On peut le dire avec bonheur, et un peu de soulagement aussi : on est retourné en festival. On était il y a peu à l’édition 2021 des Francofolies de La Rochelle. Plutôt que de viser la grande scène, on a préféré les découvertes et les retrouvailles. On vous raconte nos meilleurs moments en trois actes de cette année un peu spéciale. Suite et fin de notre voyage à La Rochelle avec cette troisième partie de notre report.
Victor Solf
C’est une histoire de résilience qui se joue avec Victor Solf depuis son premier titre. Un besoin de célébrer la vie, d’essayer d’avancer coute que coute et de rendre réel et palpable ce besoin de voir de l’espoir partout, même dans les zones les plus sombres auxquelles nous sommes parfois confrontés. C’est en tout cas ce qu’on a toujours ressenti depuis qu’il a dévoilé son premier titre en son nom propre, offrant une aventure personnelle à vocation collective, un besoin de retrouver la lumière.
Et il faut dire qu’on avait besoin de lumière, et cette édition des Francofolies nous en aura apporté son lot, des moments qui nous ont permis de recharger des batteries qu’on voyait vide depuis bien trop longtemps. Évacuer la noirceur et laisser entre la lumière. Au fond, on était un peu voué à rencontrer pour la première fois Victor Solf et sa musique sur scène.
Tout de blanc vêtu, portant sur lui des mantras comme des sortes de cicatrices qu’il regarde droit dans les yeux pour mieux y croire, l’artiste nous aura offert un show d’une heure presque épuisant, tant il avait à donner. Une énergie communicative, lui qui ne tiendra que rarement sur place avec ce besoin d’occuper tout l’espace, d’attirer à lui des démons pour mieux les combattre, leur chanter des chants d’amour, d’espoir et de communion. Et si on regardait bien, on aurait même pu les voir s’envoler loin de nous.
Avec un album et un EP assez dingue, ou la pop rencontre la soul et le gospel, le garçon avait des flèches taillées pour nous toucher en plein cœur. Et il aura viser la cible avec précision. Et ce des Traffic Lights, première pierre de l’édifice Victor Solf et premier morceau jouer sur scène. On est happé, emporté avec lui et presque K.O dès le départ, tant ce tsunami d’émotions nous aura presque dépassé. Comment faire alors pour la suite ? Y inclure une bonne dose de dans. Car la musique de Solf, bien aidé par un groupe de musiciens très solide, porte aussi en elle cette sensualité et ce groove prenant qui nous entraine. On pense forcément à How Did We?, Call your Grandma ou Utopia ou l’intense I Don’t Fit.
Vous l’aurez compris, c’est une catharsis commune que l’on aura vécu avec Victor Solf. Et en sortant du théâtre, on se dit que son message est définitivement passé : oui, il y a encore de l’espoir.
Bandit Bandit
Il y a peu de groupes qui auraient pu nous empêcher d’aller voir Feu! Chatterton. Malheureusement pour les garçons, (dont le concert était, de l’avis de tous, exceptionnel) ils jouaient en même temps que nos Bandit Bandit, et nos cœurs n’ont pas flanché. Il n’est même plus question de loyauté, mais simplement d’amour. Car oui, on a une affection particulière et intense pour Maëva et Hugo, on les suit depuis leur tout début et, si vous nous suivez, vous savez qu’on ne rate jamais une occasion pour le dire à travers nos mots.
Et comme souvent, ils nous le renvoient cet amour sur scène, de la manière la plus intense et brûlante qui existe : un vrai concert de rock. Un an qu’on attendant de les retrouver et on n’a pas été déçu. On pourrait même dire que cette petite pause forcée aura fait le plus grand bien à ces bandits au grand cœur. Leur prestation ce soir la nous aura permis de réaliser tout le chemin parcouru et, cela ne fait aucun doute, tout ce que le chantier des Francos aura pu leur apporter.
Si la musique est toujours aussi directe, parfois brutale, on a retrouvé un groupe soudé, sur de ses forces et surtout, beaucoup plus dans l’échange qu’auparavant.
C’est sans doute du à l’époque, mais on pouvait sentir ce besoin pressant de retrouver un public et de partager avec eux ce qu’ils aiment : la scène.
Et ce terrain de jeu, ils le maitrisent et nous entraine avec eux dans une bagarre sans pause ou les battements désorganisés des cœurs se mêlent aux riffs de guitare et au gros son de batterie qui nous fracasse. Un emballement assez logique quand on sait que leur second EP se nomme Tachycardie.
Et puisqu’on parle d’instruments, il faudra souligner l’importance de leurs musiciens, Ari et Anthony qui permettent aux morceaux de prendre une dimension supérieur sur scène. Brute et sauvage, la musique du quatuor est un élément en explosion, même dans ses moments plus calmes comme Désorganisée, la tension est toujours présente, tant est si bien que l’électricité, et l’émotion, nous fait dresser les poils.
Pour le reste, Bandit Bandit possède dans son catalogue assez de pépite sonique pour nous emporter comme on l’aime, que ce soit Néant, Nyctalope ou leur tube Maux. Même leur titre en anglais trouvent une place assez logique sur scène avec des moments de gros sons qui nous assomment pour notre plus grand bonheur. Et comme ils ne sont pas avares en surprises, Bandit Bandit nous aura offert deux petites surprises : La marée, titre acoustique joué en duo et qui nous aura mis les larmes aux yeux, et Points d’sutures petite dinguerie décomplexée qui nous aura bien fait danser. Une manière aussi de montrer que désormais, Maëva et Hugo ne s’interdisent plus rien et que le futur du groupe s’annoncera des plus surprenant. Et pour ça, on ne peut que vous inviter à les découvrir vous aussi sur scène. En tout cas nous, on sera à leur Maroquinerie.
P.R2B
Il y a des artistes qu’on retrouve comme si on ne les avait jamais quitté. Les souvenirs de notre dernière rencontre avec P.R2B vivent encore si forts en nous qu’on avait l’impression qu’ils dataient d’hier. Et pourtant, tout cela datait de février 2020. À l’époque elle n’avait sorti qu’un titre et la découverte scénique avait fait office d’électrochoc bien puissant qui, vous l’avez compris, c’était bien gravé en nous. Entre temps, la jeune femme a dévoilé son premier EP, est devenue une habituée des pages de La Face B autant qu’une artiste qu’on a énormément écouté.
On avait donc hâte de la retrouver sur scène et on ne fera pas de faux suspens : le choc ressenti en 2020 s’est renouvelé en 2021. Peut être parce que, comme tout au long de cette édition des Francofolies, les émotions ont été démultipliées car restées au fond de nous pendant trop longtemps. Sans doute aussi parce que Pauline est une magicienne qui joue avec les genres et les émotions comme personne. Ou tout simplement un mélange des deux, donnant à ce concert en plein air, la sensation d’être la somme totale de tout ce qu’on aura vécu pendant ces 5 jours assez dingues.
Plus qu’un concert, ce que P.R2B nous propose est un voyage. Un cheminement guidé par les sentiments qui nous entraine dans un monde ou les genres musicaux n’ont plus d’importance et ou les histoires sont aussi intense qu’elles soient posées sur une ligne de basse toute simple ou qu’elles s’envolent dans une production gabber complètement folle qui finit par nous couper le souffle. Telle un guide au sourire malicieux, qui se laisse parfois submergé par les émotions, P.R2B utilise l’amour, la colère, la compassion ou la douceur ensemble.
Elle les mélange pour nous rappeler que la vie n’est pas une affaire d’unicité, mais d’une pluralité explosive qui frappe tout un chacun. Chaque morceau est un court métrage rempli de surprises, de caresses autant que de violence et ça marche avec une facilité et une fluidité assez dingue, bien aidé par ces trois musiciens qui forment une sorte d’arc de cercle ravageur qui permettent aux mots de Pauline de prendre vie.
Et que ce soit les morceaux que l’on connait, de Océan Forever, qui ouvre le concert et nous fait pleurer en moins de 3 minutes, Dolce Vita, Des Rêves, la grandiose Chanson du Bal ou la petite dernière Mélancolie, ou ceux qu’on découvre et qu’on apprendra bientôt à aimer (avec une mention spéciale pour Plus Rien de Bien,tsunami sonore et émotionnel, et Qui Sont Les Coupables) chaque morceau est une étape, un instant hors du temps qui restera gravé en nous.
Autant le dire, on n’attendra pas un an pour retrouver P.R2B sur scène.
…et les autres
Parce qu’il aura fallu faire des choix, on n’aura pas pu parler de tout le monde. On a décidé de faire ce petit texte pour saluer certains autres artistes : Chien Noir tout d’abord, qu’on n’aura pas pu voir entièrement malheureusement mais qui nous aura prouvé que ses histoires vraies prennent encore plus de sens quand elles se retrouvent dévoilées sur scène. TERRIER dont on aura raté le début du concert mais qui aura, comme beaucoup d’autres, grimpé un bon étage de classe sur scène et dont les nouveaux morceaux annoncent le meilleur pour la suite à venir. Enfin, on voulait aussi saluer Oscar Emch et ses solos de guitare absolument dingues et qui nous aura offert un vraiment moment de groove et un grand moment de scène, nous rappelant que faire du r’n’b en français est possible surtout quand il est fait avec autant de classe.
En dehors des Francofolies de La Rochelle, on aura pris un pied monstrueux avec Mr Giscard qui nous offrait un premier concert à l’image de sa musique, tout en décontraction et avec beaucoup de style. Une promesse qui nous aura fait chavirer et qu’on aura plaisir à retrouver dans les salles.
Puisqu’on parle du Off, impossible de ne pas parler de Thérèse. Dans des circonstances pas forcément facile, l’artiste nous aura prouvé qu’elle était à l’aise, peu importe l’endroit. Surtout, c’est sur scène qu’elle montre toute la teneur et la puissance de son projet. Quand ses chansons prennent vie, elles gagnent en âme et en puissance et permettent à son discours de s’élever encore plus.
Enfin, on voulait fait un petit coucou à Arthur ELY dont la tournée pirate était de passage à la Rochelle en plein cœur des Francofolies. Seul avec sa guitare, le jeune homme nous aura offert un super moment qui nous aura rappelé que la poésie et la douceur ont encore toute leur place dans la musique française.
Pour terminer tout ça, on voudrait en profiter pour saluer Elodie, Elisa pour leur travail de fou, Alex qu’on aura croisé avec plaisir encore et encore et notre Greg national qu’on aime très fort. Aussi, parce que dans cet époque étrange la solidarité est ce qu’il y a de plus important, on ne peut que vous conseiller d’aller à la découverte de nos camarades médias qui nous auront accompagné pendant cette aventure : un gros big up à What’s Up Thérèse, Studio Clémentine et Faces Zine dont on vous invite fortement à découvrir le travail.