On est allé voir Martin Luminet à La Bulle Café

Alors que mars se termine tranquillement, on avait pris rendez vous avec Martin Luminet pour son premier concert en tête d’affiche à Lille. On pensait être prêt à tout, mais finalement cette soirée nous aura surpris comme jamais.

C’est marrant l’émotion. Parfois, ça surgit sans prévenir, ça t’attaque et ça te met au sol. Ça marque un moment au fer rouge, ça laisse une trace, une entaille forte dans la partie de nos cerveaux dédiés aux souvenirs qui compte.

C’est d’autant plus fort quand cette déflagration étrange frappe alors qu’on pensait y être préparé. Parce qu’on a l’habitude, qu’on a l’impression d’être là où l’on doit être, sans surprise et d’un coup on se retrouve face à un chien fou dans un jeu de quilles. L’émotion quoi.

J’ai l’habitude d’être ému par la musique de Martin Luminet. Je suis ému par ce qu’elle raconte, mais je suis aussi ému parce que je connais assez le garçon pour savoir que tout y est sincère.

Alors en allant le (re)voir ce mercredi à Lille, je pensais juste aller soutenir un copain, prendre plaisir à le voir vivre sur scène, là où il est le plus complet, à la fois drôle, touchant et politique (parce que oui, tout est politique). Mais il y a une donnée que je n’avais pas prise en compte : le public.

Parce que oui mercredi, j’ai été ému par le public de Martin, par cette symbiose étrange qui s’est produite entre un artiste, son message et son audience.

Quand on fait trop de concerts à Paris, on finit fatalement par être prétentieux, par prendre tout pour acquis, par s’ennuyer parfois. Et puis … et puis on retourne dans des endroits où un concert est un évènement et, putain, ça fait énormément de bien. Parce que la rencontre entre un musicien et son public n’est jamais acquise. C’est un grand saut dans l’inconnu, une connexion entre les tripes, entre les corps, une synergie fabuleuse qu’il est pourtant si compliqué d’atteindre.

Ce soir là, je le garde dans ma tête et dans mon cœur car j’ai vu une connexion, un moment fort et surtout pur. J’ai vu des gens danser et d’autres pleurer. J’ai vu des gens rire, des gens venus accompagner leurs amis et se prendre dans la tête la musique et la sensibilité Martin, Benjamin et Rémi.

J’ai vu l’émotion, celle qui est palpable. Celle qui rend vivant, qui crée un feu qu’on n’a pas envie de voir éteindre.

C’est assez drôle d’ailleurs qu’un album qui s’appelle DEUIL(S) fasse exploser autant de grands moments de vie. Et pourtant c’est ce que fait cet album, il soigne, il fait réfléchir, grandir. Il rappelle surtout qu’on est jamais seul, qu’on est une flopée à porter la rage en soit et à ne pas vouloir la laisser nous consumer. À vouloir la transformer en quelque chose de plus grand, de plus beau.

Et tout ça, ça n’a jamais été aussi vrai que ce mercredi de début de printemps à La Bulle Café à Lille. Et pour ça, je dis merci à Martin Luminet et à son public, et je garde cette belle émotion contre moi comme une protection qui risque de me servir un petit moment.

Crédit Photo : David Tabary
Retrouvez notre dernière interview avec Martin Luminet ici