On fonce droit dans La Fuite en avant, sorti le 7 novembre. Orelsan n’a pas dit son dernier mot. Après avoir laissé planer l’idée d’un adieu, il revient avec un projet aussi sincère que percutant. Fidèle à lui-même, il met cartes sur table. Entre doutes, angoisses et amour, il nous parle avec le cœur.
Et si vous avez vu le film Yoroï, tout devient plus clair. Les deux œuvres s’entrelacent : la fuite, le Japon, les monstres intérieurs. Tout est lié. Et si ce n’est pas encore fait, allez voir son film, d’autant plus si vous êtes fan du Japon !

Crise d’anxiété aiguë
Dès Le Pacte, l’album s’ouvre dans la panique. Le rythme s’emballe, la voix tremble, les mots claquent. « Tu l’as voulu, tu l’as eu » résonne comme un avertissement à tous ceux qui envient la célébrité sans en mesurer le prix. Le débit d’Orelsan est si rapide qu’on en suffoque presque. La prod minimaliste, portée par un chromatisme au timbre d’un violon synthétique ajoute une tension palpable qui accentue l’angoisse.
Cette atmosphère anxieuse revient dans Internet. Ce titre est court et pourtant les mots semblent défiler comme un fil d’actu sans fin. On scrolle, on sature, on se perd. Mais cette angoisse revient aussi dans La petite voix. Une voix grave et dérangeante vient murmurer les pires pensées. Ceux qui ont vu Yoroï reconnaîtront tout de suite cette entité laide et oppressante qui matérialise le doute. Cette petite voix que nous avons chacun en nous et qui peut tout saboter si on l’écoute trop.
SAMA reprend également cette idée mais avec des paroles incisives. Orelsan ou plutôt OrelSama (son alter ego) nous fait une critique aiguisée des dérives d’un système qui nous engloutit.
Du sourire aux larmes
Avec Plus rien, en duo avec Lilas, Orelsan adoucit le ton. Sa mélancolie se fond dans une production lumineuse, et la voix de Lilas apporte une atmosphère légère et entraînante. Le contraste entre la tristesse du texte et la douceur du son crée une émotion unique. On a envie de pleurer et de sourire en même temps.
Même sensation avec Encore une fois, en feat avec Yamê. C’est le titre catchy de l’album avec ce refrain entêtant chanté par Yamê et cette énergie pop. Il revient sur ses anciens démons et sur la difficulté à ne pas replonger. Le titre Tellement d’amis est un coup de cœur. On y retrouve le yokaï gluant du film, une production instrumentale et Orelsan avec un refrain chanté touchant et entêtant. Le morceau explore un sentiment universel : seul avec du monde autour.
Les doutes et la paternité
Avec Ailleurs, Dans quelques mois et Deux et demi, on se retrouve dans la partie la plus intime du disque. Orelsan se confie sur son nouveau rôle de père. Entre peur, tendresse et remise en question, il cherche sa place. Ces titres sont d’une sincérité bouleversante. Il nous confie la peur de mal faire, mais aussi l’envie d’être à la hauteur. Les productions reflètent la tendresse des mots. L’amour qu’il porte à son futur enfant et sa femme se déploie dans les textes et dans la musique, telle une berceuse qu’il se fredonne à lui-même.
Entre amour et humour
Boss remet un peu de légèreté dans l’album. Sur un ton ironique, Orelsan parle de la vie de couple et des rapports de force modernes. Matriarchy is coming, guys !! Le tout sur une production efficace, un texte incisif et une bonne touche d’autodérision.
On fait un tour en Corée avec Oulalalala, en feat avec Fifty Fifty. La production catchy et pop fait sourire dès la première écoute et le morceau nous transporte dans un univers festif. On sent cette fois-ci l’influence de la K-Pop dans les sonorités et l’esthétique, créant un contraste marqué avec les titres plus introspectifs de l’album.
Voyage au Soleil-Levant
Après la K-Pop, on retourne au Japon avec Osaka. Ce titre arrive comme une respiration dans l’album. Avec une production plus minimaliste, le morceau offre une pause, un clin d’œil au pays du Soleil-Levant. Il contraste avec l’énergie des deux titres précédents et apporte une couleur différente à l’ensemble.
Le titre Soleil Levant, en feat avec SDM, déploie une énergie débordante. La production, riche, évolue au fil du morceau, donnant l’impression d’écouter trois titres en un. L’intro est portée par Orelsan, avant un véritable beat switch qui accueille le couplet percutant de SDM. Le morceau se conclut ensuite sur Orelsan, accompagné d’un solo de guitare électrique mémorable. Chaque ambiance se superpose à la perfection et crée un morceau cohérent et abouti.
Affronter ses démons
Dans Les Monstres, Orelsan affronte ses démons. Les voix intérieures, les doutes qui empêchent d’avancer. Ces yokaï symboliques qu’il faut apprendre à faire taire pour aller de l’avant. Le refrain est lumineux, presque libérateur. Les paroles explorent les différents démons, mais le contraste avec la mélodie rend le tout étonnamment lumineux.
Épiphanie, c’est une sorte de Notes pour trop tard. Orelsan nous parle comme un grand frère, un père, un homme qui a conscientisé ses failles et accepté qu’elles font partie de lui. Sa voix intérieure lui rappelle qu’au-delà de toutes les voix négatives qui parasitent son esprit, il aura dorénavant son fils pour lui rappeler que ses voix ne sont que des craintes. Et grâce à cette nouvelle vie à trois, il est désormais prêt à les affronter et à laisser tous les doutes de côté.
Yoroï est le feat auquel on ne s’attendait pas. La production avec Thomas Bangalter donne un son rythmique, électrique, tout droit sorti d’un animé. Parfait pour clôturer cet album qui ne cesse de jongler entre introspection et énergie. Une phrase reste en tête et clôture l’album à merveille : « Deviens meilleur. »
Ombre et lumière
Avec La Fuite en avant, Orelsan signe un projet riche, personnel et qui fait du bien. Il explore de nouvelles textures sonores avec des featurings inattendus. L’album fait écho à son film Yoroï et aborde des thèmes universels avec sincérité. Il devient père, éprouve des doutes, se cherche, mais garde toujours ce regard sincère et incisif sur le monde. Il nous touche aussi parce qu’il transforme ses failles en chansons, et nous aide à soigner les nôtres. Un véritable antidépresseur pour les dépressifs incompris. Foncez l’écouter !