Il parait qu’il ne faut pas rencontrer ses idoles. Cette idée ne s’applique pas à Adam Green. Héros de l’anti-folk et personnage fondateur de notre amour de la musique, le New-Yorkais était de retour en France pour une tournée reportée depuis 2020. Entre temps, Adam Green a sorti un nouvel album, That Fucking Feeling, et un nouveau comic-book. C’est donc avec un plaisir absolu que nous l’avons retrouvé pour prendre de ses nouvelles, parler de ce nouvel album, de bande dessinée, de son retour sur scène et de la notion de Gesamtkunstwerk.
Version anglaise ci-dessous / English Version Below
Adam Green : Comment ça va ?
La Face B : Bien, et toi ?
AG : Bien. La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était juste avant le Corona. Donc ce Corona est arrivé… cette « merde » est arrivée.
LFB : Comment as-tu vécu cette période ?
Adam Green : J’étais à New York et j’ai des enfants en bas âge, donc je suis devenu une sorte de professeur à domicile pour… j’ai appris à ma fille à lire et à faire des maths et d’autres choses. J’ai aussi fait un peu de dessin, et d’autres choses.
LFB : As-tu eu le sentiment que Engine in Paradise n’a pas eu la vie qu’il méritait ?
Adam Green : Il n’a pas eu de tournée américaine pour de vrai, c’est sûr. J’étais à trois jours de la tournée américaine, quand elle a été annulée. Je revenais en voiture de Cleveland pour devenir professeur à domicile. Je ne le savais même pas.
LFB : Est-ce que That Fucking Feeling est né de là ?
Adam Green : Oui, je pense. Je trouvais que ce nom était approprié. Nous étions tout un groupe d’amis qui essayait d’écrire des chansons pendant le confinement. C’était une sorte de groupe d’écriture de chansons. Je ne sais pas comment on appelle ça, comme un défi d’écriture de chansons. Donc on s’écrivait tous par email, et on écrivait des chansons. Et That Fucking Feeling a été la première chanson de cette période.
LFB : Parce que je pense que nous avons tous ressenti ce genre de sentiment…
Adam Green : Oui. Tu sais, le truc c’est qu’ à cause des circonstances, cette chanson a été enregistrée sur la table de ma cuisine. Mais j’aime le rendu, j’aime ce sentiment d’intimité. Et donc ce qui est amusant avec l’album, That Fucking Feeling, c’est qu’il est composé à 50/50 de productions studio et de choses qui ont été enregistrées juste sur ma table de cuisine.
Et je les alterne une par une pour que tu puisses entendre « grosse production studio », « table de cuisine », « grosse production studio », « cuisine… ». C’est juste pour montrer la dualité de ce que c’est que d’écrire des chansons et de les interpréter. Pour moi, je pense que c’était amusant de revisiter ce genre de choses, enregistrer à la maison. C’est comme ça que j’ai commencé.
LFB : Et peut-on dire que cet album est une sorte de Best Of de nouvelles chansons ? Parce que j’ai l’impression que tous les styles qui ont traversé votre carrière sont présents dans ce nouvel album ?
Adam Green : Oui, je peux voir ça. J’avais vraiment le sentiment très prononcé que je pouvais faire ce que je voulais sur cet album. Je me suis dit c’est mon 11ème album, je peux faire ce que je veux. Ça n’a vraiment pas d’importance.
Tu sais, d’une certaine manière, c’était amusant de se dire que sur quelques chansons, j’élaborais des choses très compliquées et très ambitieuses, et puis sur d’autres, je les enregistrais juste en une seconde. Il y a le sentiment de choses spontanées et de choses sur lesquelles je travaille vraiment dur, et je pense qu’elles sont toutes moi.
Il y aura une chanson drôle et humoristique, Dreidles of Fire. Ou il y aura des productions comme Blackout, All Hell Breaks Loose et Red Copper Room, c’était avec Lauren Humphrey et Jesse Caskey et Martin… tous ces gens. Lauren Humphrey les a produits et il a essayé d’obtenir ce son des années 70 de Phil Spector, tu sais, Scott Walker…
C’était amusant de faire les enregistrements avec eux. Lorsque les restrictions ont été levées, nous avons pu réunir environ huit personnes dans une pièce pour enregistrer ces grandes chansons.
crédit : Célia Sachet
LFB : Pour moi, c’est très cinématographique, d’une certaine manière. C’est comme une collection de courts métrages dans la tête d’Adam Green.
Aadam Green : Définitivement, oui. C’est ce que je ressens. Pour moi, ces chansons sont comme des films. Elles ne sont pas très longues. Je pense que je suis déjà quelqu’un qui a la réputation d’écrire des chansons courtes, et elles sont de plus en plus courtes. (rires) C’est vraiment comme si je me voyais en tant que public, et c’est ce que j’aime ; c’est peut-être à cause de toutes ces playlists que je parcoure et tout, mais j’apprécie vraiment ces petites chansons courtes.
LFB : C’est drôle, parce que les chansons pensées pour les algorithmes semblent cyniques. Mais quand tu écoutes l’album, les chansons sont très courtes mais elles sont aussi très fortes et directes. Et chaque chanson a une couleur particulière. Je pense que tu représentes vraiment une ère d’Adam Green, mais avec de nouveaux morceaux.
Adam Green : Merci. Oui, Je suis vraiment content de ce disque. Je l’aime, tout simplement. J’aime comment il est. Je ne sais pas si je referai un jour quelque chose exactement comme ça, parce que je pense que c’est le genre de disque qui n’a pu être fait qu’à cause de cette histoire de Coronavirus. C’est arrivé.
Je n’ai pas vraiment pu faire ce que je fais normalement avec un disque. Tout a été enregistré… J’avais une date à laquelle je pouvais faire venir des gens à un endroit. La première fois qu’on a essayé d’enregistrer Blackout, toute la session a été annulée parce que le producteur pensait qu’il avait le COVID. Et puis on a été programmé trois mois plus tard pour un autre jour. Tout était aléatoire. Nous pensions pouvoir essayer d’enregistrer quelque chose et tu sais…
LFB : On peut le sentir, on peut sentir que l’énergie est très spontanée. Et on peut avoir l’impression d’être coincé dans le temps. C’est un peu ce que tu dis dans la chanson, c’est intemporel, mais l’album est en plein dans l’air du temps…..
Aadam Green : Si tu regardes la vidéo de Blackout, il y a ma famille dedans. Et je pense que ça reflète cette sorte de vie intérieure à l’ère du COVID. Je me souviens avoir tourné cette vidéo le premier jour du printemps de cette année-là. C’était le premier jour où je me suis dit : « Oh, c’est une belle journée ». Comme si la vie n’était pas si mal.
LFB : Tu l’as déjà dit, on trouve beaucoup d’humour dans cet album. Mais je pense qu’il y avait aussi une certaine mélancolie et une certaine tristesse, surtout quand tu parles d’amour à un moment donné. Comment cette période a-t-elle influencé votre écriture, et comment avez-vous créé cette chanson ?
Adam Green : Oui, je ne sais pas si c’était très intéressant, parce que tu passes évidemment beaucoup de temps à l’intérieur et avec ta famille. J’ai eu la chance que mes parents gardent souvent mes deux enfants le vendredi soir. Ça nous permettait, à ma femme et moi, d’avoir notre propre monde. Ce qui était vraiment chouette. Donc, toute ma vie Corona était centrée sur les vendredis soirs. Je pensais toujours au vendredi soir.
Sinon j’ai fait beaucoup de dessin. J’ai l’impression d’être resté très proche de ma vie intérieure et de ma famille pendant le Coronavirus. C’est très insulaire. Mais c’était bien sûr cool quand on a pu sortir avec des amis.
Je pense qu’après avoir eu le Coronavirus, quand nous étions en Angleterre pour rendre visite à mes beaux-parents et que nous avons tous eu le COVID – je pensais que je l’avais donné à mes beaux-parents et j’étais comme « oh mon dieu ». Mais ça allait en fait. On a tous survécu, heureusement. Mais après ça, je me suis dit « Oh, peu importe, je l’ai eu maintenant » et j’ai commencé à vivre ma vie. C’était peut-être à Noël de l’année dernière, je me suis dit : « Ah, je m’en fous maintenant. Je suis juste… » tu sais…
LFB : J’ai eu le COVID il y a un mois et j’ai été soulagé en me disant « ok, c’est fait ».
Aadam Green : Oui, c’est bien.
LFB : Et en parlant de la signification de la chanson, penses-tu que c’est une entreprise nostalgique ? On dirait que tu t’es replongé dans certains souvenirs pour créer certaines chansons.
Adam Green : Oui… je pense que c’est drôle parce que j’écris beaucoup… j’écris plutôt lentement. Je vais avoir une idée pour une chanson et si j’ai une idée, je vais avoir une ligne, une mélodie et je vais chanter cette ligne. Peut-être que je vais en chanter deux. Et puis j’attendrai deux semaines de plus et je me dirai qu’il y a peut-être une troisième ligne, mais j’attendrai.
Parce que je pense qu’il y a beaucoup de choses qui se passent à l’intérieur que tu ne réalises pas. Donc j’attends parce tu sais, pour moi, essayer c’est comme échouer, quand il s’agit d’écriture de chansons. Pour moi, essayer c’est échouer. Personne ne veut entendre le son de quelqu’un qui essaie d’écrire une chanson.
Donc, j’ai essayé de faire comme si je n’essayais pas. Je me disais : « Bon, j’ai une petite idée. » « Attends, peut-être » « OK, ça sonne bien », quelques semaines plus tard. Donc je passe trois mois à écrire une chanson d’une minute et demie parce que je ne veux pas essayer. J’attends juste que ça sorte tout seul.
LFB : Les choses te viennent sans que tu y penses beaucoup…
Adam Green : Ouais, ne pas penser, c’est pour moi parce que ça va arriver. Tu attends juste.
LFB : Et c’est bizarre parce que, d’une certaine façon, certaines chansons sont plus mûres que les autres.
Adam Green : C’est vrai ? C’est assez drôle. C’est juste parce qu’on vieillit. Je veux dire, j’ai 40 ans maintenant et je vais avoir 41 ans pendant cette tournée. Et à cause de la façon dont le monde fonctionne maintenant, j’ai l’impression d’avoir eu 40 ans le mois dernier. Donc je n’arrive pas à croire que je vais avoir 41 ans maintenant, parce que rien ne s’est passé.
LFB : Et tu te sens adulte ?
Adam Green : Oui, tout à fait. Tu vois ? Je suis comme, comment on dit ? « Super responsable ». Il y a un autre niveau après responsable ? Ouais, les gens dans la trentaine sont responsables, mais moi je suis super, super responsable.
LFB : Tu es aussi peintre, auteur de bandes dessinées, réalisateur de films…
Adam Green : Oui. J’ai fait une BD pendant le confinement avec Toby Goodshank, et j’ai fait une autre BD appelée Subcultural Karate Turtles, qui était la mienne. C’était comme une version kabuki des Tortues Ninja, qui parlait de sous-culture.
Et la BD War in Paradise est sortie en Allemagne traduite. C’était la première fois qu’une de mes BD sortait dans une autre langue. Avec un peu de chance, en français bientôt ! Les Français sont les plus intéressés. En plus, la bande dessinée War in Paradise comporte beaucoup de références à Astérix, donc je pense qu’ils devraient la traduire ! Je veux dire, ils ne devraient pas, mais j’aimerais bien qu’ils le fassent.
LFB : Oui, je pense que le message est, tu sais...
Adam Green : Comment on appelle ça ici, bendisssi… ?
LFB : Bande dessinée
Aadam Green : Bande dessinée. J’ai l’impression que c’est un peu dans ce style. Donc…
LFB : Quelle différence vois-tu entre ces différentes pratiques artistiques dans ta vie ?
Adam Green : Les différentes… tu veux dire comment les combiner ?
LFB : Oui, est-ce que tu travailles différemment quand tu écris, quand tu…
Adam Green : Je pense que oui. Je pense qu’au fond, je prends toujours des notes. Ce que je préfère faire, c’est prendre des notes. Je pourrais simplement me promener. J’écris toujours des notes parce que c’est comme télécharger ce qui est dans mon cerveau. Je ne me soucie même pas de savoir si c’est bien. Je vais juste l’écrire, d’habitude sur mon téléphone, que je consulte plus tard.
Mais j’aime faire de longues promenades. Je peux marcher pendant des heures, je fais ça plusieurs fois par semaine, je prends plein de notes dans ma tête. Et j’aime marcher dans la ville et regarder les gens. Parfois, j’entends des choses, n’importe quand, n’importe quoi. Si mon seul travail était de prendre des notes, je serais heureux. Parfois en marchant je pense à une idée de dessin. Et j’écris l’idée. Puis quand j’ai mon stylo je ferai le dessin. Je serai comme, « Oh, j’ai eu une idée pour un dessin ».
LFB : As-tu fait la pochette de That Fucking Feeling ?
Adam Green : Oui.
LFB : Et qu’est-ce que ça veut dire ? (Rires)
Adam Green : Une grande partie est très grotesque. Je ne sais pas. C’est juste ce sentiment… Je m’intéressais beaucoup à l’art tibétain. Pour les 40 ans de ma femme, nous sommes allés à Menla, une retraite appartenant au Dalaï Lama. C’est une retraite bouddhiste tibétaine, avec beaucoup de pratique de la médecine traditionnelle et de la méditation. Nous y sommes allés et nous avons passé plusieurs jours de méditation très calmes.
Et pendant cette période, j’ai regardé cet art tibétain qui tourne beaucoup autour de la mortalité. Il y a beaucoup de corps écorchés dans l’art tibétain. Et les os et le sang, la réincarnation et la mort… J’avais l’impression que tout était lié à ce sentiment de calme, mais très mortel, et faisant partie d’une sorte de cycle de vie qui était, comment dire ? Très terrestre ou de chair et d’os. Je pense que cette image sur la couverture de l’album est, pour moi, comme ma réaction à la vue de certains types d’art tibétain.
LFB : J’ai encore trois questions. Qu’est-ce que ça fait d’être de retour sur scène ?
Adam Green : Eh bien, c’est vraiment amusant. Je veux dire, à chaque fois que j’organise une tournée, je n’arrive pas à croire que les gens viendront. Je suis toujours nerveux, puis les gens viennent et tout va bien. Mais jouer en Espagne et en France… C’est comme si j’avais des racines dans ces endroits. Je pensais justement à ça aujourd’hui, je viens à Paris pour jouer avec Moldy Peaches depuis que j’ai 20 ans. Et maintenant j’en ai 40. C’est la moitié de ma vie. Peut-être plus que la moitié de ma vie.
Je viens ici plus souvent que pas. Donc j’ai des racines profondes dans ces pays. Il y a des gens qui étaient des enfants quand ils m’ont vu jouer et qui ont maintenant des familles, et il y a des gens qui m’ont vu jouer quand ils avaient la trentaine et qui maintenant ont la cinquantaine. C’est comme si j’avais des racines dans ces endroits. Et j’ai l’impression que Paris, ou des endroits comme Madrid, ou Barcelone, ou Londres, m’ont toujours accueilli comme si j’étais de la ville.
Comme j’y tourne depuis 20 ans, je me sens comme faisant partie de cette société, ou de leur univers. J’y ai ma place. Il peut y avoir leurs enceintes, qu’ils écoutent dans la cuisine en train de préparer le dîner ou autre, tu sais, c’est comme si je faisais partie de ce monde. Ce qui est cool.
LFB : Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ? Je pense que c’est la question la plus profonde de l’interview !
Adam Green : Eh bien, j’ai une liste de choses que je suis censé vouloir faire dans ma vie, et parfois je la regarde et j’espère que je pourrai voyager quelque part et faire ces choses. Mais je ne sais pas.
Mon seul espoir est vraiment de continuer à bien travailler et à prendre soin de ma famille. J’espère aussi pouvoir poursuivre mes procédés créatifs et continuer à faire des productions passionnantes, quel que soit le support.
Et peut-être que ça changera, parce que parfois je suis vraiment excité à l’idée de faire une BD sur la guerre de Hanoukka ou quelque chose comme ça, et puis tout d’un coup, il y a quelque chose qui arrive et quelqu’un me dit « Tu sais, ce qu’ils ont vraiment besoin que tu fasses, c’est autre chose ». Et je serai comme, « Ok, bien », et je change, tu sais.
Je pense que j’ai toujours mes idées et parfois le monde me dit que c’est le bon moment… Par exemple, le manager de Turner (Cody) m’a dit, « Ok, et si on rééditait Friends of Mine en vinyle, et qu’on réunissait un orchestre » et il essaie de faire une tournée Friends of Mine avec l’orchestre et j’ai dit, « merde », tu sais. C’est très excitant, mais en même temps ça pourrait prendre le dessus sur ma vie. Peut-être que je pourrais faire un truc avec l’orchestre et Friends of Mine. Je ne sais pas.
LFB : Je parle pour moi, mais je pense que nous voulons tous un vinyle de Friends of Mine…
Adam Green : Ok, si je le fais, ça ne devrait pas être un problème. Mais tu vois ce que je veux dire ? Donc on ne sait jamais, parfois le monde te tire dans une autre direction. Je pense que les projets que je veux toujours faire sont juste super aléatoires. Ils sont juste pour moi. J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie,parce que j’ai toujours pu faire ce que je voulais, réaliser mes propres idées, avec des gens très patients pour m’accompagner.
Mais en même temps, chaque fois que j’ai une idée, c’est comme… J’ai écrit un livre sur les parfums récemment. Et je me suis dit, comment ces gens vont-ils réagir à ce livre sur les parfums ? Je viens juste de finir ce livre sur les parfums. Et ça parle de l’histoire des parfums. Ce sera donc amusant d’avoir mon public et d’essayer de le convaincre qu’il veut vivre une aventure de parfums avec moi. Mais oui, ce sera le prochain chapitre, car je suis sur le point de le terminer.
LFB : Bien ! Dernière question. As-tu des coups de cœur artistiques à partager avec nous ?
Adam Green : Il y a beaucoup de groupes très bons ces jours-ci. Je viens de faire une tournée avec Nation of Language, je vais faire une tournée avec Tchotchke. Les Lemon Twigs. Ou le nouvel album de Father John Misty est génial. Cut Worms, c’est un groupe de New York dont je viens de rencontrer un membre, Max Cut Worms, je crois, il a de très bonnes paroles. Aerial East. Je ne sais pas. Il y a tellement de bonnes choses.
Weyes Blood, je pense que c’est vraiment bien. Je ne sais pas, Ryder the Eagle ? Il est super, aussi.
LFB : Turrner Cody est super aussi.
Adam Green : Bien sûr, Turner Cody n’est pas une nouvelle neuve mais oui, il est incroyable. Turner est un vrai génie. Vraiment un génie lyrique.
Mais oui, j’ai l’impression qu’il y a aussi beaucoup de bons peintres, comme Austin English. Austin Lee, Julie Curtis et son mari Clinton King. Ce sont de grands peintres. Je suis excité par Hanko. J’ai l’impression d’être entouré à New York par cette grande scène de la peinture, qui est une grande partie de ma vie et recèle tellement de gens géniaux.
Mon fantasme est toujours de combiner toutes ces choses. C’est ce que je préfère. Je veux combiner l’écriture, l’art, la musique, la sculpture, tout. L’art total. Comment on appelle ça en allemand ? Il y a un nom allemand pour ça. « Gesamtkunstwerk ». Ça veut dire « œuvre d’art totale » en allemand.
LFB : Merci !
English Version
Adam Green: How are you?
La Face B: Good, how are you?
AG: Good. So, last time we spoke was just before the Corona. So Corona happened… that “shit” happened.
LFB: How did you live this period?
AG: Well, you know, I was in New York and I have small children so I became like a homeschool teacher for… I taught my daughter how to read and do math and stuff. I also did some art work and things as well.
LFB: Did you feel that Engine in Paradise didn’t get the life it deserved?
AG: Well, it didn’t get a US tour for real, that’s for sure. I was three days into the US tour and then it got cancelled. Like, I was driving back from Cleveland, to become a homeschool teacher. I didn’t even know it.
LFB: Is That Fucking Feeling born from that?
AG: Yeah, I think so. I mean, I thought that name was appropriate. We had a group of friends, some really good people that just tried to write songs during quarantine. It was sort of a songwriting, I don’t know, group. I don’t know what you call it, like a challenge songwriting challenge. So we were all on an email together, doing songs. And That Fucking Feeling was the first one from that period.
LFB: Because I think we all felt this kind of feeling, you know…
AG: Yeah. Well, you know, the thing is that that song was recorded on my kitchen table because of the circumstances. But I like how it felt, I liked the kind of intimate feeling. And so what’s funny about the album, That Fucking Feeling, is that it’s basically 50/50 studio productions and things that are recorded just on my kitchen table.
And I alternate them one by one so that you can keep hearing like “big studio production”, “kitchen table”, “big studio production”, “kitchen…”. It’s to show the duality of what it is to be writing songs and performing them. For me, I think it was fun to revisit that kind of thing, recording at home, which is how I got started.
LFB: And can we say that this album is a kind of Best Of new songs? Because I have the impression that all the styles that crossed your career are present within it?
AG: Yeah, yeah, I could see that. Like, you know, for me, I really had this very pronounced feeling that I could do whatever I wanted on the album. I thought, this is my 11th album or something, I can do whatever I want. It really doesn’t matter. You know, in some ways, it was fun to say on this, these few songs, I’m going to make it so complicated and so ambitious and then on these songs, I’m just going to record it in one second. It’ll have the feeling of spontaneous things and things that I work really hard on and I think they’re all me, you know.
It’ll have a funny, humorous song like Dreidles of Fire, or it’ll have these productions like Blackout. All Hell Breaks Loose and Red Copper Room – we made those with Lauren Humphrey and Jesse Caskey and Martin… all these people. Lauren Humphrey produced them and he sort of tried to get this sort of sound of 70s Phil Spector, you know, whatever, Scott Walker… It was fun to do some of the recordings we did with them. When the restrictions were kind of going down, we got to get something like eight people in a room together to record these bigger songs.
LFB: For me, it feels very cinematic, in a way. It’s like a collection of short movies in the head of Adam Green.
AG: Definitely, definitely yeah. I do feel like that. To me these songs are like movies. And they’re not very long. It’s like, I think I’m already somebody that sort of has a reputation for writing short songs, and they’re just getting shorter. (laughs) I don’t know. I mean, it’s really like I just think of myself as the audience and what I like. Maybe it’s because of all these flipping through these playlists, and everything… I just really enjoy these short little songs.
LFB: It’s funny because songs for algorism seem cynical. But when you listen to the album, the songs are very short, but they are like, very strong and direct. And every song has a particular colour. I think you really represent all eras of Adam Green, but with new material.
AG: Thanks. Yeah, for me, I’m really happy with this record. I just like it. I mean, I just like how it is. I don’t know if I’ll ever do something exactly like this again, because I think this is the kind of record that only could be made because of this Coronavirus thing. It happened.
I just didn’t have the chance to do what I normally do with a record. Like everything was recorded… I think I had one day where I could get these people to come to this one place, for this one day. The first time we tried to record Blackout this whole session got cancelled because the producer thought that he had COVID. And then you know, then we were scheduled three months later for another day. So it was like everything was just random days where we thought we could try to record something and you know…
LFB: You can feel it, you can feel the energy is very spontaneous. And you can feel like you’re stuck in time. It’s like what you say in the song is timeless, but the album is right in time….
AG: I feel like also if you see the video for Blackout, and it has my family in it and I think it reflects this sort of interior life of COVID. I remember I shot that video the first day of spring of of that year. It was like the first day where it was like, “Oh, this is kind of a nice day”. Like maybe life isn’t so bad.
LFB: You already said that, but we found a lot of humour in this album. But I think there was also a certain melancholy and sadness and especially when you talk about love at some point. How did this period impact your writing and how did you create the songs?
AG: Yeah, well, I don’t know. It was such an interesting thing because you obviously do spend so much time inside and with your family. I was very lucky that my parents on Friday nights would often watch my two kids so that me and my wife would have a chance to have our own world happen. Which was really fun. So, my whole Corona was all about Friday nights. Friday and Friday night. Always looking at Friday night you know?
But I did a lots of drawings and I feel like I stayed very close to my interior life and my family during Coronavirus. It’s very insular but it was cool obviously of course when we got the chance to hang out with friends. I think after we got Coronavirus when we were in England visiting my in-laws and we all got COVID – I thought I gave it to my parents-in-law and I was like oh my god. But it was okay. We all survived, thankfully.
But then after that, I think I just was like, “Oh, well, whatever, I had it now” and then I started to just live my life. That was maybe Christmas before this and I just was like, “ah, I don’t care anymore. I’m just…” you know…
LFB: I had COVID a month ago and I was relieved like, “okay, it’s done”.
AG: Yeah, well that’s good.
LFB: And speaking of the meaning of the songs, do you think they have a nostalgic undertaking? It sounds like you went back to some memories to create some songs.
AG: Yeah, I mean… I think it’s funny because I write a lot… I write kind of slowly. I’ll have an idea for a song and if I have an idea, I’ll have a line, one melody and I’ll sing that line. Maybe I’ll sing two. And then I’ll wait for two more weeks and I’ll be like, maybe there’s a third line happening. You know, but I’ll wait. Because I think there’s a lot that happens inside that you don’t realise, so then I just wait because you know what it is is like for me, trying is like failing in songwriting. To me to try is to fail. Nobody wants to hear the sound of somebody trying to write a song.
So I tried to make it like I’m not trying. So I’m like, “Okay, well, I have a little bit of an idea.” “Wait, maybe” “okay, that feels good,” like a few weeks later. So I’ll spend three months writing one and a half minute song because I don’t want to try. I just wait for it to sort of just squeak out.
LFB: Things come to you when you don’t think a lot about them…
AG: Yeah, don’t think, because it’ll happen. It just, you just wait. You know?
LFB: And it’s weird because, in some ways, some songs are more mature.
AG: Right? It’s kind of funny. Well, that’s just because we get older. I mean, it’s crazy. I mean, I’m 40 now going to be 41 on this tour. And because of the way that this whole world works now, I feel like I turned 40 last month. So I can’t believe I’m going to be 41 now because nothing happened.
LFB: And do you feel like an adult?
AG: Yeah, very much so. You know? So I’m like, what do they call? “super responsible”. There’s another level past responsible? Yeah, people in their 30s are responsible, but somebody like me is super, super responsible.
LFB: You’re also a painter, a comic book writer, a movie director…
AG: Yeah. I did a comic during quarantine with Toby Goodshank and I did another comic book called Subcultural Karate Turtles, which was my own. It was like a kabuki version of The Ninja turtles that was about subculture. And the War in Paradise comic actually got released in Germany as a translation. So it was my first time my comic has come out in another language. Hopefully French! I mean, the French are the most into it so. Plus the War in Paradise comics heavily features Asterix motifs, so I feel like eventually they should translate it! I mean they shouldn’t, but I would like if they did.
LFB: Yeah, I think the message is, you know…
AG: What do they call it here bendisssi…
LFB: Bande dessinée
AG: Bande dessinée. I feel like it’s a little bit like in that style.
LFB: What difference do you see between these different artistic arts in your life?
AG : Like the different ones, combining them?
LFB: Yes, do you work differently when you write, when you…
AG : I think so. I think at the core, I always just write lines. Like my favourite thing to do is to write lines. Like I could just walk around, I always write lines because it’s just like, downloading what’s in my brain. I don’t even care if it’s good. I’ll just write it down. I thought that stuff, write it down. Usually on my phone, and I go through it later, you know, but I like to just take a long walk.
Like, I could take a walk for 10 miles or something. I do that a few times a week. Just write down all the lines in my head. And I like to walk through the city and look at people.nSometimes I hear things, whenever, anything. If my only job was just to write lines, I’d be happy. But you know, then sometimes when I’m walking I’ll think of an idea for a drawing. And I’ll write down the idea when I have my pen. I’ll do the drawing later. I’ll be like, “Oh, I had an idea for a drawing”.
LFB: Did you do the cover of That Fucking Feeling?
AG: Yeah, yeah.
LFB: And what what’s the meaning? (Laugh)
AG: It’s very grotesque. I don’t know. This is just that feeling. I was trying to illustrate that kind of feeling… I was getting really into this sort of Tibetan art. For my wife’s 40th birthday, we went to Menla which is a retreat that’s owned by the Dalai Lama. So it’s sort of like a Tibetan Buddhist retreat and with all this sort of traditional medicine, and meditation. We went there and it was like many many days of very quiet meditative feeling.
And during that period, I was looking only at this Tibetan art and it was very much about mortality with like, I don’t know if you’ve seen Tibetan art, like flayed bodies and bones and blood and reincarnation and death… It just felt like it was all coupled in this kind of something about feeling calm but very mortal and part of some kind of life cycle that was kind of like… what’s the word? … Like very up the earth or of flesh, flesh and bone. I think this picture on the cover of the album is for me my reaction to seeing certain kinds of Tibetan art.
LFB: I have three more question. How does it feel to be back on stage?
AG: Well, it’s really fun. I mean, like every time I book a tour, I can’t believe that people will still come. So it’s like, I’m always nervous and then people somehow come and then it’s okay. But like playing Spain and France and stuff, it’s like, I feel I have pretty big roots in these places. I’ve been coming here since… I was actually just thinking about this today, I have been coming to Paris to play with Moldy Peaches since I was like 20 years old, you know. And now I’m 40, this is like half my life. I’ve been coming maybe more than half my life.
I’ve been coming here more than I haven’t. So I have deep roots in these countries. There’s people that were kids that saw me play that now have families and there’s people that saw me play when they were in their 30s, and now they’re in their late 50s or something. I have these roots in these places. And I feel like Paris or places like Madrid or Barcelona or London, they’ve always welcomed me like I was from that town.
So that now that I’ve been touring there for 20 years, I just feel part of that society or part of their universe. I belong inside of there. There may be their speaker where they’re listening in the kitchen making dinner or something, you know. I feels part of that world. Which is cool.
LFB: What can we wish you for the future? I think it’s the deepest question of the interview!
AG: Well, I have a list of things that I’m supposed to want to do in my life, and I sometimes look at it and I do hope that I get to travel somewhere and do these certain things. But I don’t know. You know? My only hope is really that I just continue to do a good job and take care of my family. I guess I also hope that I just get to continue my creative processes and continue to make exciting productions in any medium.
And maybe it’ll switch because sometimes I’ll get really excited about… Like, I’m going to make a Hanukkah war story comic or something and then all of a sudden, something will come along and somebody be like, “You know, what they really need you to do is something else.” And I’ll be like, “Okay, fine”, and I switch, you know.
I think I always have my ideas, and then the world sometimes tells me that this is the time… Like for example, Turner’s (Cody) manager was saying, “Okay, what about if you we reissue Friends of Mine on vinyl, and then we get like an orchestra together” and he tried to do a Friends of Mine tour with the orchestra and I was like, “shit”, you know, I mean, that’s very exciting, but at the same time that could take over my life. So maybe I could do like a Friends of Mine orchestra thing. I don’t know.
LFB: I speak for myself, but I think we all want a Friends of Mine vinyl…
AG: Okay, if I do that shouldn’t be a problem. But you know what I’m saying? So you never know, sometimes the world just pulls you in another direction. I think the projects that I always want to do are just super random. They’re just for me. I’ve been really lucky in my life because I think I’ve always gotten to do whatever I wanted or my own ideas I think and people have been very patient to go along with it.
But at the same time, every time I come up with an idea, it’s like… Like I wrote a book about perfume recently. And I was thinking, how are these people are going to fucking deal with this perfume book? I have just finished this perfume book. And it’s all about the history of perfume. So that’ll be funny to like, have this audience and try to convince them that they want to have a perfume adventure with me. But yeah, that’ll be the next chapter because I’m just about to finish that.
LFB: Nice! Final question. Do you have any artistic favourites to share with us?
AG: Well I mean a lot of these bands now are quite good. I just did a tour with Nation of Language. I was going to tour with Tchotchke you know? And the Lemon Twigs. Or this new record by Father John Misty is quite great. Cut Worms, it’s a band from New York. I just met this guy, Max Cut Worms, I think, he’s got some really good lyrics. Aerial East. Man, I don’t know. There’s so many good things.
Weyes Blood I think is really good. I don’t know Ryder the Eagle? Right? Yeah, he’s great, too.
LFB: Turner Cody is great too.
AG: Of course, well Turner Cody’s not new news but yeah, he’s amazing. Turner is a total real genius. I mean, really a lyrical genius.
But yeah, I mean, I feel like there’s also so many good painters you know, like Austin English. Austin Lee, Julie Curtis her husband Clinton King. These are some great painters.
I get excited by Hanko. I feel I’m surrounded in New York by this great painting scene. Which is a big part of my life and so many good people. But for me, my fantasy is always to combine all the things – that’s my favourite. I want to combine the writing, art, music, sculpture, everything. The total art. What do they call it in German? There’s a German name for it. “Gesamtkunstwerk”. That means like total artwork in German. But okay, that’s it. Thank you.
LFB: Thank you!