Julius par Meskerem Mees, pépite folk de la scène musicale belge

La jeune auteure-compositrice flamande a sorti le mois dernier son premier album Julius, une collection de treize titres comme autant d’histoires que Meskerem Mees nous conte toute en simplicité avec sa folk épurée et intemporelle.

Meskerem Mees, un nom qui ne vous dit peut-être (encore) rien? Pourtant, la jeune artiste belge de 22 ans n’a pas chômé au cours de cette dernière année. A la suite de la sortie de son premier single Joe, tout s’est enchaîné pour Meskerem qui a notamment remporté le Humo Rock Rally puis le prix des jeunes talents du Festival de jazz de Montreux en septembre dernier, avant de participer le mois suivant au Mama Festival à Paris, où nous avons pu discuter avec elle (interview à retrouver ici).

Dans son premier album Julius, accompagnée simplement de sa guitare acoustique et du violoncelle de son amie Febe Lazou, Meskerem Mees réussit à nous transporter dans chacun des univers de ses chansons, riches d’une narration toujours authentique et pleine de vie. Tout au long de ces treize morceaux aux textes ciselés soutenus par une instrumentation résolument simple, Meskerem navigue avec habileté entre légèreté et mélancolie, d’un astronaute flottant dans l’espace (Astronaut) à une dénonciation des traumatismes de la guerre (Man of Manners).

Immergée très tôt dans la musique blues et folk grâce à son père, la jeune Meskerem grandit aux sons de Joni Mitchell, Mississippi John Hurt, Bob Dylan ou Nina Simone. Ecrivant ses premières chansons dès l’age de 13 ans, sa créativité s’est aussi nourrie d’artistes plus contemporain(e)s telles que Kimya Dawson ou Laura Marling, dont les influences transparaissent en filigrane tout au long de l’album.

A la production, on retrouve Koen Gisen du studio La Patrie à Ghent. Par le choix d’une production minimaliste et d’un album enregistré intégralement en acoustique, le producteur belge a ainsi su préserver la spontanéité et la pureté des compositions de Meskerem.

L’album s’ouvre avec le morceau Seasons Shift – sorti sous forme de single en février 2021 – qui chronique la déliquescence d’une relation au fil des saisons: “You got serious in December, lonely in July, though you wouldn’t tell me why”. Apres un interlude instrumental, le morceau prend une nouvelle dimension, les trois dernières phrases sonnant presque comme une prière: “Lord, Lord, Lord would you please set us free? If not inside our rotting graves forever we shall be. All that’s left of you right next to all that’s left of me.” 

S’ensuit Parking Lot, à la fois espiègle et nostalgique, puis The Writer, où, entre introspection et autodérision, Meskerem évoque avec tendresse les traits de caractère d’un(e) certain(e) écrivain(e) : “Not much of a fighter, though I love a good debate. Can’t be bothered to leave the house on any given day” ; “I will write happily my third autobiography on loneliness and anxiety, and other types of misery, ‘cause that’s what people read”. Un clip en noir et blanc accompagne la chanson, dans lequel l’on peut suivre Meskerem au cours de sa journée entrecroisée avec celle d’un vieil écrivain, tous deux se retrouvant finalement assis ensemble à l’arrière d’un taxi.

Puis nous nous retrouvons transportés au bord de l’océan aux sons des vagues et des goélands de Blue and White, auxquels viennent progressivement se joindre le violoncelle de Febe puis la guitare et la voix de Meskerem. Composée simplement d’un couplet et d’un refrain accompagné de notes de piano, l’on pourrait s’imaginer à l’écoute de la chanson que le narrateur est un poisson, s’adressant à un oiseau en quête de nourriture: “You haven’t eaten anything in seven days; The marketplace is closed now, but there are always other, different and better ways; Down in the ocean, where all the fish roam free ; You’ll look for and find a meal that happens to look quite a lot like me”.

C’est ensuite au tour de l’enjouée Queen Bee, une chanson pleine d’énergie qui, si elle était accompagnée d’une batterie, pourrait pleinement s’inscrire dans le registre rock.

Puis Meskerem nous offre une valse toute douce avec My Baby, comme une berceuse chantée par une mère à son enfant disparu. Sans doute pas tout à fait par hasard, le morceau est suivi de Man of Manners, la chanson la plus engagée de l’album dans laquelle la narratrice parle de son frère envoyé à l’armée. Alors que l’on ne cesse de lui répéter de se tenir à carreau et de faire preuve de bonnes manières, celui-ci prend peu à peu goût à la violence: “I don’t know how or why, But now the killing gets me high, My life’s become a lie, Have I gone mad?”. Et finalement l’on comprend que, s’il n’a pas déjà perdu la vie, du moins ses actions l’ont privé de toute humanité: “And after two more days, And in many different ways, My brother died in that place”. 

Parmi nos préférés, les morceaux Joe et Song for Lewis se rapprochent dans leur caractère dépouillé, raw, et dans leurs thèmes personnels. Joe, dont le titre est inspiré du morceau Howl de Johnny Flynn (« Stay in the light, Joe ; Stay with yourself« ), fit en outre l’objet d’un élégant court-métrage en noir et blanc réalisé par Merel Matthis.

Entre ceux-ci viennent s’insérer le récit d’un voyage spatial avec Astronaut, et la valse entraînante A Little More About Me.

Vient ensuite Where I’m From, dans lequel Meskerem alterne les passages chantés avec énergie au rythme de sa guitare frottée, et un long interlude instrumental de violoncelle et de flûte. Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, la chanson ne se réfère pas aux origines éthiopiennes de l’artiste mais bien plutôt à un monde qui n’appartient qu’à son imagination, dans lequel le vin coule dans les ruisseaux et où l’on se sert du soleil et de la lune pour déterminer l’heure.

Enfin, l’album se clôt par une réflexion sur la solitude avec How to be Alone, aux sons d’enfants s’amusant dans une cour d’école. Empreints de délicatesse et de mélancolie, les derniers vers résonnent au son de la voix presque a capella de Meskerem: “Maybe being all alone can still be good, Maybe being all alone feels better than it should, Maybe I would feel at home, if you could, Maybe I wouldn’t be so alone, if you would.

Meskerem Mees vient de débuter sa tournée européenne et sera au Pop Up du Label le 17 mars prochain.

Retrouvez notre rencontre avec Meskerem Mees ici.

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