ADN #960 : Nathan Zanagar

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Alors qu’il vient de dévoiler son nouvel EP, La Grande Salle, Nathan Zanagar nous confie ses influences musicales.

Pour Que Tu M’aimes Encore – Céline Dion

Je suis obligé de la mettre en premier dans une interview ADN, parce que j’ai démarré mon obsession musicale quand j’étais très jeune avec cette chanson. Je l’ai entendu à la radio quand j’avais deux ou trois ans et apparemment je suis devenu obsessionnel.

Mes parents ont fini par m’acheter l’album que j’ai dû écouter à peu près 3000 fois. Mon ADN est rock mais j’ai une vraie admiration pour Céline Dion. D’ailleurs je trouve qu’elle est une artiste rock. Je l’ai vu en live plusieurs fois. C’est une bête de scène.

Elle est à l’origine de mon tropisme pour les interprètes. Tous les gens de cette liste sont de grands interprètes. J’admire bien sûr les compositeurs et les auteurs mais pour moi il ne se passe rien sans un interprète à la mesure. C’est lui qui vous livre la chanson.

Sympathy For Devil – The Rolling Stones

Pour moi c’est la plus grande chanson joyeuse de tous les temps. Je dis joyeux à dessin car je sais que les paroles peuvent être interprétées comme extrêmement sombres.

Mais c’est là où la chanson est géniale. Le sombre est joyeux parfois et traiter du mal n’est en aucun cas antinomique avec le jubilatoire. L’existence du diable est grandiose, drôle, sexy. Ce n’est pas dit comme tel dans les paroles bien sûr, encore que… Mais c’est vraiment l’accompagnement musical qui rend ça évident.

La rythmique si reconnaissable qui englobe toutes sortes d’influences autres que rock, les ouh ouuuh merveilleux, c’est la légèreté et la puissance du diable, sa désinvolture. Je ne vois pas comment on peut faire mieux que ça pour un groupe rock, c’est juste génial.

Spit Of You – Sam Fender

C’est mon crush musical récent, enfin récent, ça fait déjà 4 ou 5 ans que j’écoute en boucle cet artiste anglais qui doit avoir le même âge que moi. Ce morceau est particulièrement beau, il parle de l’incapacité pour un jeune homme de parler avec son père. Mais la vérité c’est que j’aurais pu choisir n’importe quelle autre de ses chansons. J’adhère à sa musique à 100 % ce qui est assez rare, à sa voix aussi. Je pense qu’il sera considéré plus tard comme l’un des artistes majeurs de notre époque.

Think – Aretha Franklin

Je n’ai jamais su si je croyais en quelque chose de supérieur à nous. Je doute et en même temps, de temps en temps je me dis qu’une dimension créatrice doit exister. Mais c’est très flou. Cependant le gospel est une musique qui m’a souvent fait croire en une connexion céleste. Il y a toujours une dimension de transe quand on chante, mais c’est plus fort avec le gospel.

Depuis que je suis petit j’y suis extrêmement sensible. La chaleur de ces voix, l’exutoire qu’elles assument d’être dans la joie et le malheur. Je ne suis ni noir, ni de culture américaine catholique mais mon ADN (biologique j’entends) étant multiple et complexe, des sensibilités peuvent s’y être cachées à travers les âges, qui sait.

En tout cas, quand Aretha Franklin (ce génie) crie « Freedom », avec une liberté vocale saisissante qui va bien au-delà de la performance, qui n’a rien à voir avec les cordes vocales, qui vient du ventre, du cœur et de l’âme, je ressens un lien avec quelque chose de plus grand.

Avec Le Temps – Léo Ferré

C’est une phrase qu’on n’ose pas dire, mais je pense parfois que c’est la plus grande chanson qui existe. Une chanson radicale, sans consolation. J’essaye d’écrire quelque chose pour vous à son sujet mais je ne parviens qu’à la réduire. En fait je ne peux pas en parler.

La vérité d’une tristesse infinie qu’elle dévoile et l’émotion que procure la perfection totale de son écriture.

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