Naima Bock : « J’aime voir la direction que va prendre mon esprit. »

Après s’être émancipée de Goat Girl – le groupe qu’elle a co-fondé et dans lequel elle a joué pendant plusieurs années – Naima Bock sort son premier album solo. Sorti au courant de l’ été sur le label Sub Pop, il s’intitule Giant Palm, et nous en sommes sous le charme. Née à Glastonbury et ayant vécu un temps à Sao Paulo au Brésil, la musicienne anglaise réalise un album riche, aux multiples influences, ancré dans les racines folk anglaises. Réalisé avec l’aide d’une trentaine de musiciens, l’album est une pépite aux détails subtils, aussi expansifs qu’aériens, où la magie opère.
Nous avons parlé à Naima quelques jours après la sortie de l’album. On a parlé entre autres de folklore, de marche à pied et d’organisation…

Naima Bock

ENGLISH VERSION BELOW

La Face B : Salut ! Ça va ? Comment te sens-tu alors que Giant Palm, ton premier album, vient tout juste de sortir ?

Naima Bock : C’est sympa. Je suis excitée ! Je ne réalise pas encore vraiment parce que je suis partie une journée pour… je n’ai pas eu de temps libre depuis des lustres et je me suis dit :  » Je vais aller passer une nuit à la campagne « . Et c’était bien.

Mais oui, je suis heureuse ! Je ne sais pas (rires). Ma réponse à cette question est toujours nulle parce que c’est toujours « plutôt bien ». Nous avons décalé l’album de deux ans, donc c’est bien que d’autres personnes l’écoutent.

Mais pour moi, personnellement, je connais ces chansons. Je les connais depuis si longtemps. Mais j’ai eu des retours très sympas, très mignons. C’était très, très réconfortant.

LFB : Et tu faisais partie d’un groupe avant. Tu as fait partie de Goat Girl pendant un moment avant de monter ton propre projet. Quelle est la différence entre être un artiste solo et faire partie d’un groupe ?

NB : Um, c’est différent. Il y a plus de responsabilités. Je pense que dans le groupe, nous partagions vraiment toutes les responsabilités à quatre. C’est un défi à cet égard. Et aussi parce que c’est sous mon propre nom, ce à quoi j’étais un peu opposée au départ, mais on m’a suggéré de le faire. Donc c’est sous mon propre nom, ce qui donne aussi un niveau de pression supplémentaire.

Mais je me suis dit que ça n’avait pas vraiment d’importance. Parce que c’est une de ces choses avec la musique, c’est très facile pour chaque musicien de se prendre très au sérieux et de penser que ce qu’il fait est important. Je pense que pour chaque musicien, si cela touche une seule personne, c’est important. Mais cela ne veut pas dire que c’est une goutte d’eau dans l’océan, tu sais. Je pense qu’être dans un groupe par rapport à être en solo, c’est évidemment génial et peut être plus épanouissant, mais ça peut aussi être un peu solitaire aussi.

LFB : Giant Palm est ancré dans une longue lignée de traditions folkloriques. Et c’est aussi très spirituel. Toll par exemple, a été écrit comme une chanson « pour tenir la décomposition et la mort par la main », j’ai lu. Et je me demandais, où trouves-tu l’inspiration?

NB : Où je trouve l’inspiration en général ? Je pense que comme pour la plupart des gens, c’est toujours dans les moments les plus difficiles. Comme lorsque des gens meurent, ou que des membres de la famille meurent, ou que des amis tombent malades. Quand de mauvaises choses arrivent, je trouve que les émotions s’enflamment et que tout est vivant et triste. C’est un bon moment pour écrire des chansons.

Et je pense qu’en termes d’inspiration, je trouve probablement plus facile d’écrire quand je suis en mouvement. Les paroles et les mélodies sont toutes à la guitare, alors les voix, les paroles et les trucs comme ça… tant que je marche ou que je conduis – surtout en voiture ces jours-ci – mais si je marche ou que je conduis, c’est là que ça sort.

Et aussi divers films, tant que je me stimule avec des médias qui me tiennent à cœur, plutôt qu’avec de la mauvaise télévision ou de mauvais livres ou encore avec trop de temps passé au téléphone… J’essaie de m’éloigner de ça, parce que dès que je passe quelques jours sans téléphone ou sans ordinateur, je trouve que le cerveau est plus actif, il trouve toutes ces idées bizarres parce qu’il s’ennuie. Et c’est génial. C’est comme ça que c’est amusant. J’aime voir la direction que va prendre mon esprit.

LFB : Oui, j’ai une question sur le fait que tu écrives en marchant… Tu es née à Glastonbury et je me demandais si tu te sentais connectée au folklore de l’endroit, à son histoire, ses croyances…

NB : Oui, sans aucun doute. J’ai grandi en apprenant les mythes, les légendes et les trucs de Glastonbury plus que… Je n’ai jamais eu de lien avec le festival, même si c’est normalement ce pour quoi Glastonbury est connu. Je connaissais mieux l’île d’Avalon et le roi Arthur. Ma mère m’a évidemment élevée pour que je pense à ces choses-là. Et puis mon père, qui était plus factuel, était assez bon pour m’enseigner l’histoire de la région, de Stonehenge et de tout ça.

Et je pense que le fait d’entendre ces histoires quand j’étais enfant a déclenché en moi cette passion qui persiste encore. C’est en quelque sorte la raison pour laquelle j’ai commencé à faire de l’archéologie. C’était pour pouvoir répondre à cette partie de moi qui est curieuse. J’ai donc commencé des études d’archéologie il y a des années et une partie de la raison pour laquelle je l’ai fait vient de mon intérêt pour, non seulement le Somerset, Glastonbury, mais aussi le folklore en général. Je pense que mon intérêt a commencé là, parce que c’était tellement évident que ça se passait.

C’est tout le folklore du village de Glastonbury et de Thor. Et le Somerset en général est plein de mythes, et dans une large mesure, je pense qu’ils ont été inventés. Mais il y a des petites pépites de vérité qui sont tout simplement géniales. Et oui, c’est de la curiosité. C’est amusant de découvrir des choses sur ça, sur différentes parties de l’Angleterre n’est-ce pas ? Et regarder dans les chansons et faire tous ces trucs.

LFB : Et tu as aussi vécu au Brésil quand tu étais petite, ton père est brésilien et la musique brésilienne tient une place importante dans ton son…

NB : Je pense qu’elle a eu une influence. Plus en termes de son et de production, et peut-être très subtilement dans l’écriture des chansons, parce que je pense que l’écriture des chansons est surtout basée sur le folk anglais.

L’influence brésilienne dans l’écriture des chansons n’est probablement filtrée que par moi qui essaie d’évoquer une émotion similaire. Il y a comme une tristesse heureuse dans la musique brésilienne, où, surtout si vous comprenez toutes les paroles, c’est comme une mélodie exaltante raisonnablement courte, et puis des paroles vraiment tragiques. Dans ce sens, j’ai au moins essayé de faire ça.

Le son acoustique que nous avons essayé d’obtenir sur l’album – à l’exception des chansons plus électroniques – nous voulions simplement que le son acoustique soit naturel, sans trop d’effets, sans trop en faire.

Il y a aussi cette sorte de « brut » agréable dans beaucoup d’albums brésiliens classiques. Comme les albums de Caetano Veloso et Chico Buarque, un album qui s’appelle Construção, que Joel et moi écoutions beaucoup. C’était en quelque sorte notre principale influence.

LFB : Peux-tu nous parler un peu du processus de fabrication de l’album ?

NB : Oui. Nous avons essentiellement… Joel Burton et moi avons commencé à travailler ensemble quand j’ai quitté Goat Girl. Lui et moi, nous jouions juste des concerts et autres. Et puis nous n’avons plus pu faire de concerts à cause du lockdown, donc nous avons décidé d’enregistrer.

C’était vers la fin du premier confinement. C’était en septembre 2020. Le studio de notre ami Dan n’était pas utilisé et il a eu la gentillesse de nous le prêter. On a eu le studio gratuitement pendant neuf jours.

Pendant les deux mois précédents, nous avons tout préparé. Et on a revu les chansons. Donc au moment où nous sommes entrés en studio, nous étions très organisés. Nous avions un emploi du temps et tout était prêt. On savait que tous les musiciens allaient venir à telle heure le jeudi, et à telle heure le… et tous les jours étaient géniaux. Ce qui est assez drôle, parce que la plupart des fois où j’ai été dans des studios, c’était assez chaotique et personne ne savait vraiment ce qui se passait. Celui-ci s’est très bien passé pour moi et Joel. 

On s’est vraiment bien débrouillés pour rester organisés. C’était plus facile pour les musiciens qui venaient jouer une chanson. Nous l’avons enregistré en neuf jours et ensuite, j’ai fait mes vocaux avec Liam. Puis nous l’avons mixé. Tout s’est passé assez vite. Mais nous n’avions pas l’intention de le sortir sur un label au départ. On voulait juste l’avoir pour l’avoir, tu sais.

Et puis nous l’avons envoyé à quelques amis et à la famille et ils nous disaient « C’est vraiment bon ! Tu devrais le sortir ! ». J’ai alors demandé à mon ami Josh de demander à quelques labels. Ouais, ça s’est passé gentiment.

LFB : Oui, tu es signée sur un gros label… j’ai oublié lequel…

NB : Oui, Sub Pop. Ils sont gros mais ils sont toujours indie. De grands noms. Beaucoup de gens ont leurs t-shirts et beaucoup de gens disent « waw Sub Pop » (rires), ce sont des gens sympas…

LFB : Plus de 30 musiciens ont participé à l’enregistrement. Comment cela s’est-il passé ? Il y a un fort sentiment de communauté qui ressort de l’album et du processus.

NB : Oui, tout le monde était disponible, parce que personne ne travaillait. Je pense que personne n’avait été en studio ou fait de musique collectivement depuis plusieurs mois. Donc c’était bien. Les gens étaient prêts à le faire à cause de cela. Et aussi, Joel était vraiment bon pour réunir tout le monde. Il a rencontré beaucoup d’entre eux dans le cadre de ses études de musique classique. J’en ai rencontré quelques-uns à travers le groupe Caroline… Et chacun d’entre eux était si talentueux et si capable. Le déclic s’est donc fait tout naturellement.

Il y avait un beau sentiment de communauté pour un album solo, c’est vrai. C’est un projet très collectif car les gens ont composé leurs propres parties. Je ne me sens pas vraiment propriétaire de beaucoup de ces aspects de l’album.

LFB : Giant Palm, le morceau titre, est assez hypnotique et assez serein. Peux-tu nous parler un peu de cette chanson et du titre de l’album ?

NB : Oui, donc cette chanson nous l’avons écrite… nous avons en fait enregistré cette chanson comme une démo. Nous l’avons faite dans ma chambre et c’était presque une blague. Et puis nous avons rapidement réalisé que ce n’était pas vraiment si drôle (rires). Et que c’était en fait une bonne chanson.

J’ai écrit ce morceau l’été avant que nous enregistrions l’album. C’était donc une nouvelle chanson. Et peut-être que je voulais appeler l’album par ce titre parce que c’était la plus récente qui avait été écrite. Et je trouvais simplement que c’était une belle image. On peut y voir une grande paume ou un grand palmier, ce que l’on veut. C’est une bonne image. On a tourné autour de différents noms d’album pendant si longtemps… et l’un des concurrents était… qu’est-ce que c’était ? … j’ai trouvé des noms d’album vraiment mauvais ! Je ne pense même pas que je devrais les dire (rires).

Et nous avons donc fini par choisir la chanson titre. Et c’est bien d’avoir un nom pour l’album, parce que j’allais juste l’appeler genre « Debut ». Mais non, cette chanson signifie beaucoup pour moi et elle semble toucher beaucoup de gens aussi. Et c’est probablement parce qu’elle parle de la dépression et du sentiment de vouloir s’envoler, tu sais, tout le monde aime ça.

LFB : Oui, c’est magnifique. Et y a-t-il une chanson que tu aimes particulièrement ou qui a une histoire derrière dont tu aimerais nous parler ?

NB : Oui, je pense que ma préférée est… Je n’avais pas écouté l’album depuis un an et demi et quand il est sorti, je me suis dit, je vais l’écouter. Je pense que celle qui est la plus proche de mon cœur est probablement Dim Dum. C’est la plus électronique, ma préférée.

J’aime cette chanson parce que je l’ai écrite il y a des années. C’est une très vieille chanson. Et la toute première démo que j’en avais faite était complètement différente. Un style complètement différent. Je pense que j’ai probablement fait environ 12 versions différentes de cette chanson, chacune dans un genre différent. C’est la même mélodie, mais elle peut s’adapter à différentes instrumentations.

Nous avons donc fait ce long cheminement avec cette chanson et l’avons assemblée comme quelque chose d’assez simple. Et l’enregistrement que nous avons fini par faire est pour moi le plus touchant. Parce qu’elle incarne l’aspect communautaire de la plupart de l’album, grâce aux personnes qui y ont participé. Le violon qui arrive à la toute fin est un peu comme ça. C’est comme un soutien… Je pense qu’au moment où je l’ai enregistré, je me sentais assez fragile. Le fait d’entendre leurs voix m’a aidé à continuer et à vouloir continuer la musique parce que j’avais des doutes auparavant.

Et oui, cette chanson est probablement la plus proche de mon cœur pour cette raison. Et aussi les violons. Holly et Magda sont géniales.

LFB : Ma prochaine question porte sur la marche, et sur la façon dont tout connecte quand tu marches. Comment la marche aide-t-elle ton processus de création ? Tu disais aussi conduire…

NB : Oui, j’aime bien conduire aussi. Ce n’est pas aussi bien, mais… Je pense qu’il y a quelque chose de scientifique avec la marche et comment elle stimule. Mais pour moi, marcher sur de longues distances chaque jour a été la chose la plus curative que j’ai trouvée jusqu’à présent dans ma vie.

J’ai grandi dans des villes toute ma vie, d’abord à Sao Paulo puis à Londres. Ce sont toutes deux de grandes métropoles, des jungles de béton. Des immeubles juste en face de vous… Tu ne peux pas voir le ciel ou le coucher du soleil.

Je pense que la différence frappante entre le fait de marcher dans un grand horizon donne un rythme très naturel et tout le reste ensuite semble très rapide. Cela a été la chose la plus stimulante sur le plan créatif. Tu t’ennuies et tu ne te stimules pas vraiment avec de la musique ou des podcasts, tu n’écoutes rien, ne fais rien, et quand tu marches, ton esprit peut aller dans des endroits étranges.

Il y a de l’espace physique et mental et je pense que c’est la meilleure chose que l’on puisse faire pour soi-même en tant qu’auteur-compositeur, et pour toute forme de création. C’est l’écriture en général. Je pense que c’est bien. Tu as besoin de cet espace mental pour ce stimulus. Ce qui peut être difficile à trouver en ville.

LFB : Tu fais des tournées essentiellement au Royaume-Uni. Je me demandais si tu envisageais de faire une tournée en Europe dans un futur proche ? (Note : des dates ont été ajoutées en Europe depuis cette interview. Pas en France cependant)

NB : J’en serais ravie. Je suis partie en tournée avec Rodrigo Amarante pendant trois semaines en mai, nous avons fait le tour de l’Europe. Mais je ne jouais que toute seule, je ne jouais pas avec un groupe ou autre.

C’était génial. J’aime vraiment ça. J’adore jouer en Europe, c’est tellement mieux que de jouer en Angleterre. L’Angleterre c’est de la merde (rires). Beaucoup de salles sont horribles. Pas toutes ! Mais j’ai l’impression qu’il y a de meilleurs financements en Europe et donc on s’occupe de vous, on vous nourrit et tout le personnel est vraiment gentil et adorable et évidemment, c’est juste amusant d’explorer.

Avec ce projet, je n’ai joué en France que deux fois, je crois. Paris et Lille. J’aimerais y retourner mais ce n’est pas prévu. Pour l’instant, nous n’avons qu’un festival français en novembre (Les Indisciplinées, 2-13 novembre à Lorient), mais à part ça, pas de tournée en Europe avec le groupe. Mais j’espère que nous le ferons l’année prochaine. Si je ne retourne pas à l’université ! J’avais l’intention de retourner à l’université en janvier. Mais je ne sais pas encore ce que je vais faire !

LFB : Y a-t-il quelque chose que nous n’avons pas mentionné dont tu aimerais  parler ?

NB : Um, non, je ne crois pas. Je veux juste m’assurer que Joel Burton et Syd Kemp soient mentionnés parce que nous avons tous les trois travaillé comme un vrai trio sur les enregistrements et donc je trouve toujours qu’il est important de les mentionner comme des piliers importants dans la réalisation du disque.

LFB : Et la dernière question : Y a-t-il des choses que tu as découvertes récemment et que tu aimerais partager ?

NB : J’ai regardé… Je ne suis pas nouvelle aux films de Jodorowsky mais j’ai regardé ses… est-ce que tu connais Alejandro Jodorovsky ?

LFB : Oui !

 NB : Je crois qu’il vit à Paris, n’est-ce pas ?

LFB : Oui il me semble…

NB : Il est vraiment vieux maintenant. Il est incroyable ! J’avais déjà vu tous ses films, mais j’ai regardé son documentaire Psycho Magic l’autre jour. C’est magnifique.

Je ne comprends pas un mot de français, et la plupart du film est en français et ils n’avaient pas de sous-titres. Je n’ai donc pu que regarder les émotions des gens et c’est tellement chargé ! La façon dont il travaille est si intuitive et si belle. Et si je peux apporter un fragment de cela dans ma musique… je pense que oui… c’est la chose la plus inspirante que j’ai vue depuis longtemps.

Il y a aussi un album, All on the First Day de Tony, Caro and John, que j’écoute en boucle. Et l’album d’Aldous Harding. Son dernier.

LFB : Warm Chris (2022)

NB : Tu l’as écouté ?

LFB : Oui, je l’aime tellement. Il est génial.

NB : Il est tellement bon ! Tellement bien ! J’ai parlé à des tas de gens et un tas de gens ne l’aiment pas…

LFB : Eh bien, elle est bizarre ! Elle est vraiment étrange, ce qui la rend absolument incroyable. J’adore le fait qu’elle ne s’embête pas à être « sympa ». Elle est juste un peu comme… dérangeante. Pas dérangeante, mais…

NB : Elle a quelque chose de dérangeant. La première fois que j’ai écouté ce disque, je me disais que c’était presque un peu psychotique, à cause des changements de voix. Et j’étais comme : « c’est tellement bizarre ! ».

La plupart des autres personnes que j’ai rencontrées et qui l’aiment vraiment sont des femmes. Tous les hommes à qui j’ai parlé ne l’aiment pas. Donc oui, cet album, je l’écoute en boucle et je suis ravie que tu l’aimes !

LFB : Je l’adore.
Merci !

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Naima Bock

ENGLISH VERSION (VO)

After leaving Goat Girl – the band she co-founded and played in for several years – Naima Bock has released her first solo album. Released this summer on the Sub Pop, it’s called Giant Palm and we’re in love with it. Born in Glastonbury and having lived for a time in Sao Paulo, Brazil, the English musician has produced an album rich with multiple influences, anchored in English folk roots. Recorded with the help of some thirty musicians, the album is a nugget of subtle detail, as expansive as it is ethereal, where the magic takes place.
We spoke to Naima a few days after the album’s release. We talked about folklore, walking, and organisation…

La Face B: Hi! How are you? How do you feel about Giant Palm your debut album being out in the world?

Naima Bock: It’s good. I’m excited! I haven’t really actually started to process it because I just went away for a day to sort of… just haven’t had time off in ages so I was like, “I’m gonna go have a night in the countryside”. And so that was nice.

But yeah, I feel happy about it! I don’t know (laughs). My answer to that question is always rubbish because it’s always like, “pretty good”. We moved the album two years so it feels nice for other people to hear it.  But for me, personally I know these songs. I’ve known them for so long. But that’s been really sweet, sweet comments and stuff from people. It’s been very, very heartwarming.

LFB: And you were part of a band before. You were part of Goat Girl for a while before you went on to do your own project. How is it different to be a solo artist compared to being part of a band?

NB: Um, it is different. There’s more responsibility. I guess in the band, we really shared all the responsibilities four ways. It’s challenging on that respect. And also because it’s under my own name, which I was kind of adverse to initially, but I just got suggested that I should do that. So it’s under my own name, which also gives it an extra added level of pressure. 

But I just figured it doesn’t actually really matter that much. Because it’s one of those things with music, it’s very easy for each musician to take themselves very seriously and think that what they’re doing is important. I think that with every musician, if it touches just one person then it is important. But it doesn’t mean that it’s a drop in the ocean, you know?  I think that being in a band versus being solo, it’s been obviously great to be more fulfilling, but it can also be a bit lonely as well, and a little bit more solitary.

LFB: Giant Palm feels anchored in a long lineage of folk tradition. And it’s also very spiritual. Tollfor instance, was written as a song “to hold hands with the decomposition and death” I’ve read. And I was wondering, where do you find inspiration?

NB: Where I find inspiration in general? I think, like with most people, it’s always in the more difficult times. Like when people die or family members die, or friends get ill. When bad stuff happens I guess emotions are just ignited and everything is alive and sad. It’s a good time to write songs, you know. And I think that in terms of inspiration, I probably find it easiest to write when I’m moving. So like with any lyrics or any melodies that’s all on guitar, so vocal and lyrics and stuff like that as long as I’m walking or I’m driving – mostly driving these days – but if I’m walking or driving, then that’s sort of when it comes out. 

And also various movies, as long as I’m stimulating myself with heart based media, rather than bad TV or bad books or too much phone time on something. I try to veer away from that, because as soon as I have a few days without my phone or without my computer, I find the brain is actually more active, it just comes up with all these weird ideas because it’s bored. And it’s great. That’s the fun thing. I enjoy that. To see how my mind goes.

LFB: Yeah, I have a question about your writing while walking… So you were born in Glastonbury. And I was wondering if you felt connected to the folklore of the place, to its history, its beliefs…

NB: Yes, definitely. I grew up learning about the myths and legends and stuff of Glastonbury more than… I’ve never had any connection to the festival even though that’s normally what Glastonbury is known for. I knew more about the Isle of Avalon and King Arthur. My mum obviously brought me up to think about that stuff. And then my dad being more fact based was quite good at teaching me about the history of the area, about Stonehenge about all of that stuff. 

And I think from that, from hearing these stories when I was a kid, it kind of ignited that passion in me that still lasts really. That’s sort of why I started doing archaeology. It was so that I could address that part of me that is curious. So I started an archaeology degree years ago and part of the reason why I did that is because of my interest in, not only in Somerset, Glastonbury, but it’s general folklore. But I think my interest started there, because it was so obvious that it was happening. 

It’s the whole folklore of Glastonbury village and Thor. And Somerset in general is very fantastical and to a large degree, probably kind of made up. But there are little nuggets of truth that are just great. And yeah, it’s just curiosity. This is fun to discover things about that, about different parts of England isn’t it? And look into the songs and do all that stuff.

LFB: And you also lived in Brazil when you were little, your dad is Brazilian and Brazilian music holds in holds an important place in your sound…

NB: I think it has had an influence. More in terms of sound and production, and in songwriting maybe very subtly because I think the songwriting is mostly quite English folk based. 

The Brazilian influence in terms of the songwriting is probably only filtered in through me maybe trying to evoke a similar emotion. There’s like a happy sadness in Brazilian music, where, especially if you can understand all the lyrics, it’s like this reasonably short uplifting melody, and then this real tragic lyrics. In that way, I’ve at least attempted that. 

The acoustic sound of the album that we tried to get – other than the more electronic songs – we just wanted the acoustic sound natural, not too many effects, not too over done basically. There’s this kind of nice ‘raw’ in a lot of classic Brazilian albums as well. Like Caetano Veloso  and Chico Buarque’s album, an album called Construção was one that me and Joel were listening to a lot. That was kind of the main influence.

LFB: Can you tell us a bit about the making process of the album?

NB: Yes. We basically… Joel Burton and I started working together after I left Goat Girl. Me and him, just playing gigs and stuff. And then we couldn’t play gigs anymore because lockdown happened, so we decided to record. 

It was towards the end of the first lockdown. It was in September of 2020. And the studio of our friend Dan wasn’t being used and he was kind enough to give it to us. We got the studio for free for nine days. For the two months prior, we prepared everything. And we went over the songs. So by the time we got into the studio we were very organised.

We had basically a timetable and everything sorted out. All the musicians we knew were going to come at this time on the Thursday and at this time on the… and everyday was brilliant basically. Which is quite funny because most of the time I’ve been into studios it’d been quite chaotic and no one really knew what was going on. So this one was good to me and Joel. We did really well trying to keep it organised. 

It meant that it was easier for the musicians that came in to play a song. We recorded it in nine days and then I did my vocals with Liam. Then we mixed it. It all happened quite quickly. But we didn’t have an intention of putting it out on a record label initially. We just kind of wanted to have it to have it, you know. And then we sent it to some friends and family and they were like “This is really good! You should put it out!”. So I asked my friend Josh to ask some labels. Yeah, it happened nicely.

LFB: Yes, you’re signed to a big label… I forgot which one…

NB: Yeah, Sub Pop. They’re big but they’re still indie. Big names. Like loads of people have their T shirts so lots of people say “waw Sub Pop!” (Laughs) they’re nice people…

LFB: There was over 30 musicians participating in the recording. How did it happen? There’s a strong sense of community that comes out of the album and the process.

NB: Yeah, everyone was available, because no one was working. I think no one had been in the studio or done any music collectively for quite a few months. So it was nice. People were willing to do it because of that. And also Joel was really good at getting everyone together. He’d met a lot of them on his Classical Music degree. I’ve met a few of them through the band Caroline. And every single one of them was just so talented and so able. So it clicked quite naturally. 

There was a nice feeling of community for a solo album, it’s true. It’s a very collective project because people made up their own parts. I don’t really feel that much ownership over a lot of those aspects of the album. 

LFB: Giant Palm the title track is quite hypnotic and quite serene. Can you tell us a bit about this song and about the title of the record?

NB: Yeah, so that song we wrote… we  actually recorded that song as a demo. We did it in my bedroom and it was almost a joke. And then we quickly realised it wasn’t really that funny (laughs). And that it was actually a good song. 

I wrote that song in the summer before we recorded the album. So it’s quite a new one. And maybe I wanted to call the album that song because it was the newest song that had been written. And I just thought it was a nice image. So you can either have a big palm or a big palm tree, whichever one you want, you know. It’s a good image. We were going round and round different album names for so long and one of the contestants was… what is it?… there was really bad album names I came up with! I don’t even think I should say (laughs). 

We ended up going with the title track. It’s nice to have a name for the album, because I was just going to do it like “Debut”. But no, that song means a lot to me and it seems to touch a lot of people as well. And it’s probably because it’s about depression and a feeling of wanting to float away, you know, everyone loves that.

LFB: Yeah, it’s beautiful. And is there a song that you especially love or has a story behind it that you would like to tell us about?

NB: Yeah, I think my favourite one is… I hadn’t listened to the album in a year and a half and then when it came out, I was like, I’ll give it a listen. I think the one that’s closest to my heart is probably Dim Dum. It’s the most electronic one, my personal best one. 

I love that song because I wrote it ages ago. It’s a very old song. And the very first demo I did with it was completely different. Just absolutely completely different style. I think I’ve probably done about 12 different versions of it each in a different genre. It’s the same vocal melody, but it can fit different instrumentations. 

So we went on this huge journey with that song and assembled it up as something quite simple. And I think the recording that we ended up doing of it is for me the most touching. Because for me it embodies the community aspect to most of the album because of the people. That violin which comes in at the very end kind of feels like that. It’s like a supporting… I guess at the time I was recording it I felt quite fragile. Hearing their voices kind of helped me continue and want to continue on with music because I was having doubts before. And yeah, that song is probably the closest to my heart for that reason. And also the violins. Holly and Magda are great.

LFB: So my next question is actually about the walking, how everything connects while you walk. How does walking help your creating process? You were saying driving as well…

NB: Yeah, I like driving as well. It’s not as good for you though but I think that there’s some scientific things with walking and how it stimulates. But for me, walking long distance every single day has been the most healing thing that I’ve found so far in my life. 

Having grown up in cities my whole life, first Sao Paulo and then London, they’re both big metropolises, concrete jungles. Buildings right in front of your face. You can’t see the sky or see the sunset.

I think the stark difference of just walking through a big horizon feels like a very natural pace and everything else afterwards feels very fast. It has been the most creatively stimulating thing. 

You get bored and you don’t really stimulate yourself with music or with podcasts or don’t listen to anything, don’t do anything, when you’re just walking then your mind is allowed to go to weird places. 

There is physical and mental space and I think that’s the best thing that you can do to yourself as a songwriter, and as any kind of creative thing. That’s writing in general. I think it’s good. You need that mental space for that stimulus. Which can be hard to find in the city.

LFB: You’ve been essentially touring in the UK and I was wondering if you were thinking about touring in Europe at one point in the near future? (Note: dates have been added in Europe since this interview. Not in France though)

NB: I would love to. Well, I went on tour with Rodrigo Amarante for three weeks in May, so we went all around Europe. But I was just playing on my own, I wasn’t playing with a band or anything. 

That was great. I really love that. I love playing in Europe, it’s so much better than playing in England. England’s rubbish (laughs). Lots of venues are so horrible. Not all of them! But I feel there’s better funding in Europe and so you get looked after, you get fed and all the staff are really sweet and lovely and obviously, it’s just fun to explore.

With this project I’ve only played in France I think twice now. Paris and Lille. I’d like to go back but there’s no plans. So at the minute we’ve just got one French festival in November (Les Indisciplinées, 2-13 novembre à Lorient), but other than that no touring with the band in Europe. But hopefully we will next year. If I don’t go back to university. I meant to go back to university in January. But I don’t know what I’ll do yet!

LFB: Is there something we haven’t mentioned? That you would like to talk about?

NB: Um, no, I don’t think so. I just want to make sure that Joel Burton and Syd Kemp are mentioned because the three of us worked as a real trio on the recordings and so I always feel it’s important to mention them as big pillars in the making of the record.

LFB: And the last question: Are there things that you’ve discovered recently that you would like to share? Or would you like to talk about?

NB: I’ve been watching… I’m not new to Jodorowsky films but I’ve watched his… do you know Alejandro Jodorovsky?

LFB: Yes!

 NB: I think he lives in Paris doesn’t he? 

LFB: yes I think so…

NB: He’s really old now. He’s amazing! I’ve watched all of his films before but I watched his documentary Psycho Magic the other day. It’s beautiful. 

I don’t understand a word of French, and most of it is in French and they didn’t have any subtitles. And so I was just having to watch people’s emotions and it’s so full! The way he works is so intuitive and beautiful. And if I can carry a fragment of that into my music, and I think yeah… that’s the most inspirational thing that I’ve seen in a long time. 

There’s one album as well called All on the First Day by Tony, Caro and John, that I’ve been listening to on repeat. And Aldous Harding’s album. Her latest one.

LFB: Warm Chris (2022)

NB: Have you listened to that one?

LFB: Yes, I love it so much. It’s great.

NB: It’s so good! So good! I talked to loads of people and a bunch of people don’t like it and I just don’t…

LFB: Well, she‘s weird! She’s really strange, which makes her absolutely incredible. I just love that she doesn’t bother being nice. She’s just a bit like… disturbing. Not disturbing, but…

NB: There is something disturbing about it. The first time I listened to that record was kind of like it’s almost like bit psychotic because of the changes in voice. And I was like “it’s so weird!”. Most of the other people that I’ve met that really love it are women. All the men that I’ve talked to don’t like it. So yeah that album I just listen to it on repeat so I’m so happy that you like it!

LFB: I really do. Thank you!

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