Mega Bog : « J’aime le drame »

End of Everything, le 7ème album de Mega Bog est intense et étrange et ne laisse pas indifférent. Erin Birgy mélange des éléments (très) intimes aux nouvelles anxiogènes, matières premières des créations habitées et dramatiques qui composent l’album. Enregistré et co-produit par James Krivchenia de Big Thief, l’opus est aussi entêtant que déroutant. Nous avons voulu en savoir plus sur End of Everything et avons posé quelques questions à la musicienne américaine. On a parlé entre autres d’isolement, de pratique magique matrilinéaire, du Nouveau-Mexique…

Mega Bog

ENGLISH VERSION BELOW

La Face B : Bonjour !

Mega Bog : Bonjour, comment vas-tu ?

LFB : Je vais bien, merci. Comment vas-tu ?
End of Everything est sorti en mai. Comment sont les réactions jusqu’à présent ?

MB : Je vais plutôt bien. J’essaie de ne pas y prêter trop d’attention. Mais j’ai des amis qui l’adorent, donc ça semble aller.

LFB : Oui, il est génial ! Comment comparerais-tu cet album à ton précédent, Life, and Another, sorti en 2021 ?

MB : Je pense qu’ils sont comparables uniquement parce que c’est moi qui les ai faits. Mais je pense que l’évolution, c’est que je voulais faire un album audacieux et bombastique avec Life, and Another, mais je ne l’ai pas fait. J’étais moins organisée, je connaissais moins le son, comme la façon de créer les structures sonores, et j’ai eu un peu plus de temps pour penser à End of Everything et à la façon dont il s’articule. Et les points de référence étaient un peu plus clairs pour moi.

LFB : End of Everything est une réponse aux incendies de forêt, aux morts en masse, à l’état du monde et à votre traumatisme personnel. Peux-tu nous parler du processus de création de l’album ?

MB : Par rapport à ces choses ? Ce sont juste des choses qui vous entourent constamment et sur lesquelles je réfléchis en écrivant, j’essayais d’écrire quotidiens. À l’époque, j’en faisais moins et j’attendais plutôt d’être tellement submergée que je devais écrire, ce qui, je pense, est… J’ai beaucoup appris de cette expérience. C’était très utile de se rappeler que cela existait, mais maintenant j’essaie de le faire beaucoup plus quotidiennement pour qu’il y ait moins d’accablement et que les chansons n’aient pas à être si tristes.

Mais oui, il se passe beaucoup de choses. Il se passe toujours beaucoup de choses. Mais j’ai commencé à ressentir beaucoup plus de peur climatique en déménageant à Los Angeles, en étant entourée d’incendies et en entendant les nouvelles des grands incendies de 2019 et de la forêt tropicale… et ça a toujours été triste. J’ai toujours été obsédée par la forêt tropicale en général. Mais c’était juste une sorte de reconnaissance adulte de la fin d’un grand nombre d’espoirs différents.

Oui, la mortalité sur laquelle vous n’avez aucun contrôle et le fait que vous n’avez aucun contrôle en général. Beaucoup de ces choses… puis beaucoup de chansons ont été écrites.

J’ai été très isolée pendant la pandémie et j’ai réalisé que le monde n’est pas un endroit agréable à vivre sans compagnie, sans amis. Et c’est triste. On aimerais penser qu’on pourrait juste aller vivre dans un château et être totalement satisfait, et que notre esprit régurgiterait les belles fleurs et tout ça.

J’ai vécu dans l’isolement pendant que j’écrivais Life, and Another, c’était juste de la manie, de la manie incontrôlable, et dans celui-ci, c’était plus comme si je pensais m’en être sorti. Je pensais avoir réglé quelque chose, mais a ce moment là c’était comme si le gouvernement et un virus me disaient littéralement d’être à nouveau seule. Et ce n’est pas la vie que j’aime. C’est peut-être de là que viennent certains de ces thèmes.

LFB : J’ai lu que tu t’étais éloignée de ta zone de confort en expérimentant le piano au lieu de la guitare…

MB : Je voulais essayer un nouvel instrument. Il semble que beaucoup de gens écrivent au piano et je ne savais pas du tout comment faire. J’ai donc commencé à le faire. C’est bien pour moi de faire travailler mon cerveau avec différentes méthodes d’apprentissage actif. J’aime beaucoup apprendre les langues. Et apprendre un nouvel instrument, c’est un peu la même chose. Cela permet d’activer une partie de soi qui est en sommeil la plupart du temps.

LFB : End of Everything sonne assez sombre, comme tu l’as laissé entendre préalablement, et j’ai lu que tu t’étais réengagée dans une pratique magique matrilinéaire avec une communauté de sorcières musicales, et je me demandais comment tu dirais que cela avait influencé l’album et son processus de création.

MB : Je me suis réengagée au fil des ans. Ce n’est donc pas nécessairement quelque chose de nouveau, mais cela a influencé, je pense, l’audace de l’isolement dont je parlais. C’était comme avoir ce pouvoir dans cette communauté qui avait existé, qui existe toujours, et c’était quelque chose à laquelle on pouvait faire appel.

Et je pense que parce qu’il n’y avait personne qui regardait, personne autour, c’était l’occasion de passer à un niveau plus extrême, plus dramatique. D’où le titre. Le titre est également pertinent. Il y a des parties de nous qui meurent et s’éteignent tout le temps, mais il y a un paysage très dystopique dans de nombreux endroits que je visite et qui semblent être sur la planète, donc ça ne semble même pas si dramatique que ça.

C’est juste une sorte d’affirmation qu’il y a une fin à tout ce à quoi nous nous attachons et que c’est probablement une bonne chose de les laisser partir.

LFB : As-tu eu des influences conscientes lors de l’écriture de l’album ?

MB : De quelle manière ?

LFB : Comme des influences musicales, est-ce que tu écoutais des musiques particulières…

MB : Oui, j’écoutais beaucoup de pop italienne, en particulier Franco Battiato. Et, comme son profond puits de joie, mais en fait, comme un matin productif à travers la poésie. Il peut aussi être très politique dans ses chansons, même si elles restent excitantes et dansantes, et il est connu dans tout le pays. C’est incroyable de pouvoir faire ça juste parce qu’on fait de la musique sur laquelle les gens veulent danser. C’était une grande influence. C’était probablement la plus importante.

Et puis des gens comme Haddaway ou Corona. Différents artistes de danse des années 90 ou Bronski Beat. Et oui, ma musique préférée que j’écoutais beaucoup était celle d’auteurs-compositeurs passionnés et sans complexe, comme Thin Lizzy ou Ozzy. J’aime le drame. J’aime la lourdeur, mais ça reste ludique. Tu peux toujours le mettre dans une soirée et les gens comprendront et iels connecterons.

LFB : Y a-t-il une chanson sur l’album qui te tient particulièrement à cœur et dont tu aimerais parler ?

MB : Elles le sont toutes. Elle me sont toutes très chères. Ça fait des années que je travaille dessus. Est-ce qu’il y a une chanson que tu aimes particulièrement?

LFB : Oui ! The Clown. Elle m’obsède. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette chanson ?

MB : Oui. The Clown est peut-être la deuxième chanson que j’ai écrite pour l’album après Anthropocene. Anthropocene, c’était la fin de l’année 2019 et la masse de tout ce qui n’était pas encore arrivé. Et c’est la même chose pour The Clown. C’était plus… j’ai déménagé à Los Angeles. J’étais vraiment… Beaucoup de choses allaient et venaient et j’avais enfin un peu d’espace pour traiter certaines pertes, comme les pertes d’amour et d’amitié, les séparations, et j’essayais de faire la paix avec ça.

Et je pense que The Clown est juste une de ces sortes de choses désespérées… c’est venu de ce genre de moment où je voulais juste rentrer chez moi et regarder la télé mais j’avais tellement peur que ces gens me jugent parce que je n’étais pas la dernière à la soirée ou que je ne leur donne pas l’énergie dont je sais qu’ils ont besoin et… J’ai toujours été très fière d’être une muse énergétiquement, de pouvoir m’amuser et d’aider les gens à s’amuser, et je suis reconnaissante que cela ait été une grande partie de ma vie. Mais j’ai aussi commencé à être très malade et j’avais des douleurs et des inflammations et… oui, j’avais vraiment honte de cela. Honteuse d’avoir besoin de repos et de m’inquiéter de ne même pas savoir qui je suis. J’ai donc posé la question, très simplement : qui suis-je ? Comment me voyez-vous ?

Oui, spécifiquement, comme le jeune homme décapité. C’est un peu comme si j’avais toujours eu cette – ce n’est pas le fait de quelqu’un en particulier, vraiment – mais peut-être que c’est, je suppose, comme essayer de se lier avec de nouvelles personnes après ces pertes et ne pas être vraiment adaptée pour cela. Ne pas être vraiment prête pour cela et en quelque sorte prendre l’intimité et leur vulnérabilité et juste dire à quel point je ne peux pas y faire face. Et puis projeter cela sur quelqu’un d’autre et avoir une sorte de conscience du fait que ce n’est pas la meilleure façon d’évoluer dans le monde (rires). Si cela a un sens…

LFB : Oui, vraiment. 
La pochette de l’album est une peinture qui rappelle l’Origine du Monde de Gustave Courbet, et les formes et les couleurs autour me rappellent Georgia O’Keeffe. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette couverture ? (peinture de Joel Gregory -ndr)

EB : Oui. C’est cool, c’est la première fois que quelqu’un fait référence à Georgia O’Keeffe. Lorsque j’habitais au Nouveau-Mexique, je vivais juste à côté de là où elle vivait. J’aime beaucoup les paysages qu’elle a peints et qu’elle a réinterprétés comme des parties intimes de son corps, et cela en fait partie, parce que c’est un endroit où j’ai eu des pensées similaires.

Mais c’était aussi une sorte d’état d’esprit, beaucoup d’espace, beaucoup de temps pour commencer à me reconnecter avec certains de mes récits personnels qui n’avaient jamais vraiment eu de sens auparavant dans ma vie. Je n’avais jamais pris le temps de le faire, je n’avais jamais eu d’espace pour cela. Et je me sentais en grande partie…

Parce qu’enfant, j’étais hantée par des démons, ou du moins c’est ce que je pensais, et j’avais très peur d’eux, et j’étais attachée à une sorte d’obscurité – l’obscurité qui m’a très bien servie et qui donne beaucoup d’amour à ces figures extérieures – parce que c’est ainsi que va la vie.

Une grande partie des formes et des couleurs viennent de ce genre de choses. J’essaie en quelque sorte de réimaginer la peur et l’obscurité d’un démon dans l’eau, sous l’eau, qui vous regarde ou quelque chose comme ça, et de faire en sorte que ce soit quelque chose qui s’enroule autour de cette forme humaine vulnérable, et qui n’est pas nécessairement menaçante. C’est juste un peu là.

Et l’image du corps est comme, une partie des choses personnelles qui se sont produites pendant l’enregistrement de ce disque, comme une violation de mon corps par quelqu’un d’autre. Et je pense que c’est une image que j’ai voulu utiliser pendant longtemps, dans le cadre de ma carrière antérieure. J’ai fait de la musique pour subvenir à mes besoins. Et il était logique de la présenter… de la présenter de manière à ce que le spectateur ait le choix d’interagir avec elle, de réfléchir à la manière dont il la voit… Est-ce que vous la jugez ? Est-ce que cela vous met mal à l’aise ? Est-ce qu’il vous dégoûte ? Est-ce qu’elle vous met à l’aise ? Est-ce que vous vous sentez en sécurité ?

Et quel choix faites-vous en voyant la forme dénudée et fragile mais courageuse de quelqu’un ? Et c’était important pour moi de voir le côté courageux de montrer cette partie de moi-même aux gens de ce monde plutôt qu’à ceux du passé et de dire que c’est mon passé, mais que c’est toujours moi.

LFB : Quel regard portes-tu sur le projet Mega Bog, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui ?

EB : C’est un projet qui a nécessité beaucoup de ma propre énergie et de celle des gens que j’ai choisis comme collaborateurs, de ma famille et de ceux qui sont encore avec moi. Zach (Burba -ndr), par exemple, est avec moi depuis presque le début. Peu de temps après, j’ai commencé à jouer de la musique seule et James (Krivchenia -ndr) m’accompagne depuis si longtemps. Et oui, il y a des gens qui entrent et sortent ou qui sont plus récents dans le projet. Mais nous avons tous tissé des liens. D’une certaine manière, c’est parti de n’importe quoi. Comme « je vais monter un groupe et donner un nom stupide à une unité familiale très profonde ».

Nous avons l’honneur d’être là les uns pour les autres et de nous voir grandir, sortir de choses qui nous faisaient du mal pour entrer dans des choses saines. C’est devenu essentiel, au point que je n’ai plus besoin d’y penser tout le temps. Je n’ai pas besoin de travailler sur mon groupe et son image parce que ça existe en soi. Et c’est quelque chose à nous. Il n’a pas besoin d’être pour quelqu’un d’autre. Mais les choses que nous faisons sont assez brillantes pour être partagées. C’est ce que nous faisons toujours. Et j’ai l’impression que c’est ça le plus important, c’est qu’on a tous tellement grandi et qu’on est toujours là l’un pour l’autre. C’est plus qu’un groupe à ce stade.

LFB : Vous allez jouer à Paris en novembre. As-tu un lien particulier avec la France ?

EB : J’ai beaucoup d’amis que j’ai rencontrés grâce à Julian Gasc. Il a repris une de mes chansons de Happy Together, qui est sorti je crois en 2017 et ensuite il m’a aidé avec la musique sur l’un d’entre eux. Oh, oui, il a fait de la musique avec Clémentine March. Je l’ai rencontrée en faisant de la musique ensemble pour mon disque, et j’ai séjourné chez elle à Londres à plusieurs fois. Et Marie Merlot fera partie du groupe lors de cette tournée. Elle est originaire de Bordeaux et j’ai beaucoup d’ami.es très proches avec qui je collabore en France.

Je suis donc toujours ravie d’y aller, et surtout d’y aller avec Marie, c’est comme si je voyais les choses à travers ses yeux. Elle connaît très bien le pays. Elle a joué avec nous la dernière fois que nous étions à Paris, je crois, au début de l’année 2022. Et c’était tellement mignon parce qu’elle courait à travers la foule en jouant de la flûte et en excitant tout le monde et elle a cette confiance parce qu’elle est chez elle. Elle se dit : « C’est mon terrain. Je sais comment amadouer les gens pour qu’ils passent un bon moment”. Je suis donc impatiente de voir ça.

LFB : Et ma dernière question, c’est : qu’est-ce qui t’intéresse en ce moment ?

EB : J’écris toujours beaucoup. J’ai commencé un autre album et… je ne sais pas, j’ai vraiment hâte de passer l’été à Londres. J’ai envie de faire des choses, de nouer des liens plus profonds avec mes amis et d’aller nager. Je suis dans un état d’esprit où j’ai envie de faire une pause dans mes obligations en dehors de mon plaisir personnel. J’essaie donc de m’amuser.

LFB : Super ! C’est très bien ! Merci !

Mega Bog sera en concert le 27 novembre au Pop Up du Label, Paris – évènement FB

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Mega Bog
Crédit photo: Amanda Jasnowski Pascual

ENGLISH VERSION

End of Everything, Mega Bog’s 7th album, is intense and strange, and doesn’t leave one indifferent. Erin Birgy mixes (very) intimate elements with anxiety-inducing news, the raw material for the inhabited, dramatic creations that make up the album. Recorded and co-produced by Big Thief’s James Krivchenia, the opus is as heady as it is unsettling. 
We wanted to know more about End of Everything and asked the American musician a few questions. Among other things, we talked about isolation, matrilineal magical practices, New Mexico… 

La Face B: Hello!

Mega Bog: Hi, how are you? 

LFB: I’m good thank you. How are you? 

End of Everything has been released in May. How have you been finding the feedback so far?

MB: I’m pretty well. I try not to pay too much attention. But I have some friends who really love it so seems all good.

LFB: Yeah, it’s amazing! How would you compare this album to your previous one, Life, and Another, which was released in 2021?

MB: I think they’re only comparable just because I made them. But I guess the evolution is I wanted to have a really bold bombastic record with Life, and Another but I didn’t. I was less organised or knowing of the sound, like how to make the sound structures and just had a little more time to think about End of Everything and how it comes together. And the reference points were a bit more clear to me.

LFB: End of Everything has been a response to wildfires and mass death and the state of the world mixed with your own personal trauma. Can you tell us a bit about the making process of the record?

MB: In relation to those things? They’re just things that are around you constantly that I’m reflecting on in writing, you know, I tried to do daily writings. At the time I was doing less of that and more like waiting until I was so overwhelmed that I had to write which I think is… I learned a lot from it. 

And it was very useful to remember that existed, but now I try to do much more daily so there’s less overwhelm and the songs don’t have to be so sad.

But I yeah, there’s just a lot happening. There’s always a lot happening. But I started feeling a lot more climate fear moving to L.A. and being surrounded by fires and hearing the news of big fire in 2019 and the Rain Forest… and it’s always been sad. I’ve always been obsessed with the rainforest in general. But it was just kind of like an adult acknowledgement of the end of a lot of different kinds of hopefulness. 

Yeah, just mortality you have no control over and like the fact that you have no control over it in general. A lot of those things… and then many of the songs were written. 

Well being very isolated during pandemic stuff and just sort of realising like the world is not a fun place to be in without company, without friends. And that’s sad to, you know, you’d like to think you could just go off and live in a castle on be totally satisfied, and that your mind would be regurgitating the beautiful flowers and stuff. 

I lived in isolation while I was writing Life, and Another and there, it was just mania, like uncontrollable mania, and this one was more like I thought I got away from that. I thought I fixed something but now I’m literally, like, the government and a virus are telling me to be alone again. And that’s not the life I love. So that’s maybe where some of those themes come from.

LFB: And I’ve read you moved away from your comfort zone experimenting with a piano and instead of a guitar…

MB: So I just wanted to try a new instrument. It seems like a lot of people write piano and I didn’t know how to do it at all. So I started to. It’s good for me to like, flex my brain into different active learning methods. Like I like to learn languages a lot. And learning a new instrument is a lot like that. It just turns on a part of you that’s dormant most of the time. 

LFB: End of Everything sounds quite dark as you’ve hinted at times, and I’ve read that you had reengaged in matrilineal magical practice with a community of musical witches and I was wondering, how would you say it entered the album and its making process can you tell us a bit about this practice and what made you re engage?

MB: I’ve been re engaging over the years. So it’s not necessarily anything new to talk about, but it influenced, I think maybe the boldness of just the isolation I was talking about. 

That was just like having that power in that community that had once existed, I mean that it always exists and it was something to call upon. 

And I think because there was nobody watching, nobody around, there was an opportunity to take it to a more extreme level, more dramatic, hence the title. Also, the title is relevant. There’s parts of us that are dying off and ending all the time, but there is a very dystopian landscape in many of the places that I visit and seems like on the planet, so it doesn’t even feel that dramatic. 

It’s just kind of stating there’s an end of all that we would attach to and it’s probably a good thing to let it go.

LFB: Did you have any conscious influences when you were writing the album? 

MB: In what way? 

LFB: Like musical influences were you listening to particular music or were you…

MB: Yeah. I was listening to a lot of Italian pop, in particular, Franco Battiato. And, like his deep well of joy, but matter of fact, like, a productive morning through poetry. 

And also, just like, he can be very political with songs even though they’re still excited and danceable and you know, he’s like, a household name all across the country. It’s amazing that you can do that just because you make music that people want to dance to. So that was a big one. That was the big one probably. 

And then, you know, people like Haddaway or Corona. Different like 90s dance artists and, or you know, Bronski beat. And yeah, my favourite music that I listened to a lot is just like unashamed passionate songwriters so like Thin Lizzy is or like Ozzy. I like the drama. I like the heaviness but it’s still like playful. You still can put it on at a party and people will understand to like bond.

LFB: And is there is our song on the album is a song that’s particularly close to your heart that you would like to talk about?

MB: I mean they all do. Very close to me. It’s been in the works for years. Is there some you like particularly? 

LFB: Yes, actually! The clown. I’m obsessed with. Can you tell a bit more about this this song?

MB: Yeah. The Clown was I think maybe the second song I wrote for the album after Anthropocene. So Anthropocene was the end of 2019 and the mass everything hadn’t happened yet. And I same with The Clown. It was more… just I moved to LA. I was like really… A lot of things were up and down and I finally had some space to process some losses like love losses and friendship, separations and, like, was trying to make peace with it. 

And I think The Clown is just kind of one of those sort of like whimpery desperate things… it came from that kind of moment where it’s like I just want to go home and watch TV but I’m like so afraid that like, these people will judge me because I’m not like the last one at the party or I’m not like giving them the energy I know they rely on and… I’ve always taken a lot of pride in being like, you know, like a muse energetically, like I can have fun and help people have fun and I’m grateful that’s been such a big part of my life, but also like, I started to get really sick and I have like some kind of pain and inflammation and… yes, just feeling like really ashamed of that. Ashamed of needing rest at all and worrying that I didn’t even know who I was. So asking the question of just like, very simply like, who am I? How do you see me?

Yeah, yeah, specifically, like the young man being beheaded. It’s just kind of like I’ve always had this – It’s not up to anyone in particular, really – but maybe it is, I guess, just like trying to bond with new people after these losses and not really being suited for it, not really being ready for it and sort of taking intimacy and their vulnerability and just talking about how much I can’t deal with it. And then projecting it onto somebody else and having some sort of awareness of like, how it’s not the best way to move through the world (laughs). If that makes sense…

LFB: Yes, it really does. The cover of the album is a painting and it reminds of the origin of the world by Gustave Courbet and the shapes and the colouring around reminds me of Georgia O’Keeffe. Can you tell us a bit about this cover? (painting by Joel Gregory – ndr)

MB: Yeah. That’s cool, that’s the first time somebody references Georgia O’Keeffe. When I lived in New Mexico, I lived right where she lived. A lot of that was I love that landscape is what she painted and reinterpreted as like, you know, physical intimate body parts and that is kind of a part of it, because that is a place where I had similar thoughts. 

But it also was sort of like headspace to a lot of space, a lot of time to start to like reconnect with some of my personal narrative that hadn’t really made sense anytime before in my life. I’d never made time for it never had space for it. 

And a lot of it felt… because as a kid I was very much like haunted by demons, or that’s what I thought and was very afraid of them and, like, attached, sort of like a darkness – the darkness that served me very well and they give a lot of love to these external figures – because, you know, that is how life goes. 

And so a lot of the shapes and colours come from just like that. Sort of trying to reimagine, like the fear and the darkness like a demon in water, underwater, looking at you or something and have it be something that wraps around like this vulnerable human form, and isn’t necessarily menacing. It’s just kind of there. 

And the image of the body is just like some of the some of the personal stuff that was happening while making this record was like a violation of my body by somebody else. And I think it just it was an image I wanted to use for a long time from a career I’d had before. I made music and made music to support myself and it just kind of made sense to present… present it in this way where the viewer has a choice to interact with it engage in sort of like, think about how they see just like… are you judging it? Does it make you feel insecure? Does it disgust you? Does it make you feel comfortable? Does it make you feel safe? 

And like what choice you make just seeing somebody’s bare and fragile but like brave form? And that was also important for me to see bravery in showing that part of myself to people in this world rather than this past world and saying it’s my past, it’s still me.

LFB: How would you reflect on the Mega Bog project from its beginning up until now?

MB: Well, it’s been a project that’s included a lot of most of my own energy and a lot of energy from people who I’ve chosen as collaborators and family and people who are still with me. Like Zach (Burba -ndr) has been with me since almost the beginning. Shortly after, I started playing music on my own and James (Krivchenia (Big Thief) -ndr) has been along for so long. And yeah, then there’s people who are in and out or newer to the project. But we’ve all just bonded. 

In a way I think like it’s just, it started from just like whatever, like I’m going to start a band and give it a stupid band name to like a very deep family unit. 

Where we are, like, have the honour of being there for one another and like, watch one another grow, grow up, go out of things that were harming them go into things that are healthy. Just like it’s just become more like essential, almost to the point where I don’t have to think about it all the time. I don’t have to like work on my band and its image because it just stands alone. And it is this thing for us. It doesn’t have to be for anybody else. But the things that we make, like are brilliant enough to share. So we still do that. And I feel like that’s the big thing is we’ve all just grown up so much and I still there for one another. It’s yeah, it’s just more than a band at this point.

LFB: It’s like a family… You’ll be playing in Paris November. Have you got any particular connection to France?

MB: I have a lot of friends I’ve met through Julian Gasc. He covered one of my songs from Happy Together, which came out I think in 2017 and then he helped me with music on one of those. Oh, yeah, he did a music with Clementine March. I met her through them doing music together for my record, and then stayed with her in London many times. And Marie Merlot will be in the band that plays that tour. And she’s from Bordeaux and I just have a lot of really close friends who I collaborate with who are in France. 

So I’m always thrilled to go and especially going with Marie shall be like seeing it through her eyes. She knows very well. Yeah, she played the show with us last time we were in Paris, I guess, early 2022. And it was just so sweet because she was running through the crowd playing flute and getting everybody so excited and she just has this confidence because she’s home. She’s like “this is my turf. I know how to trick people into having a good time.” So I’m excited for that.

LFB: And my last question is so what are you into these days?

MB: well I’m still writing a lot. I’ve started another record and… I don’t know I’m getting really excited to go spend the summer in London. And just make things and form deeper bonds with my friends there and go swimming a lot. I’m kind of in a headspace of wanting to take a break from any obligations outside of my personal pleasure. So I’m just trying to have fun.

LFB: Great! That sounds good! Thank you. 

Découvrir End of Everything :