C’est en 2008 que le monde a découvert Portico Quartet avec l’album Knee-Deep In the North Sea qui les a révélés au grand public. À la croisée de la musique ambient et jazz, on reconnaît surtout le groupe par leur utilisation du hang qui depuis leurs débuts vient rythmer leurs morceaux enchanteurs et oniriques. Portico Quartet revient aujourd’hui pour nous délivrer leur cinquième album Memory Streams.
Portico Quartet c’est avant tout une expérience, celle de la découverte et du laisser aller. On se surprend facilement à s’extasier des sonorités, faire une pause contemplative du monde qui nous entoure et fermer les yeux, juste le temps d’une chanson, voir les couleurs qui jaillissent du plus profond obscur et qui s’associent aux mélodies enivrantes. Les quatre Londoniens ont voulu produire cet album comme un ode à la nostalgie, venant raviver certaines images et sensations du passé, une volonté qui contraste avec l’aspect éminemment contemporain de leur musique, les boucles jazz-électro venant se mêler au rythme toujours plus minimaliste du hang.
Le nouvel album du quartet a pour objectif d’offrir une profondeur à sa musique, le rythme saccadé de la batterie embrasse avec une grâce incomparable le saxophone afin de dessiner les traits de mélodies qui se servent de l’espace comme théâtre. Il n’est pas aisé de percevoir et ressentir la musique comme une manifestation physique. Pourtant, Memory of streams permet presque de la toucher, caresser du bout des doigts sa texture si fragile et ainsi se laisser immerger par un flot d’émotions inattendu et incontrôlé.
Le pouvoir du quartet, c’est d’être capable d’offrir un disque dont tous les morceaux se ressemblent et qui à la fois n’ont rien à voir ensemble. C’est cette facilité à garder une identité marquée au travers de titres tous aussi différents les uns des autres qui désarçonne l’auditeur et c’est pour cette raison notamment que la musique de Portico Quartet demeure inqualifiable.
On notera la puissance extrême du morceau Immediately Visible qui vient clôturer l’album par une envolée mélodique grâce à laquelle on se laisse prendre volontiers au jeu de l’introspection. C’est un morceau qui nous invite à porter un regard ému sur notre passé, nous permet d’oublier un instant notre présent et pourquoi pas, esquisser un sourire de soulagement en appréhendent le futur avec confiance.
Le groupe vient puiser à l’essence même de la musique et du rôle qui lui incombe, celui d’être un support aux émotions et à l’interprétation, elle nous relie par son accès universel et nous différencie en êtres singuliers par la nature des émotions qu’elle nous procure.
En définitive, Memory Streams est une œuvre minimaliste qui laisse toute la place à l’auditeur en tant que partie prenante de l’album, le groupe a réussi à donner un corps à sa musique et donne la possibilité à chacun d’en devenir l’âme. Neuf titres pour une introspection et une halte dans le temps et l’espace…