Le 26 mai dernier, le quatuor tourangeau répondant à l’énigmatique nom de Mossaï Mossaï sortait son premier album, Faces. Une œuvre dissidente et ténébreuse, que j’ai eu la chance de découvrir en live lors du No New Fest à Tours.
Pochette par Reverse Tapes – Photographie par J. Vincent (DR)
J’écoute la voix de Marie tandis que les voiliers étendent leurs mâts devant moi. Ça secoue. Ça tangue. Jusqu’à chavirer. Ce sont des intonations de dame, de grande dame. Et tandis que les éclaircies se font face, les courants inverses s’affrontent. Et la guitare, souple et délicate, s’unit à la batterie et aux synthétiseurs dissonants.
Mossaï Mossaï nargue la tempête, défie les mots et se joue des accords. La couverture de l’album, Faces nous immerge totalement au sein de leur univers singulier et poétique. C’est une photo datée, usée, d’une plante qui ne semble appartenir à aucune famille mais qui pourtant s’élève vers les cimes. Vers le ciel.
Faces se célèbre tout d’abord avec Cérébral, un morceau frôlant les dix minutes où des voix se croisent, se touchent, se répondent. A la douceur de Marie succède l’énergie foudroyante de Philémon qui scande : « Cérébral ». Envolées lyriques, poussées discursives, ici la noise rencontre des incantations tribales sur fond de bruitisme.
Puis, Esquisses se dessine. Arabesque de sons sur voix féminine. La jeune femme déclame des vers, sur un silence ouaté. Délicatement, la batterie se joint à la poésie, la guitare crée des entrelacs cotonneux et Marie, entre grâce et véhémence emporte la foule, enserre les corps. Turbulence à bord, les instruments s’arriment, le courant devient tumultueux. On ne sait plus trop où on est. On se laisse alors glisser, à travers les eaux troubles de Mossaï Mossaï. Explosion, explosion.
Avant l’Elan et les distorsions. Un titre fugace abstrait. Une parenthèse pour » ralentir si tu préfères« . Et ainsi divaguer vers Silence des toits où la guitare s’échappe, où le cosmique n’est jamais loin, où la rigueur d’une intonation rencontre la nonchalance d’une courbe.
Finalement, tel un écho à Cérébral, se révèle Charge. Tout de suite, les riffs se font brumeux tandis que Marie nous offre sa poésie surréaliste, accompagnée par les acclamations de Philémon. Et si sa voix devient tout à coup métallique, c’est pour nous immerger une dernière fois au sein de leur univers si particulier, mariage subtil de littérature et de noise, de vers et d’indus’.
Mossaï Mossaï surprend. Mossaï Mossaï ne rentre pas dans la norme. Et peut-être bien que Mossaï Mossaï s’en moque. C’est une passion sans nom qui anime les musiciens. Car les projets, à côté, fleurissent et s’épanouissent. C’est une bande d’amis, une bande d’âmes. Ça se sent, ça transpire. Ça s’entend et ça se voit. Car Mossaï Mossaï se vit. Car c’est en concert que peut-être tout s’explique. A moins que ce ne soit, in fine, le lieu de la déconstruction, de l’imagination et de la révélation.
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