S’il y a bien un rappeur qui a le vent en poupe en France en ce moment, c’est B.B Jacques. Entre la deuxième partie de Poésie d’une pulsion puis le show Netflix La Nouvelle École, le parisien a explosé cette année. Le style si unique et particulier de l’artiste a le don d’intriguer. Une patte tellement singulière que même son créateur peinait à la gérer. Avec NEW BLUES, OLD WINE, son nouvel album, le parolier du 92 dompte sa plume pour la magnifier.
Ce serait un euphémisme de qualifier B.B Jacques d’artiste clivant. Partisan d’une plume agressive, avec un manière erratique et possédée de poser, le Libanais d’origine divise. Adulé par beaucoup, incompris par d’autres, le registre ici entrepris montrait une certaine nécessité de maturation. Ce nouvel album, l’éponyme du label de l’artiste, se veut comme étant une pièce initiatrice d’un nouveau cycle. Un âge où le rappeur fluidifie sa musique et épure son style, le rendant plus facile d’accès. Moins radical dans son approche, le disque affiche un visage mûr et plus maîtrisé. On note notamment le mélange entre Rap et musiques électroniques dans la construction des différentes productions de l’album.
Les producteurs officiant sur NEW BLUES, OLD WINE sont pour la plupart les mêmes, ce qui assure une certaine continuité. On retrouve particulièrement des noms comme Le Chroniqueur Sale, Pandrezz, Wladimir Pariente ou encore OB. D’autres invités de marque s’expriment, à l’image de Diabi, Mosimann, Twinsmatic ou encore Sofiane Pamart, qui ouvre et clôture le voyage. Cette liste place le projet à mi-chemin entre diversité et assiduité en termes d’atmosphères et d’ambiances. Cette ligne floue et abstraite se veut au final comme le parfait point de repère du début de cette nouvelle phase, cette dernière permettant d’installer une véritable signature sonore.
En termes de style pur, le parisien reste fidèle à son identité, avec ses placements off-tempo et son tempo direct et agressif. Mais cette dernière se voit un tantinet lissée pour rendre l’ensemble plus accessible et facile à digérer. Cette manière de procéder, associée à un rythme bien calibré, rend le projet plus lisible. Tous les morceaux s’enchaînent naturellement et parviennent à garder une certaine attraction. Au final, l’heure qui compose l’album défile à grande vitesse, tant bien que le disque paraîtrait presque trop court.
À l’image de son morceau introductif, HARMONIE, NEW BLUES, OLD WINE s’avère être l’opus le plus harmonieux et mélodieux de l’artiste. Cette évolution s’accompagne de textes personnels au sein desquels le Parisien se livre sur sa récente célébrité et sur ses relations. Le spleen et la mélancolie semblent gagner les vers du rappeur, qui exprime une certaine nostalgie avec beaucoup de relativisme et de recul.
Avec deux albums en un an, B.B Jacques signe la preuve d’un statut de futur grand de la scène du Rap français. Ce nouvel opus contraste un style affirmé, dans lequel il exprime une réelle authenticité et une direction artistique unique. Moins pétri de rage que ses précédents projets, NEW BLUES, OLD WINE se démarque et expérimente. Entre le solo de guitare de CINCINNATI à la production électro de NSDM, les tentatives sont nombreuses. BlackBird Jacques a tout pour devenir une tête d’affiche, et semble prendre ce même chemin avec ce nouveau disque.
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