Rencontre avec OJOS autour de Discipline :’)

À peine revenu du Canada, OJOS se produisait à La Boule Noire fin juin pour présenter leur nouvel EP, Discipline :’). On s’est posé juste avant le concert avec Élodie et Hadrien pour parler de la création de ce nouvel EP, de discipline, de place dans le monde et de fan club.

La Face B : Comment ça va Ojos ?

Ojos (rires)

Hadrien : Ca va hein !

Elodie : Bah écoute, un peu stressés, on est bien fatigués parce qu’on vient de rentrer du Canada quand même…

Hadrien : Bizarrement pas trop stressés en vrai !

Elodie : Moi je suis stressée puisque là jusque là tout s’est un peu trop bien passé : les balances se sont bien passées, il n’y a pas eu de vieilles galères… Notre dernier concert était hyper bien du coup on est un peu dans un mood de tout est cool et moi j’aime bien quand les dernières répètes elles sont foirées…

Hadrien : T’es stressée de pas stresser quoi… C’est vrai que quand on fait un concert foiré, le suivant il est cool.

La Face B : Dis-toi que t’as passé ta résidence en PLS…

Hadrien : Je pense qu’on a pris un quota de shame en une résidence. On a des jokers pour la suite.

Elodie : Clairement !

La Face B : L’EP est sorti vendredi, il s’appelle Discipline :’) est-ce qu’y a pas un truc assez ironique d’appeler un EP Discipline quand on est sur un objet aussi « rebelle » ? J’ai plus l’impression que votre discipline à vous, c’est la radicalité…

Hadrien : Clairement !

Elodie : Ouais. En fait c’est une espèce d’ambivalence qu’on trouvait marrant d’appeler l’EP Discipline alors que nous-mêmes on sort un EP qui part un peu dans tous les sens…

Hadrien : Et justement presque un peu indisciplinés et c’était cette ambivalence qui est cool…

Elodie : D’ailleurs ce n’est pas un clin d’œil, c’est un petit bonhomme qui pleure avec le sourire.

Hadrien : Une espèce de triste joie quoi…

Elodie : En fait, ce nom Discipline, il ne venait pas tellement de l’esthétique de l’objet, il venait surtout des histoires qu’on raconte dedans. À la fois y avait des histoires qu’on racontait et puis à la fois y avait cet espèce de panel de plein de morceaux qui sont un peu tous différents les uns des autres. Après coup c’était un peu le bordel, mais on trouvait que le décalage était marrant.

Hadrien : Après c’est cool ce contraste, cette ambivalence-là, cet espèce d’oxymore il était important pour nous. On trouvait ça cool de marquer ça. Que les gens se posent la question, qu’il y ait un espèce de truc en mode questionnement pourquoi Discipline alors qu’on a l’impression qu’y a un truc justement presque un peu plus impoli, impertinent…

Elodie : Ce que je trouve marrant dans le mot discipline, c’est qu’il y a un truc un peu fédérateur dans la discipline. Il y a un truc que ça créée… (rires). Ca fédère bien ou mal mais en tout cas il se passe quelque chose avec la discipline.

La Face B : J’ai souvent l’impression que quand on écoute l’EP qu’il y a quand même l’idée de créer sa propre discipline, je trouve. Dans le sens où, l’EP est énormément centré sur l’amour de soi et la bienveillance en fait…

Elodie : Oui c’est vrai. Et c’est marrant parce qu’au final c’est un EP qui ne parle que de recherche de confort avec soi-même quoi et au final il a quand même un ton qui est assez énervé. Il y a beaucoup de colère dans cet EP mais c’est de la colère qui amène à une grande amour pour soi.

La Face B : C’est de la colère constructive en fait…

Hadrien : Je pense que c’est aussi des questions que tu t’es posée ou que des gens peuvent se poser, tu trouves des réponses par le biais de sentiments que ça soit la colère ou la haine, l’amour…

Elodie : C’est vrai que c’est un EP qui est peut-être un peu moins varié que le précédent en termes d’émotions. Il y a plus de colère envers les autres, colère envers soi-même mais l’idée c’était aussi de réussir à en faire quelque chose de positif parce qu’il y a aussi plein de choses qui parlent de colères passées sur lesquelles on a essayé de se reconstruire… Par exemple, Tes mains sales c’est un morceau qui raconte une histoire qui est arrivée il y a longtemps avec une forme de second degré et une approche qui est différente avec le recul.

La Face B : Ce qu’il y a de marrant c’est que justement Peligrosa qui ouvre l’EP j’ai l’impression que c’est un peu une transition d’un chapitre d’Ojos à un autre. C’est quasiment le seul morceau, avec vraiment beaucoup d’espagnol dans cet EP-là, qui est là pour faire le pont.

Elodie : C’est carrément ça et même temporellement, c’est exactement ce qui s’est passé. Peligrosa c’est presque le plus vieux morceaux qu’on ait écrit.

Hadrien : Ça faisait le lien effectivement entre deux phases.

Elodie : Ça l’espagnol, pour le coup, c’est un truc qu’on a pas envie de perdre non plus donc qui va revenir. Et c’est vrai dans l’esthétique, quand on réécoute l’EP dans sa globalité, on se rend compte qu’il y a quand même des phases. Et c’est normal, parce qu’on n’écoute pas les mêmes choses qu’il y a deux ans.

La Face B : Justement le fait d’abandonner un peu l’espagnol, est-ce qu’il vient aussi du fait qu’il y a quand même des choses beaucoup plus intimes que tu exprimes à travers le français ?

Elodie : Clairement. En fait, quand on a commencé Ojos il n’y avait que l’espagnol, c’était plus facile de se cacher derrière cette langue. Avec le français est arrivée l’envie de raconter des histoires de façon un peu plus spécifique. Et en fait, aujourd’hui, quand je rajoute de l’espagnol dans les morceaux, j’ai presque l’impression de perdre du temps et de perdre de la masse de paroles pour raconter des choses. Après dans l’esthétique, c’est encore quelque chose qui nous plaît, mais c’est vrai que le français est tellement important maintenant que c’est difficile de revenir à l’espagnol…

La Face B : Alors que ce n’était pas évident au départ pour vous… Question de maturité…

Elodie : De ouf ! Je pense que c’est le cas pour énormément de gens qui commencent à écrire en anglais puis qui d’un coup redécouvrent le français. Après, ce n’est pas le cas pour tout le monde non plus, mais moi j’ai vraiment eu une espèce de technique de malade sur la langue française…

Hadrien : De maturité mais aussi de temps de travail, d’expérience quoi…

Elodie : C’est vrai qu’on se rend compte aussi qu’il y a vraiment deux phases d’écoute de ce qu’on fait. La phase d’écoute musicale qui est, je pense la première et quand les gens en arrivent à écouter les textes.

La Face B : Ce que j’ai remarqué sur l’EP c’est qu’il y a six morceaux et y a une alternance entre le miroir sur soi et le miroir sur le monde qui t’entoure mais vraiment j’ai l’impression que ça a été construit comme ça… Genre le miroir qui tourne à chaque fois.

Elodie : C’est exactement construit comme ça !

Hadrien : Ouais c’est super cool que tu l’aies ressenti !

Elodie : Ouais Peligrosa c’est les autres, Presque un secret c’est sur moi, après Le plus fort c’est sur les autres, Moindre paradis c’est sur moi, Tes mains sales sur l’autre et après La mort et ses amis

Hadrien : Tout peut s’entremêler aussi dans la perception je pense. Chacun est libre d’interpréter le texte comme il le veut mais je pense que tu l’as plus intellectualisé de cette manière-là quoi.

Elodie : En tout cas ce qui était sûr c’est qu’il fallait une équité entre ce qu’on racontait sur les autres et ce qu’on racontait sur nous. Avec du recul, c’est marrant parce qu’il y a plusieurs personnes qui nous l’ont dit, c’est que cet EP aurait pu s’ouvrir sur La mort et ses amis, ce qui aurait eu du sens aussi. Mais c’est vrai qu’y avait ce truc aussi transition qu’on trouvait cool, commencer avec un titre qui était beaucoup plus vieux, qui était déjà sorti…

Hadrien : En fait je pense que cette idée qu’on nous a soulevé de commencer l’EP par La mort et ses amis c’est quand on a commencé à ouvrir le live par ce morceau-là… Et du coup ils y trouvaient une autre dimension…

Elodie : Ce qui est impactant dans le fait de commencer par La mort et ses amisc’est la première phrase, «  La moitié de ce que je raconte n’a pas de sens » et c’est vrai que ça aurait donné une toute autre couleur à l’EP, je pense.

Hadrien : Qui fait lien, qui fait sens, avec l’idée d’appeler l’EP Discipline tout en étant… Toujours cette question d’ambivalence et de questionnement…

La Face B : Un mot qui revient dans Tes mains sales finalement mais que t’appliques autant aux autres qu’à toi… Et puisqu’on parle des autres, quand vous aviez rencontré Clémence, elle vous avait posé une question que je trouve intéressant de vous reposer aujourd’hui : comment vous vous sentez dans ce monde ?

Hadrien : Je pense que ça a un peu bougé peut-être depuis, je ne me souviens plus de ce qu’on avait dit…

Elodie : Ce qui est sûr c’est que moi personnellement je me sens extrêmement bien entourée et j’ai l’impression d’avoir de la chance. C’est un peu ce que je disais la dernière fois à Hadrien je me rends compte que je reste une fille dans le milieu de la musique, ce qui n’est pas forcément évident, je me rends compte que j’ai de la chance de bosser avec des gens qui ont de l’estime pour ce que je pense et ce que je fais, c’est quand même hyper agréable. Après autre part dans le monde de manière plus large, j’ai l’impression que le fait de prendre beaucoup de recul sur les choses, nous aide à voir les choses un peu plus positivement…

Hadrien : Je pense qu’il y a un peu deux réponses dans cette question parce qu’il y a le monde au sens large et un peu le monde de la musique. C’est un peu comme ça que je le vois. Objectivement, je pense qu’on est plus à notre place dans le monde de la musique au sens artistique, on a peut-être mis un peu de temps à se chercher et là on propose quelque chose de plus radical et de plus affirmé et peut-être qu’on se pose moins de questions sur notre place mais dans le monde en général c’est plus une question perpétuelle…

Elodie : Un autre truc c’est je pense que contrairement au premier EP qu’on avait bossé avec plusieurs autres personnes, cet EP-là on l’a bossé tout seuls. Je pense que ça nous a aussi permis de s’affirmer beaucoup plus en tant que producteurs, auteurs… Je me sens plus ancrée qu’à l’époque pas forcément dans le milieu de la musique, mais dans ma façon de voir les choses…

La Face B : Je vais revenir sur un truc… Dans Plus fort il y a un moment où tu dis que t’écris « pas pour sauver ta peau » et ce qu’il y a d’intéressant c’est que dans Moindre paradis tu dis « Je fais semblant de parler des autres pour parler de moi ». J’ai l’impression que ces deux phrases elle se répercutent et se répondent dans le sens où même si t’écris pas pour sauver ta peau, j’ai l’impression que tout l’EP et la façon dont il est écrit c’est une façon de reconquérir ta peau et de vouloir vivre avec elle en fait…

Elodie : Ouais c’est vrai. Les deux morceaux parlent de thématiques qui sont hyper différentes mais le pont est hyper intéressant, je l’avais pas moi-même fait dans ma tête. Le « J’écris pas pour sauver ma peau » c’était un peu une blague. En gros Le plus fort c’est un morceau qui parle de cette injonction qu’on a à s’exprimer sur les réseaux sociaux en permanence, qui n’est pas un truc forcément me parle personnellement mais du coup y a plein de punchlines dans ce morceau qui me faisaient rire… Putain, c’est hyper dur comme question !

Hadrien : Je pense que comme les morceaux sont thématiquement très différents, les phrases ont pas les mêmes valeurs…

Elodie : C’est vrai qu’y a quand même un truc hyper contradictoire dans le fait de dire je fais semblant de parler d’eux pour parler de moi. Y a quand même un truc de recherche d’attention parce que c’est un peu le thème… Mais ça correspond aussi à une période de j’ai besoin qu’on parle de moi donc je vais parler de toi et finalement on revient à moi. C’est un truc que je déteste chez les gens mais ça correspond à un instant T quoi.

La Face B : Ce jeu de miroirs permanent ça permet aussi de faire des ponts entre les morceaux…

Elodie : Ouais carrément, c’est vrai qu’y a quand même des thématiques qui reviennent de façon un peu différente entre les morceaux.

Hadrien : Mais c’est drôle parce que cette idée de miroirs, je ne l’avais pas trop conscientisée mais bizarrement je pense qu’on l’a accouchée sur la cover du vinyle ou même sur les visuels. Tu sais, je pense au Discipline qui se retourne de manière miroir… C’est assez cool cette image-là, ça fonctionne grave bien.

La Face B : C’est l’inconscient qui s’exprime ! Je trouve que cette espèce de confusion entre ces deux choses et tout, ça créée aussi un mélange qui est hyper explosif et hyper intéressant dans les productions puisque les productions passent aussi dans le même morceau d’un truc hyper planant et hyper atmosphérique à des trucs choses beaucoup plus vénères….

Elodie : C’est surtout le cas sur Le moindre paradis… Mais c’était le but en fait. A un moment donné on s’est dits on va bosser cet EP de façon hyper différente de celle dont on avait fait le premier EP. En gros, le premier EP on l’a pensé comme un EP et le deuxième EP comme on a eu l’occasion de jouer quasiment tous les morceaux en live avant de le sortir, on voulait vraiment qu’il y ait cette énergie du live et du coup, tous les morceaux on les avait déjà écrit et on les a réarrangé en live et on les a sorti tels qu’ils ont été arrangés en live. Presque.

Hadrien : Ouais mais ce qui a beaucoup changé aussi c’est, ce que tu disais tout à l’heure, c’est que vu que toi t’as apporté une bonne partie, une bonne matière de la production, il y a eu très peu d’intervenants. Je pense que les choix qu’on a pu faire dans les prods, ils sont restés intacts, ils gardent les mêmes valeurs de comme tu dis, de nivellement, de contraste, de passage d’un état à l’autre… C’est beaucoup plus difficile quand on bosse avec d’autres gens qui interviennent et qui peuvent faire perdre une certaine essence.

Elodie : D’ailleurs, ça a été le cas. On a essayé de bosser avec d’autres gens et on s’est rendus compte qu’on perd l’essence de… Après, c’est toujours difficile aussi quand tu écris une chanson de A à Z ou à deux, on n’a pas énormément de recul sur la chose… Pour voir si ça reste cohérent, si ça reste lisible…

Hadrien : Ces questions, on ne se les est presque même pas posés. Enfin, on se les pose parce que je pense que ça fait longtemps qu’on fait de la musique du coup c’est un peu conscientisé, de se dire est-ce que ça reste un morceau écoutable ou pas… Mais en tout cas on ne s’est pas donnés de limites au sens large, quoi.

Elodie : Je pense aussi que chacun des morceaux indépendamment, à part peut-être Peligrosa, a été composé hyper vite. C’est-à-dire qu’on a écrit les chansons, on les a très vite faites en live. Et entre le moment où on a commencé à les mettre en live, il y a eu quelques réarrangements mais honnêtement les bases de morceaux elles ont pas bougé. Ce qui fait qu’on n’a pas eu le temps de se perdre dans 10 000 digressions.

Hadrien : Cette urgence elle était hyper importante pour nous. C’était un truc qu’on voulait pas perdre comme La mort et ses amis que t’as écrit genre deux semaines avant le pressage, mixage et mastering compris ! C’était vraiment une volonté quoi.

La Face B : Finalement ça vous permet aussi de limite garder une fraîcheur sur les morceaux qui nous surprennent aussi…

Elodie : Exactement, c’est clairement le but. Peligrosa c’est un peu particulier parce que c’était le premier morceau qu’on a écrit avec Ojos et maintenant qu’on est indépendants.

Hadrien : Mais comme tu l’as dit c’est un peu le mood donc on peut l’excuser de son ancienneté.

Elodie : C’est vrai qu’y a eu un truc aussi où nous-mêmes, on s’est lassés de morceaux alors que c’est des morceaux qu’on adore. On s’est dits chaque morceau, on le fait de A à Z direct et dès qu’on peut le sortir, on le sort !

Hadrien : D’ailleurs, ce soir on joue un morceau qu’on vient d’écrire, il sera sur l’album mais l’année prochaine, on voulait le tester un peu.

La Face B : C’est aussi le plaisir d’être indépendant, Ojos ça a pris du temps à être construit, mais en fait maintenant vous vous êtes lancés et vous êtes « les maîtres » de votre propre musique et vous pouvez le faire comme vous le sentez…

Hadrien : Ouais, ouais c’est clair.

Elodie : C’était hyper important pour nous cette liberté-là.

Hadrien : C’est, je pense, le premier truc, la chose la plus importante quoi : être libres de ce qu’on fait. C’est quand même le plus important.

La Face B : L’une des plus grandes réussites de l’EP je trouve c’est qu’il y a un point d’ancrage entre ce que la musique apporte au cerveau et ce qu’elle apporte au corps. En fait, en général, les textes vont plus vers le cerveau et la musique va vers le corps, alors que là, j’ai l’impression que les deux se mélangent. Soit la colère qui m’a plus frappé par la façon dont tu l’interprètes, je trouve qu’y a vraiment cette idée d’unité entre la prod et le texte…

Elodie : C’est cool et surtout que pour le coup… Encore une fois, c’est assez dépendant des morceaux mais, c’est j’ai l’impression, c’est la première fois, beaucoup plus que sur le premier EP où musique et paroles viennent quasiment en même temps.

Hadrien : Ca rejoint ce que je disais tout à l’heure par rapport au fait que dans les premiers textes que t’as écrit, tu allais direct commencer la prod. Y avait une espèce de mariage qui se faisait direct, de traitement, de couleur…

Elodie : C’est vrai que ça a été le cas en tout cas sur Moindre paradis, La mort et ses amis et Le plus fort les autres je sais plus…

Hadrien : C’est hyper cool que tu aies remarqué ça, cette valeur d’émotions entre le corps et l’esprit. Mais c’est peut-être parce que les trucs qu’on kiffe écouter c’est ça. On voit vraiment ça comme une unité. Qu’on arrive à ne pas différencier le corps de l’esprit, ni le texte d’une prod.

Elodie : Je crois qu’on essaie d’être au maximum « trash » enfin pas « trash » mais brutaux que ça soit dans la prod ou dans les paroles. Ce qui fait que les émotions tu peux te les prendre par le cerveau ou par le corps, quoiqu’il arrive, de la même manière.

La Face B : C’est ça en fait. Mais c’est pas forcément évident tout au long… C’est-à-dire que je pense que tu vois si tu sortais un truc en instrumental ou si tu prends le texte à part, ça peut apporter des émotions mais elles seront pas les mêmes que c’est pris ensemble…

Hadrien : Effectivement ! Et si tu prends le truc à l’inverse, je me suis souvent fait la réflexion récemment parce que je suis un vieux con mais… De ce truc-là en me disant mais finalement en détachant le texte de la musique en elle-même, tu perds grave un truc forcément parce qu’y a un élément en moins mais j’ai l’impression que certaines chansons ne sont pas conçues de cette manière-là en se disant que tout doit fonctionner ensemble en même temps. En fait c’est décevant. Je trouve qu’à un moment la musique, elle doit avoir la même valeur que le texte et si tu détaches tout, ça fonctionne plus.

La Face B : L’exemple parfait c’est que je trouve que les morceaux de cet EP-là, ce ne sont pas des morceaux qui sont faits pour être remixés…

Hadrien : C’est vrai ! Je suis assez d’accord.

Elodie : Je pense que les prods sont suffisamment complexes pour être en plus remixées… Je suis d’accord. Cela dit, je trouve généralement, que le remix est rarement abouti. Je trouve ça rare de reconstruire l’émotion… J’en n’ai pas vraiment envie. Mais c’est vrai que jamais de la vie on a envisagé que cet EP soit remixé. Là où le premier EP aurait pu être remixé. Misterio, je sais que des potes avaient réussi à faire un remix…

La Face B : Après toutes ces années à faire de la musique ensemble, comment vous arrivez à vous surprendre l’un l’autre ?

Hadrien : Bah… En essayant de nous surprendre nous-même déjà.

Elodie : On progresse dans des directions différentes…

Hadrien : On a évolué ensemble au même niveau en terme de création, de production…

Elodie : C’est pas que dans la musique, on a aussi nos synergies ensemble… Il y a plein de trucs où on a réussi à faire notre chemin ensemble. Je pense qu’y a aussi un truc comme on sait aussi qu’on a 1 milliard de limites. Moi personnellement je connais très bien mes limites et ce que j’essaie de dire en permanence c’est essayer de les dépasser et de faire un maximum de choses toute seule même si ce n’est pas elles qui décident. Je pense que moi en me surprenant, je surprendrai Hadrien et inversement.

Hadrien : Et puis au-delà de ça. Sans forcément se surprendre, ce qui fonctionne c’est qu’on sait comment bosse l’autre et comment est l’autre et je pense que dans une boîte, dans un couple, si ça marche c’est qu’il y a de l’écoute, qu’il y a un équilibre qui est hyper important, c’est un peu à la base de tout dans tout.

La Face B : De la discipline quoi (sourire)

Elodie : Un peu de rigueur !

La Face B : Vous revenez du Québec, comment vous avez vécu cette expérience ?

Elodie : Très mal mangé principalement !

Hadrien : La poutine au bout d’un moment on en a un peu marre…

Elodie : Les Francofolies c’est quand même un gros délire au Canada. Honnêtement, après plusieurs Francos je trouve que c’est stylé parce qu’y a vraiment un truc de… La prog est cool, il y a plein de scènes gratuites, c’est vraiment chanmé. Le site est hyper bien fait, tu peux aller hyper vite d’une scène à l’autre. J’ai vraiment trouvé le festival super cool.

Hadrien : Les seules scènes payantes elles sont presque anecdotiques… Et je trouve que le public est vraiment réceptif et attentionné.

Elodie : Je trouve que le festival est à l’image de la mentalité québécoise aussi, les gens ils sont super curieux de la musique…

Hadrien : Et au-delà de ça, je trouve qu’il y a un truc plus safe.

Elodie : Y a un mec qui est venu nous voir « C’est fou, à Paris il parait qu’y a des pickpockets dans le métro » et eux ça les choquait.

Hadrien : Ça n’existe pas du tout au Canada. A part qu’on était très fatigués… Je galère beaucoup plus. J’ai plus le jetlag de l’aller que le retour pour l’instant. Là on est rentrés hier, enfin avant-hier…

Elodie : Je ne saurais pas dire encore. En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’au niveau bouffe, s’il vous plaît les canadiens, faites quelque chose. Sinon c’était vraiment bien ! On a vraiment passé un beau moment.

La Face B : Mais ça c’est parce que vous n’avez mangé que de la poutine aussi…

Hadrien : C’est ce qu’on nous a dit « pourquoi vous êtes pas allés à tel endroit » sauf que faut les connaître les endroits ! Quand t’es en mode touriste, tu te fais trop avoir (rires)

La Face B : Ca fait quoi d’avoir son propre fan club et son propre compte Insta fan ? (rires)

Hadrien : (rires) Validé par Booba !

Elodie : C’est méga touchant, après je sais que je le dois principalement à Pierre de Maere, c’est un peu difficile de s’approprier ça mais c’est méga touchant. Hier, elles m’ont offert un cadeau. En fait ce que je trouve vraiment mignon c’est qu’il y a vraiment une volonté de s’intéresser à l’intégralité de ma vie et pas que à la musique que je fais.

Hadrien : D’ailleurs, elles le précisent souvent dans les posts, on ne peut pas parler d’Élodie sans parler d’Hadrien et tout. Je trouve ça mignon parce que c’est quand même le compte fan d’Élodie donc y a des trucs spécifiques mais quand ça nous concerne les deux, elles le précisent.

Elodie : Ceci dit, le compte Insta je le trouve très créatif. Il y a plein d’idées.

La Face B : La Boule Noire c’est complet, y a une Maroquinerie à l’automne… Vous voyez comment le futur avec cet EP ? Toujours beaucoup de tournées ?

Elodie : C’est flippant quand même !

Hadrien : Il y a un côté un peu vertigineux, la Maro c’est une salle qu’on surkiffe, qui est assez grande et avec un petit challenge…

Elodie : Autant tu peux passer assez facilement d’un Pop Up du Label à une Boule Noire. Autant de la Boule Noire à la Maroquinerie, c’est un gros gap quoi.

Hadrien : Après on est super excités, il y aura des nouveaux morceaux…

Elodie : Ouais on est trop excités mais globalement je suis…

Hadrien : L’EP on va essayer de le défendre au maximum, le plus qu’on peut sur l’été et sur la rentrée…

Elodie : On va avoir pas mal de belles dates en première partie à la rentrée… On fait Pierre de Maere, on fait Zaho de Sagazan… Ca va être chouette.

Hadrien : Pression quand même. Déjà ce soir quand même aussi.

La Face B : Et pour finir, des coups de cœur récents, des découvertes faites au Québec à partager ?

Elodie : Ouais ! J’ai découvert un trop bon truc ! J’ai vu un gars qui s’appelle Robert Robert. J’ai adoré ! C’était un putain de bosseur, y avait une ambiance de malade, je connaissais un morceau, je pensais quand je veux, je dors. En fait je me suis faite inviter par Lumière, un gars que j’avais croisé à Paris et qui faisait un morceau avec lui et vraiment j’ai pris une claque de bienveillance et franchement trop bonne ambiance, c’était trop trop bien. Bibi club c’était vachement bien aussi.

Hadrien : MEULE, trop bien en live, trop chanmé ! Ca déboîte en live et puis… Glauque !

Crédit photos : Céline Non