Ce nom d’album vous intriguera peut-être, ce qu’il renferme vous touchera sûrement. Le nouvel album de Of Monsters And Men, le quatrième de leur discographie, s’appelle All is Love and Pain in the Mouse Parade. L’amour et la peine sont indéniablement liés. L’un va rarement sans l’autre. Enregistré dans leur studio en Islande dans un cadre chaleureux, amical et grandement créatif, ce dernier album se veut intimiste et calme. Mais il renferme beaucoup de jolies surprises, partons de suite au cœur de cette parade…

L’histoire d’une ascension fulgurante
Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez moi de faire rapidement les présentations d’un quintet pas vraiment comme les autres. Tout commence dans une petite ville d’Islande, Garðabær (je ne me tenterai pas à le prononcer) et de la chanteuse, Nanna Bryndís, qui exerce en 2009 en solo mais décide pour la suite de sa carrière de s’entourer de musiciens. Un quatuor se forme alors en 2010 avec Raggi, Brynjar et Arnar. Ils se font rapidement repérer, tout d’abord en participant à un tremplin local, puis par une radio après leur participation à un festival. Entre-temps, deux autres musiciens les rejoignent : Kristján et Árni (qui quittera le groupe en 2012). Of Monsters And Men est né.
L’aventure peut commencer ! Avec un premier album, My Head Is An Animal, qui sort en 2011 en Islande. Vous connaissez sûrement le titre le plus populaire de cet album, Little Talks, qui propulse le groupe dans les charts. Leur popularité grandit et ils signent chez Universal Music pour qui l’objectif est très clair, amener Of Monsters And Men des deux côtés de l’Atlantique ! L’album sort en 2012 sur le reste de la planète.
Et puis tournées, musiques de films et de séries, festivals, reprises et nouveaux albums… Tout s’enchaîne pour nos amis islandais qui ne s’arrêteront plus. Ce qui les démarque : une pop-folk indie féerique, organique et un dévouement total à leur art. Ils transmettent des émotions, font vivre leurs chansons et leur alchimie transparaît clairement lorsqu’on les observe sur scène. Attachés aux instruments, Of Monsters And Men s’entourent souvent de musiciens supplémentaires en live, enveloppant leur audience dans leur univers.
Leur quatrième album, All is Love and Pain in the Mouse Parade, vient de paraître. Et on va le voir, Of Monsters and Men ont évolué, pour notre plus grand plaisir !
Explorer et comprendre les relations humaines
Chaque album de Of Monsters And Men est une expérience. Tantôt tourné vers l’extérieur, vers les autres et le monde qui nous entoure. Tantôt tourné vers soi, en totale introspection, pour se plonger dans son jardin secret.
Ce nouvel album a cependant quelque chose de spécial. Il s’est écoulé six ans depuis la sortie de Fever Dream. Pendant cette période, chaque membre s’est consacré à des projets personnels. All is Love and Pain in the Mouse Parade représente donc la réunion de cinq artistes qui n’ont rien perdu de leur précieuse amitié, et qui décident de mettre toute leur âme et leur vécu dans une œuvre.
Le premier morceau s’intitule Television Love et est mené par la douce et chaleureuse voix de Ragnar, avant d’être rejoint par celle de Nanna. Leurs deux voix n’ont rien perdu de leurs harmonies, bien au contraire. Ce premier titre a aussi été un des premiers sur lequel le groupe a travaillé, ajoutant petit à petit des bribes de discussion entre les deux protagonistes du titre. Il donne le ton sur lequel sera tout l’album, l’exploration des relations. Pendant le refrain, on plonge littéralement dans une bulle sonore qui prend soudain tout l’espace : “A sea of love, hide my face”. Television Love se termine en explosion sonore, nous préparant pour la suite…
Dream Team vient en second, et est en réalité une suite à la conversation de Television Love. Allant encore plus profondément dans l’intimité de ces deux personnes. Une dualité assez perturbante nous est proposée ici, avec une musique légère, un rythme plutôt soutenu qui en font musicalement un titre plutôt joyeux. Et d’un autre côté les paroles, qui semblent dépeindre la fin d’une relation, en tout cas sa remise en question. Un titre magnifique que vous chanterez en chœur avec Nanna et Ragnar.
i don’t want to cry my eyes out
i was hoping for a minute not to care
i don’t want to see the sundown
Nous allons sauter quelques titres pour passer à la cinquième de l’album, Barefoot in Snow. Elle nous plonge à nouveau dans ce fil de discussion qui se déroule. Difficile de croire que cette chanson a failli être écartée, tant elle marque par sa douceur et son air de piano entêtant. C’est une réelle lettre d’amour, pourtant assez triste en réalité et qui vient clôturer ce triptyque musical entre ces deux personnages.
Se libérer et découvrir le monde
Le titre Tuna in a can nous emporte dans une danse vivifiante et libératrice. Cette chanson est là pour nous bousculer, nous pousser à sortir de notre cocon et notre zone de confort. Au cœur d’une tempête de percussions et des effets sonores d’un piano Wurlitzer, Of Monsters And Men vous encourage à vivre pleinement et à être vous-même, tout simplement.
Le titre Fruit Bat est très certainement le plus long jamais composé par le groupe. Épaulés par Josh Kaufman (musiciens et producteur pour des artistes comme Taylor Swift ou The National), Fruit Bat est un titre de plus de huit minutes qui nous emmène tout droit dans un autre monde. Leur version live réalisée dans leur studio est tout simplement merveilleuse !
La chanson parle des relations amicales, et comment elles évoluent au fur et à mesure du temps qui passe. Accepter les changements au cours de sa vie, arrêter d’aller à contre-courant et plutôt se laisser porter par les évènements. Certaines personnes nous suivront toute notre vie, d’autre seulement une partie avant que leurs chemins se séparent. C’est aussi ça, la beauté de la vie et de l’humanité. L’intensité du morceau ira crescendo, pour terminer par trois dernières minutes d’une composition orchestrale à couper le souffle tant l’émotion est ressentie à travers les instruments.
Fruit Bat est très proche dans son sens avec la seconde chanson de l’album, The Actor. Dire adieu à son enfance, parfois à ses vieux amis et se mettre dans la peau d’un adulte avec des responsabilités. Cela peut sembler brusque, violent même, parfois, c’est quelque chose à laquelle on est jamais vraiment préparés. Is it enough that I’m playing the part / is it enough that it’s breaking my heart. Comme pour appuyer ces sentiments contradictoires, les percussions, guitares et synthés entrent dans un bouquet final libérateur.
Sur Kamikaze, Nanna se bat avec son propre esprit. Comme deux voix à l’unisson, le piano suit Nanna sur le refrain, comme pour ne pas la laisser seule, comme pour l’accompagner dans son chaos intérieur. Les rythmes surprennent par leur évolution constante et leur imprévisibilité.
Il est temps à présent de s’ouvrir au monde, après tant de remise en question personnelle, non ? Ordinary Creature est la bulle d’air et de joie dont nous avions besoin dans cet album plutôt mélancolique. Tempo plus soutenu et cordes en staccato, le morceau donne un élan d’énergie positive sur cette seconde moitié d’album.
Regarder le passé, se tourner vers le futur et les autres
All is Love and Pain in the Mouse Parade est construit de manière très réfléchie. Comme une leçon qui s’apprend lentement, les différentes chansons s’enchaînent pour mieux nous faire réfléchir sur notre passé, notre entourage et comment nous percevons notre avenir.
The towering skyscraper at the end of the end of the road (mais où vont-ils chercher ces idées de titres ?!) nous plonge dans un monde encore différent du reste de l’album. Ce morceau est une métaphore à lui tout seul. Le gratte-ciel (skyscraper) représentant l’enfance, le passé et tout ce qu’on laisse derrière soi en grandissant. On l’aperçoit, en regardant derrière soi, au bout de la route, ce géant rempli de souvenirs. Si imposant et pourtant si loin. Le titre a quelque chose de réconfortant, de chaleureux. La voix est douce, chuchotée et les guitares acoustiques jouées à l’unisson créent une bulle sonore apaisante.
Styrofoam Cathedral nous offre l’occasion de prendre du recul, de se retrouver avec soi-même. C’est probablement la chanson qui est le plus tournée vers soi et la plus introspective de l’album. La phrase “Hoping you’ll understand, I am honestly flawed”, répétée plusieurs fois, fait office de catharsis.
Le titre explore aussi les déconnexions existantes entre des personnes partageant pourtant les mêmes habitudes, le même quotidien. On va au même magasin, par le même chemin, on achète les mêmes choses. On partage les mêmes douleurs et les mêmes espoirs, et on est pourtant si distants.
The Block et Mouse Parade fonctionnent ensemble, s’imbriquent et se fondent de manière continue. Deux titres doux, lents et délicats, accompagnés de chœurs de voix vaporeuses. On disparaît du monde humain pour observer le monde du dessous, caché, indésirable, parfois effrayant. L’image de la souris est assez parlante. Les musiciens se mettent à la place de souris entrant dans une maison vide durant l’hiver pour s’y réfugier. Elles chantent d’une même voix : “Stay, we wait. All is love and pain. Mouse parade”. Et si, tout comme les humains, elles créaient des liens, de génération en génération ? Of Monsters And Men y capturent un moment de vie dans l’enregistrement de cette chanson.

Ressentir, évoluer, grandir
Il y a-t-il un titre plus parlant que The End pour terminer un album ? L’enregistrement est brut, à l’image d’un live, capturé avec ses variations et ses imperfections, ce qui le rend d’autant plus beau et touchant. Une lueur d’espoir traverse les notes “It’s alright in the end”.
Ce quatrième album studio de Of Monsters And Men, produit par les membres du groupe, vous offrira la chaleur et le réconfort dont vous avez besoin en plein mois d’octobre. Plus pop que les albums précédents, All is Love and Pain in the Mouse Parade est imprévisible et chaque morceau est unique. Après plusieurs années éloignés, les musiciens se retrouvent enfin. Ils ont évolué, ils ont appris et ont exploré d’autres horizons. All is Love and Pain in the Mouse Parade fait partie de ces albums qui nous rappellent que rien ne pourra remplacer l’humain pour nous faire ressentir. A écouter sans modération, dans le confort de votre foyer. Que vous soyez seul, en famille ou entre amis, vous trouverez le rythme de la mouse parade…
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Crédit photo : Eva Schram