November Ultra : « Je pense qu’il y a de la magie dans tout »

Il y a des gens qu’on aime en instant, en une chanson. Il y a de celà un an, on découvrait November Ultra et son titre Sof & Tender. Depuis, on a l’impression qu’elle ne nous a jamais quitté. On a donc eu un grand plaisir à la retrouver lors de son passage au MaMa Festival, pour parler de son année écoulée et de tout un tas d’autres choses, notamment de bancs avec des plaques à son nom.

La Face B : Salut Nova comment vas-tu ? Comment tu te sens à l’idée de jouer au MaMa Festival ?

November Ultra : Je suis méga méga stressée en vrai. J’ai pas très très bien dormi. J’ai beaucoup tourné dans mon lit, j’ai beaucoup pensé à ce soir. J’ai quand même cette énorme chance de chanter à La Cigale. C’est un peu un truc, par rapport à là où j’en suis dans ma petite carrière, c’est pas un passage tout de suite La Cigale. Donc je suis un peu flipée et en même temps très excitée. C’est vraiment les deux ambiances. Et puis c’est ma première fois en plus au MaMa. C’est rigolo de voir l’espèce d’ébullition qu’il y a sur tout ce quartier là, avec tous les pros, tous ces gens qui veulent venir voir des concerts et tout. C’est quand même assez chouette.

LFB : J’ai l’impression que tu as gravi plusieurs montagnes en un an. Je me demandais quel recul tu avais sur cette année qui a été très lente pour certains et très rapide pour d’autres finalement.

November Ultra : Je pense que j’ai les deux ressentis. J’ai l’impression que c’est passé en un mois. Soft & Tender, j’ai l’impression de l’avoir sortie hier. Et en même temps, j’ai l’impression de l’avoir sortie il y a dix ans aussi. C’est-à-dire qu’il y a tellement de choses qui se sont passées, qui se sont calquées dessus… C’est comme une photo en surimpression. Tu sors un morceau et puis d’un coup, se greffe à ça tous les sentiments des gens, les articles qui paraissent, les concerts, la réaction…genre quand on me chante Soft & Tender en concert … il y a tout ça d’un coup qui se greffe beaucoup et c’est vrai qu’il n’y a pas très longtemps, j’ai pris ce temps là et je me suis dit que ça faisait moins d’un an.

Ça va faire un an. Et en fait, c’est fou tout ce qui est arrivé depuis. Et en même temps, je n’ai pas non plus l’impression que ça soit allé trop vite, j’ai l’impression que ça a été assez organique et avec des choses où à chaque fois j’ai réussi à y trouver beaucoup de joie dans toutes les étapes. Et du coup, dans ma tête, je me dis juste que j’ai hâte de voir ce que me réserve l’année qui va arriver. Parce qu’on arrive en novembre, mon mois préféré. 

LFB : La chance que tu as eu aussi, je trouve, c’est que tu as aussi pu te faire connaître à travers le live. Tu as quelques concerts, des premières parties … et tu as pu présenter ta musique aux gens, autrement qu’à travers un écran ou une enceinte.

November Ultra : Exactement, mais assez tard finalement. Parce que je suis une personne de live, j’adore le live. C’est une de mes parties préférée dans la musique en vrai. Et j’ai été un peu empêchée de ça, mais comme tout le monde. J’ai sorti mon premier morceau, bam, deuxième confinement et tout. Donc la question ne se posait même pas des concerts à ce moment-là.
Et ça a repris assez tard parce qu’entre temps j’ai eu le temps de sortir Miel et j’ai eu le temps de sortir un maxi avant de faire mes premiers concerts qui étaient fin juin, début juillet. Et je pense que ça a été assez décisif parce que j’avais très très hâte de retrouver les concerts et tu as toujours peu aussi parce que moi c’était la première fois que j’étais seule sur scène, vu qu’avant, j’étais dans un groupe.

Donc il y avait quelque chose qui se jouait aussi à ce moment-là parce que je me demandais si ça allait aller, si les gens n’allaient pas trop s’ennuyer parce que mine de rien, c’est 40 minutes avec moi. Et je suis seule sur scène. Et pareil, c’est vrai quand tu dis que j’ai eu cette grosse chance là d’avoir que des beaux spots aussi, avec un public incroyablement bienveillant. Quand tu fais la première partie de Pomme, tu sais qu’à priori les gens qui viennent la voir, ce sont des petits chats. Catastrophe pareil, c’était un concert incroyable. Et puis les shows, où j’ai été finalement là moi même aussi, ce sont quand même méga méga bien passé. Soit les gens ne me connaissaient pas et à la fin c’était chouette, soit ils me connaissaient un peu et du coup je me retrouvais un peu surprise parce qu’ils chantaient Soft & Tender et ça me donnait juste envie de chialer tu vois. Tout a été assez fou dans la reprise du live.

LFB : De toute façon, on pleure à chaque fois qu’on vient te voir en concert.

November Ultra : Tu pleures mais avec un petit sourire je crois.

LFB : Exactement. Si je te dis que pour moi, tu fais de la « soul music et plus exactement de la musique qui vient de ton âme, est-ce que c’est une définition qui est correcte pour toi ?

November Ultra : Ouais, c’est très correct. C’est marrant, tu sais j’ai un gros gros amour pour Bonnie Banane et je le crie haut et fort. J’ai vraiment aimé Sexy Planet quand il est sorti, ça fait un an que je l’aime mais très fort. Elle a été adorable, elle m’a envoyé un DM ou elle m’a dit « tu as ton âme qui est dans tes cordes vocales ».

Et j’avais trouvé ça incroyablement beau, ça m’avait trop touché. Et c’est vrai que je pense que je pourrais chanter un peu tout ce que j’aurais envie de chanter, on s’en fout des genres musicaux, mais en fait à chaque fois, c’est sur que ce serait ce fil conducteur, c’est qu’à chaque fois que je chante, que ça soit dans mon salon ou dans ma douche ou sur scène, je sais qu’il y a un endroit presque méditatif où je vais et je pense que du coup c’est peut ça que les gens ressentent. Je ne sais pas trop.

LFB : Du coup, l’autre versant pour moi, c’est qu’on voit souvent la mélancolie comme quelque chose de très négatif. Ce qui n’est pas forcément vrai. Et du coup je me demandais si pour toi ta musique c’était aussi de la mélancolie douce ?

November Ultra : C’est très mélancolique. Moi, Soft & Tender, dans les interviews que j’ai faites au début, je disais qu’elle m’avait presque dépassée cette chanson parce que c’était la première fois que j’écrivais une chanson un peu heureuse et en même temps, elle m’a dépassée un peu comme toutes les chansons que les gens créent ou tous les trucs qu’on peut écrire en tant qu’auteur ou autrice, écrire des romans et tes personnages te dépassent et tout.

Moi, Soft & Tender, m’a dépassé parce qu’un jour, je l’ai chanté, j’avais quelqu’un qui était à l’hôpital, et d’un coup je me retrouve totalement avec un nouveau sens et quelqu’un vient me voir à la fin du concert et m’a dit que je leur avais dit avant de la faire que ça allait être une chanson incroyablement heureuse et en fait la personne a juste pleuré pendant 4 minutes.

Et je pense que ouais, moi j’ai toujours fait de la musique assez triste, je pense que je suis quelqu’un de base assez mélancolique. Mais comme plein d’artistes, je pense qu’on est énormément à réussir aussi gérer ces sentiments là de tristesse ou de mélancolie ou de nostalgie à travers notre musique et du coup d’en faire quelque chose de doux, de beaux et de lumineux. Et ce n’est pas parce que c’est des sentiments qui peuvent être un peu difficiles ou tristes et du coup te mettre dans un état que ça ne peut pas soigner aussi. C’est comme appuyer sur un noeud que tu as dans le dos quoi. Je pense que c’est libérateur d’écrire des chansons là dessus.

LFB : Justement, puisqu’on sent que tes chansons viennent de toi, mais en même temps pour moi tes chansons ressemblent aussi à la bande son d’un rêve. Et du coup je me demandais comment tu malaxais le réel pour le transformer en onirisme ?

November Ultra : Je crois c’est presque le contraire. Moi, j’ai un gros truc avec l’imaginaire. Il y a une espèce de dimension parallèle dans laquelle j’aime énormément vivre, c’est-à-dire que je fantasme beaucoup de plein plein plein de choses, j’ai des crushs, du coup je projette sur plein de gens. Un petit évènement que j’ai vécu, le soir je vais y réfléchir et ça va devenir totalement autre chose. Et puis pour peu que je l’écrive sur un cahier, ça va devenir encore autre chose.

Et donc du coup écrire des chansons, presque ça me permet de mettre une petite ficelle de cerfs-volants qui se rejoignent au milieu dans une petite boule de cristal. Et du coup c’est un peu à la croisée de ces deux mondes là. Mais clairement, moi je suis un peu… Parfois je me dis que ça serait triste de vivre… Prendre pour argent comptant ce que tu as fait de ta journée, juste dire qu’il n’y avait pas de magie là.

Je pense qu’il y a de la magie dans tout. Il y a de la magie dans chaque conservation, dans un beau rayon de soleil qui tape d’une certaine façon dans tes yeux, tu te dis « wouah c’est fou ». Il y a un peu des trucs comme ça et je trouve qu’il y a soit des gens qui accueillent ça, soit des gens qui ne veulent pas trop voir ça. Moi j’avoue que je suis plutôt Team pour presque trop voir ça. Et du coup parfois, être dans la vraie vie, je trouve ça déprimant.

LFB : Il n’y a pas quelque chose dangereux à trop vivre dans sa tête ?

November Ultra : Ouais mais je pense aussi qu’il y a quelque chose de protecteur aussi. C’est une notion de contrôle aussi. Il faut pas se mentir. On se dit que si on créé notre propre monde, il n’y a personne qui ne peut nous faire souffrir. Tout ce qu’on vit est beau et c’est romanesque. Et en même temps, je pense que tant qu’on est attaché à des gens dans la vraie vie, tant qu’on est attaché au vrai monde, à faire des vraies choses… Tant qu’il y a quelqu’un pour tenir le cerf-volant, je pense que tant qu’on ne s’envole pas, ça va quoi.

LFB : Tu en as un petit peu parlé tout à l’heure et tu nous en avais parlé dans la précédente interview. Tu nous avais dit que tu étais quelqu’un d’assez obsessionnel. Et je me demandais comment tu réagissais avec les gens qui sont obsessionnels avec ta musique ?

November Ultra : J’ai l’impression que ces gens-là vivent ça du coup un peu de leur côté. Je n’ai pas eu l’impression qu’il y ait des gens très obsessionnels sur ma musique. Je pense que je le vivrais très bien. Après, moi ce qui ressort beaucoup, c’est plus des gens, des messages qui disent « quand je t’écoute, j’arrive à m’endormir » et tout ça.

Et du coup, c’est des gens qui vont effectivement écouter en boucle parce que le soir ça va les faire s’endormir. Moi je le vis d’une façon où je me dis que mon existence dans cette Terre a peut être servi à plus que de me faire des kiffe à moi-même. Je ne sais pas. En fait je trouve que ça remet toujours au bon endroit le pourquoi on fait de la musique. J’ai parlé comme Terrenoire. (rires)
C’est vraiment leur façon de parler, de dire que ça remet au bon endroit. Mais c’est mes amis, qu’est-ce que tu veux ?Je trouve que souvent… Hier j’ai vraiment reçu un commentaire sur une vidéo Youtube de quelqu’un qui souffrait de dépression et de beaucoup d’angoisses, qui n’arrivait pas à dormir et qui était tombé sur ma musique et qu’il avait dormi comme un bébé pour la première fois depuis très très longtemps.

Et je me souviens, parce que tu as quand même la pression, tu es un peu embringué dans ce truc d’industrie musicale et je trouve que ça fait incroyablement du bien de recevoir ce genre de messages. Ça me fait de la peine pour la personne mais je me dis Silver Lightning a trouvé un peu de paix grâce à ça et je me dis que ça remet à nouveau… L’essentiel c’est un peu ça, c’est les concerts, c’est de voir que tu arrives à te connecter avec les gens, comme dirait Kae Tempest dans son incroyable livre Connexion, c’est la beauté de la création et de ce qu’on fait.

LFB : J’ai une question sur les réseaux sociaux, parce que tu es très présente sur les réseaux sociaux.

November Ultra : (rires) Un peu moins en ce moment, je tourne à 3 storys par jour. Je trouve que c’est très peu par rapport à mon habitude.

LFB : Je me demandais comment tu utilisais cette connexion avec les gens et quelles barrières tu pouvais y mettre.

November Ultra : J’ai été blogueuse musicale pendant 7 ans donc j’ai eu un blog. Déjà à l’époque il y avait cette connexion avec les gens, il y avait cette idée de jusqu’à quel point je suis ok aussi pour partager des trucs intimes, de ma vie et tout. Donc si tu veux, Instagram, Twitter, TikTok, c’est un peu la suite logique de ça. C’est-à-dire que moi les barrières, je me les suis déjà mises. Il y a des gens de ma vie qui ne veulent pas être sur les réseaux sociaux, qui ne veulent pas être filmés, qui ne veulent pas être montrés, je ne les montrerais pas.

Il y a un peu cette équilibre là qui pour moi a déjà été trouvé bien avant que je sorte ma musique. Ça remonte à du 2006 donc en fait là maintenant, c’est plus que du fun et il n’y a pas de trucs off limit dans le sens où ce sont déjà des trucs que je ne partagerais pas. Et du coup, la relation que j’ai avec les gens, c’est aussi forcément le partage de morceaux que j’aime, de morceaux que je chante, de livres que j’ai lu, et de recevoir aussi l’histoire des gens qui m’écoutent. Et j’adore. A nouveau, tant que je m’amuse sur les réseaux sociaux, je continue. 

Il y a des jours où je suis plus fatiguée. Par exemple, là j’ai beaucoup beaucoup de travail et je suis vraiment très angoissée. Il y a beaucoup de pression et tout. Et par exemple, ça veut dire que je vais poster moins parce que je n’ai pas envie de poster pour poster, parce que ce n’est pas ma ligne éditoriale (rires).

Non je ne veux pas parler de ligne éditoriale mais c’est vrai que tout doit être du kiffe, sinon ça n’a aucun intérêt je trouve. Donc du coup j’ai l’impression que les gens le ressentent et qu’on vit tous dans cette petite bulle de kiffe sur les réseaux sociaux et tant mieux.

LFB : J’ai une autre question : tes morceaux sont en anglais mais tu as beaucoup écris en français pour les autres.

November Ultra : Plus des mélodies ouais. Moi le français vraiment, genre écrire, écrire, bof.

LFB : Tu envisages de mettre plus de français dans ta musique quand même ?

November Ultra : La question se pose dans le sens où j’aime pas chanter en français particulièrement. Je ne trouve pas ça très agréable. J’ai pas trouvé ça très agréable pendant très très longtemps. Ça commence un peu à bifurquer. Là j’ai chanté La chanson de Delphine, avec Guillaume Ferran qui m’avait invité sur son émission sur Twich et qui est un pianiste incroyable. J’étais là « oh ». Il joue le piano… Enfin moi tu me vois sur la vidéo, je suis juste en extase de ce qu’il est entrain de jouer quoi. C’est marrant parce que j’ai montré cette vidéo à Raphael (de Terrenoire ndlr) qui m’a dit «tu chantes quand même très très bien en français».

Lui, il milite beaucoup pour que je chante en français un jour et je pense que je le ferai quand ça me semblera naturel et normal. Je ne veux pas forcer le trait. Après j’avoue que je ne me mets pas de barrières de chanter en anglais toute ma life. C’est jamais trop prédéfini quoi. Il y a des morceaux où il va y avoir de l’espagnol, d’autres où c’est de l’anglais. Le français, je ne sais pas, ce n’est pas encore arriver, à part pour faire la blague à la fin de Soft & Tender.

LFB : Ce qu’il y a de drôle, c’est que finalement, quand tu as ressorti Soft & Tender avec une partie en français, tu la fait chanter par quelqu’un d’autre.

November Ultra : Ouais mais parce que c’était un peu l’idée rigolote. Genre « ah t’imagines Soft & Tender en français ? ». J’ai dis que oui mais que je n’avais pas envie de chanter en français. Donc clairement, je ne vais pas me forcer juste pour avoir ce truc là. En plus de ça, je voulais que ça soit Poppy Fusée parce que c’est une de mes meilleures amies au monde. A un moment, moi les choses je les garde beaucoup en famille quand je fais de la musique. Tous les crédits de song writings, ce sont que des gens très très proches à moi. Donc que ce soit Poppy Fusée, ça faisait sens.

LFB : J’ai une question un peu particulière. Tu es une femme forte…

November Ultra : Grosse, ouais, ouais, utilisons le mot.

LFB : Dans l’industrie musicale, tu es une femme, tu es grosse. Est-ce que tu ne penses pas qu’il y a, encore aujourd’hui malheureusement, quelque chose de politique, à être là, à être toi comme ça en fait ?

November Ultra : Ouais bien sur. Si, je le pense très fort mais je pense qu’à partir du moment où tu ne rentres pas à nouveau dans les cases de ce qui devrait être normal, je pense qu’à partir de ce moment là, c’est politique. Donc ce n’est pas trop une question pour moi. Après, je pense que l’existence même, être sur scène, c’est politique. Ça l’est, et je pense que c’est important. Je le vois surtout quand je reçois des DM surtout.

On en parlé toi et moi, je pense que c’est à ces endroits là de normalité aussi d’être aussi là. Et moi, ce n’est pas que j’en fait tout un plat, mais ça reste quelque chose de fort. Et je vois bien qu’à des moments, ça a pu être très discriminant d’être grosse mais en même temps, il y a aussi presque ce truc de normalité, d’arriver et que personne ne questionne que ce soit normal ou pas. À nouveau, et je sais la chance que j’ai, qu’il y ait eu Adele avant moi qui à l’époque où elle était grosse.

Du coup, les gens se sont moins questionnés quand je suis arrivée dans l’industrie musicale. Parce que j’ai la voix que j’ai aussi. Il y avait quand ce truc là où si on regarde une Yseult, qui elle en plus est une femme, elle est grosse et elle est noire. Et donc quand t’es noire, on part du principe que si tu as une voix de ouf c’est normal. Alors que chez une personne blanche, on va dire « wouah c’est fou la voix qu’elle a ». C’est une réalité. Franchement, on ne peut pas se mentir là dessus. Je trouve qu’il y a des trucs du coup où tu sais que tu es discriminée quelque part et que tu dois te battre, et tu dois encore être meilleure.

C’est-à-dire que tu dois avoir une proposition qui est vraiment très forte, très stable, tu dois tout de suite faire des concerts de ouf. Je trouve que t’as moins de marge d’erreur, de faiblesse, de vulnérabilité quand « tu cumules les discriminations ». Et je trouve qu’Yseult, c’est vraiment l’image de quelqu’un qui, à la force de ses bras et de sa volonté pure, va dire « à un moment, va falloir que vous respectiez ce que je fait parce que c’est vraiment très très bien ce que je propose ».
Je pense qu’elle a dû, en terme d’esthétisme, de clips, de tout ce qu’elle a fait, enfin… Il y a d’autres personnes, et je parle aussi d’hommes, qui proposent beaucoup moins de choses, beaucoup moins intéressantes et qui ont moins besoin de faire ce travail là aussi parce que ça demande beaucoup plus la force de ton énergie de tes bras et de ta créativité pour être un peu respecté quoi.

LFB : J’ai des questions plus légères pour finir.

November Ultra : Oh j’aime bien parlé d’être grosse hein (rires).

LFB : J’aimerais que tu me parles de deux des grandes passions de ton existence : le Yams et ton papi.

November Ultra : (rires) J’adore que ce soit dans la même phrase. Ouais les jeux de dés. Là franchement le Yams, j’ai appris à jouer au 10 000. J’ai adoré. C’est ma nouvelle passion aussi. Et j’aimerais bien jouer au Yams avec mon papi un jour. Je pense que ce serait du coup le meilleur combo de la Terre. C’est pas un grand joueur de jeux, c’est vraiment de ma grand-mère que je tiens le vice du game et des cartes. Ma grand-mère adore jouer aux cartes. De mon papi, je tiens vraiment le vice de la musique et des comédies musicales et de l’obsession pour le coup. Il est vraiment très obsessionnel mon grand-père. Mais c’est vraiment ma grand-mère qui a le vice. La brigade du vice a commencé à avec ma grand-mère. Elle adore le Uno. Très jeux de cartes, moi le jeu de dés c’est vraiment assez nouveau. Et donc ouais peut être qu’un jour je jouerais au Yams avec lui. Je ne sais si ça sera un très bon joueur. Je crois que c’est un mauvais joueur. Je crois qu’il serait un peu du genre à souffler s’il ne gagnait pas tout le temps.

LFB : Justement, puisqu’on parlait de ton papi, ça fait quoi d’avoir un banc ou deux bancs (désormais trois) à ton nom ?
November Ultra : Alors ça c’est mon papa. C’est mon père au Portugal. Il y a un banc avec deux plaques à mon nom, avec la vraie date de mon concert à l’Olympia et la fausse date de l’Olympia. Je précise que j’ai fait la première partie de Pomme à l’Olympia et pas du tout mon Olympia. Mais il y avait ce truc là où il a effectivement fait graver et je t’avoue, je fais la première partie de Clara Luciani mardi à l’Olympia, du coup j’ai très hâte. Je ne l’ai pas dit à mon père et j’ai très hâte de juste lui envoyer la photo de mon nom à nouveau à l’entrée et de lui dire « Prépare toi à faire une autre plaque ou un autre banc ».(rires)

C’est vraiment un petit village où il y a très très peu d’habitants et du coup ça me ferait très rire que ça ne soit que des bancs comme ça… Parce que ma pote, Barbara Pravi m’a demandé m’a dit qu’elle aussi, elle aimerait trop avoir un banc avec sa plaque dessus. Et je trouverais ça merveilleux qu’il y ait un petit village comme ça où il ne se passe jamais rien, et où il n’y a pas de tourisme, où il n’y a que des bancs avec des noms d’artistes, et toujours la mauvaise date de concert. Je pense que c’est un concept et que peut être ce village qui s’appelle la tanière du loup (traduit) deviendrait incroyablement famous au Portugal juste pour ça. Et on pourrait remercier mon père du coup et peut être qu’il deviendrait maire de ce village et Président de la République (rires). 

LFB : Ma dernière question, plus classique : qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour l’avenir ?

November Ultra : Je dis toujours un peu la même chose. Le bonheur, la santé, surtout ça. De trouver de la joie là dedans et beaucoup de musique. Et de me souvenir que la musique, c’est que de la musique et que le principal, c’est juste mon kiffe de chanter quoi. Mais vraiment de la joie, beaucoup de joie, du bonheur et vraiment la bonne santé, s’il-vous-plaît, qu’on continue tous. Je vous le souhaite à vous aussi très fort.

Crédit photos : Inès Ziouane

Retrouvez notre précédente interview avec November Ultra ici