MUET : LE PIC DE TOU(T)S LES MOTS EN SONS

Cela doit faire un peu plus de 10 ans que l’on connait Colin Vincent. Le montpellierain officie aux côtés d’un groupe atypique dans le paysage musical français iAROSS mené de front par le chanteur et violoncelliste Nicolas Iarossi. En 2012, Colin Vincent s’est lancé dans un projet parallèle : VOLIN. Après un album en 2017 et de nombreuses dates un peu partout, la formation annonce la fin de l’aventure en 2021. Depuis, avec le percussionniste Maxime Rouayroux, Colin Vincent n’a jamais cessé de travailler. Ils forment ensemble MUET. En février dernier, le duo a sorti un EP : Electrochoc. Quelques mois plus tard, un premier album voit le jour chez Upton Park : Le pic de tout. Amateurs de Thom Yorke ou de James Blake, cet album est pour vous.

Colin Vincent ne cherche pas nécessairement un sens dans son écriture, il malaxe les syllabes, il les orchestre pour tirer profit de leurs sonorités ensemble. Il les alimente de synthés modulaires et Maxime Rouayroux leur offre des rythmes organiques. Bienvenue dans l’univers electro-acoustique de MUET !

© Lola Demarquez

Le pic de tout s’ouvre sur la chanson éponyme. Un morceau de 6 minutes qui donne le ton. On s’imagine aisément à bord d’une montgolfière au-dessus du monde. Une observation au ralenti qui gagne progressivement en vitesse. Un morceau donc très aérien.

Mille mots qui prend la suite est le morceau type où Colin Vincent abandonne le sens dans un tourbillon de mots. On les voit littéralement nous envelopper pour nous porter. Une mélancolie soutenue par un piano doux. A peine chanté, Electrochoc fait penser aux camarades de Feu ! Chatterton. Plus rythmique, Electrochoc envoûte.

Nouvelle vision mélancolique avec Ailleurs. Le message est profond, aux multiples interprétations possibles qu’on laissera Colin libre de nous expliquer (ou pas). S’opère une espèce de transe autour de la ritournelle « Ailleurs… Te retrouverai-je ailleurs ». Inattendue pour les auditeurs, on retrouve leur reprise Le cinéma de Claude Nougaro dont on vous parlait il y a quelques semaines à l’occasion de la sortie du clip – à retrouver ici -. Une reprise pour le moins originale, efficace, on redécouvre vraiment le morceau culte du toulousain. Impeccable !

Toujours très mélancoliques suivent Les sirènes, Devant et Thilda qui s’offrent des envolées dans les aigus que l’on retrouve chez l’anglais Thom Yorke.Hypnotique, la magie des modulaires saisit avec ses vibrations et Thilda répétée inlassablement créant une nouvelle transe, une sorte de RnB instrumental. On ira chercher du côté d’Alain Bashung pour le puissant morceau qui s’installe progressivement : Le colosse. L’album s’achève sur la belle conclusion Dessous les choses, rêverie d’un autre monde. Ode à la poésie du monde, une part belle aux percussions et aux savoureuses petites bizarreries modulaires.

Force est de constater que Colin Vincent n’a rien perdu de sa plume poétique et les sonorités électro-acoustiques embarquent l’auditoire. 10 morceaux aux identités très variées, intenses. MUET sait embrasser les émotions, en mots et en sons. Un petit mot sur la pochette : un argentique en noir et blanc des deux comparses sur les pierres, enveloppés de couverture de survie comme protégés de la dureté d’un monde tout en relief.

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