même mais qu’il faut y aller. Il faut le vivre, il faut le faire et surtout croire en ses rêves.
LFB: Est-ce que tu te rappelles du moment où tu t’es dit : c’est ça que je veux faire de ma vie, je veux être artiste et être musicien et rien d’autre ?
Malik Djoudi: Oui, c’est quand j’ai vu Thriller de Michael Jackson à six ans. J’aimerais trop faire ça. On va trop chanter.
LFB: Faire des clips ?
Malik Djoudi: Pas forcément, mais au moins chanter.
LFB: Est-ce qu’il y a un objet ou une émotion de ton enfance que tu as gardé et que tu continues de garder avec toi qui est importante pour toi ?
Malik Djoudi: J’espère la gentillesse.
Crédit photos : David Tabary