Matmatah, l’interview festival aux Francofolies de La Rochelle

Cet été, La Face B se promène dans beaucoup de festivals partout en France pour rencontrer ses artistes favoris. Aujourd’hui, on vous propose de découvrir notre rencontre avec Matmatah qui ont répondu à notre questionnaire lors de leur passage aux Francofolies de La Rochelle.

La Face B : Comment ça va ?

Stan: Ça va.

Eric : Ça va, ça va.

Stan : Pourquoi tout le monde nous pose la question aujourd’hui ? On doit avoir des gueules de déterrés à mon avis.

LFB : Non, moi, c’est de la politesse pure et simple. Je trouve que c’est important de demander aux gens. On ne le demande pas assez souvent de manière sincère.

Stan : Ouais, c’est vrai. Toi, ça va ?

LFB : Ça va très bien. Un peu fatigué mais c’est le dernier jour.

Eric : Oui, c’est long les Francos.

LFB : On va faire une interview autour de la tournée des festivals. Je me demandais quelle histoire particulière vous avez avec les Francofolies ?

Stan : C’est une longue histoire en fait parce qu’on y a joué pour la première fois en 1999, au tout début. On avait joué la deuxième fois pour notre tournée d’adieu en 2008. Et nous sommes de retour encore une fois. Moi, j’ai des souvenirs… Je me suis fait avoir une fois. J’avais rendez-vous dans une des deux tours et je me suis gouré. J’étais avec un pote qui avait des béquilles, on a fait tout le tour du port et on s’est rendus compte, une fois arrivé à la tour que ce n’était pas la bonne. Ça, ça m’est resté en travers de la gorge. Il faudrait faire un pont.

Eric : On a plein de souvenirs d’y avoir joué mais on a aussi plein de souvenirs de concerts qu’on est venus voir. Il y a tellement de beaux concerts qui ont eu lieu ici. On est ravis de revenir pour la troisième fois et d’inscrire une nouvelle fois notre nom.

Stan : Il y a des after sympa aussi. On avait fini avec Zebda, on était remonté.

Eric : Ouais mais je pense que les musiciens qui jouaient quand on est arrivés, ce n’était peut-être pas le meilleur souvenir de leur vie.

Stan : Ouais non mais bon, voilà.

Eric : Le problème, c’est que d’habitude on les laisse tranquilles mais ce soir-là, on ne les a pas laissés tranquille.

LFB : Est-ce que vous regardez la programmation des festivals quand vous jouez ?

Stan : On regarde l’affiche mais après écouter les artistes, c’est plus difficile parce qu’en tournée, je n’ai pas forcément la tête… Je suis dans mon truc, voilà, il faut se préparer pour le concert. C’est difficile de faire le touriste et de chanter aussi donc on se croise mais voilà. Certains d’entre nous vont voir un peu. Moi, je sais que je préfère rester.

Eric : On essaie, pour ceux qui vont un peu plus voir, on essaie de regarder. On jouait avec John Butler l’autre fois et bah, on est tous allés voir un petit bout du concert.

Stan : Pas moi en tout cas.

Eric : On a remarqué que les festivals… Je crois que la première fois qu’on a joué aux Charrues, c’était l’un des premiers festivals qui était vraiment très éclectique dans sa programmation et qui proposait même à l’époque à des humoristes de venir faire un truc. Et prendre des artistes de variété ou des anciens. Il y a eu Charles Trenet. Aujourd’hui, je pense que c’est un peu plus le cas partout. Ils aiment…

Stan : Ici, c’est quand même assez éclectique. Mais là, franchement, on est sur la même affiche que Sheila. Je dis respect.

Eric : Et on joue avant Polnareff. On n’aurait jamais imaginé.

Stan : Tu nous aurais dit ça il y a trente ans, on n’aurait jamais imaginé.

LFB : Sur un set d’une heure, comment vous pensez la setlist d’un concert ?

Eric : La question qui fâche, ça fait deux jours qu’on est dessus. Ce n’est pas évident un set d’une heure parce que c’est court quand même. On a fait une modification ce soir d’ailleurs. En général, on essaie de faire un truc… C’est un peu comme un 110 mètres haies.

Stan : On a décidé quand même ce soir qu’on allait prendre un peu notre temps à un moment donné. Donc on essaie. Ça dépend du cadre, ça dépend du public, de l’affiche de la soirée. Vu l’affiche qu’on a ce soir, on n’est pas obligés d’envoyer un concert de punk.

LFB : Est-ce qu’il y a des titres qui ont une importance particulière pour vous ou qui sont une évidence dans la setlist ?

Eric : Il y a trois familles dans les morceaux qu’on met sur un set, que ce soit sur un festival ou dans une salle quand on a un concert plus long. Il y a les morceaux qu’on a envie de présenter aux gens parce que ce sont les nouveaux morceaux du nouvel album. Il y a les figures imposées ou les chansons qui ont permis aux gens de nous découvrir, donc souvent ce sont les chansons qui sont passées à la radio ou les chansons qui traversent les générations. Là, c’est différent pour nous parce que dès qu’on envoie le début de Lambé ou de l’apologie, le spectacle est pour nous. Et après, il y a ce qu’on a envie de faire pour nous, pour nous amuser, pour jouer de la musique ensemble. Donc on va puiser dans certains titres qu’on a envie de faire découvrir à des gens qui n’ont peut-être pas eu la curiosité d’écouter tous les albums ou toutes les périodes du groupe. On essaie d’osciller entre ces trois catégories-là. Et c’est vrai qu’on préfère quand il y a un peu plus d’une heure parce que je pense que ça fait un peu speed concert.

Stan : Ouais, speed dating mais en version concert.

LFB : Est-ce que vous avez une routine particulière avant de monter sur scène ?

Eric : Oui, rien.

Stan : Rien. On n’a pas de rituels. J’ai toujours détesté ça. Ça a même tendance à m’emmerder quand je vois des groupes qui font ça. Non, nous, chacun fait son truc en fait. Moi, je sais qu’il faut que je sois dans ma bulle.

Eric : Les conditions sont tellement différentes suivant les jours, les horaires, la météo, suivant les loges que si on commençait à avoir des espèces de gri-gri, ça nous déstabiliserait qu’on ne puisse pas le faire. Donc voilà, effectivement, on voit des groupes qui font des espèces de mêlées de rugby avant de monter sur scène, en criant comme une équipe de basket. Libre à eux mais nous, déjà, on ne se touche pas donc on ne va pas aller se faire des accolades.

LFB : Est-ce que vous avez un meilleur et un pire souvenir de festival ?

Eric : Le meilleur, c’est ce soir, demain et après-demain.

Stan : J’en ai un très récent, dimanche dernier. Je m’en souviendrais : extinction de voix. Ça a été très, très compliqué. Voilà. Le but du concert, c’est que les gens reconnaissent les chansons et c’était dur. Là, ça va un peu mieux mais c’est dur parce qu’on ne peut rien faire contre ça. On est là, il n’y a pas le choix. Donc faire un concert où on ne reconnaît pas vraiment sa voix, se dire « qu’est-ce que je viens d’envoyer comme note ? Je ne sais pas trop ». Ça arrive.

Eric : Après, c’est toujours étonnant parce que personnellement, on pourrait dire le jour où je me suis pété le talon en concert et qu’il a fallu finir le concert. Ce n’était pas un moment exceptionnel mais des fois, on sort de concert et on se dit que c’était bizarre alors que notre équipe nous dit que c’était vraiment extra, ça sonnait bien et que le public était au taquet.

Stan : Ils ne disent pas tout le temps ça.

Eric : Et des fois, on sort et on a l’impression d’avoir fait quelque chose, d’avoir passé un vrai, vrai bon moment et ils nous disent « ouais, bof, c’était un peu mou ». Et puis, la mémoire étant sélective, on a tendance à se rappeler des bonnes choses et à bien enfouir quand ça ne s’est pas très bien passé. Mais pour le moment, on touche du bois, de la tête de singe et tout ce qu’il faut. Le pire n’est pas loin du meilleur.

LFB : Est-ce que vous pouvez me parler de l’importance du catering dans un festival ?

Eric : On a un proverbe qui traîne sur la tournée depuis des années, c’est « qui mange bien, joue bien, parole de musicien ». La façon de donner à manger aux musiciens, c’est la façon d’accueillir les gens. Donc quand ils sont bien accueillis, ça détend tout le monde et en général, ça se passe bien. Donc on avait commencé à imaginer de faire une espèce de guide du catering de musicien.

LFB : Il y en a un sur Instagram.

Stan : Ouais, on sait que ça existe. C’est important. Ce n’est pas l’endroit… Moi, dans la mesure où je dois manger des sucres lents quatre heures avant un concert… Moi j’aime bien le déjeuner. Là, je prends plaisir à manger. Avant le concert, je m’alimente donc je zappe un peu le catering mais c’est important parce que c’est un endroit de convivialité. Tout le monde se retrouve.

Eric : On a eu l’occasion d’en profiter dernièrement parce qu’on avait joué tôt donc on a mangé après le concert et donc on a pu ne pas être juste dans le truc « j’ai assez mangé pour pouvoir bien digérer pour pouvoir bien faire le concert ». On est restés longtemps à table, c’était vraiment très, très cool. Le cadre était cool. Ça ne conditionne pas tout mais ça aide. Donc c’est important. Et puis, il y a des très, très, très bonne boites de catering et des moins bonnes.

Crédit Photos : Manon Sage

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