Miles Kane : “Je veux continuer à aller de l’avant”

Eh non, vous ne rêvez pas. Nous avons bel et bien interviewé the one and only, notre crooner préféré, aussi connu sous le nom de Miles Kane. En effet, c’est à l’occasion de la sortie de son quatrième album Change The Show que nous avons – le temps d’une session Zoom de vingt minutes top chrono – pris le temps d’échanger avec ce dernier. Retour sur cet échange durant lequel on y parle de sa détermination slash passion réputée, de son désir de voir (un jour) naître un album fait de duos et seulement de duos ou encore de l’importance de laisser le passé derrière soi.

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La Face B : Salut Miles ! Comment vas-tu ?

Miles Kane : Salut ! Ca va très bien, merci.

LFB : Ton dernier album Change The Show est défini comme le plus réfléchi et le plus sincère de toute ta discographie. Comparé aux précédents, le processus créatif a t-il été ici différent ?

MK : Pas vraiment. Tu vois, j’écris beaucoup de chansons, je prends les meilleures et j’en fais un album. Mais peut-être qu’au niveau des textes, celui-ci est un peu différent. Il y a quelque chose d’assez égoïste dans mes paroles, peut-être parce que j’y parle de mes sentiments et de ma vision de la vie mais je crois que c’est tout ce que je sais faire de toute façon. Il y a aussi de belles images dans mes morceaux qui peuvent nous plonger dans une grande rêverie.

LFB : Lorsque j’écoute ce disque, j’ai comme l’impression que tu as vraiment lâché prise et que tu es bien plus confiant. Cette confiance est notamment accentuée par le biais de ta pochette d’album où tu apparais beaucoup plus frontal qu’auparavant. Est-ce que c’était quelque chose que tu tenais absolument à mettre en avant ?

MK : Oui, j’ai vraiment lâché prise ici. Je ne cache pas mes émotions, qu’elles soient positives ou négatives, je suis comme ça et ce que vous voyez est sincère. L’ami en question qui a fait cette peinture, est quelqu’un de très talentueux et nous avons tout de suite eu cette idée. Au début, la pochette de l’album ressemblait à une sorte d’affiche d’un film de Tarantino ou quelque chose du genre et puis on a commencé à se rendre compte que ça avait l’air d’un pastiche, c’était un peu trop rétro. On voulait une pochette sans notes, sans artifices, sans rien excepté un simple dessin. Et c’est vrai qu’il y a une confiance qui transparaît, je trouve que ça ressemble à une œuvre d’art et je ne la changerai pour rien au monde.

LFB : J’ai également remarqué une vraie évolution sur le plan musical, que ce soit avec les paroles ou les parties instrumentales. Je me demandais alors si ce changement était en quelque sorte le reflet de ta propre évolution sur le plan personnel ?

MK : Absolument oui, et je pense que je le mettrais toujours en avant. Je ne veux pas faire le même album deux fois, jouer le même riff deux fois tu vois. Je veux juste devenir meilleur et me pousser à y arriver, je veux chanter et jouer de la guitare de mieux en mieux. Et je crois que sur ce disque, on le remarque dans ma voix car j’arrive enfin à hurler, je suis là en mode « Allez putain ! ». Je continuerai toujours à me dépasser.

LFB : Au final, est-ce qu’on peut dire que cet album est celui qui est le plus fidèle à qui tu es vraiment ?

MK : Certains diront que ça l’est. Mais oui, je pense que c’est le cas, surtout aujourd’hui.

LFB : Ton morceau Nothing’s Ever Gonna Be Good Enough est l’une de tes rares collaborations parmi tous tes albums. Qu’est-ce que tu as le plus apprécié dans le fait de travailler avec un autre artiste ?

MK : J’adore les duos, surtout les duos homme/femme, c’est quelque chose que j’ai toujours adoré. Il y en avait déjà un sur mon premier album Colour of The Trap avec une actrice française qui s’appelle Clémence Poésy qui chante sur Happenstance. C’est un truc que j’aime vraiment, comme le faisaient Nancy Sinatra et Lee Hazlewood par exemple. Corinne (Bailey Rae, ndlr) m’avait dit qu’il fallait qu’on fasse un morceau à la fois rock, entraînant et à l’influence Motown des années soixante. Une sorte de duo où on chante tous les deux et où on raconte une histoire. Sur le coup, personne n’aurait imaginé qu’on puisse faire un truc ensemble mais il s’est avéré que ça a très bien fonctionné et il y a une alchimie qu’on ressent bien dans cette chanson.

LFB : À l’avenir, est-ce que c’est quelque chose que tu aimerais faire davantage ?

MK : J’adorerais faire un album avec que des duos.

LFB : Est-ce que tu as déjà en tête des noms d’artistes avec qui tu aimerais collaborer ?

MK : Je ne sais pas vraiment, peut-être Corinne et aussi Lana car on a déjà fait des choses ensemble, dont le morceau Dealer sur son dernier album, donc ça serait génial de faire un disque ensemble. Il y a beaucoup d’options à vrai dire.

LFB : Ton rapport à l’écriture n’a pas toujours été simple. Comment ça se passe aujourd’hui ?

MK : Putain, c’est encore hyper difficile. (rires) Je pense qu’il y a des moments de clarté, des trucs comme ça où ça s’écoule, des moments où c’est plus simple que d’autres. Aujourd’hui ça va mais pour que ça marche, il faut se sentir bien dans sa peau et dans sa tête pour permettre aux chansons de voir le jour, tu vois ce que je veux dire ? Quand tu n’es pas heureux dans ta vie ou autre, c’est là où tu luttes le plus et où ça peut bloquer.

LFB : Est-ce qu’il y a une chanson sur cet album qui a été plus difficile à écrire que les autres ?

MK : Je ne sais pas… J’ai écrit beaucoup de morceaux et je crois que lorsque l’on a enregistré Coming of Age, on a essayé de le transformer plusieurs fois, d’en faire quelque chose de plus lent d’un point de vue rythmique et ça ressemblait presque à la chanson Anna (Go To Him) des Beatles. Du côté de l’écriture, les paroles ont été assez directes.

LFB : Lorsque tu composes, tires-tu principalement ton inspiration de ton propre vécu ou est-ce que tu fais en sorte de ne pas y mêler ce qui est personnel ?

MK : Tout vient de moi, de mes expériences et des émotions que je ressens. Je suis comme un livre ouvert.

LFB : Parmi les morceaux de cet album, le sentiment de nostalgie est assez récurrent. Est-ce qu’il t’arrive parfois de te sentir nostalgique quant à ta jeunesse ?

MK : Je ne sais pas vraiment. Dans certaines chansons, je repense au passé mais je fais en sorte de ne pas trop évoquer de souvenirs ou de les ressasser. Face à ce genre de question, j’y pense forcément mais j’essaie d’éviter car le passé c’est le passé et je veux continuer à aller de l’avant. On peut ressasser de bons ou mauvais moments et on peut en tirer des leçons, c’est certain. C’est bien d’un côté de se rappeler certaines choses mais je ne crois pas que ce soit sain de le faire sans cesse car il faut avancer et non pas à reculons.

LFB : En parlant d’âge, il y a ce morceau qui s’appelle Coming of Age et qui se prête bien au sujet. Pourquoi avoir choisi ce titre ? Est-ce que tu viens juste d’accepter cette transition vers l’âge adulte ?

MK : Presque, oui ! (rires) Je crois qu’au début de ma trentaine, j’ai commencé à vouloir comprendre davantage pourquoi j’étais triste, pourquoi je me mettais en colère, pourquoi j’étais une sorte de yo-yo. Et cette chanson parle de ça, je trouve tout ça fascinant, c’est comme si l’esprit était différent et c’est quelque chose que je tiens à explorer. Au cours de ma vingtaine, j’en avais rien à foutre, j’avais cette attitude je-m’en-foutiste permanente mais en vieillissant, je me suis ouvert, j’ai appris à être reconnaissant et pour être honnête, c’est un truc qui a changé ma vie.

LFB : Est-ce que je peux définir cet album comme l’album de la maturité ? (rires)

MK : Dit comme ça, ce n’est pas du tout sexy. (rires) Je ne sais pas, à la base c’est juste du rock’n’roll, aussi pure soit-il, avec des morceaux plein d’émotions qui me font me sentir bien et qui, je l’espère, font aussi sentir mes fans bien. Tout est sincère, je parle de choses vraies et c’est tout ce que je sais faire. Ça ressemble un peu à une descente mais dont je ne verrais jamais le bout et c’est ce qui me motive chaque jour.

LFB : Avec Change The Show, tu évoques l’idée de tracer sa route sans tenir compte de l’avis des autres. Il t’a fallu beaucoup de temps pour en arriver à cette conclusion ?

MK : Non et tu vois, mon deuxième album s’appelle Don’t Forget Who You Are car il y a tellement de choses dans la vie qui peuvent te rabaisser, t’empêcher d’être qui tu veux devenir ou ce à quoi tu aspires. Et je pense que ça peut être très difficile pour certaines personnes parfois de rester elles-mêmes ou de prendre des risques car c’est l’inconnu absolu.

LFB : Ca fait déjà un petit moment que tu fais partie de l’industrie de la musique. Es-tu aussi passionné que tu l’étais à tes débuts ?

MK : Je crois bien que oui, surtout avec le speech que je viens de te donner. (rires) Je suis putain de passionné et ce, plus que jamais ! Bon, je crois que j’ai bu trop de café. (rires)

LFB : Sur une échelle de un à dix, à quel point es-tu impatient de reprendre la tournée ? Joueras-tu avec les mêmes musiciens qui t’ont accompagné lors de la précédente ?

MK : Je suis plus qu’impatient et j’ai tellement hâte, que j’aimerais que ce soit maintenant, que ce soit ce soir même. Sur scène, j’ai un nouveau groupe. Nathan Sudders est toujours là mais le reste a changé, il y a quelques nouveaux membres.

LFB : Enfin, aurais-tu des coups de cœur récents à partager avec nous ?

MK : Je regarde cette émission qui s’appelle The Righteous Gemstones, c’est une comédie mais qui n’a rien d’artistique. (rires) Ça me fait rire, c’est un des trucs les plus drôles que j’ai pu voir. C’est mon émission télévisée préférée du moment.


ENGLISH VERSION

La Face B : Hello Miles ! How are you ?

Miles Kane : Hi ! It is all good, thank you.

LFB : Your latest album Change The Show is defined as the most considered and honest from your whole discography. Was the creative process here different from the previous ones ?

MK : Not really. You know you write a lot of songs, you pick the best ones and you make an album. But maybe I just feel like this one lyrically is a bit different. My lyrics are quite selfish because I just write about how I am feeling or what my outlook is and I think that is all I can do. I feel like this one is just honed in a little bit more, there are just some beautiful imagery in these songs, you can kind of have a great daydream too.

LFB : When I listen to your album I feel like you really let go and that you are way more confident. And this confidence is also emphasized with the cover of your album where you appear way more frontal than you did before. Was it something you really wanted to highlight ?

MK : Yeah, I definitely let go. I do wear my heart on my sleeve whether that is a good or bad thing but that is who I am and what you see is what you get really. My friend who did the painting is a very talented guy and there was always this idea. It started like I was going to do like a Tarantino film poster kind of album where it looks like a movie or something. And when we were doing it, it just kind of looked pastiche, a bit too retro. There was this idea of an album with no writing, no extras, where there is nothing, just a drawing which is simple. And it actually does show confidence and I just think it is like a piece of art without sound, I would not change it for the world.

LFB : I also noticed a real evolution musically speaking whether with the lyrics or the instrumental parts. So I was wondering if this change is like a reflection of your own on a personal scale ?

MK : Yeah, totally, I think I will always push it. I do not want to make the same album twice, play the same riff twice you know. I just want to get better and I want to push myself, I want to get better on guitar, I want to get better at singing and I think on this record I show it in my voice because I can definitely scream and shout and be like « Fucking come on ! ». I will always continue to challenge myself.

LFB : In the end, is this album the one which is the most faithful to who you really are ?

MK : Some may say, you know. Yeah, I guess so, I guess so at this moment in time.

LFB : Your song Nothing’s Ever Gonna Be Good Enough is one of your rare featurings among all of your albums. What did you enjoy the most in making music with another artist ?

MK : I love duets like a boy and girl duet, it is something that I always loved. There was one actually on my first album Colour of The Trap with the song called Happenstance with a French actress called Clémence Poésy. It is something I absolutely love just like Lee Hazlewood and Nancy Sinatra did for example. Corinne Bailey Rae said we should write an upbeat rock’n’roll Motowny song and do a duet where we are singing and telling a story. And you know on paper you probably would not put those two together but it worked beautifully, there is chemistry there and I think that shows in the song.

LFB : Would you like to do more of them in the future ?

MK : I would love to do a duet album, for sure.

LFB : Do you have in mind people you would like to work with yet ?

MK : I do not know really, I mean Corinne maybe and Lana because we did a tune together on that Dealer song and to do a record with her would be cool. There is loads of options.

LFB : You used to have a hard relationship with songwriting. How is this relationship doing today ?

MK : It is still fucking hard ! (laughs) I think there is moments of like clarity and stuff when it flows you know, there is definitely moments when it is easier than not. At the moment it is pretty good, you got to be in a good head space yourself and feel good in your own skin to let the songs flow, do you know what I mean ? When you are not happy within your life or something, that is when you struggle and you can like block.

LFB : Is there a song on this album which was harder than the other ones in the writing process ?

MK : I do not know… There were so many songs written and I guess the song Coming of Age, when we recorded it, we changed it quite a lot, we sort of slowed it right down and made it almost like Anna (Go To Him) by The Beatles. In terms of writing and stuff, the lyrics were pretty straightforward.

LFB : When making music, does your inspiration mainly come from experiences you have ? Or do you manage to keep the personal stuff away ?

MK : It comes all from me, my experiences and my emotions. I am like an open book.

LFB : Nostalgia is often wandering through all of the songs on this album. Do you sometimes find yourself being nostalgic about your younger days ?

MK : I do not know really. In some songs I do look back but I try not to reminisce too much or look back. If you get ask questions like this, my mind revert back and I automatically do but I try not to because the past is the past and I want to keep moving forward. You can reminisce things about the good or bad times, you can learn from it, for sure. It is good in a sense to remind yourself of certain things but I do not think it is too healthy to keep doing that. because you have to grow and not shrink.

LFB : Speaking about age, there is this track called Coming of Age on your album. Why did you choose this title ? I mean did you just manage to accept your adulthood ?

MK : Yeah, pretty much ! (laughs) I think that when I hit my thirties, I wanted to understand why am I getting sad or why am I getting angry or why am I like a yo-yo. And I think it is a song about that, I just find it all so intriguing and it is kind of like a different mind sets and it is something I really want to explore. When I was in my twenties, I did not give a fuck, I was like « I don’t care ! » but growing up I learned being open and grateful and it is something that has changed my life to be honest.

LFB : May I call this album the album of maturity ? (laughs)

MK : It sounds so unsexy saying that ! (laughs) I do not know, fundamentaly though it is just rock’n’roll and it is just trying to be as pure as you can be, with emotions in the songs that make me feel good and that can hopefully make the fans feel good. Everything is coming from an honest place, there are things which are reliable and that is all I can do. That is like a road I just want to keep going down and I do not think I will ever get to the end of it but for me that is what makes me get up in the morning.

LFB : Change the Show is all about making your own way without taking into account other people’s opinions. Did it take a long time for you to finally come to this conclusion ?

MK : It did not and you know my second album is called Don’t Forget Who You Are because there is so much stuff in life that can diminish who you are or who you want to be or what you dream to be. And I think it can be so hard for people sometimes to stick to their path or take that risk because it is so unknown.

LFB : You have been in the music industry for quite a long time now. Are you still as passionnate as you were at the start of your career ?

MK : I think I am, especially with the speech I just gave you. (laughs) I am fucking more passionate than ever ! Well, I think I had too much coffee. (laughs)

LFB : On a scale of 1 to 10, how impatient are you to go back on tour ? Will you play with the same musicians you were with during the last tour ?

MK : I am more than excited, I just can not wait for it and I just wish it was now, I wish it was tonight. And I got a new band, Nathan Sudders (bass) is still the same but the rest of band is new and there is a couple of new members.

LFB : Last but not least, do you have any song, book or movie you really loved lately and would like to share with us ?

MK : I have been watching this show called The Righteous Gemstones which is a comedy and not arty at all. (laughs) But it makes me laugh and it is one of the funniest things I have ever seen. That’s my favourite TV show right now.

© Crédit photos  : Lauren Luxenberg