Alors que les girlz bands se font de plus en plus nombreux (jamais assez) pour porter les voix de toutes les femmes si longtemps invisibilisées sur scène, Panic Shack débarque. Insufflant une nouvelle bouffée au bagage punk féministe, la dernière mouture made in Cardiff présente aujourd’hui son premier album éponyme, via Brace Yourself. Une tournée lui succèdera et s’arrêtera le 28 novembre prochain à Paris, dans le cadre de la tournée Les Femmes S’en Mêlent.

Panic Shack est un quatuor composé de Sarah Harvey (voix), Meg Fretwell (guitare/voix), Romi Lawrence (guitare/voix), Em Smith (basse) et accompagné par Nick Doherty-Williams (batterie). Avec un son punk libéré de tout filtre, le groupe se libère sans vergogne à chaque parole adressée. En effet, cette entité sonore s’évertue à recréer des moments de fêtes. Tantôt assis·es au comptoir en train de siroter bruyamment leur boisson où leurs voix émergent du brouhaha de la foule. Tantôt en pleine immersion dans une conversation qui réinvente le monde. Panic Shack est de bonne compagnie et vient nous tenir la main. Comme pour rassurer, balancer des “tout ira bien”. Cette présence a une facette rassurante à laquelle on aurait flanqué un sourire béat.
La fête.
Comme les cinq consoeurs·confrères, on aime les bistrots. Son chahut, son vacarme parfois, observer le monde, saisir des instants de vie quotidienne, faire des rencontres au hasard, retrouver des proches. Cet opus s’ouvre donc sur ce condensé d’humanité réuni dans Girl Band Starter Pack. Le décollage de la fusée est enclenché. Tout le monde est prêt pour décoller destination la Lune, entre excès, grosse marrades, situations rocambolesques et jusqu’au bout de la nuit évidemment. Aussi, on notera un pattern qui n’est pas déplaisant à la basse et qui scelle la cohésion du morceau.
Une fois dans l’espace infini de l’univers, téléportation vers Gok Wan, diffusé dès le 4 mars. Amyl & The Sniffers dans un coin de la tête à son écoute, cette composition cause du traitement toxique infligé à l’image de nos corps, entre injonctions, toxicité et culpabilité. Cet objet sonore carbure, tension permanente en guise d’élévateur, et défie les lois de la gravité. L’expédition spatiale se poursuit avec Lazy, dont la basse, nerveuse, rappelle les meilleurs riffs de Ditz. Des beats drum’n’bass lèchent la paroi du cockpit, fragmentant l’atmosphère. Puis, Tit School amène des notes régressives et transforme la fusée en bus magique, à l’image du dessin animé un brin psyché des années 90.
Deuxième partie : deuxième vitesse.
Musicalement, We Need To Talk About Dennis n’amène pas grand chose à l’album. Simplement l’occasion de reprendre son souffle au milieu de cette odyssée galactique. Do Something et Personal Best, cependant, mettent les gaz. Ça va vite, ça frappe fort, ça traverse l’ozone. Il y a comme de l’électricité dans l’air et l’oxygène se raréfie. Pockets et Unhinged suivent le mouvement. Ce dernier passe à la vitesse supérieure tout en intégrant une trompette surprenante mais très agréable, bien que le moment paraisse trop court.

crédit photo Ren Faulkner
Toujours plus près des étoiles.
Avant d’atteindre le but ultime, Panic Shack traverse une galaxie arriérée qui lui permet d’aborder le thème du harcèlement sexuel avec SMELLARAT, composition poignante où les musiciennes élèvent leurs voix ensemble. Pour elles et pour toutes les femmes. Enfin, Thelma & Louise, réminiscence du film éponyme et dernier titre dévoilé avant la sortie de ce disque, sonne l’atterrissage imminent. Très rythmé et entêtant, le refrain martèle des phrases à l’unisson, comme des mantras. Joyeux et célébrant la réussite de la mission, il est de bonne augure de l’avoir en clôture.
Début d’album en demi-teinte puis véritable déferlante arrivé à sa moitié, Panic Shack réussit le pari d’embarquer le public dans sa folle course aux étoiles. Influencé par les meilleures formations du genre, le groupe s’insère dans le paysage musical avec élégance, humour et sarcasme sans pour autant délaisser cette folie qu’il trouve dans la fête et ses vertus. C’est encore sur scène que le girlz band semble le mieux se défendre et pour cela, il nous tarde de les y croiser.