Malik Djoudi est vivant et ce n’est pas son quatrième album qui nous fera dire le contraire. Le poitevin est de retour avec Vivant, un album sublime et sensuel qui sonne comme un point charnière dans la carrière du musicien. On a eu plaisir à nouveau échanger avec lui autour de sa musique et de bien plus encore.
La Face B : Salut Malik, comment ça va ?
Malik Djoudi: Ça va très bien, merci Charles.
LFB : On ressent quoi quand on annonce son tout premier Olympia ?
Malik Djoudi : Sincèrement, on ne réalise pas trop. C’est toujours une salle où j’ai rêvé de jouer. J’espérais qu’un jour je le fasse. On l’a annoncé, je ne réalise pas trop mais je pense que plus on s’en rapprochera et plus je réaliserais.
LFB : Finalement, ta Cigale s’est remplie très vite et tu as toujours eu ce truc à Paris où tu étais très attendu. C’est vrai que c’est une étape supplémentaire.
Malik Djoudi : Oui complètement. J’ai l’impression grandir un petit peu, de plus en plus.
LFB : Avant de parler de l’album, je voudrais revenir un peu sur le passé. Malik Djoudi, c’est un album tous les deux ans. Comment on maintient cette fertilité ? Qui est évolutive en plus parce que ce sont quatre albums qui sont très différents.
Malik Djoudi : Je crois que composer, c’est un peu vital pour moi. Ça m’aide beaucoup dans la vie. Ça me permet de mieux me connaître. Ça me soigne aussi. C’est une passion et la passion, je la vis tous les jours et j’aime la vivre tous les jours. J’aime écrire des chansons, produire. J’aime beaucoup.
LFB : Est-ce qu’on a peur parfois de la page blanche ?
Malik Djoudi : Ouais complètement. C’est ce qu’il s’est passé pour ce disque. Je suis allé m’isoler à la Villa Médicis. Il y a eu la page blanche qui était là et j’ai un peu flippé. Je sais que ça peut arriver. Je ne force plus la création aujourd’hui. Je sais qu’il y a des moments pour et des moments sans.
LFB : Même si c’est un hasard total dans la création, dans la temporalité, UN et Tempéraments sont des albums qui sont sortis en fin de printemps alors que Troie et Vivant sont des albums de fin d’été. J’ai l’impression que ça correspond parfaitement aux couleurs des albums et à l’évolution de ta musique. Ce truc d’aller à chaque fois un peu plus vers la chaleur.
Malik Djoudi : Ouais, je pense avoir été un grand mélancolique. J’aime beaucoup la mélancolie mais je le suis de moins en moins. Pour cet album particulièrement parce que j’ai arrêté de me poser plein de questions. J’ai essayé d’aller autre part, encore plus vers la lumière et peut-être faire des chansons plus joyeuses. Alors que c’est plus facile pour moi de faire des chansons mélancoliques. Il y a des barrières qui sont tombées, je me suis posé beaucoup moins de questions.
LFB : Ces barrières et ce chemin de plus en plus profond vers l’intime qu’on trace d’interview en interview à chaque fois, qu’est-ce que ça t’a apporté le fait de te reconnecter avec tes origines, d’aller dans le pays de là où tout vient ? De revenir vers toi de manière plus réaliste que métaphorique finalement.
Malik Djoudi : C’est une manière de se reconnecter à d’où je viens et à qui je suis. Ça, je le ferais tout le temps. C’est pour ça aussi que je reviens souvent dans ma Province à Poitiers. J’ai eu la chance cette année d’aller au Vietnam. J’étais dans la composition de l’album. Et d’aller tourner en Algérie. À quelques mois d’intervalles, j’ai trouvé ça dingue. Je n’ai pas demandé à y aller mais on m’a appelé à y aller. Ce sont des manières de me reconnecter totalement et aussi d’aller voir de plus en plus qui je suis. Ça m’aide beaucoup. Pour moi c’est vraiment une chance d’avoir ces cultures différentes. Plus ça va, plus je les rencontre et plus je les vis et mieux je me sens.
LFB : Dans un climat francophone de plus en plus délétère, embrasser ses origines, est-ce que ce n’est pas de plus en plus nécessaire ?
Malik Djoudi : Complètement. Si, je me reconnecte à tout ça parce que c’est une richesse incroyable. C’est pour ça que parfois, quand on a une montée du fascisme en France, je ne comprends plus. Pour la première fois de ma vie cette année avec ces élections, c’est la première fois où j’ai vraiment eu peur, pas que pour moi mais pour les gens où on pense qu’ils sont différents.
LFB : Je trouve ça important d’embrasser son identité et d’être là, parce que juste en étant présent, c’est aussi une manière de prouver que ce sont des conneries.
Malik Djoudi : Exactement.
LFB : Ton album sort demain, il s’appelle Vivant. Je trouve que c’est un titre très fort, justement par rapport à cette idée de page blanche. Je trouve que ça en dit beaucoup sur l’album et sur ta reconnexion à toi-même, sur l’intime. Le titre est très beau et dit beaucoup de choses sur la musique.
Malik Djoudi : Vivant, ça arrive à un moment où je me sens vraiment bien, où je me sens vraiment ancré. Ça vient après cette page blanche pendant deux semaines où je cherche mais je ne trouve rien. Ça vient après un moment où je me sens perdu, où je réfléchis à ma légitimité dans ce métier, où je perds un peu confiance. Mais ça revient vite, je me reconnecte vite. Ça vient aussi à un moment où je rencontre vraiment l’amour et où je suis capable de donner, de recevoir, d’accueillir. En fait, c’est tout ce que j’espérais, d’être vivant comme ça. Je ne savais même pas. J’ai toujours été du genre à me poser plein de questions sur tout et n’importe quoi et les questions m’empêchaient de vivre. À ce moment-là, je me suis senti vivant mais je me sens de plus en plus vivant. Il y a des jours avec et des jours sans. Ça a beaucoup raisonné après avec l’actualité qu’on a eue. Vivant, c’est aussi pour moi un étendard. Je comprends pourquoi on va dans la rue pour se battre pour nos droits, pour qui on est, pour nos vies tout simplement.
LFB : Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que la pochette est la première que tu fais en noir et blanc alors que le titre appellerait plutôt à une explosion de couleur. Du coup, il y a toujours cette idée de contraste dans ce que tu es. Et il y a aussi cette idée d’unicité. Alors que Troie était une pochette un peu multiple. Là, on est vraiment face à une pochette d’unicité et de capturer la vitalité parce que tu es en mouvement sur la pochette. Tout ça, je trouve que ça parle beaucoup de l’album avant même de l’écouter.
Malik Djoudi : C’est aussi que je sors de ce tunnel aussi. C’est comme tu le disais, une reconnexion et une libération. Sur Troie, il y a plusieurs personnes qui vont dans des directions différentes alors que là, je suis tout seul à aller, je l’espère, dans la bonne direction.
LFB : C’est aussi un album qui est quasiment solitaire au niveau de la voix. Tu avais quelques featurings sur Troie qui apparaissaient et même sur Tempéraments alors que là, j’ai l’impression qu’on est revenus à UN qui était un album solitaire au niveau de la voix mais avec tout le bagage et toute l’évolution musicale que tu as pu prendre sur les trois albums qui le précèdent.
Malik Djoudi : Exactement.
LFB : Il y a un truc très beau sur cet album d’une personne un peu nue face à elle-même.
Malik Djoudi : C’est ça. J’ai l’impression de me mettre complètement à nu. Je parle de ma mère, de mes amis, des autres. Je pense aller de plus en plus dans l’intime aussi.
LFB : Ton écriture a toujours été dans une espèce d’échange. Là, c’est toujours le cas mais tu t’autorises à beaucoup plus parler de toi et à parfois être beaucoup plus acteur de tes morceaux j’ai l’impression.
Malik Djoudi : C’est ça.
LFB : Sur Tempéraments, tu disais que tu lésinais alors que là, on est vraiment sur quelqu’un qui est dans l’action, dans la recherche de l’autre.
Malik Djoudi : Complètement.
LFB : Comment tu l’as vécu ce changement de paradigme, cette évolution ?
Malik Djoudi : Il y a eu des moments très solitaires avec UN et Tempéraments. Ce disque, on l’a aussi fait à plusieurs, notamment avec Adrien Soleiman et des amis musiciens et musiciennes extraordinaires. Mais c’est un peu l’ouverture aux autres aussi. Et arrêter de penser au regard des autres, arrêter de faire attention à leur regard. Faire aussi des choses comme je l’entends. Encore une fois, pas forcément pour plaire. Toujours faire les choses sans concessions et donc plus s’affirmer.
LFB : C’est marrant parce que ce sont deux choses qui peuvent être un peu en antithèse mais qui correspondent bien à cet album. C’est un album de collectif tout en étant égoïste en fait.
Malik Djoudi : Ouais peut-être.
LFB : C’est ta vision et tes envies, mais ça ne pourrait pas vivre si tu n’avais pas l’apport de toutes les personnes qui t’ont aidée à créer cet album.
Malik Djoudi : Complètement. Je n’aurais jamais pu faire cet album sans les autres. Je n’aurais pas pu. Mais ce qui est cool, c’est qu’il y a toujours ma patte.
LFB : Pour parler un peu de ce que raconte l’album, pour moi, tu as toujours parlé d’amour mais c’est la première fois que tu parles de désir. Je me demandais ce que ça avait changé pour toi dans l’utilisation du langage et de la poésie ?
Malik Djoudi : Sur les trois derniers albums, je mettais toujours du temps à écrire, à bien chercher mes mots. Là, ça a été très fluide. J’étais en studio, je pouvais écrire des textes en dix minutes, sans me poser de questions. Ce sont des questions que je me pose à moi-même et je me donne les réponses. La musique me soigne, mes chansons me soignent. J’espère qu’elles font du bien aux autres aussi. Je me posais la question de pour quoi je fais ce métier et j’ai eu ma réponse, pour que les gens passent des bons moments.
LFB : Du coup, ce qu’il y a d’intéressant et c’est un truc qui a toujours été présent chez toi, cette idée de rendre poétique le quotidien dans l’utilisation des mots. Avant, tu parlais de blue jean, de choses très ancrées dans l’humain, là tu parles de Nutella ou de choses comme ça. Je me demandais comment tu apportais de la poésie à ces mots qui sont tellement utilisés qu’ils en deviennent presque invisibles ?
Malik Djoudi : Parce que je pense que mes maîtres en poésie ou en chanson française sont des gens qui n’utilisent que des mots simples. Je pense qu’on peut sublimer les mots simples en chanson. Tout dépend de leur place. Le bonheur, je le trouve dans la simplicité. La beauté aussi. Même si ça a été difficile parfois d’écrire des morceaux, il y a quand même des morceaux où j’ai mis du temps à les écrire, toute la magie des choses, c’est de faire que les choses soient simples. Qu’on les entende et que ça soit simple.
LFB : Et que ça vienne tout seul. Du coup, ça suit un peu ce que tu dis, cette idée d’universalité de la musique et peut-être aussi de chercher à faire une musique qui traverse un peu les frontières de Paris, sans que ça soit péjoratif. Cette idée qui puisse aller vers des gens qui n’écoutent pas forcément ce genre de musique, qui ne penserait pas aimer ce genre de musique. Je trouve qu’il y a un vrai travail là-dessus sur l’écriture dans cet album et même sur les textures, de le rendre accessible tout en étant pointu.
Malik Djoudi : Complètement. C’est ça. Ça revient à ce truc d’arrêter de se poser des questions. C’est s’ouvrir aux autres et comme me l’a dit Thomas Bangalter, aller à l’essentiel.
LFB : Sur cet album, il y a aussi des incursions de phrases en anglais. Ça ne t’était pas arrivé depuis longtemps. Ça va bien aussi je trouve avec cette idée de sensualité et d’échange avec l’autre. J’ai l’impression que ces phrases-là ne sont pas là par hasard.
Malik Djoudi : Non, elles ne sont pas là du tout par hasard. Elles sont là aussi parce que j’adore chanter en anglais, j’adore le timbre que ça donne. C’est aussi mon écriture de jeunesse.
LFB : Ça va avec le fait de tomber amoureux, de revenir à une seconde jeunesse.
Malik Djoudi : Oui, tu sais cet album, je le vis un peu comme un premier album. J’ai eu la saveur de le faire comme un premier disque. Ce que j’adore, c’est que j’ai toujours l’impression de repartir à zéro, toujours être un débutant. J’adore ça.
LFB : Tu le vis bien ?
Malik Djoudi : Ouais, après c’est difficile parfois parce que j’ai l’impression de grandir un peu. Mais je je joue avec ça encore. Je joue de la musique, j’aime jouer de la musique et je me sens toujours novice. Ça m’ouvre plein de portes artistiques et de création.
LFB : On parlait d’aller à l’essentiel, de simplicité. L’album pour moi est centré sur un élément, en dehors de la voix, c’est la basse. Comme dans l’amour, c’est la basse qui donne le rythme. J’ai l’impression que tu as structuré tout l’album autour de la basse.
Malik Djoudi : Ouais. Mes premières recherches dans la composition de ce disque, ça a beaucoup été basse/batterie. La rythmique. Comment avoir des choses un peu trance, parfois un peu midtempo et essayer de faire en sorte que ça soit bien rythmé. Ça a été la base de beaucoup de morceaux dans ce disque.
LFB : Ça se sent complètement, ce truc de recherche organique, de rythmique, qui vont bien avec la sensualité et la sexualité aussi. Ce truc de trouver son rythme. J’ai l’impression que c’est ce que l’album fait en fait. Il trouve son rythme, il se cherche, se trouve, se perd. Il y a vraiment cette idée de pop un peu à l’ancienne, avec autour des agréments hyper importants de cuivre, de notes synthétiques. Mais c’est vraiment structuré sur les instruments auxquels on ne pense jamais mais qui font toute la musique.
Malik Djoudi : Exactement.
LFB : Est-ce que ça t’a surpris de retrouver cette sensation-là de musique ?
Malik Djoudi : Oui ça m’a surpris, surtout en studio. J’ai fait mes maquettes, mes démos dans mon petit studio et on le retranscrit après en studio avec de vrais instruments. Là, je me rends compte de la puissance de la chose. J’ai eu la chance vraiment de travailler avec des musiciens extraordinaires, qui ont su retranscrire ça avec leur patte aussi. J’étais assez étonné de la puissance que ça pouvait avoir, de ce que ça pouvait raconter. Pour moi, il est important à chaque fois que tous les instruments chantent. Une ligne de basse, ce sont comme des gimmicks. Les batteries chantent aussi. Chacun a sa place.
LFB : Alors que la voix joue.
Malik Djoudi : Exactement.
LFB : Les instruments chantent mais la voix devient un instrument à part entière. J’ai l’impression que c’est quelque chose que tu avais déjà commencé dans Troie qui prend encore plus d’importance là. Cette idée de musique totale où tout existe ensemble et jamais séparément.
Malik Djoudi : C’est ça. Exactement.
LFB : On se demandait si le fait d’avoir travaillé avec Gaspard Claus, d’avoir mis ta musique dans les mains d’un autre sur une tournée auparavant, qu’est-ce que ça t’a apporté aussi dans la création de cet album ?
Malik Djoudi : Il y a eu le travail avec Gaspard et il y a eu celui avec un ensemble classique à Chaillot aussi. Faire de la place à la voix. Faire attention aux fréquences qu’on utilise avec les instruments et faire de la place à la voix. C’est quand même très important dans une chanson donc il faut bien lui donner sa place. J’ai adoré jouer avec Gaspard et faire l’ensemble classique parce que ces instruments permettent de donner beaucoup de place à la voix. Donc de faire attention. Ce n’est pas évident parfois avec basse/batterie/clavier. Il faut faire de la place à la voix.
LFB : Tu as enregistré à la Frette, qu’est-ce que les lieux ont influencé sur ta musique ? C’est un studio un peu légendaire.
Malik Djoudi : Je ne sais pas, dans chaque lieu où je vais, où je sais qui est passé, j’ai toujours l’impression que les gens sont là, que les fantômes sont toujours là. Qu’on nous regarde, qu’on nous observe et qu’il ne faut pas trop faire les cons. Il y a une espèce d’humilité qui fait que vas y, on ne fait pas les cadors. J’ai toujours l’impression qu’il y a des fantômes. Ça m’excite. J’ai l’impression que les gens sont encore là. Voilà, tu as envie tout simplement de donner le meilleur de toi-même et d’être efficace dans le temps imparti.
LFB : Comment ta relation avec Ash Workman a évolué ? Tu avais déjà travaillé avec lui et là, sur l’album, il y a quand même des sonorités très anglophones et certains trucs très Metronomy par moment. L’album a été enregistré de manière live ?
Malik Djoudi : Ouais complètement. Il a été enregistré live, des personnes au rez-de-chaussée, des personnes en sous-sol. On était 6-7 à enregistrer en même temps. Ash était là aux prises, ce qui était génial. Après, il a mixé mais ça n’est pas passé de la même manière parce qu’il a mixé… Avant, j’étais tout le temps là pour le mixage pour Tempéraments. Et là, on l’a laissé faire. Avec Ash, on n’a plus besoin de se parler. On se connaît de mieux en mieux, il sait quoi faire, et c’est génial. C’est idéal.
LFB : On parlait d’amour qui est toujours un thème important. Il y a deux morceaux qui ressortent sur cet album, qui sont des vraies lettres d’amour, Maman et Mes ami(e)s. Ce sont des morceaux que je trouve hyper importants et dont j’aimerais bien que tu me parles.
Malik Djoudi : Maman, c’est ce que je n’ai pas réussi à lui dire de toute ma vie. Ma mère m’a eu très jeune et je pense qu’elle aurait toujours voulu m’offrir une éducation différente de celle que j’ai eue parce qu’on n’avait pas trop de thunes et il y a eu des moments difficiles. Mais pour moi, elle n’a pas à me demander pardon pour ça parce que j’ai eu une enfance rêvée, une enfance libre. C’était génial.
Mes ami(e)s, c’est une déclaration d’amour à mes amis qui sont la famille que j’ai choisie. J’ai la chance d’avoir des amis extraordinaires, des femmes et des hommes extraordinaires et heureusement qu’ils sont là. On donne et on reçoit. C’est beaucoup d’échanges. On aime pleurer pour de rire.
LFB : Pour moi, dans ces deux morceaux, il y a quelques unes des plus belles lignes de l’album. On parlait de choses directes, « nous on s’en fout du succès, nous on s’en fout des autres », c’est tellement évident. C’est tellement beau de dire ça quand tu es artiste, de dire ça à ta mère, que ce qui compte, c’est maman quoi. Je trouve que ça représente bien tout ce chemin parcouru par rapport à UN où tu te cachais un peu. Là, on est vraiment sur des trucs où tu as quelque chose à dire, tu le dis.
Malik Djoudi : Oui, c’est direct.
LFB : Je trouve que ce sont les morceaux qui switche l’album un peu. Ils apportent de la nuance et le profondeur, et des choses de l’enfant un peu pur qui peut y avoir en toi. Je ne sais pas si tu le vis comme ça.
Malik Djoudi : Si si, complètement.
LFB : En parlant du pureté, on a beaucoup parlé de ta voix. Pour moi, l’élément central de ta musique a toujours été ta voix malgré tout. Comment on la travaille ? Comment on la garde ? Comment on la protège surtout ?
Malik Djoudi : Pour le moment, je ne l’explique pas trop. Elle est là. Elle est bien là quand je me chauffe bien mais malheureusement, je ne me chauffe pas trop. Mais elle est toujours là. Elle m’inspire beaucoup, comme si parfois elle ne m’appartenait pas.
LFB : Tu ne l’as jamais aussi bien utilisée que sur cet album-là. J’ai l’impression que la conscience de soi va avec la conscience de la voix sur l’album.
Malik Djoudi : Ouais, je me suis retrouvé avec ça mais c’est pareil, je la découvre de plus en plus.
LFB : Comment tu envisages ta tournée et d’unir tous tes albums qui ont des couleurs très différentes et de les ramener à la couleur de cet album-là ?
Malik Djoudi : Là, j’ai la chance d’avoir une super équipe. C’est une toute nouvelle équipe. Il y a des morceaux qu’on va revisiter complètement. Des anciens morceaux qu’on va revisiter. Les nouveaux morceaux, on va essayer de faire en sorte qu’ils soient encore plus sauvages. Essayer, avec les instruments qu’on va avoir, de les sublimer. Et aller chercher les anciens morceaux et leur donner une touche nouvelle inspirée de cet album.
LFB : Vous êtes combien sur scène ?
Malik Djoudi : Quatre. J’ai la chance de travailler avec Pierre-Claude qui fait la scéno de Air et Phoenix. On essaie de faire un joli spectacle.
LFB : Est-ce que tu te rends compte de la chance que tu as d’être à quatre sur scène dans l’économie musicale actuelle ?
Malik Djoudi : Ouais. Tu sais, je me rends compte de la chance que j’ai tout simplement d’être à mon quatrième disque, d’être encore là, que les gens viennent dans les salles et écoutent ce que je fais. Tout ça, c’est une chance. Après oui, avec l’économie du live, c’est vraiment une chance que j’ai un super producteur de spectacle qui est W Spectacle.
LFB : Est-ce que tu as des choses récentes qui t’ont émues ?
Malik Djoudi : J’ai été complètement bouleversé par le documentaire DJ Mehdi que j’ai eu la chance de voir hier dans son intégralité. Je pense sincèrement que la musique française ne serait pas la même sans lui. J’ai pris une leçon de cette personne, de ce qu’il a pu faire, comment il a pu rassembler.
Crédit photos : Mathieu Foucher