Entre la pop française psychédélique, le cinéma onirique, la poésie et le doute, Météo Mirage est l’un de ces groupes qui brouillent les frontières avec pour seule volonté de nous embarquer loin, très loin. Après une finale du Ricard Live Festival, leur premier EP Pacifique enregistré maison, des mois d’attente pour cause pandémie mondiale, ils sont plus que prêts à vous captiver avec leur nouvel EP éponyme.
Tout d’abord, un duo. Max et Alexis, les deux voix du groupe sont amis de longue date et se sont épanouis ensemble dans leurs explorations musicales. En 2017 ils créent Météo Mirage, en évocation aux conditions métrologiques que tout le monde suit sans pouvoir prédire. Au fil des concerts le groupe s’enrichit de Noé, Léo et David afin de devenir le groupe de pop psyché qui nous vend du rêve. Un premier EP Pacifique et une pandémie mondiale plus tard ils reviennent nous changer de cette morosité ambiante. Le contexte actuel aurait pu tout foutre en l’air, mais les cinq gars ne sont pas du genre à attendre le miracle. Ils ont multiplié (tant que c’était possible) les concerts en appartements afin de préparer l’avenir. En émergera un clip financé par ces lives, ainsi que les nouveaux titres qui peupleront leurs futurs projets. Accompagnés par Adrien Durand de Bon Voyage Organisation, l’EP éponyme de Météo Mirage nous envahit d’une dream pop ultra dépaysante, entre textes désabusés et engagés. Se laisser embarquer n’est pas en option, on vous promet un ciel sans nuages (ou presque).
Et c’est sexy dès le départ. Un petit rythme latin et une basse groovy, une voix presque susurrée dans l’oreille, l’ambiance est délicieusement moite. Petite pépite de l’EP, Ton Nom est aussi le premier single présenté. Fuite en avant, road trip sans retour, les paysages défilent alors que les paroles se répètent tel un écho. Parfait spleen désillusionné, c’est une chanson pourtant bourrée de couleurs chaudes et de vibes psychédéliques illustrée à merveille dans leur clip tout en illustrations. Il se trace une route hypnotisante à la lueur de l’aube après une nuit de divagations…
Il s’installe une certaine tension… Alors que les larmes colorées coulent à l’envers sur les joues d’une jeune femme, l’embrasement. Morceau le plus intime du groupe, Transforme est une vraie chanson d’amour. Une ode à la sœur de Max, jeune femme trans qui s’est battue pour comprendre et s’épanouir telle qu’elle était. C’est le regard tendre d’un frère sur toute cette douleur, avant d’admirer sa transformation. Avec son arrangement très pop française 80’s, le morceau se teinte d’une douce mélopée dansante et nostalgique.
Dans la grande lignée de pop française, De l’amour à la haine cultive un sens de la mélodie et du drama tout en retenue. Chanson sur les relations qui s’infusent de toxicité, il plane une atmosphère de brouillard qui s’éclaircie au fil des refrains…
Morceau le plus psychédélique voire expérimental de l’ep, Voyageur vient un peu troubler les sens. Ultra synthétique avec son orgue criard et ses gimmicks venus d’une autre dimension, c’est un crescendo d’intensité qui nous transporte dans un espace-temps brulant et dangereux.
Piano-voix profond afin de clôturer, Où êtes-vous résonne étrangement en ces périodes de confinements répétés… Les notes du piano viennent appuyer le désespoir et l’envie absolue de contact humain. La guitare s’appose par touches, pour un morceau ultra dénudé qui grésille légèrement tel un trémolo produit par des larmes coincées dans la gorge…
Météo Mirage a parfaitement compris le sens du voyage. Une profonde remise en question, les doutes alors que défilent des paysages désertiques, des rencontres qui nous poussent dans nos retranchements. Le ton se fait de plus en plus grave au fil des chansons, comme nous avertir de l’issue fatale. Au bout de ce périple dream pop française, ils nous abandonnent sur le bas-côté. Désemparés et plongés dans notre chagrin. Difficile de se remettre de cette émotion, la seule solution étant peut-être de relancer l’EP telle une boucle perdue dans l’espace-temps? Histoire de les retrouver.