Peu de temps après la sortie de leur projet Temps d’aime, le duo belge Moji x Sboy renouait avec la scène lors d’une session live organisée par l’agence de presse bruxelloise Five Oh. L’occasion de rencontrer les deux jeunes artistes pour évoquer leur jeune parcours, leur premier projet mais également cette (re)découverte de la performance scénique.
LFB : Votre premier projet vient de sortir, comment avez-vous vécu cette sortie et ce qui s’en est suivi ?
Moji : On l’a super bien vécu ! On a été content de tous les retours qu’on a pu avoir malgré les prises de risque qu’on a prit sur cet album qui comporte des sonorités différentes. On s’est laissé porté et le public a vraiment kiffé donc on est vraiment heureux.
LFB : Votre univers est assez particulier, pour les gens qui ne vous connaitraient pas encore, comment le décririez vous ?
Sboy : C’est un univers qui est très coloré avec beaucoup de mélancolies. Il y a beaucoup d’influences rap et rock un peu émo.
LFB : Vous allez jouer sur scène, comment vous sentez-vous ?
Moji : On se sent bien ! Ça fait longtemps qu’on attend ça. Le projet est sorti et on a envie de le défendre au maximum. Aujourd’hui c’est le premier concert après la sortie de l’album. On est excité même si on appréhende un peu avec le fait que ça soit assis mais on va se laisser aller.
LFB : Malgré votre jeune expérience, la scène c’est quelque chose d’important pour vous ?
Sboy : Avec le studio, c’est deux choses qui font un peu comme le yin et le yang. L’un est tout aussi important que l’autre pour nous. On a fait beaucoup de studio pendant le confinement donc là, la scène on va vraiment la kiffer.
LFB : Comme je le disais en début de discussion, Temps d’aime c’est votre premier projet. A quel moment vous avez senti que c’était le timing idéal pour le sortir ?
Moji : On s’est dit que c’était un peu le moment de balancer un contenu qui est assez chargé en musique. Même par rapport à nos vies, tout ce qu’on a vécu, il fallait vraiment qu’on en parle dans un projet. La fanbase était aussi en demande d’un disque, d’écouter plusieurs de nos morceaux. On a sorti pas mal de singles mais c’était souvent court ou avec des délais assez large entre les sorties. Là on s’est dit que c’était le bon moment et on le sent bien !
LFB : Justement, à quel moment vous vous êtes dit que c’était le bon moment pour se lancer dans la création d’un long format ?
Moji : Ma Go ça a un peu été un déclic. Après on a bossé le projet pas mal de mois après ce morceau.
Sboy :Après ça, il y a eu aussi pas mal de maisons de disques qui nous ont contacté et il y a des signatures qui ont suivi. C’est à partir de ce moment là qu’on a commencé à bosser le projet sérieusement.
LFB : Vous aviez besoin peut-être d’être entourés par des gens du milieu ?
Moji : Un petit peu, ouais ! Pour prendre les bonnes décisions. Même si on reste malgré tout assez indépendant, que ce soit dans la création, dans les choix qu’on fait. C’est toujours mieux d’être soutenu que d’être lâcher comme ça, dans un milieu qu’on ne connait pas. On a envie de construire quelque chose de sympa et de se projeter dans le projet.
LFB : C’était quoi vos objectifs avec ce premier projet ?
Sboy : Que les gens qui nous écoutent comprennent un peu plus ce qu’on a en tête et notre palette musical. Parce qu’on avait que six singles avant ce projet. Du coup, on voulait que les gens comprennent mieux. D’une part, on voulait aussi pouvoir faire des concerts de manière à pouvoir tenir une heure.
LFB : Ça vous a pris du temps de mettre ce projet en place ?
Moji : Bien sur ! Ça nous a pris environ plus d’un an, en comptant la promo on va dire que ça a prit deux ans. On voulait proposer un produit de qualité et surtout pas se presser, quitte à changer un morceau à la dernière minute.
LFB : Maintenant on va parler un peu du tracklisting et des invités. On y retrouve Luv Resval, vous savez m’en dire un peu plus sur cette collaboration ?
Sboy : Il y a une anecdote un peu marrante. On l’a croisé en festival à Liège, aux Ardentes en 2017. On était vraiment inconnu, on avait encore rien sorti et on lui avait proposé de faire un freestyle avec nous. Il a refusé pour des raisons logiques, l venait de sortir ces capsules ¥ et ça commençait à marcher pour lui. Quelques temps après, on a commencé à sortir des trucs et aux alentours de la sortie de Ma Go, il a est venu nous dire que ça serait cool de collaborer. En plus, je pense qu’il ne se souvenait pas de nous, comme un signe du destin un peu. On avait Chimique qui était entamé et pas finie, on le voyait bien dessus et c’est ce qui s’est passé.
LFB : Il y aussi Geeeko, qui est belge, comme vous et qui comme vous est aussi en pleine expansion. Ça vous fait quoi de voir cette « seconde vague » d’artistes belges proposant un univers et se développant avec ?
Moji : Ça fait du bien ! On se dit qu’il y a quand même une certaine pression. Les Shay, Damso,… c’est vraiment de grands artistes. On a encore du chemin à faire mais on a de bons exemples. Ça motive et ça prouve que c’est possible. On a une communauté, des gens qui sont avec nous et c’est ça qui nous pousse à rester et à proposer de la musique.
LFB : Est-ce que ça a été un déclencheur de voir des artistes venir de Belgique et réussir à l’étranger pour proposer votre musique ?
Moji : Nous c’était un peu différent parce que oui on s’est dit que c’était possible mais nous on vient de Liège. C’était plus à Bruxelles que les choses se passaient. Même les maisons de disques en France étaient plus intéressées par cette ville là. Donc on était un peu caché mais on a bossé et maintenant on est fier de « représenter » la Belgique.
LFB : Pourtant il y a quand même un grand vivier de talents dans la région liégeoise (Green Montana, Bakari,…), ça vous fait quoi de voir ces artistes de chez vous prendre de plus en plus leur envol ?
Moji : Ça fait du bien !
Sboy : On se dit que c’est un peu logique aussi que les gens se réveillent.
LFB : Vous avez eu assez vite une fan base importante en Belgique. Est-ce que pour vous la réussite dans son pays c’est une étape à passer pour exploser les frontières ?
Sboy : En fait, pour nous, ça a un peu été l’inverse. Dans le sens où tout a commencé et démarré avec les freestyles sur Instagram. En même temps ça a prit un peu en France et en Belgique. Du coup, on sait pas vraiment dire lequel est venu avant.
Mais, c’est pas indispensable. Tu peux clairement péter d’abord en Belgique puis en France ou d’abord en France et rester inconnu dans ta ville.
LFB : Pourtant j’avais l’impression que quand je parlais avec des gens de Liège vos noms ressortaient souvent, vous n’avez pas ressenti ça ?
Moji : On le sent quand même, parce qu’on est assez proche de notre communauté. C’est pour ça que les gens nous renvoient ce qu’on leur donne. C’est important pour nous d’aller à la rencontre des gens qui nous écoutent, surtout dans notre ville. Faire des pop-stores comme on l’a fait, prendre le temps de parler avec eux.
Sboy : On a fait Les Ardentes aussi.
Moji :C’est peut-être pour ça que les gens nous rendent un peu ce truc là.
LFB : C’est aussi une fan base qui s’est vraiment développée après la sortie de Ma Go, comment vous avez vécu ce premier succès ?
Sboy : On l’a vécu ultra normalement, comme tous les jours. On était en indépendant à l’époque. On se souvient encore du jour où on a appuyé sur le bouton upload de YouTube. On avait les cours aussi, c’était vraiment banal dans notre mode de vie.
LFB : Vous avez pas sentis de changement ?
Sboy : Non, c’est plus maintenant qu’on se rend compte que ça a été très progressif autour de nous, bien que les chiffres sont montés rapidement.
LFB : C’est peut-être du au streaming aussi.
Moji : Ouais, en vrai je pense qu’il y a ça aussi.
Sboy : La force d’Internet c’est que ça va vite.
LFB : C’est un single que vous avez décidé de remettre dans le projet. Comment s’est opéré ce choix ?
Moji :Même avant le projet, on s’est dit que c’était grâce à ce morceau qu’on en est là. Du coup, il mérite sa place dans le projet Temps d’aime. C’est grâce à lui que découle ses choix artistiques et cette évolution.
Sboy : On voulait pas faire une rupture avec ce qu’on avait proposé avant.
Moji : C’est juste la continuité.
Sboy : On voulait avoir un lien entre ce qui nous a fait et ce qu’on propose de nouveau comme Alone ou Chimique
LFB : C’est un morceau qui annonçait un peu votre univers qui se dessine entre plusieurs styles musicaux, quelles sont vos influences ?
Sboy : On écoute beaucoup de rap américain, toute la scène rap en général : Trippie Red, Post Malone, Lil Peep, XXXTentacion, The Kid Laroi, Polo G, Machine Gun Kelly parce qu’il y a des morceaux qui matrixent.
Moji : Il y a plein de styles que l’on écoute et c’est pour ça qu’on est bien sensibilisé à ce qu’il se fait là-bas.
LFB : Comment vous avez digéré ces sonorités pour les accompagner avec les ambiances plus rock du projet ?
Sboy : On a juste fait ce qui venait naturellement. On a pas vraiment fait de recherches super longues pour aller chercher un son très particulier. Chaque fois qu’on allait au studio bien sur qu’il y avait quand même des prises de tête, on prenait le temps.
LFB : On sent aussi une envie de ne pas être mis dans une case. J’ai trouvé ça assez réussi, est-ce que vous avez le même sentiment ?
Moji : Exactement. On va pas dire que c’est voulu, mais on fait juste ce qu’on a envie de faire. On se pose pas vraiment de questions, on ne se dit pas qu’on doit absolument faire un morceau rock par exemple. C’est la vibe du moment, le feeling et surtout la qualité du morceau qui priment. On travaille fort à l’instinct.
LFB : Au niveau des thématiques, le projet est balisé par les relations amoureuses, ce qui se retrouvait déjà avant dans les singles que vous aviez proposé. A quelle point c’est omniprésent dans vos vies pour que ça se retrouve en fil rouge de tous vos titres ?
Sboy : En fait, c’est un peu le destin qui a fait que ça le soit. Si on reprend l’origine de notre petit succès c’est à chaque fois de la déception ou la rencontre de quelqu’un. On s’est trouvé fort là dedans, les gens aussi puisqu’ils ont écouté et kiffé. Ça nous a aussi dirigé. Après, on a été explorer des choses qu’on ne faisait pas avant, comme sur Chimique et son côté un peu rock. C’est par rapport à ce qu’on vit qu’on est le plus fort. On a essayé des choses, de la trap, pleins d’autres choses qui resteront dans nos ordinateurs, même de la G-Funk mais c’est là qu’on était le plus fort et que c’était le plus naturel.
LFB : Vous performez aujourd’hui, vous allez continuer à tourner par la suite ?
Moji : Bien sur ! Il y a une date demain. On enchaine, on part à Saint-Nazaire dans un festival. On a aussi des dates prévues pour la rentrée. Pour 2022, franchement ça se peaufine bien et on a la dalle, le projet est sorti, on est chaud !
LFB : Pour clôturer, qu’est ce que je peux vous souhaiter pour la suite ?
Moji : Beaucoup plus de scènes parce qu’on a envie d’en faire pour rencontrer notre communauté et passer du bon temps avec eux.
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