Mr Giscard : « Je ne fais pas de musique pour pécho des meufs »

Sur La Face B, on adore Mr Giscard depuis son tout premier titre. On se devait donc logiquement de le rencontrer pour la sortie de son premier long format, :): . Une interview en forme de challenge tant le garçon s’amuse à ne pas du tout jouer la carte de la promotion. Retour sur un échange long, sincère, tendre et un peu nihiliste, à l’image de cet artiste qu’on n’a pas fini d’apprécier.

crédit : Célia Sachet

LFB : Salut Valéry, comment ça va ?

Mr Giscard : On est là, on est là. Stressé… Parce que l’album va sortir, tu vois. Mais euh… Non, ça va écoute, je ne sais pas. En général je sais pas répondre à ces questions.

LFB : La dernière fois qu’on s’était vus, c’était juste avant ton tout premier concert en groupe aux Francoffs à la Rochelle. Depuis tu as fait pas mal de concerts, et je me demandais comment tu avais vécu cette période et cette rencontre avec les gens, d’être face aux gens qui avaient écouté ta musique ?

Mr Giscard : Ouais… Bah je prenais pas trop de plaisir à être sur scène, tu vois. Je prenais surtout du plaisir après, à voir les gens et faire des soirées avec eux et tout. C’était plus un prétexte à faire des soirées. Sauf à la Bellevilloise, ça, c’était incroyable. La Bellevilloise, c’est la première fois que j’ai pris du plaisir à être sur scène. C’était fou. C’était grandiose.

LFB : Est-ce que ça t’a rassuré de voir que ta musique était appréciée, suivie, et pas que de manière « irréelle » ? De voir qu’il y avait vraiment un public qui était là, qui suivait ce que tu faisais en fait.

Mr Giscard : Ouais, après, je ne sais pas, j’ai toujours su que ça allait être cool. Mais après très bien, depuis le premier concert, en fait depuis le début, il y a des gens. Alors attends, je vais essayer de répondre à ta question. Parce que dans l’idée, oui, tu sais, quand tu sors d’internet, la question c’est «ah oui, c’est vrai que c’est rassurant, le réel et tout ». Je n’ai pas eu cette sensation, mais je l’ai peut-être eue inconsciemment. Je me suis jamais dit : « Ah ouais, ils sont réels », tu vois. Je me le suis jamais dit.

LFB : Mais est-ce que tu le palpes maintenant, quand tu vois que t’annonces une Cigale ?

Mr Giscard : Pas maintenant, parce que pour moi, ce n’est pas rempli, tu vois ? Ce n’est pas rempli ! Si on la remplit, là je dirai : « ah ouais, putain, il se passe un truc ». Pour le moment aussi, il ne faut pas abuser non plus, c’est pas… ce n’est pas incroyable.

LFB : Tu gardes une distance quand même, quoi.

Mr Giscard : Non, c’est juste qu’il ne faut pas s’enflammer, tu vois. Je marche dans la rue, tout va bien… Je ne suis pas une vedette. Je ne suis pas Angèle. Je ne suis pas Ziak. Je ne suis pas un mec connu. Il y a plein de gens, tu leur dis « Mr Giscard », ils savent pas qui c’est, ils n’ont jamais entendu un morceau. Ce n’est même pas de distance, il faut rester réaliste quoi.

LFB : Tu en parlais un peu… L’album il sort dans quoi, neuf jours ?

Mr Giscard : Yeaaah, c’est vrai, let’s go !

LFB : Du coup à part du stress, tu te sens comment ?

Mr Giscard : Non, en vrai, le stress… Le stress il est derrière, tu vois, le stress, c’était de terminer l’album. Là, je me sens comment… Je stresse pour l’avenir. Je me dis : « Putain, je ne sais pas si j’arriverai à refaire des sous ». En plus maintenant, je sais combien il coûte. J’ai un peu l’impression d’avoir perdu un truc à jamais. Tu sais, les personnes anxieuses, elles ne vivent jamais dans le présent. Tu es soit dans le passé, à ruminer des trucs, soit dans l’avenir. Là, je suis dans l’avenir, à avoir peur de ne jamais refaire un bon morceau, tu vois.

LFB : Moi, quand j’ai écouté les nouveaux morceaux, je trouve que…

Mr Giscard : … C’est de la merde. (rires). Ils sont nuls !

LFB : Non, le fait… Je trouve qu’il y a quelque chose de plus produit, mais aussi de plus libéré, par rapport à l’EP que tu avais sorti. J’ai l’impression que tu as un peu ouvert, que ce soit au niveau des prods, ou des influences. Tu vois, il y a des côtés un peu bossa… Tu prolonges un peu ce que tu avais fait, mais… tu proposes autre chose aussi en même temps, je pense.

Mr Giscard : Ouais, ouais. Bah en fait tu vois, entre le premier morceau que j’ai fait et le dernier, ça allait super mal dans ma vie, tu sais, vraiment en mode pente. Donc sur le premier, j’étais au top de ma vie, et le dernier… C’était très sombre. Donc je pense qu’aussi il y a cette évolution. Et en même temps de ça, vu que je faisais de plus en plus de son, j’avais plus de skills, et du coup ils étaient mieux produit.

Donc ça allait de moins en moins bien, mais en même temps, j’arrivais mieux à faire sonner ma musique.

LFB : Et du coup, est-ce que tu en es content maintenant, de ta musique ? Parce que je sais qu’à une époque, tu avais du mal…

Mr Giscard : J’ai ré-écouté l’album, là, je me suis dit : « C’est pas si ouf ». Sans déconner, hein. Je me suis dit : « Faut pas s’enflammer quoi ».

LFB : Ca c’est toi qui le ressens comme ça. Moi l’album, je le trouve vachement bien.

Mr Giscard : Alors je sais qu’il est cool, par rapport aux trucs qui sortent actuellement. On va pas donner de noms. (rires)

Mais je sais qu’il est cool, après c’est vrai que dans la pop, on se fait chier de ouf là, enfin, c’est mon point de vue. Je trouve que c’est nul. C’est rien, tout est aseptisé … soit les mecs rêvent de passer en radio, ou soit ils existent parce qu’ils défendent une cause qui est à la mode. Mais je trouve qu’il n’y a pas de vraie proposition forte. Il y a quelques trucs, mais…

LFB : Mais justement, c’est ça qui est cool, parce que c’est ce que toi tu fais en fait. Moi je trouve qu’il y a un son « Mr Giscard » et qu’il y a un truc « Mr Giscard ». On parle souvent de genres ou de choses comme ça, mais en fait là on s’en fout, si on t’écoute toi, c’est pour ce que tu fais toi, ce n’est pas pour te coller des références, ou… Il y a vraiment quelque chose d’unique dans ce que tu fais en fait.

Mr Giscard : Ben c’est trop cool ce que tu dis.

LFB : Justement, toi comment tu l’as travaillé ça ? Tu vois, je trouve que même au niveau du son de guitare ou des prods, il y a quand même quelque chose de très recherché. Est-ce que justement t’as réussi à annihiler tes influences pour te ramener sur un truc qui te ressemble ?

Mr Giscard : D’un morceau à l’autre, on passe d’un truc complètement différent. Après, vu que c’est moi qui les fais, qui les mixe et enregistre etc … je pense il y a un truc qui fait que ça a la même patte alors que ça a rien à voir, tu vois ?

LFB : Et est-ce que tu as accepté ton rôle de chanteur ?

Mr Giscard : Non, non non…

LFB : Toujours pas ?

Mr Giscard : Toujours pas. Je ne suis pas un chanteur.

LFB : Tu fais quoi, tu le fait par défaut ou parce que…

Mr Giscard : Non mais tu vois, alors là y’a un gars qui m’a commenté une publication, qui est un mec du label là, Quentin Mosimann.

Et du coup, je suis allé voir son Insta, et le gars à un moment donné il fait un The Voice facecam, il parle, il fait une mise en scène, il va checker des gens, bam il arrive sur scène, tu vois… Ca, c’est un chanteur Mais alors moi, mais jamais de la vie. Et je ne sais pas, je n’ai pas ce truc … Déjà, je n’ai pas une voix de ouf. C’est très limité à ce que je fais, hein.

LFB : Ouais mais t’as une voix, justement, ça va avec la musique que tu fais en fait, au final. Tu vois, ce côté un peu… j’allais dire faussement nonchalant, et… ça va entre guillemets avec la personne que t’es, avec le personnage de tes chansons, tu vois ?

Mr Giscard : Ouais ouais.

LFB : Tu vois, jeune branleur qui se protège en fait. Parce que pour moi, ce que tu fais dans ta musique, c’est ça : tu joues au jeune branleur pour essayer d’éviter un peu les sentiments, de te confronter, enfin, moi c’est comme ça que je vois ta musique et ce que tu racontes dedans en fait.

Mr Giscard : Ben de moins en moins.

LFB : Oui. Mais au fur et à mesure de l’album, ça se voit.

Mr Giscard : Ouais OK, non mais t’as raison. C’est parce qu’en fait maintenant, j’ai vu que les gens, ils en ont rien à faire des paroles. En vrai, hein. Des fois, tu as l’impression tu vas dire un truc de ouf et c’est la honte, « putain, on va te faire sortir », et après tu vois que personne n’a calculé. Je pourrais dire que j’ai envie de me suicider, les gens ils viendraient pas me voir en mode : « Ah, euh… ».

LFB : Je suis pas sûr. Mais je vois, après toi c’est peut-être une manière aussi de te protéger par rapport à ce que tu racontes, non ?

Mr Giscard : Non, non, non. Moi je te le dis, les gens écoutent pas les paroles.

LFB : Moi, je les écoute. Ca m’intéresse. Et justement, il y a quand même quelque chose de profondément mélancolique dans ce que tu fais. Et je sais que tu fais de la musique pour faire kiffer les gens, mais est-ce que t’as accepté aussi ce côté…

Mr Giscard : Cette phrase, elle est de vous ? Elle ressort tout le temps. Tout le temps. C’est ouf, tout le monde la reprend.

LFB : C’était le titre de la première interview qu’on avait sortie. Et justement, est-ce que t’as accepté la nature mélancolique de ta musique ?

Mr Giscard : Ah oui, depuis toujours, ça.

LFB : Je trouve qu’il y a un dosage entre… le côté dansant et quand tu t’intéresses aux paroles, il y a quelque chose d’assez sombre et d’assez triste quand même, tu vois.

Mr Giscard : Ouais, mais même dans les accords. Tu vois, en gros… Tu vois comment ça marche, t’as les accords majeurs, c’est super festif un peu, joyeux. T’as les accords mineurs, c’est tristesse, douleur. Et entre les deux t’as le jazz. Et la bossa, c’est que des accords de jazz en fait. Et les accords de jazz, tu ne sais pas trop, c’est un peu le romantisme … Tu vois, la musique moderne, ça a commencé avant les accords de jazz, et après t’as eu le jazz. Et le jazz, c’est la mélancolie en fait. C’est genre tu ne sais pas trop, t’es mi-figue, mi-raisin tu vois. Et en fait déjà, rien que le fait d’utiliser ces accords, tu n’es pas dans le sombre, tu n’es pas dans le truc, et c’est ça qui fait…

LFB : T’es dans l’entre-deux quoi.

Mr Giscard : Ouais. Tu vois, Stevie Wonder, c’est incroyable. Est-ce que c’est joyeux… Il y en a qui sont très joyeux, mais il y en a tu ne sais pas.

LFB : Ce qui intéressant est que ça va aussi avec la personne Il y a des trucs un peu binaires, soit tout est blanc, soit tout est noir, et en fait je trouve que ce qu’il y a d’intéressant dans ton projet et dans ce que tu fais, c’est que tu es dans la zone grise. Tu n’es pas là pour te donner le beau rôle, et en même temps, tu n’es pas là pour t’enfoncer non plus, t’es là. C’est réaliste ce que tu fais, tu vois.

Mr Giscard : Ouais, mais alors ça, ça fait plaisir ce que tu dis, parce que c’est vraiment le but. Même tu vois dans mes apparitions, j’ai même viré un clip parce que je le supportais plus.

Le label m’a fait cette fleur, tu vois. Et maintenant, c’est beaucoup plus réfléchi, mes apparitions. Il n’y a pas ce truc d’être beau gosse… Je ne fais pas de la musique pour pécho des meufs, alors que beaucoup de gars font ça.
Ils ont un peu un truc vengeur de : « avant j’étais un vieux gars, et maintenant… »… Tu vois, genre… Là, y’en a une belle vidéo qui va arriver, on vient de tourner un clip à Charleroi, en Belgique. Ca va être incroyable. La musique est nulle, mais le clip est fou.

Pour de vrai, hein. Le clip est fou. Et genre il y a une petite session live. Et en fait, tu vois, tu l’as vue là, ma session live sur le toit ?

LFB : Laquelle ?

Mr Giscard : De Carla.

LFB : Ah oui, oui.

Mr Giscard : J’avais mis une version plus longue sur Youtube. Et en gros, tu sais, on est en train de me raser le crâne. Et en gros là c’est la version où on me rase vraiment le crâne et je deviens chauve.
Et tu sais, en plus, j’ai le cuir chevelu tout sec. Donc tu sais, c’est dégueulasse. Tu sais pas ce que c’est, on dirait presque des champignons, tu vois ? C’est trop laid. Et ouais, c’est ça à la limite, tu sais, le message, c’est de dire : « je vous montre la vraie vie. Le vrai truc. Je cherche pas à briller, je cherche pas à être beau gosse… »
Tu vois, la vérité comme elle est.

LFB : C’est pour ça aussi que le projet est attachant. Il y a un truc un peu je ne vais pas dire loseur magnifique, mais presque, tu vois ? Et il y a un côté où on s’attache à toi. Il y a des trucs un peu crus, il y a un peu de vulgarité, tout ça… Ce n’est pas Thérapie Taxi en fait, tu vois. Ce n’est pas fake.

Mr Giscard : (rires).

LFB : Moi, je balance. (rires) Qand tu parles de cul ou quand tu parles de choses comme ça, on voit que c’est attaché à ton réel, et que donc il y a quand même de la tendresse derrière dans ce que tu fais. Le personnage pourrait être profondément détestable, mais il y a tellement de tendresse et tellement de sincérité derrière qu’au final, il y a des petites failles qui font qu’on s’attache à ce que tu fais en fait.

Mr Giscard : Ecoute, c’est toi qui le dis hein !

LFB : C’est ce que je pense en tout cas.

Mr Giscard : Non, mais ouais ouais, ben après…tu iimagines bien, moi je ne réfléchis pas à ça, tu vois ? Je fais mon truc, et après on analyse la suite. Non, ouais, je fais mon truc… L’important c’est de l’assumer, c’est sûr, et moi je suis surtout là-dedans, tu vois. Faire un truc que je vais assumer. Déjà que j’ai du mal à assumer les trucs, tu vois.

LFB : Et justement, le fait d’avoir arrêté de bosser et de faire que de la musique, est-ce que ça te pousse justement à l’assumer un peu plus et…

Mr Giscard : Alors, je ne fais pas que de la musique.

LFB : Tu continues à bosser ?

Mr Giscard : Je fais surtout Netflix… Surtout ça, hein.(rires) J’ai terminé l’album, tu vois, c’est bon. Oh, la musique c’est chiant, hein. Genre, c’est vraiment pour plus bosser, quoi. J’ai vraiment ce truc je n’ai pas envie de travailler et la musique ça me permet de ne pas travailler… Et j’adore faire de la musique, mais pas avec des deadlines, pas avec un truc où on m’attend.

LFB : Tu gardes la spontanéité en fait.

Mr Giscard : Après, les concerts, c’est stylé, tu vois, on voyage, il y a des voyages avec mes potes, on se met des cuites partout en France, on dort dans des hôtels… Ca, je kiffe. Et ça, à ce moment-là, je me dis OK, faire de la musique, ça amène à ça, c’est cool. Mais là, je suis dans un truc d’arrêter, essayer de vivre des trucs. Parce que là je me suis enfermé, c’était l’enfer.

LFB : On parlait des visuels tout-à-l’heure, c’est une part aussi importante de ton projet.

Mr Giscard : Super important.

LFB : Ltitre de l’album,:(:), Est-ce que finalement, c’est pas ce qui représente le mieux ta musique ? Que tu le mettes d’un côté, ça sourit, et tu le mets d’un côté, ça chiale en fait.

Mr Giscard : Ouais ouais, de ouf. C’est ça. C’est le côté entre deux mondes, tu vois. Mais même dans tout, j’ai toujours eu l’impression d’être… Tu vois, je n’étais pas assez riche, je n’étais pas assez pauvre… je ne suis pas rap, je ne suis pas pop. Jamais été assez caille-ra, jamais été assez che-ri…

Il y a toujours eu, j’ai toujours ressenti ce truc où je n’étais jamais assez un truc, tu vois. Genre je n’étais jamais au bon endroit. C’était pas mal, ça.

LFB : Et du coup la pochette de cette personne qui pleure avec des sushis dessus… Ca représente quoi pour toi en fait ?

Mr Giscard : Ca, à la base, c’était des montages que je faisais quand j’étais sur Soundcloud. Tu sais, Soundcloud, on se prenait pas la tête, hein.

LFB : Oui, sur la pochette.

Mr Giscard : C’est la culture Internet. Mais même sur le nom. Tu vois, Mr Giscard…

LFB : C’est une blague qui a mal tournée en fait ? (rires)

Mr Giscard : Ouais, un peu, ouais. Je ne pensais pas qu’un jour, on allait me demander de dire pourquoi

Et ouais, je faisais des montages, je prenais des photos random sur internet… Il y avait un truc un peu… bon, elles n’étaient pas toutes tristes, les filles. Souvent, c’était des filles. Au bout d’un moment en fait, genre, vu que j’avais commencé avec ça, après c’était devenu un peu mon… ma direction artistique, de prendre une fille random, de mettre de la bouffe, et de créer un décalage.

Et là, tu vois, je trouve qu’une nana triste, avec un emoji de sushi, on ne sait plus qu’est-ce qu’on pense. C’est quoi, on rigole, on pleure, on… Et c’est un peu aussi ça, tu vois dans ma musique, je pense qu’il y a ce truc de, la forme est légère et le fond est lourd, et je trouvais que ça, ça représentait un peu aussi ça. Après, il y en a plein qui la trouvent éclatée de ouf, hein, mais moi je l’aime bien, je la trouve iconique.

crédit : Célia Sachet

LFB : Ca va encore dans le sens de ta musique et de ton projet, c’est un peu une recette de cuisine, quoi. Faut les bons dosages et les bons ingrédients.

Mr Giscard : Ouais, de ouf.

LFB : Et que ce soit dans la musique avec le fond et la forme, moi je trouve que c’est quand même très bien dosé, et même là, tu vois, genre les visuels, il y a toujours cette idée d’équilibre, en fait.

Mr Giscard : Ouais, c’est marrant, parce que tes interviews en fait, c’est, tu viens me saucer… (rires)

LFB : Ouais, c’est ça. Parce que j’aime bien ce que tu fais, hein.

Mr Giscard : Non, mais ça fait plaisir. Ben ouais ouais ouais, c’est super important l’équilibre dans tout, tu sais, même dans la musique, la fabrication de la musique, des structures… Essayer de ne jamais se faire chier. Ca c’est un truc. Ca je l’ai appris en faisant écouter de la musique à mes potes, et qu’ils en avaient rien à foutre. Mais vraiment, hein, ils trouvaient ça nul, eux. Parce que tu sais, il y a toujours ce truc de, soit tu fais des intros trop longues, ou soit le moment qui est bien, il arrive un peu trop tard ? T’es là : « Non mais attends, attends… » Donc maintenant, j’ai un peu ce truc d’essayer de choper les gens. Après, plus tu prends confiance et plus t’oublies ce truc-là, et tu crois que c’est acquis, et que les gens ils vont écouter, tout ça, et en fait non, il ne faut jamais perdre ce truc-là.

LFB : Ouais, tu refuses de rentrer dans une zone de confort en fait.

Mr Giscard : Je refuse de prendre le risque de penser que les gens vont écouter et chercher à comprendre, et tout ça. Ca n’existe pas, ça. Surtout aujourd’hui. Avec Instagram, on a perdu toute notre concentration. C’est fini. C’est fini, il n’t aura plus de Pink Floyd.

LFB : Mais est-ce que ça te frustre pas parfois, que certaines personnes pensent que c’est un peu une blague ce que tu fais, tu vois ? Il y en a quand même.

Mr Giscard : Il y en a qui pensent ça ?

LFB : Ben qui voient que le côté fun, ouais.

Mr Giscard : Grave. Non, je m’en branle. Non, ben en fait je ne l’ai pas vu, ça. C’est pour ça que j’avais pas clippé OYAPOCK. Parce que j’avais peur que des mecs d’école de commerce passent ça en soirée, ils ne comprennent rien au truc. Donc ça, ouais, même les sorties, ça a été très réfléchi.

LFB : Ouais parce que finalement, Oyapock, c’est un titre qui parle de dépression en fait.

Mr Giscard : C’est un titre ouais, qui parle d’un mec qui stagne. Qui stagne, sauf que le temps passe. C’est un peu ça.

LFB : Ouais, c’est ça.

Mr Giscard : Ca parle de ça, et ouais, et puis ce qu’il y a, c’est que vu qu’il est un peu turn-up, vu que le refrain, on peut en rire… Tu sais, il fait sourire, mais en fait c’est un peu ça tu sais, la forme elle est légère, mais le fond, il n’est pas ouf. C’est un peu le délire.

LFB : Ouais, c’est un peu le délire de toutes tes chansons en fait.

Mr Giscard : Ouais, après… Bah là, il y en a qui sont juste tristes, hein.

LFB : Oui, c’est vrai. Le dernier morceau de l’album, il est quand même bien…

Mr Giscard : Celui-là, il est pas mal. Avec  Thanas. Grande artiste.

LFB : Mais c’est marrant, parce que, c’est vrai que t’as une espèce de descente sur l’album en fait. Et justement, puisqu’on en parlait tout-à-l’heure, c’est important pour toi que les titres de l’EP, ils soient sur l’album ?

Mr Giscard : Ouais, ben quitte à faire un truc en physique… Quitte à faire un CD, autant qu’ils soient dessus quoi, et genre kiffer, j’adore ces sons. Je les avais même sortis parce que c’était mes préférés tu vois, dans l’EP. C’était un peu mes sons que j’assumais le plus.

LFB : Et le fait de mettre les tablatures sur l’album plutôt que les paroles, c’est aussi une manière de dire que t’es…

Mr Giscard : Les paroles, elles sont dans les clés USB !

LFB : D’accord. Mais pas sur le physique.

Mr Giscard : Ouais. Ouais parce qu’à la base en fait, les paroles, ça s’est fait au dernier moment. Et j’avais la flemme de tout relire, j’avais la flemme de faire comme tout le monde, tu vois… Mettre des paroles, balec. Les tablatures, quand t’as fait de la guitare, t’en a tellement chié, kids, à essayer de trouver des trucs, que je me dis, ouais, peut-être qu’il y aura deux-trois mômes tu vois qui seront contents.

LFB : Ouais. Tu restes plus producteur finalement que chanteur, dans ton idée… T’es plus compositeur quoi.

Mr Giscard : Ouais, mais je pense que ce qui rend le truc touchant, c’est que j’essaye de faire des trucs, tu vois ? Je suis un mec qui essaie de faire des trucs. Ce n’est pas du Adèle, il n’y a pas des violons… Peut-être un jour, mais je pense qu’il y a ce truc, même en concert… Je sais que je démystifie le truc, parce qu’aussi au niveau de l’image, on se demande un peu qui je suis, tu vois. J’arrive, tranquille, et les gens voient qu’on est là entre potes à essayer de faire un concert.

LFB : Ouais, ça reste humain, quoi.

Mr Giscard : Ouais.

LFB : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la sortie de l’album ?

Mr Giscard : Un disque d’or.

LFB : Ah, y’a quand même de l’ambition derrière, tu vois.

Mr Giscard : Ouais, c’est pour la madre, c’est pour… c’est pour avoir des thunes, c’est pour avoir un deuxième album…

LFB : Pour faire une grosse tournée…

Mr Giscard : Avoir une grosse avance. C’est pour ne plus travailler, quoi, tu vois. (rires)

LFB : Est-ce que t’as des coups de coeur récents, pas forcément en musique, mais des trucs que t’as kiffé récemment ?

Mr Giscard : En ce moment, je m’ennuie pas mal, hein. Hier, j’ai découvert un gars qui s’appelle Juno. Une sorte d’hyperpop un peu… Hyper-pop, pop-rock autotunée… Ouais, même pas trop autotunée. Hyper-pop un peu. J’aime bien Juno.

LFB : Et sur Netflix ?

Mr Giscard : Netflix, putain… C’est Youtube, là, en ce moment, je regarde plein de podcasts sur Youtube. Plein de podcasts. Non, je suis retombé sur un son de Michael Jackson, de ouf. Je sais plus c’est quoi le titre. Et j’ai fait : « Putain, il était fort quand même, hein ». Michael ! MJ. Attends, je dois avoir des trucs. Dans mes trucs likés… MC Pikachu. Tu vois ce que c’est ? C’est brésilien. Even can wait de Michael Jackson, ça c’est sérieux. C’est pratiquement ça. Ah non, un son que j’ai en tête là, que j’ai pas arrêté de chanter, c’est Gangsta de Kehlani, qui était dans Suicide Squad.