N’en déplaise à beaucoup d’esprits chagrins, le rap est définitivement devenu la musique populaire du XXIème siècle. Et à ce petit jeu, la Belgique se taille une bonne part du gâteau du rap francophone. Parmi eux on retrouve Bakari, rappeur liégeois prêt à bouffer le monde. Quelques mois après Ailleurs, le belge est de retour cette semaine avec N’Da Blocka un titre qui navigue entre passé et présent, entre espoir et nostalgie avec au coeur du jeu, les blocks dans lesquels il a grandi.
Est-on prisonnier des lieux qui nous ont vu grandir ? Si on cherche souvent à fuir un monde, un univers qu’on connait si bien qu’on pourrait finir par l’arpenter les yeux fermés, on échappe rarement à son passé et il revient toujours nous hanter, pour le meilleur ou le pire. Ainsi souvent se mélangent dans notre esprit des souvenirs doux amère, entre nostalgie et colère, entre espoir et amour total pour un lieu ou une époque qui aura définitivement fait de nous ce que nous sommes.
Cette idée, ces sentiments, c’est tout ce que raconte Bakari avec son nouveau titre, N’Da Blocka. Dans ce titre ou il navigue avec aisance entre les émotions, les rythmes et les structures, le Belge nous raconte sa vie, souvent au passé, parfois au présent mais très rarement au futur. On se sent ainsi dans une boucle dont il a du mal parfois à sortir sauf à certains instants, quand il parle d’objectifs clairs et précis tels que le fait de vendre des CDs ou mettre ses parents à l’abri.
Bakari le dit lui même, il est bloqué dans ces blocks qu’il connait si bien. On ne sent aucune colère dans ce qu’il nous raconte, mais plutôt le besoin de se rappeler d’où il vient et où il se trouve pour envisager de la meilleure manière possible le futur qui s’offre à lui.
Sur une production basique qui laisse place nette à la voix, Bakari s’amuse, faisant apparaitre une palette vocale hyper large et impressionnante, entre le chant et un flow qui évolue en permanence entre l’envie de kicker fort et le plaisir d’amener des émotions telles que la nostalgie et la douceur dans sa voix. Ainsi N’Da Blocka évolue en permanence en fonction des paroles et des sentiments que celles-ci expriment.
Cette sensation de changements permanents, aussi maitrisés que bruts se ressent aussi dans la vidéo de Adrien Cronet qui accompagne le titre. Multipliant les cuts, le réalisateur imprime à son clip une sensation de mouvement permanent, changeant en un clin d’oeil de lieux, de personnages ou même de temporalité. Le clip évolue ainsi comme une sorte de boucle, nous ramenant dans le quotidien du blocks, entre moments d’entraides et embrouilles qui dérapent. Au milieu de tout cela, Bakari montre l’évolution qu’il compte dans le titre, au cœur de ce quotidien qu’il semble ne pas vouloir quitter. Une ode à la fois réaliste et triste se déroule ainsi devant nos yeux à un rythme effréné, pour finir par amener l’artiste seul dans un lieu inconnu et intemporel, éclairé par la couleur du ciel. Un signe du futur ? On ne sait pas trop mais une chose est sûre, avec ce nouveau titre, le Belge continue de présenter comme une belle promesse d’un rap francophone qui n’en finit plus de nous surprendre et nous plaire.