Le monde est frappé depuis plus d’un an par l’épidémie de Covid 19. Un an que le monde culturel est dans une sorte de coma artificiel, réveillé par moment pour être presque aussitôt remis en sommeil. Alors que cela fait désormais plus de 100 jours que les lieux culturels sont fermés en France, La Face B s’associe à Dans Ton Concert pour proposer son nouveau projet : Not Dead. L’occasion de mettre en avant des artistes et des salles de la région Hauts-de-France afin de leur apporter soutien et visibilité. Pour ce 3ème épisode on découvre les photographies et les interviews de Paprika Kinski au Grand Mix à Tourcoing, et Aurélien Gaïnetdinoff croisé au Grand Mix et au Métaphone à Oignies.
Paprika Kinski
Peux-tu présenter ton projet en quelques lignes ?
Je suis Paprika Kinski, on me définit parfois comme « un petit bijou pop scintillant » ou une « yéyé girl synthétique » mais mes amis pensent plutôt que je suis un ex-taulard dans un corps de petite fille. J’écris et compose des titres pop vintage qui sortent tout droit de mon coeur et sur scène je suis accompagnée par Jean Fleury et Aurélien Gaïnetdinoff.
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis bientôt un an, comment vis-tu cette situation ? Quel impact cela a eu sur ton projet ?
J’essaie de rester positive et productive, de mesurer mes privilèges d’intermittente, en vrai c’est l’angoisse ! Au premier confinement, j’en ai profité pour écrire plein de nouvelles chansons, qu’on a testé en résidence dans le but de créer un nouveau live. Mais presqu’un an plus tard, n’ayant aucune visibilité sur les prochains mois, ça devient vraiment difficile de travailler. Je travaille des reprises que je filme, ce qui me permet de tester de nouvelles choses sans aucune contrainte, sans aucun but particulier.
On parle souvent de « non essentiel ». Que signifie pour toi cette expression ?
C’est hyper violent ! C’est complètement faux ! Chaque artiste/créateur qui apporte du fun, de la joie, des émotions est essentiel. Je ne me considère pas du tout comme non-essentielle !
À quand remonte ton dernier concert ? Quel souvenir en gardes-tu ?
Hum, c’était un dj set lors de la Pop Factory, le festival du Grand Mix. J’avais joué en clôture les deux soirs et je me rappelle que le public dansait comme des fous sans se douter que ça serait probablement la dernière fois avant de nombreux mois !
Lorsque tu pourras remonter sur scène devant un vrai public, tu vas faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Non, rien de particulier, j’espère juste qu’on pourra jouer devant un public debout ! Je vais en profiter à fond, je ne quitterai la scène qu’à coup de balai, je porterai mes plus beaux bijoux, je pleurerai peut-être un peu.
As-tu un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
J’avais partagé la scène avec Thousand que j’adore et Clara Luciani avec qui on avait fait un concours de taille (elle doit mesurer au moins 2m30).
Quels sont tes projets à venir ? Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
J’ai environ 250 titres en stock, j’aimerais sortir au moins un disque cette année! Mon plus grand souhait serait que l’effervescence des concerts reprenne au centuple !
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et sans perspective de réouverture rapide. As-tu un message pour ce lieu ?
Je les remercie de se battre pour les artistes régionaux, pour le public en essayant de maintenir et d’adapter à tout prix une programmation de qualité et de m’avoir si bien accueillie cette année (dans le cadre de la PAM !) Du fond du coeur !
Aurélien Gaïnetdinoff
Peux-tu présenter ton projet en quelques lignes ?
Alors à la base je suis chanteur mais là je joue surtout pour les copains.
À Lille j’accompagne Paprika Kinski et Yolande Bashing, à la basse surtout, et From Your Balcony avec qui je suis plutôt à la guitare et aux claviers. Et puis à Bruxelles où il y a du rock en route depuis peu, d’un côté un projet transfontalier avec le légendaire Fab Couz (Crusaders of Love) dans un groupe qui s’appelle Almost Lovers, et puis un autre chanté en italien, Ada Oda, à l’invitation de mon pote César (Italian Boyfriend, BRNS…)
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis bientôt un an, comment vis-tu cette situation ? Quel impact cela a eu sur ton projet ?
Pour ne rien vous cacher, de mars à mai dernier je suis resté enfermé en slip dans mon appart : je vais voir entre 3 et 5 concerts par semaine et la coupure a été assez terrible. Le hic c’est qu’un home studio avait remplacé le salon depuis quelques années, et confiné sans canapé, c’était vraiment le pire plan de l’histoire. Après, l’été est arrivé, j’ai eu 30 ans, et je me suis rappelé que j’aimais quand même bien faire de la musique et ça s’est remis en route assez naturellement. On a beaucoup écrit et enregistré – un peu plus à distance qu’on l’aurait voulu – mais on a bouclé des EPs et des albums, fait un peu de résidences, et tout ça a bien aidé à tromper l’ennui et à pallier au manque de shows et de watts dans les oreilles. J’ai aussi déménagé au cas où, et maintenant j’ai un super canap <3
On parle souvent de « non essentiel ». Que signifie pour toi cette expression ?
Un non-mot comme on en a inventé plein d’autres ces derniers mois, dans une idéologie aux priorités mal placées, non ?
À quand remonte ton dernier concert ? Quel souvenir en gardes-tu ?
Je pense que c’était Francois & the Atlas Mountain & Orange Dream dans le ciné de St So ! Je me souviens que j’avais soif parce qu’on en était déjà aux concerts masqués et sans bar et que j’avais très fort envie de danser sur mon siège, mais malgré tout c’était un peu un bisou magique sur le bobo du sevrage de concerts.
Lorsque tu pourras remonter sur scène devant un vrai public, tu vas faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Ça sera forcément un moment singulier mais l’horizon est tellement flou que j’y ai pas encore trop réfléchi. Et puis on verra avec quel groupe on sera sur scène ce jour-là, mais je pense qu’on va surtout s’amuser comme des ados et essayer de faire kiffer les gens pour rattraper le temps perdu.
As-tu un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
Forcément quelques uns au Grand Mix, j’ai un souvenir assez précieux d’un concert avec Ivory Lake en première partie d’Elvis Perkins parce que j’adorais jouer avec ces mecs et on a fait peu de plateaux de cette taille. Sinon, en plus drolesque l’after de I’m From Barcelona – il était tard – où un gars du groupe avait voulu piquer le vinyle d’une spectatrice pour l’offrir à ma copine de l’époque, qu’il avait décidé de brancher tranquillou. Il était au demeurant adorable, il m’avait même filé son tabac à priser pour se faire pardonner à la fin de la soirée. Ce truc avait un goût horrible mais le geste était mignon.
Quels sont tes projets à venir ? Qu’est ce qu’on peut te souhaiter ?
En actu brûlante le très joli album de From Your Balcony sort le 12 mars et c’est vraiiiiment super beau (j’ai le droit de le dire parce qu’il était quasiment fini quand j’ai commencé à travailler dessus, et que les morceaux me touchent beaucoup) Sinon j’ai deux projets un peu plus persos sur le feu, un EP de chansons à moi réalisé par Antoine Pesle, enregistré l’été dernier et qu’il termine de mixer. Il y a plein de brillants copains dessus, et je suis déjà très très content du résultat Et puis de manière un peu plus inattendue mes premières chansons en français qui prennent forme, ça va s’appeler San Malo et on devrait les jouer en première partie de Chevalrex au Grand Mix le 20 mai – c’est le premier report mais on croise les wads – et puis sinon je les finirai quand même pour les envoyer à Laurent Voulzy.
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et sans perspective de réouverture rapide. As-tu un message pour ce lieu ?
J’ai pas pour habitude de citer La Grande Sophie mais du courage, évidemment… Ha et aussi, on pourrait avoir de la Malheur au bar du Grand Mix pour la réouverture ? C’est pour un ami, merci !
Photos : David Tabary / Dans Ton Concert