Sentez-vous ce souffle délicat et mélancolique effleurer votre enveloppe émotionnelle ? Si ce n’est pas le cas, ce le sera bientôt. L’artiste bordelaise naya mö est en train de secouer la scène française avec un style qu’elle définit comme Emotional Noise Pop, ce qui lui sied à merveille, n’en déplaise aux catégories prédéfinies des grands organismes de la musique. Depuis juin dernier, on assiste à sa fulgurante ascension et on boit ses paroles qui résonnent en nous en passant ses sons en boucle, jusqu’à l’ivresse, et parce-que sa musique est telle une madeleine de Proust, on ne voudrait jamais s’en séparer.

Alerte artiste émergente !
La musique de naya mö est tellement riche d’influences qu’on va prendre le temps de s’y attarder sérieusement. On sait peu de choses encore sur cette artiste, mais ce dont on est certain·e, c’est qu’elle va continuer à susciter l’attention tant sa musique est une petite révolution. On avait déjà écrit sur elle en 2023, dans le cadre d’un ADN à retrouver ici ! Elle nous parlait notamment de Pyramid Song de Radiohead qui l’avait beaucoup influencée. On la rejoint d’ailleurs à 1000% sur ce choix de morceau.
Auteure/compositrice et interprète, naya mö nous a offert quelques titres fort attachants en août 2024, comme haunting me, lost minds et before the darkness comes again, produits par Rémi Aguilella de Daughter. Cependant, c’est avec wanderlust qu’elle explose. Si vous êtes attentifs·ves aux sorties dans les musiques actuelles, alors vous ne devrez pas l’avoir loupé. Auquel cas, c’est le moment de se rattraper !
wanderlust : un titre coup de poing.
wanderlust incarne une tempête intérieure emplie de sonorités 90’s. L’obscurité occupe tout l’espace mental et semble contrôler la couleur de nos émotions. Notre système pulmonaire fonctionne à plein régime et pourtant respirer semble être hors d’accès. L’artiste évoque ici cette angoisse persistante qui influe sur notre corps comme sur nos émotions et qui semble vouloir régir notre conscience.
wanderlust est un titre hyper régressif comme toute la musique de naya. Retour en enfance pour les trente/quarantenaires, naya nous creuse un nuage de nostalgie dans lequel se lover. On repart dans notre adolescence et les émotions qu’on lui associe car concrètement, à l’âge adulte, on avance sur de nombreux points mais les questionnements adolescents sont toujours présents même s’ils se muent de maturité.
La proximité avec son public.
C’est en cela que l’artiste nous touche si fort. Sa capacité à créer un pont entre le présent et le passé, en s’ancrant dans chacun d’eux, nous rapproche de la réalité. On a tous une partie de nous coincée dans le passé ou bien dans le présent. Par ces faits, naya rassure et montre une authenticité et une sincérité fédératrice.
Banger massif.
On continue l’introspection avec outsider. Zéro lassitude à écouter ce titre qui tourne en boucle dans nos playlists, énorme coup de coeur ! C’est un morceau qui parle de trouver sa place dans ce monde. En quête de sens et lassée du vide, naya explore des questionnements existentiels qui nous réunissent tous·tes.
Clairement influencée par la période émo des années 2000, elle a aussi installé une pop délectable dans sa composition. En fusionnant les genres, elle s’est créée une personnalité singulière. Sa musique est unique et reconnaissable entre toutes.
Douceur éternelle.
winter porte bien son nom puisqu’il transporte dans une journée d’hiver empreinte de mélancolie. La guitare, libérée de ses effets, instaure une atmosphère contemplative. Le temps semble s’arrêter. winter est un arrêt sur image, comme si nos yeux étaient rivés sur la neige qui tombe sur un paysage immaculé. Avec la solitude pour compagnie, on accueille cet instant de pureté.
reverb boy. Ce morceau s’avère très aérien et porte en lui une dualité qu’on retrouve sur d’autres compositions. Tantôt doux, tantôt plus électrique. La voix de naya incarne une enveloppe confortable, construit un sentiment de sécurité tout en se croisant avec une fragilité saisissante.

Shoegaze et compagnie.
Très influencée par le shoegaze et le rock alternatif 90’s, on ressent la délicate lassitude et la tristesse caractéristiques de ces genres dans dealing with ghosts, titre également de cet Ep.
Il vient baisser le rideau sur cette merveille composée de cinq bangers. “dealing with ghosts”, ces mots assénés et répétés hantent naya tout au long du morceau. Comme si on se trouvait dans une boucle infernale, on se trimballe des fantômes en guise de bagages et ils peuvent revêtir n’importe quelle forme.
Affronter ses démons.
C’est peut-être de cette façon qu’on y fait face : en les nommant, en le disant et en les accueillant car finalement, pourquoi les chasser puisqu’ils font partie intégrante de notre histoire ? Accepter tout ça n’est-ce pas finalement avancer ?
On le redit, alerte banger pour cet Ep de naya mö ! Programmateurs·trices et public, ne passez pas à côté de cette pépite underground dont la voix ensorcelle et dont la guitare exalte distorsion, réverb’ et fuzz ! Après PJ Harvey, Mogwai et Slowdive, c’est naya mö qu’on pourra inscrire comme icône, qu’on se le dise !