Nos meilleurs moments aux Francofolies de La Rochelle – Acte 1

On peut le dire avec bonheur, et un peu de soulagement aussi : on est retourné en festival. On était il y a peu à l’édition 2021 des Francofolies de La Rochelle. Plutôt que de viser la grande scène, on a préféré les découvertes et les retrouvailles. On vous raconte nos meilleurs moments en trois actes de cette année un peu spéciale.

Crédit : Caroline Jollin

Martin Luminet

Il parait que le premier concert vu lors d’un festival dicte plus ou moins le reste de ce qui nous attend. Autant dire que Martin Luminet a donné le ton de cette édition en trois points très précis : retrouvailles, émotions et échange. Il faut dire que pour beaucoup, il s’agissait du premier concert après une longue période de disette musicale. Petite pression donc ? Pas vraiment. Dès les premières notes, on a senti une énorme vague de bienveillance en provenance du public, sensation qui se fera de plus en plus palpable tout au long des cinq jours des Francofolies.

Celui qu’on appelle affectueusement l’homme le mieux décoiffé de France n’était donc pas en terrain conquis mais presque tant on pouvait voir l’envie et le besoin essentiel de ce qui nous aura tant manqué : des concerts. Et à ce petit jeu, le lyonnais en a sous la pédale. Accompagné de son pote Benjamin Geffen aux chœurs et aux machines, le grand gaillard nous a livré une prestation cinq étoiles, encore plus intense que celle qu’il nous avait fait vivre quelques semaines plus tôt à La Boule Noire.

Un Monstre sur scène, un garçon libéré qui n’hésite pas à jouer la carte de l’échange, d’assumer le côté épique de ses morceaux, de libérer sa colère quand il le faut, de nous faire rire et pleurer aussi. En moins de quarante minutes, Martin Luminet aura développé une palette émotionnelle assez folle qui, comme toujours avec lui, nous frappe en plein Coeur. Mention spéciale à la version live de son excellente Magnifique mais aussi à cette surprenante et attachante Une Seconde qui nous fait rire autant qu’elle nous touche. Les histoires de Martin Luminet grandissent en nous car on s’y reconnait tous un peu et c’est encore plus le cas en live.

Premier concert, première standing ovation, premières larmes. Effectivement, le genre de concert qui laisse une trace sur le cœur.

Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Rarolin Cougeole

Yelle

On l’attendait. Elle ne nous a pas déçu. Parce que Yelle reste, et depuis plusieurs années déjà, une de nos artistes françaises préférée, parce qu’on a écouté l’ère du verseau en boucle pendant presque un an, qu’on a regardé encore et encore ses dates de concerts décalées avec à chaque fois un petit coup à l’âme, il était hors de question que l’on rate son passage à La Rochelle.

C’est donc bien installé au premier rang qu’on a attendu notre prêtresse de la pop française. Et il faut croire qu’elle nous attendait aussi. Et c’est un cocon presque rassurant que l’on retrouvait, le set-up live étant toujours centré sur les percussions pour mieux nous faire vibrer pendant une bonne heure bien intense. Accompagnée de GrandMarnier, son comparse de toujours, et de Franck Richard, la bretonne nous aura offert une prestation telle qu’on l’attendant : dingue, puissante et dansante. Il n’aura pas fallu plus d’une chanson pour que tous le Théâtre Verdière se lève d’un seul homme et se mette à se dandiner en rythme.

Il faut dire que l’enchainement d’Emancipense et de Jeune Fille Garnement aura fait monter la chaleur d’un claquement de doigt et envoyé au vestiaire les restes de timidité que l’on pouvait avoir. On retrouvait avec bonheur cette sensation de communion et de tendresse propre aux concerts que l’on aime tant, ceux où l’on va pour se déchainer avec les autres, transpirer un bon coup et ressortir avec un sourire d’une oreille à l’autre (même masqué, les regards croisés à la fin du show ne mentaient pas).

Et à ce petit jeu, Yelle est vraiment la reine. Entre une tenue évolutive qui l’aura vu se transformer au fur et à mesure du concert et une musique percussive qui ne néglige jamais les émotions, l’artiste aura eu tout bon. Majoritairement centré sur ses deux derniers albums, à l’exception de Je Veux Te Voir qui fera une petite apparition en guise de transition, la setlist verra s’enfiler les petits tubes comme des perles que ce soit les imparables Ba$$in, Karaté, Noir et Complètement Fou ou encore les plus émotives Roméo, Je t’aime encore ou Peine de mort.

En une heure bien tassée et sans vraiment de pause, Yelle nous aura offert un spectacle total, des retrouvailles en grandes pompes qui nous auront même fait oublier la petite déception de ne pas voir apparaitre des morceaux de son exceptionnel Safari Disco Club, notre album favori de Yelle. Sans doute une bonne raison pour la retrouver sur scène cet automne.

Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Caroline Jollin

Tim Dup

C’était sa seule date de l’été et il était très attendu. On a même du se glisser en douce pour pouvoir assister à son concert. On ne l’a pas regretté une seule seconde. En toute simplicité, uniquement accompagné d’un piano et d’une guitare, Tim Dup nous aura donné une petite leçon. Un moment d’une douceur infinie, on pourrait même parler de pureté.

Sans vraiment se prendre la tête, volubile et souriant, le garçon aura marqué une nouvelle fois la transformation qu’il a entamé avec son excellente Course Folle. Loin de l’image de sérieux qu’on aura pu lui coller (et qu’il se sera sans doute donné lui même) pendant un moment, Tim Dup joue la carte de l’apaisement et de la sincérité et ça lui réussit plutôt bien. Car il en faut du talent, et une bonne dose de charisme, pour tenir une foule de presque 1000 personnes avec des morceaux joués en piano voix.

Mais les chansons de Tim parlent pour lui. Délaissées de leur instrumentations, offertes à nos oreilles dans leur forme la plus pure, dans une ossature délaissée de tout artifice, elles nous offrent ce qu’on était venu chercher : de l’émotion. Comme il le précisera lui même avec énormément d’humour, avec désormais trois albums à son actif, il a maintenant le choix des armes et pour cette petite escapade solitaire, il aura décidé de faire fondre nos cœurs.

Trois chansons pour chaque album et une envie assez nette : nous rappeler qu’il est bon d’être envie et qu’il est important d’être ensemble. Comment ne pas voir des présages de lendemains qui dansent dans cette interprétation dingue de Mourir Vieux (avec toi) ou dans cette merveille de positivité qu’est d’alcool et de paysage ou ce besoin de transmission qu’il nous offre avec Je te laisse. La mélancolie fera aussi un joli passage avec les formidables une autre histoire d’amour et soleil noir alors que son petit classique vers les ourses polaires nous fracasse le cœur dans une interprétation intense et presque grandiloquente.

La petite escapade se termine avec à ciel ouvert où l’on aidera Tim Dup à faire pousser ses fleurs avec nos larmes, transpercé une dernière fois par la beauté et la vérité qui s’émane de ces morceaux qu’on aime tant. Il parait qu’on ne peut pas mentir avec un piano-voix. Le discours de vérité de Tim nous aura une nouvelle fois bouleversé.

Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Caroline Jollin

Fils Cara

Parfois on dit de certains artistes qu’ils ont du charisme. Quelque chose de magnétique qui nous force, parfois malgré nous, à les écouter, les regarder et les suivre. Sans vouloir en faire trop, on pourrait dire que Fils Cara est un jeune homme qui est passé à l’étape du dessus : l’aura. Plus que ce qu’il dégage, c’est ce qui semble l’entourer qui nous attire chez le stéphanois. Un truc qu’on n’explique pas vraiment et qui nous pousse à le suivre depuis son premier titre et ses premiers concerts, observant à chaque fois une évolution, une puissance évocatrice de plus en plus forte et palpable qui le rende presque déjà incontournable.

Savoir écrire, c’est dire n’importe quoi sur un ton plus ou moins radical nous dit-il dans Film Sans Budget. Cette phrase, on se l’est gravé dans la tête. Toute l’idée de théâtralité de Fils Cara est centré dans cette phrase. La beauté d’un concert de Marc réside aussi dans l’extension de cette phrase : sur scène, la radicalité est là, mais jamais trop. Le propos est traité avec respect, les mots sont au centre du jeu mais ils trouvent un camarade à leur hauteur, un miroir physique. Car oui Fils Cara sur scène c’est une histoire de corps, de main qui bouge, qui nous guident entre les gouttes, entre les mots qui parfois tombent comme des sentences pour mieux nous sonner.

Alors, pour notre plus grand plaisir, on regarde autant qu’on écoute ces deux frangins si différents et pourtant si complémentaires. Une parfaite synthèse : là ou Marc nous hypnotise, nous entraine dans ses histoires et nous toise, pour parfois mieux se protéger, Francis joue dans l’ombre, tout en flegme, chef d’orchestre parfait qui nous guide dans les sons, ses doigts se balançant parfaitement sur son piano sans jamais une fausse note.

C’est une chose qui nous avait marqué la veille lors de leur passage trop court sur la grande scène, ces deux la sont devenus une parfaite balance qui permettent à des titres géniaux de prendre vie. En live, les morceaux trouvent une autre couleur, une autre saveur, sur une ligne plus fragile et tenue, presque à poil par moment, on ne peut que vivre avec eux des morceaux variés mais guidés par l’amour des mots, du rythme et du son. Et on se prend encore dans la tronche des titres comme Nanna, Film sans Budget, New York Times ou le tube grandiose qu’est Sous Ma Peau. Comme si on les découvrait pour la première fois, comme si ils n’existaient que pour nous.

Ainsi va Fils Cara, hydre à deux têtes qui n’a pas fini de conquérir nos cœurs, encore et encore.

Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Caroline Jollin

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