Miro Shot dévoile son Content

Nous sommes désormais tous connectés, pour le meilleur comme pour le pire. C’est une certitude, le réseau nous relie tous les uns aux autres, que nous le voulions ou non. Mais le monde est-il aussi connecté qu’on veut nous le faire croire ? Cette « ouverture » ne finit-elle pas par nous déconnecter les uns les autres. Ces interrogations, et beaucoup d’autres, sont au cœur du projet Miro Shot. Après avoir ouvert les serveurs en 2019, le collectif présente aujourd’hui son contenu. Un album massif qui s’ancre totalement dans son époque pour essayer se questionner autant sur l’humain que sur le monde de la musique.

Au départ de chaque mouvement, il y a une personne. Une personne avec une envie, une idée, un désir. Miro Shot est né de l’esprit fertile de Roman Rappak. L’idée de collectif ne lui est pas étrangère, celle d’une musique visuelle non plus; les graines avaient déjà été semées avec Breton, son précédent projet. Il serait pourtant injuste de voir Miro Shot comme une simple mise à jour de ce qu’était Breton. Si l’on retrouve bien sur certains gimmicks musicaux, si la voix si reconnaissable de Rappak et son appétence pour les refrains à reprendre en chœur sont toujours là, Miro Shot évolue à un autre niveau. Véritable collectif, Miro Shot est une évolution naturelle, celle d’un homme qui grandit et qui voit ses ambitions s’accroitre avec lui et ses pensées s’affiner avec lui.

Car si la technologie est au centre de Miro Shot, des thématiques des chansons en passant par les titres des œuvres (Servers et Content) jusqu’au fait d’élaborer des concerts en réalité virtuelle, c’est pourtant l’humain qui est le véritable centre névralgique de l’aventure Miro Shot. Car les avancées techniques n’existeraient pas sans les cerveaux et les cœurs qui vibrent derrière elles, Rappak a créé un véritable collectif, une société idéale forgée par les voyages et les rencontres, tous unis sous la même bannière et les mêmes idées. Et à l’heure où la musique cherche à se réinventer, il a décidé de l’intégrer en un tout bien plus grand qu’elle même, bien plus fort et bien plus unique. Et après un premier EP, Servers porté par les fortes Leaders in a Long Lost World et Are We Closer, le voilà de retour avec Content, un album sans single réel, porté par une ambition et une puissance musicale au service de sujets aussi actuels qu’ils sont personnels pour lui.

Les thématiques contenues dans Content pourraient paraître obscures à beaucoup d’entre-nous. On y parle autant des réseaux sociaux, que du GAFAM, d’intelligence artificielle que du monde de la musique ou de l’omniprésence d’internet dans nos vies… La première réussite de ces dix morceaux est de poétiser cette pensée, de la rendre digeste et intelligible pour le tout à chacun et d’offrir un album qui est un compte rendu de notre époque et des obsessions. La seconde est de ne jamais sacrifier la forme au fond, Miro Shot réussi ainsi la petite merveille de nous offrir un album qui réfléchit et qui bouge en même temps, un condensé d’efficacité et de talent au service d’une cause et d’une réflexion portée par le vent du collectif.

Ainsi il n’y a pas vraiment de titres qui se détachent de ces 10 chapitres, chaque morceau a son importance, son moment de gloire et sa particularité qui le rend à la fois unique et indissociable du reste de ses semblables. Bien sûr, chacun y trouvera ses préférences, mais alors qu’il est une réflexion sur l’époque moderne, Content est aussi une grande déclaration d’amour aux albums concepts, ceux qui racontent des histoires, qui vivent dans leur entièreté et pas par morceaux. Bien sûr, on aura nos petits moments préférés, nos petits pics d’adrénaline bien sentis avec Heaven’s Gate et sa basse absolument énorme, l’épique Adversaries ou la lumineuse I.R.L qui termine l’album entre intonations électroniques et ses cuivres et cordes très cinématographiques. On pourra s’attacher plus facilement aux mots de I Used To Say Things To Strangers, Half Of Us ou No More No Less, mais on ne peut que vous conseiller d’écouter l’album d’une traite en premier lieu tant ces 36 minutes entre A World You Made Yourself et I.R.L ont tout du trip musical réjouissant, fait de montées et de descentes, de plages calmes et d’énergies revigorantes.

Avec Content, Miro Shot nous offre un album qui parle de son époque, une porte ouverte qui nous invite à nous intéresser plus en profondeur à toutes ces choses qui nous entourent et qui finissent par devenir une partie (trop?) importante de nos vies. Avec ces 10 titres, une chose est certaine, on a envie de rejoindre le mouvement, car si la technologie est devenue un élément qui semble faire part intégrante de nos vies, c’est avant tout l’humain qui est visé et qu’il faut retrouver.