ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’il a récemment dévoilé son premier EP, All Day Long, Mi Man passe sur La Face B pour nous confier les morceaux qui constituent son ADN musical.
If you want me to stay – Sly and the Family Stone
Quand j’avais quelque chose comme 12-13 ans, j’allais à la médiathèque à côté de chez moi et je piochais dans les bacs de disque au hasard. On avait le droit à 10 par semaine, et à l’époque il n’y avait pas encore de protection, alors je rentrais chez moi et je les copiais pour pouvoir ensuite les écouter dans mon baladeur mp3.
Je n’étais pas super scrupuleux, alors il y avait beaucoup de titres qui s’appelaient “piste 01” ! Quoi qu’il en soit, un jour j’ai pioché Fresh. J’adore la couverture très Kung fu 70’s !
Depuis c’est un des albums que j’ai le plus écouté. Je le trouve très inspiré et rempli de trouvailles d’écriture et de production. J’y reviens toujours quand je dois écrire quelque chose, c’est presque devenu un rituel.
Is this It – The Strokes
C’est en troquant une Nintendo 64 contre un PS1 et quelques CD gravés que j’ai découvert les Strokes à 14 ans. Je perdais Super Smash Bros Melee mais je tombais sur une pépite. L’album entier est absolument merveilleux. Je me rappelle encore l’écouter pour la première fois, le soir même de l’échange au casque pour ne pas faire de bruit.J’aime bien écouter de la musique tard le soir au casque, j’ai l’impression qu’elle pénètre mieux.
Après une brève intro commence le premier couplet, et là tout l’univers des Strokes d’un coup nous est balancé à la figure, les guitares, la batterie très droite mais surtout la voix de Julian Casanova juste saturée comme il faut, un poil nonchalante et immédiatement entêtante.
Le lendemain j’étais rue Keller pour acheter toute la panoplie du fan. Le poster de l’album est encore le mur de ma chambre chez mes parents…
Playground Love – Air
Je suis saxophoniste de formation, d’où sa présence sur l’EP, alors forcément quand il est utilisé aussi élégamment que sur Playground love, je suis tout acquis. J’ai découvert Air en regardant Virgin Suicides avec mon amoureuse de l’époque qui était une inconditionnelle de ce film.J’ai été tellement hypnotisé par la musique que je n’ai presque pas fait attention à l’image…
Dans les jours qui ont suivi je l’écoutais en boucle, j’avais même fait une version de la chanson pour moi, enregistrée à l’époque sur un 4 pistes Tascam qui s’est depuis noyé dans une tasse de café, la reprise avec…
Tout n’est que douceur dans ce titre, j’y reviens souvent, elle est apaisante.
Sodade – Cesaria Evora
Il y avait deux CD dans la break de mon grand-père, Sidney Bechet et Césaria Evora. Ça n’a jamais semblé le déranger, quand il démarrait ça reprenait où ça s’était arrêté, et puis si le disque était fini il en changeait rapidement à un feu rouge.Mais l’idée d’apporter d’autres disques ne lui a jamais je crois traversé l’esprit. C’était comme ça: pile ou face. Pas d’embrouille.
J’aimais beaucoup Petite Fleur, c’était la piste 4 du best of de Bechet, mais j’espérais toujours que ce soit Miss Perfumado. Alors je regardais par la fenêtre, à la fois heureux et triste. Les paysages semblaient toujours dans ces moments là me dévoiler toute leur force poétique.
Cette chanson a pour moi un pouvoir inexplicable, celui d’agir sur le réel pour en révéler toute sa beauté. La même que l’on trouve lorsque, un peu en retrait, on observe les gens qu’on aime et qu’on se dit qu’on a de la chance.
Tema della Strada – Nino Rota
Si un jour j’ai un fils, j’aimerai qu’il s’appelle Nino. Toute la musique de Nino Rota, qu’elle soit pour l’image ou pour le concert, est d’une grâce à mon sens jusque là inégalée. C’est à l’orchestre un mercredi soir quand j’étais encore en CHAM (classe à horaires aménagés musique) que le chef nous distribue un arrangement de la Strada.
Je doublais encore une fois la partie de clarinette, car il n’y a jamais de partie pour les saxs ! Je ne connaissais ni Fellini ni Rota, et pourtant, c’est grâce à eux, et plus particulièrement à cette mélodie, qu’aujourd’hui je fais (aussi) de la musique à l’image.