On a essayé d’interviewer Bryan’s Magic Tears

C’était en Septembre, lors d’un des seuls festivals maintenus, dans le cadre magnifique de la ferme de Bioval à Rock in the Barn. Nous y avons rencontré les Bryan’s Magic Tears, joyeuse bande de copains qui a le secret pour nous plonger dans une nostalgie rock des années 90 tout autant que dans la déconnade pure et dure. On vous laisse découvrir leur (grain de) folie lors de cette interview où nous avons essayé de poser des questions entre les blagues et les fous rires.

Crédit: Céline Non

Mehdi : On se présente, moi c’est Mehdi Bryan, je fais de la guitare dans Bryan Magic’s tears (est-ce qu’on voit que je lève la main à l’enregistrement ?)
Raphaël : Raphaël Berichon et je fais de la guitare et je trouve rien d’amusant à dire.
Benjamin : Benjamin Dupont, chanteur, metteur en espace, conteur, scénariste
Laurianne :  Laurianne Petit, bassiste chanteuse. 
Mehdi : Mais elle a une grande basse !

Paul : Est ce qu’on commence avec des questions faciles et on finit par des difficiles ? 
Laurianne: Et si on se posait des questions?

La Face B: Mais qu’est ce que vous avez pris ce soir ?
L : Un Doli à 8h du matin, une kéta à 9h.
M : Hier moi j’ai pris de la Quézac. Tu veux le numéro du dealer ? On se le file après.

LFB : Comment allez-vous après votre premier concert depuis déconfinement ?
Tous : Ça fait du bien !
L : Au début c’était un peu “euuhaaii” mais après j’ai repris le truc.
R : J’avais peur mais après j’ai été rassuré.
M : On a pas joué depuis le 11 janvier à la Maroquinerie et ce n’était pas un super concert. Et on a répété qu’une fois avant le concert d’aujourd’hui. La répèt’ était un peu bizarre, tout comme les balances. Mais on a tous très très apprécié faire ce concert.
B : C’était pas le truc techniquement le plus en place mais ça fait vraiment du bien de rejouer.
P : J’ai l’impression qu’il y a une certaine bienveillance de la part des gens. Les gens sont contents de voir un truc. Même mal fait.

LFB : Ca fait clairement plaisir de revoir des lives, en plus première fois que je vous voyais sur scène, c’était parfait, carré ou non. 
M : T’as capté mes pains ?
L : Les pains en vrai ça ne s’entend pas. Si tu fais une tête sur laquelle ça ne se lit pas, ça passe tout seul. Mais c’est parce que j’ai fait du théâtre avant.
M : Moi j’ai fait du football ! Alors c’était quoi votre sport avant la musique? 
L : Natation synchronisée
B : Foot (dit Lauriane pour lui), musique.
R : Equitation, j’ai mon premier galon, et je suis ceinture jaune avec deux barrettes vertes de Taekwondo.
P : Je faisais du football dans la cour de récré, du skateboard et du vélo.
M : Moi du foot, du tennis et un peu tous les sports, j’aime trop les sports. Et on est assez en vélo en général.

LFB : Comment s’est faite votre rencontre ?
R :
Dealeur de coke.
B : C’était à Pôle emploi je crois.
L : Benjamin, quand je l’ai rencontré on était au collège et il m’appelait Halloween.
B : Arrête ça c’est perso bébé.
R : Et ils sortent ensemble maintenant.
B : En vrai, j’ai honte, ça passe plus du tout en 2020. J’avais fait quelques morceaux dont j’étais fier. Je les ai envoyés à Medhi. Il a dit genre “Si on fait un groupe tous ensemble, je pense qu’il y aura plein de filles qui seront fans de nous”
M : Il n’était pas encore avec Laurianne. Et il m’avait fait : “Hey mec, tu imagines on joue cette chanson en live, toutes les meufs qu’on va pouvoir se faire.”
B : Mais c’est jamais arrivé !
P : Il se disait plutôt “T’imagines à quel point je pourrais me faire Laurianne avec ce morceau”.

LFB : Vous êtes une bande de potes de longue date en fait ?
L : Avec Benjamin on se connait depuis qu’on a 11 ans, ça fait… 11 ans. Paul on se connait depuis longtemps, tes 17 ans.
M : Moi je suis arrivé à Paris il y a 6-7 ans. Et je les ai rencontré quand j’y suis arrivé.
R : Pareil que toi, il y a 6 ans.
P : Non mais on a une vraie belle histoire de rencontre de musique. Moi je suis de Marseille, eux ils sont de Rouen, on s’est rencontré quand on avait 18 ans. On avait des groupes de punk et on faisait des “tournées”.
L :  Oui, je jouais dans les Needboys, on faisait du punk power pop.
P : Il y a des potes de Marseille qui sont montés à Rouen et qui sont revenus à Marseille en disant “On a rencontré des gens comme nous là-bas”. On s’est rencontré après à Paris et on est devenu amis-amoureux.
M : Parce qu’on est tous amoureux, eux deux (pointant Benjamin et Laurianne) sont très amoureux. Il y a une relation très privilégiée entre chaque personne.
P : Mehdi et moi on est frère en fait.
B : Mais oui, on se connaît depuis 8-10 ans en moyenne. Allez 7 ans.

Mehdi : Benjamin, comment tu composes tes chansons ?
L à M : T’as envie d’être journaliste c’est ça ?
P : Qu’est ce que ça veut dire 4am ?
M : C’est quoi 4am, c’est parce que tu fais des chansons à 4h de l’après-midi ?
L : 4giga de ram, t’as la mémoire vive.
B : 4am c’est une soupe de fruit de mer qui se fait en Asie du Sud Ouest
R : Est-ce que tu mets de la crème et du persil dans ton 4am ?
M : Et dans ta bolognaise tu mets de la crème?
L : Ah non interdit ça.

LFB : Avec la crise du COVID, on s’est tous retrouvés confinés. Vous en avez profité pour faire de nouvelles choses ? Plus produire ? Vous reposer ?
M : On était à deux doigts d’arrêter le groupe parce que je pensais avoir le COVID. Figures-toi que lundi matin j’avais une semaine de travail monumentale. Je me réveille 38,5 de fièvre, la diarrhée, vomi, sueurs froides, je grelottais, courbatures partout, je toussais, je lâchais des glaires. Je me suis dit que j’étais vieux.
L : T’avais 70 ans.
M : Mais en fait c’était pas le COVID je manquais juste d’hydratation, j’ai juste bu un grand verre d’eau et c’est parti. Donc ça s’est arrangé et du coup on a pu faire le festival. 
L : Et résultat on a répété qu’un jour avant le Rock in the Barn parce qu’on attendait de savoir s’il avait le COVID ou pas.
M : Mais avec le contrôle j’espère au moins avoir 14/20 en COVID.
L : Sinon pendant le confinement j’ai beaucoup joué.
M : Moi, j’étais dans une maison de 500m2 au bord de la mer.
P : Toi aussi tu y étais ? Mais c’est ouf.
L : En fait, ils étaient tous les deux dans la maison d’un copain riche de Mehdi, à Toulon.
M : On a fait un peu de musique, j’ai fait un EP, mais on en parlera plus tard sur une autre interview. Mais ça s’appelle Bisou de Saddam, vous pouvez me suivre sur les réseaux sociaux.
M : Benjamin rapproche toi, c’est toi l’homme du truc. C’est lui qui compose tout. On est là grâce à cette personne.
P : On va régler l’interview, Benjamin compose tout, il nous laisse pas mal de liberté.

LFB : J’ai justement lu dans une interview que vous aviez une envie de composer un peu plus ensemble, et je me demandais si vous aviez essayé/réussi ?
B : On l’a fait l’année dernière. On est allé chez le père de Raphaël pour enregistrer des morceaux que j’avais composés à la va vite. D’habitude je fais des trucs où chacun a sa partie à jouer. Pour une fois, on a peaufiné des morceaux tous ensemble. Je n’avais pas donné d’indications. Tout le monde a composé en fait
L : Ils seront dans le prochain album.
P : On a composé les uns avec les autres.
M : Après si je peux me permettre, pendant les albums il compose tout seul et il le fait parfaitement. Mais en live on a une vraie liberté. On peut avoir notre truc.
B : C’est vrai que j’ai un côté un peu control-freak quand je compose pour enregistrer. Quand c’est en live c’est quelque chose d’autre qu’on partage différemment et qui n’a quasiment rien à voir. 
L : Et c’est mieux comme ça c’est pas le même morceau en live. 
M : Chacun met une pierre à l’édifice, on partage plus quelque chose ensemble.

LFB : Vous avez parlé d’un prochain album, le dernier datant de 2018, on peut espéré en voir un nouveau bientôt ? 
B : On a un album qui est dans les clous.
L : Il est en train de se faire là.

LFB : Votre précédent album est très teinté par les années 90, je pense qu’on vous a souvent fait la remarque. Est-ce que vous avez essayé un peu de vous affranchir de cette image ?
B : Je pense pas m’en être affranchi là. Il y avait quelque chose de très sonique dans le dernier album. Il n’y avait pas de reverbe, c’est que des sons de fuzz, de distorsions, c’est très noisy. Le prochain est sûrement plus éthéré. Je pense qu’on sentira que j’aime The Jesus and Mary Chain mais sur le dernier album je me suis interdit d’utiliser certains effets qui étaient trop usités, comme les réverbes trop présentes, etc. Là je me suis moins posé la question je me suis plus fait plaisir.
L :  Sur Studio One, tu as plus fait: “Ça c’est un bon son, je l’utilise”, tu t’es pas dit “là je veux ce son là qui ressemble à Dinosaur Jr.”
B : Je me suis moins posé de question sur le prochain album. Alors que 4 AM était réfléchi, en l’écrivant j’avais déjà un discours dans ma tête où je savais le défendre. Le prochain j’aurai plus de mal à le défendre comme un objet d’art.
L : Après c’est différent parce que chacun des morceaux n’a pas été composé au même moment. On en a déjà enregistré 2 en live et les autres ont tous été composés à des périodes différentes. Il s’est passé 2 ans entre 4 AM et le nouvel album. Donc tous les morceaux ne se ressemblent pas, même s’il y a quand même une ligne conductrice.
B : Je pense qu’il sera beaucoup moins évident que celui d’avant qui était vraiment un truc genre claque dans la gueule.
M : Et le premier album “Bryan’s Magic Tears”, c’était quelque chose de super Bedroom Pop, il l’a fait tout seul dans sa chambre avec tous les trucs. Et le deuxième…
P : Et le deuxième il fallait faire rentrer Eric Dimeco à la 92e pour qu’il fasse changer l’issue du match.

LFB : 4 AM, votre 2e album, j’ai l’impression que c’est une parfaite B.O pour un film comme « 90s » de Jonah Hill, t’as envie de sortir ton skate, mettre ton casque et et aller rider en l’écoutant pour t’évader. C’est quoi pour vous la meilleure façon d’écouter cet album? 
B : Ce que tu dis est vrai, c’est vraiment une musique de casque pour moi. La meilleure façon c’est d’être entouré par le son, soit en concert, soit à écouter sur ta sono chez toi, genre quand tu te réveilles le matin avec ton café.

LFB : Votre musique vous la définiriez plutôt comme du rock ou de la pop grasse qui se salit ? 
B : Pop dégueulasse.
M : Je dirais plus du shoegaze déguelasse. C’est du shoegaze où on enlève toutes les pédales et tous les amplis à la con.
R : Du chourave.

LFB : Je vous ai découvert grâce à Born Bad, être signé comme un label comme ça, ça vous a aidé ? 
B : Ça a vraiment tout changé. 
L : Pour les sous surtout. 
M : Viens on garde cette réponse, pour l’argent. 
B : Ça donne une vraie visibilité, ça change tout. Pas trop pour tourner, on a eu plein de galères parce qu’on est insupportables en tournée. Mais en visibilité, quand tu signes avec JB (Jean-Baptiste Guillot, fondateur du label et batteur du groupe Frustration) t’as une sorte de bundle, tu as un article dans la presse papier et plein de trucs qui viennent avec.
M : T’as une crédibilité qui arrive avec cette signature, comme artiste Born Bad.
L : t’as surtout plus de gens qui t’écoutent. Il y a les gens qui connaissent Born Bad, ils scrollent tous les noms de groupes et ils écoutent parce que t’es labellisé Born Bad.
P : Et après tu vas à Annecy et il y a des mecs de 50 ans qui te disent j’écoute ton album en allant au taf le matin. Je trouve ça très beau.
M : JB et Clarisse (qui s’occupent de toute la com), ils travaillent super bien et c’est toujours hyper cool de les voir, hyper cool de taffer avec eux.
L : Il y a aussi cette sécurité. C’est mon opinion mais quand t’es chez Born Bad, tu restes chez Born Bad. Tu peux faire n’importe quelle musique tu vas rester là-bas. Il y a une sorte de sécurité.

LFB : Vos coups de cœur que vous voulez partager ? 
R : Don idiot, c’est un génie.
M : Moi c’est footballistiquement parlant Camaviga, 17 ans, incroyable. Et Don Idiot c’est un pote, Pierre Donadio.
B : C’est pas un truc récent l’album de Total Control qui est sorti en 2017, qui s’appelle Laughing System. Un groupe Australien.
L : Trop bien ce groupe, ils ont fait un album Henge Beat, avec une pochette rouge, et ça c’est le meilleur album des années 2010.

C’était donc Bryan’s Magic Tears pour la Face B. En attendant leur prochain album, vous pouvez vous replonger dans l’excellent 4 AM par ici.

PS : Suite à un joyeux bordel, il y a peut-être des erreurs dans le nom des membres prenant la parole. Veuillez m’excuser pour la gêne occasionnée. 

Photos: Céline Non