MaMa Music & Convention : nos 12 concerts préférés

Cette année encore, La Face B était présente pour l’édition 2025 du MaMa Music & Convention. À cette occasion, on vous raconte nos 12 concerts préférés, ceux qui ont marqué l’édition de la rédaction.

JOUR 1 – Mercredi 15 octobre 2025

ARTICLE15 à La Machine du Moulin Rouge (Charles)

Ils étaient sans aucun doute ma plus grosse attente du MaMa pour l’année 2025 et autant dire que ARTICLE15 a répondu à mes attentes et les a poussé encore plus loin.

En suivant le projet depuis son premier morceau, j’étais habitué à leur musique et à l’ambition visuelle qui l’habitait ainsi qu’à sa dimension théâtrale que l’on pouvait ressentir dans l’interprétation et dans les clips.

Mais sur scène, Wilfried et GriGri poussent le curseur à fond, transforment le tout et nous entrainent dans un monde où la puissance musicale est partout mais où les corps, les regards et les personnages qu’ils convoquent nous entrainent dans un univers puissant, hautement politique et parfois rempli de non sens et d’humour.

Entre la expressivité exacerbée de Wilfried, son regard presque fou qui nous hypnotise et sa façon de se déplacer comme un lion libéré de sa cage et GriGri dans un rôle à l’opposé évident, personnage au costume DIY qui ne montre rien mais nous observe et se démène derrière ses machines, on se retrouve devant une proposition radicale, forcément fascinante et qui coupe parfois le souffle.

Et forcément, que dire de morceaux comme SERVITEUR DU CRÂNE, ROBOKOP ou HALLELUJAH qui voient leur intensité multipliée par 1000 sur scène et entrainent le public dans une transe collective qui fait énormément de bien.

ARTICLE15 n’a à aucun moment chercher à amadouer le public où à le charmer. Le duo a offert une proposition radicale et percutante, s’imposant dès la fin du premier soir comme l’un des plus beaux moment de cette convention.

JUSTE SHANI à La Cigale (Sarah)

Juste Shani nous a offert un show à la hauteur de nos attentes à la Cigale lors du MaMA. Sa prestance dégage autant d’énergie que de charisme, à l’image de sa musique. On a pu admirer son flow au débit parfaitement maîtrisé, mais aussi une aisance scénique digne
d’une star. Juste Shani est aussi à l’aise dans le chant que dans le rap, et mêle avec brio les deux. Elle envoie du lourd, et le retour du public a été unanime.


Elle a marqué les esprits, et il faut la suivre de très près : Juste Shani risque bien de nous surprendre encore !
Ses titres, à la fois introspectifs et engagés, font du bien. Voir une rappeuse noire, brillante, affirmer sa place avec autant de puissance et de talent rappelle à quel point les femmes ont toute leur légitimité sur la scène rap.

Crédit photo : Non Céline (@non_deux_non) et Romane Marsault (@leoprenddesphotos)

CAMILLE YEMBE à La Cigale (Sarah)

Camille Yembe nous a livré une performance à la fois intimiste et puissante à la Cigale dans le cadre du MaMA. Elle incarne une nouvelle pop qui touche par son authenticité, sa voix envoutante et sa créativité apportant un souffle précieux dans le paysage musical actuel.

À travers ses chansons, elle aborde des sujets qui nous touchent et nous portent, et sur scène, elle les exprime avec une intensité qui va droit au cœur. Sa sincérité permet de mieux comprendre l’artiste qu’elle est, dans toute sa sensibilité.

La récente nomination de Camille Yembe aux Music Moves Europe Awards illustre qu’elle est bien plus qu’une artiste reconnue : elle symbolise une nouvelle pop sincère et inspirante. En tant qu’artiste racisée, elle représente une scène pop en mutation. Et favoriser une réelle diversité au sein de ce genre musical est indispensable pour que la musique soit à l’image de la société et continue d’évoluer.

Crédit photo : Romane Marsault (@leoprenddesphotos)

ËDA DIAZ au Centre Culturel Jacques Bravo (Sarah)

Ëda Diaz nous a emportés dans son univers solaire et singulier lors de son passage au Centre Culturel Jacques Bravo pendant le MaMA. Mêlant ses racines colombiennes et françaises, elle transmet à travers ses chansons une joie communicative et une énergie lumineuse.

Les rythmes, à la fois entraînants et vibrants, invitent à se plonger dans l’énergie du moment et à partager cette émotion unique. En remplaçant les tambours par des sonorités électroniques, elle y intègre les bruits du quotidien — le chant des oiseaux, le bourdonnement des mouches — pour créer une texture sonore unique.

Sur scène, Ëda Diaz est une artiste totale : elle chante, danse, échange avec le public et transforme son concert en un rituel vibrant, presque spirituel. La voir en live, c’est plonger dans son monde. C’est vivre un moment intime et puissant où ses chansons prennent vie et résonnent bien au-delà de la scène.

Treaks au Backstage by The Mill (Théo)

Premier soir du MaMA, 21h passées. Devant le Backstage by The Mill, la file s’étire jusque dans la rue : ça trépigne d’impatience, blousons noirs et bières à la main. C’est Treaks qu’on vient voir, le trio nantais dont tout le monde parle. Sur scène, une chanteuse à la guitare et au pédalier bien chargé, un batteur au set up singulier et un bassiste/claviériste qui s’apprête à faire trembler les murs. La configuration donne le ton : on ne va pas s’ennuyer.

Treaks, c’est une véritable déflagration. Une tempête de guitares saturées, un son noise, brut, qui prend aux tripes. Chaque morceau secoue la salle comme un orage : batterie explosives, lignes de basse hypnotiques et chant transperçant. Le groupe fête la sortie de son premier album Ego, porté par “Tiny Brain”, un titre manifeste qui remet les pendules à l’heure sur le consentement et sur lequel la chanteuse s’offrira un bain de foule. Quarante-cinq minutes plus tard, la salle est rincée, mais personne ne redescend. On a pris une claque, le genre de claque qu’on garde longtemps dans les oreilles.

Crédit photo : Félix Hureau Parreira (@shotby.felix) et Non Céline (@non_deux_non)

Luiza à La Machine du Moulin Rouge (Maud)

Le MaMA fut également l’occasion de découvrir des musiciens que l’on ne connaissait pas encore. L’artiste franco-brésilienne Luiza a apporté son grain solaire sur la scène de La Machine du Moulin Rouge. Je suis ressortie de ce concert le sourire aux lèvres, et le cœur regonflé.

Luiza puise dans ses origines pour nous proposer un mélange riche, des titres énergiques comme Chica aux rythmes les plus doux et envoûtants tels que Ti Pa Ti Pa Narrive. Elle conserve, comme un fil conducteur de ses textes, ce rapport essentiel à la nature. « Nous aussi on fait partie de la nature. » On embarque avec elle sur le lit d’une rivière, sur un navire qu’elle mène habilement à l’aide de sa caval roumaine. Entraînante, Luiza s’entoure parfois de deux trompettistes. C’est explosif, joyeux, et cela fait énormément de bien au moral ! 

JOUR 2 – Jeudi 16 octobre 2025

AutoFocus (Forbon & Adam Carpels) au FGO Barbara (Charles)

Il y a des concerts et des moments qui se méritent, que l’on se sent chanceux d’avoir pu vivre et dont on se souviendra longtemps.

Un concert à midi en plein MaMa n’est jamais un exercice évident; une audience de professionnels pas forcément attentive et bien réveillée, une petite pression aussi face à l’enjeu mais au final pas de quoi effrayer Forbon & Adam, qui nous annonceront plus tard le nom officiel de leur duo : AutoFocus.

La rage au ventre, dans les mots et dans la production, les deux nordistes auront sorti de leur torpeur le public présent ce midi là au FGO Barbara.

Car il y avait des choses à dire, des points à mettre sur les i et un plaisir à retrouver via la scène, comme la confirmation pour ces deux-là, qu’ils étaient là, à leur place, ancré, présent et vivant.

Au delà d’une présence scénique évidente et remarquée, il y avait surtout un discours à dévoiler, un territoire à conquérir et une paix à retrouver. Pas encore disponibles pour les oreilles du tout à chacun, les morceaux d’AutoFocus sont des brûlots, des moments où le feu s’embrase, où la corps et l’esprit, la prod et le texte s’unissent pour nous percuter et nous secouer. Mention spéciale aux sublimes Colibri et Congo ainsi qu’à l’étouffante Français en sursis.

Face à eux, nous n’avions qu’à nous incliner et admettre leur victoire totale car dès leur second concert officiel, AutoFocus nous a retourné et la victoire fut totale.

Crédit photos : David Tabary (@danstonconcert)

Gildaa à La Cigale (Maud)

Le silence se fait. Seule sur la scène de La Cigale… Gildaa. Les regards se concentrent sur ce clown d’un autre temps. Elle nous présente une véritable performance, aussi explosive qu’intimiste. Son engagement est total, et le mystère reste intact. On découvre son monde avec délice et curiosité. Ses morceaux résonnent dans un temps qui s’étire et se dilate dans l’espace.

D’abord vêtue d’une tunique bleue, qui laissera plus tard place à une robe mauve, assorties à la couleur de ses bigoudis. Nous sommes au théâtre et le personnage qu’elle incarne se pare d’une riche palette d’expressions. De sa machine à écrire à la kora, elle utilise sa propre recette de cuisine et chacun de ses morceaux possède une couleur singulière. Elle nous embarque dans son univers avec aisance et douceur. Loin d’être timide, ses convictions se font entendre sur son fameux titre Pas assez.

À fleur de peau, nos émotions se cristallisent lors de sa dernière chanson. La tension est palpable et je retiens mes larmes. Gildaa, quant à elle, regarde vers le ciel. Derrière son masque, qui n’en est peut-être pas un, il y a quelque chose d’honnête et de profondément humain dans sa musique. Fascinante, on a hâte de la retrouver à nouveau à La Cigale, lors de son concert en mai 2026. Quelque chose nous dit que son ascension ne fait que commencer.

Crédit photos : Romane Marsault (@leoprenddesphotos)

BONNE NUIT à La Machine du Moulin Rouge (Théo)

Il est presque minuit. Parfait timing pour Bonne Nuit, qui s’apprête à transformer La Machine du Moulin Rouge en dancefloor géant. La salle est bondée, l’air déjà moite, et dès les premières notes on comprend que le duo est en train de franchir un cap. Après un soundcheck un peu sportif (mention spéciale au polo de l’équipe de France du batteur), Théodore, Étienne et leurs deux musiciens bondissent sur scène avec une énergie communicative.Dès “Les Végétaux”, le ton est donné : un mélange d’absurdité poétique à la Philippe Katerine et d’énergie live façon La Femme.

Ça danse, ça rit, ça chante. “La vie est belle”, “Mes amis” (leurs deux derniers singles) transforment la fosse en rave live géante. Leurs beats flirtent avec la techno, leurs paroles légères et tendres accrochent le sourire des spectateurs. Puis le set s’adoucit, devient presque rêveur, avant un final incandescent. Quand les dernières notes s’éteignent, on se regarde avec ce petit air complice de ceux qui savent : on vient d’assister aux débuts d’un groupe promis à exploser. Et on pourra dire fièrement, plus tard, “j’y étais”.

Crédit photos : Romane Marsault (@leoprenddesphotos)

Blasé à La Machine du Moulin Rouge (Maud)

C’est la première fois que j’assiste à un concert de Blasé. On entre dans la Chaufferie de La Machine du Moulin Rouge. Si cette scène, plus alambiquée que le Central, n’est peut-être pas si évidente à appréhender, elle colle ici très bien à l’univers de l’artiste. On se projette presque dans le sous-sol d’un club à Londres. Alors entouré de deux musiciens, il y a quelque chose d’assez rassurant et accueillant dans sa proposition. À la fois groove et old school, son énergie est communicative.

Il a l’air si heureux d’être là, et nous aussi. Blasé présente ses morceaux extraits de son dernier album BLABLABLA, mais également des créations plus anciennes. Tantôt rock, pop ou plutôt rap, il enchaîne des textes en anglais et en français, que l’on reprend avec plaisir. L’émotion est palpable sur son titre I Need It, qu’il avait composé avec le talentueux Cola Boyy. On retient de ce moment ce plaisir simple de faire de la musique. J’ai beaucoup dansé durant ce concert, portée par l’énergie environnante et tous les sourires qui ont fleuri autour de moi.

Crédit photo : Romane Marsault (@leoprenddesphotos)

Jasmine not Jafar au Backstage By The Mill (Maud)

Grande surprise, on entre dans la salle du Backstage by the Mille, sans savoir ce qui nous attend. Voici Jasmine not Jafar ! Les deux artistes françaises nous offrent un véritable moment pour lâcher prise. On danse, on saute et on crie avec elles. La techno est leur terrain de jeu, leur matière organique.

Jasmine not Jafar ce sont deux voix qui se répondent sans se heurter, et prennent tour à tour possession du devant de la scène. Véritables boss ladies aux platines, leur énergie prend de l’ampleur tout au long de cette performance, pour exploser sur un « dance like nobody’s watching ». On reprend leurs mots, et on a hâte de découvrir la suite de leur aventure !

Crédit photo : Non Céline (@non_deux_non)

JOUR 3 – Vendredi 17 octobre 2025

Sheng à La Machine du Moulin Rouge (Laura)

On monte la rue jusqu’à La Machine du Moulin Rouge sous les néons de Pigalle pour voir Sheng dans une salle bien remplie jusqu’en hauteur. Pas de découverte ici, on sait à quoi s’attendre mais on a juste hâte de la retrouver. D’abord en retrait comme toujours, le public devient peu à peu complice, chantant les refrains, levant les bras comme s’il s’agissait d’un concert classique. Rien d’exceptionnel me direz-vous, mais on la suit depuis un moment alors on est simplement content que sa prestation ait plu. Ce public n’est pas le plus facile à conquérir et représente un petit défi pour tous les artistes de la programmation, mais elle avait pour sûr des fans dans la salle. On aurait presque oublié qu’il s’agissait d’un festival de pros et on s’amuse enfin !

En format court, elle enchaîne les titres phares de son dernier album et l’ambiance monte peu à peu jusqu’à son sommet avec le remix de DIS-MOI PK ?! 为什么. Elle nous offre une exclusivité jouée pour la première fois sur scène qui plaira à celles et ceux qui ont replay BENZ 奔驰 et revisite au piano un de ses morceaux qu’elle maîtrise désormais avec une belle aisance, elle qui en redoutait autrefois l’interprétation. Les jeux de lumière sont particulièrement bien travaillés et soulignent chaque montée d’énergie, participant pleinement à l’atmosphère du show. Et puis difficile de ne pas être ému quand au moment de quitter la scène, les émotions rattrapent la chanteuse qui a les yeux qui brillent, portée par les applaudissements et les cœurs levés d’un public qui semble conquis.