On a découvert Pam Risourié à la sortie de leur second EP Noctessa et nous sommes tombés sous le charme de leur shoegaze immersif aux textures brumeuses et éthérées bercées de guitares planantes aux distorsions aériennes. On a voulu en savoir plus sur la conception et les inspirations derrière leur son teinté de vibe 90’s, rappelant parfois Beach House ou Sonic Youth….
La Face B : Comment ça va ? Comment as-tu vécu cette période de confinement ? Est-ce que vous étiez tous ensemble ? Est-ce que ça a été une période créative pour vous ou le contraire ?
Pam Risourié : Au tout début du confinement on pensait aller ensemble, avec Antonin et Vincent dans le sud et ça ne s’est pas fait donc on était chacun de notre côté. Et après, oui ça a été assez créatif. Moi de mon côté j’ai écrit pas mal et on a fait aussi un peu de musique à distance, on a sorti un morceau notamment pour la compilation in silico, Au Dehors. C’était cool. On l’a fait à distance. Juste une reprise. Sinon on se parlait, on se tenait au courant un peu sur certaines choses mais on n’a pas du tout pensé à faire des lives à distance, c’était pas trop pour nous. Mais oui c’était une période un peu frustrante mais d’occupation quand même.
LFB : Et vous êtes sortis du confinement là…
PR : Oui, on est sorti du confinement, après c’est un peu frustrant parce qu’on avait pas mal de concerts prévus et que là y a pas beaucoup d’horizons en ce moment.
LFB : Comment Pam Risourié a commencé et d’où est venu le nom ? C’est ton pseudo à toi ?
PR : Oui c’est un anagramme de mon nom en fait. C’était plus ou moins mon nom d’artiste avec lequel j’avais publié un recueil il y a quelques années. Puis en fait on l’avait gardé pour le groupe. J’hésitais entre plusieurs noms et puis tout le monde aimait bien celui-là, donc on l’a gardé.
Le projet a commencé, moi je jouais dans d’autres groupes et j’étais parti en Inde l’année dernière et j’avais commencé à enregistrer un petit EP chez un ami avant de partir et je ne savais pas trop quand j’allais revenir. J’avais décidé de partir assez longtemps. Finalement je suis revenu au bout de 6 mois. On a fait un road trip avec un copain et je suis rentré principalement pour la musique parce que j’avais envie d’enregistrer d’autres choses. J’avais encore plein de trucs à faire et à enregistrer.
J’ai rencontré Antonin et Vincent quand je jouais dans un groupe qui s’appelait Terry and the Bums et on avait fait un concert avec leur groupe Gliese and Kepler (qui sont sur LoFish Record). Puis on a répété quelques morceaux et moi j’avais prévu d’enregistrer un autre EP, Noctessa en octobre, du coup on a commencé à bosser ensemble et après c’est devenu un groupe.
LFB : Noctessa est une porte ouverte au rêve et à l’évasion et nous tient en apesanteur. Le EP est à la fois très intime et chaleureux, comme un cocon nuageux où l’on se sent bien. Vous parlez sur votre page Facebook de nuit intérieure, dépersonnalisation. Peux tu nous parler un peu de ces thèmes ?
PR : Ce sont des thèmes que j’aime bien. L’idée de la nuit intérieure c’est l’idée d’avoir des choses qu’on garde un peu au fond de soi, des sentiments un peu refoulés, des choses qu’on regarde un peu en clair obscur, dans la nuit. C’est une idée poétique. Et la dépersonnalisation c’est à travers les paroles, l’idée de pas forcément toujours savoir où on est, de se sentir un peu absent à soi-même. Et après ce sont des thèmes qui reviennent dans les chansons que j’ai composées principalement l’année dernière, j’avais fait des démos et ce sont des thèmes qui sont un peu en filigrane dans ce que j’écris. L’idée des sentiments un peu refoulés et des choses un peu cachées…
LFB : Le morceau Night Flowers est intense aussi, le clip montre une amitié adolescente forte… Quelle est l’idée derrière le morceau ?
PR : La musique rejoint à peu près ces mêmes thèmes là, l’idée de personnes qui vivent plutôt la nuit et qui vont éclore plutôt dans un monde qui est un peu caché. Pas le monde de la réalité quotidienne. Et l’idée du clip c’était de jouer un petit peu sur l’ambiguïté des relations. Des relations qui peuvent être amitié adolescente, qui peuvent être entre sœur ou qui peuvent être plus que ça. J’aimais bien l’idée de l’ambiguïté un peu des relations et des sentiments.
LFB : Quelles ont été vos sources d’inspiration à la composition de Noctessa ?
PR : Le développement de ce qu’on appelle le blackgaze qui est un sous genre de musique qui mélange black métal et shoegaze. Deafheaven par exemple. Ça ça m’a bien influencé dans l’écriture et après sinon on s’est inspiré de différents thèmes. Pas mal de littérature aussi, littérature du XIXème. Moi j’aime beaucoup tout ce qui est un peu les Décadents, Les Fleurs du Mal, Baudelaire. Sinon Huysmans, Flaubert, ça ça m’inspire beaucoup pour écrire. Théophile Gautier aussi, des mondes qui peuvent renvoyer aussi à, je sais pas, l’Égypte ancienne ou, des mondes un peu de revenants, de fantômes, de choses à la Edgar Poe aussi où à la Lovecraft en littérature américaine.
LFB : D’où vient le titre ? Que signifie-t-il pour vous ?
PR : À la base je pensais l’appeler In Us the Night. Et oui, Noctessa ça reflète un peu pour moi cette idée de monde parallèle et c’est un monde un peu dystopique, et on peut le relier à plusieurs choses. Y a par exemple Odessa, qui est un peu une forme d’utopie ou dystopie comme on veut et qui reflète un petit peu toujours l’idée d’un pays intérieur.
LFB : Comment se passe le processus de composition ? Est-ce que c’est toi qui écris les morceaux ?
PR : C’est principalement moi qui compose, en tout cas pour cet EP c’était moi, parce que la formation du groupe était encore fraîche. Sur les prochaines sorties il y aura un petit peu plus de composition en groupe, mais c’est principalement moi oui. Après chacun rammène ses parties.
LFB : Vous chantez en anglais et on vous compare à des groupes anglophones. On qualifie votre musique de shoegaze dans la lignée de groupes tels que Mazzy Star ou Slowdive et on la compare aussi à Sonic Youth. Quelles sont les groupes qui vous influencent ?
PR : On a un peu des influences différentes mais on a ce socle commun des années 90. Après on a quelques influences différentes dans le groupe, y en a qui sont plus krautrock, surtout ceux de Gliese and Kepler après Max qui fait la batterie et la basse on écoute beaucoup les mêmes choses. Ça va de la dreampop au blackgaze, shoegaze… moi j’écoute beaucoup de métal aussi, ça se ressent pas forcément… Principalement métal pour moi. Après ouais on a évolué ensemble, mais oui on a un socle des années 90 commun et des années 80 aussi.
LFB : Vous êtes français, vous avez enregistré Noctessa avec Alexis Fugain de Biche, quel est votre rapport à la scène française ?
PR : On commence à avoir des bonnes relations à Paris, notamment grâce à LoFish Records, le label de Montreuil, on commence à connaître pas mal de groupe sur la scène un peu locale underground, c’est chouette. Après en France, avec ce projet on n’a pas encore assez expérimenté les concerts, etc, les tournées, parce que ça a été bien reporté et annulé les 6 derniers mois, mais je pourrais pas vraiment avoir une vision globale sur la scène française… Mais je n’ai pas vraiment l’impression qu’il y ait une scène dans la musique qu’on fait, dreampop, shoegaze…
LFB : Est-ce qu’un album est prévu bientôt ?
PR : Oui, on a pas mal de compo. Normalement septembre, y a rien d’officiel mais c’est ce qui se profile oui…