NORF : « Nous avons mis la musique au premier plan »

Fin 2024, le collectif Norfafrica a décidé de porter sa ligne éditoriale au sein d’un projet musical : The NORF Tape. Un projet de 16 titres qui met à l’honneur des artistes qualifiés d’urbains, issus du Maghreb à travers le monde. Diversifié et complémentaire il montre la richesse et l’unicité d’artistes qui, par manque de structures ne peuvent pas toujours briller comme ils le devraient. Pour en savoir plus, on a rencontré l’homme derrière Norfafrica :

LFB : Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter ? Pouvez-vous présenter NORF à nos lecteur.ice.s ?

NORF : NORF est un collectif « open-source » dédié à la mise en valeur et à la promotion de l’art et de la culture nord-africains. Notre perspective est unique, enracinée dans notre parcours musical et guidée par notre amour pour nos origines et notre peuple.
Nous avons commencé comme une plateforme qui offrait une exploration curatée de l’art et de la culture classique et contemporaine de notre région. Notre mission est de mettre en lumière la culture urbaine des jeunes à travers les frontières et les disciplines, et avant tout, de créer une communauté. Aujourd’hui, nous fonctionnons à la fois comme une entreprise médiatique et une maison créative.

LFB : Comment vous est venue l’idée de transposer la ligne directrice de NORF dans un projet musical ?

NORF : Avant NORF, le paysage de la musique urbaine en Afrique du Nord était fragmenté. Les artistes du Maroc étaient largement ignorants de ceux en Tunisie, et vice-versa. Notre travail de curation a facilité de nombreuses collaborations et ouvert un échange entre les Nord-Africains à travers le monde. Cependant, nous avons réalisé qu’il nous fallait créer un projet original pour donner vie à notre vision. C’est ainsi qu’en 2022, nous avons lancé ce qui est devenu « The NORF Tape ».

LFB : Comment avez-vous sélectionné les artistes ?

NORF : La compilation présente un mélange d’artistes établis et émergents, avec pour objectif de mettre en avant des artistes ayant des identités fortes et innovantes issues des cinq scènes que nous couvrons (Maroc, Algérie, Soudan, Tunisie, Libye, Égypte). Nous avons mis la musique au premier plan, en étant en accord avec la diversité de la production et des chanteurs que nous avons mis en avant. Si nous avons réuni deux artistes, c’était parce que cela avait du sens sur le plan sonore.

LFB : Quel regard portez-vous sur la scène rap du Maghreb ?

NORF : Nous avons une histoire créative et culturelle riche, et cela se reflète dans la scène nord-africaine. Notre histoire du rap remonte à plusieurs décennies, bien qu’elle ait été cloisonnée d’un pays à l’autre en raison de l’hésitation des médias traditionnels à adopter ce medium. Il possède un potentiel illimité, tant en termes de succès qu’en termes de prédominance culturelle. Ce n’est que le début.

LFB : Y a-t-il des différences avec la vision industrielle européenne ? Quelles seraient-elles ?

NORF : L’industrie européenne est complètement développée et saturée par l’argent des labels. Les artistes peuvent monétiser davantage leur travail à travers des concerts, du merchandising, etc., il est extrêmement difficile pour les artistes indépendants de se développer de manière organique en raison de l’argent illimité des majors saturant le marché. Notre scène est plus rudimentaire et en pleine évolution, en raison du manque de technologies financières en Afrique, il y a peu d’artistes qui profitent de la puissance de frappes des majors. De notre point de vue, cela est extrêmement positif en termes d’impérialisme culturel. Notre projet est entièrement indépendant, quelque chose que nous célébrons et pour lequel nous sommes reconnaissants.

LFB : L’Europe est-elle un passage obligé pour qu’un projet comme le vôtre existe ?

NORF : Nous n’avons pas fait une mixtape pour l’Europe. Cela est fait pour nous, par nous. Ce sont nos étoiles, connues dans nos quartiers. Bien qu’il y ait des artistes occidentaux présents sur la tape, leur héritage est nord-africain et la musique a été enregistrée en Afrique du Nord.

LFB : Quels sont les objectifs derrière ce projet ?

NORF : Notre mission générale est de mettre en valeur la culture urbaine des jeunes à travers les frontières et les disciplines, et avant tout de créer une communauté. Ce projet s’inscrit dans cette direction. Mais pour le dire plus simplement, nous voulions juste créer quelque chose de génial.

LFB : Comment envisagez-vous l’avenir de NORF ?

NORF : Nous sortirons plus de musique, c’est certain. Nous avons également d’autres projets en préparation. Il sera peut-être possible de voir le projet vivre en live. Restez connectés, tout est possible !

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