Pépite- Les années lumières

Pépite libère l’esprit vagabond à destination des étoiles. Les Années Lumières, un deuxième album haut en couleurs.

Les années lumières, comme tout le monde le sait, sont une notion qui combine l’espace et le temps. Ces deux matériaux métaphysiques ne s’appliquent pas que dans le domaine scientifique. Chaque poète, musicien sait de quoi il en retourne. L’expression en elle-même, déjà très belle par son évocation floue et sa prononciation, nous invite au voyage sentimental. Pour révéler cette matière, il fallait un autre alliage, celui composé de Thomas Darmon et Edouard Perrin, à eux deux, ils forment Pépite.

Rappelez vous, il y a quelque temps, vous chantonniez Les Bateaux, titre phare de leur premier album Virage, déjà représenté par Microqlima ( L’impératrice, Fils Cara … ). Forts de ce premier succès, le duo parisien revient en poursuivant l’aventure pop en y intégrant de nouvelles couleurs pour peindre tous les points lumineux de leur univers.

Il y a tout d’abord pas un mais deux environnements dans ce disque. Comme nous avons déjà pu le voir, tout marche par pair. Ces deux artistes n’en faisant qu’un, Pépite se trouve à deux endroits à la fois pour y contempler la même chose. D’un côté le scintillement des vagues lorsque le soleil vient de se coucher, de l’autre celui d’une boule à facette sur une fin de soirée parisienne.

Il y a cet instant, parfois long, où l’esprit quitte le présent et sa réalité pour rêver aux étoiles. La fuite, voici ce qui pourrait être le thème du disque. Une fuite de la réalité, de la solitude aussi même si cela peut être un paradoxe. Car ici, il faut comprendre la fuite comme une évasion, un mouvement qui nous fait danser peu importe le sentiment qui l’anime.

Il y a la fuite en décapotable avec L’été. Roulant à fond sur le bord de mer, Alain Souchon  dans l’autoradio, on se prend pour Jim. On entend la filiation de cette pop française des années 80, clairement remaniée et contemporaine. Il y a la fuite de Qu’est-ce que j’y peux, où l’on peut s’éviter de penser aux peines de cœur en dansant sur un rythme Reggae. La fuite de l’autre dans Facile où l’on s’étire à n’en plus pouvoir.

Car dans ce disque, sur  toutes les pistes, on finit par danser. Très souvent, on retrouve cet effet crescendo dans l’intensité. La magie opère dans des mélodies répétées comme des incantations.  Ici, on ne plane pas, on virevolte.

L’extraction corporelle est une volonté puissante. Très Bleu, ou Les années lumières parviennent vraiment à nous partager ce super pouvoir de se dissocier du réel, ne plus subir la physique et s’envoler avec aisance dans l’espace temps.

Ne nous le cachons pas, nous adorons les chansons d’amour surtout quand elles nous portent comme ça. L’intensité est d’autant plus efficace qu’elle joue sur des évolutions et des ruptures minimales à la guitare comme dans Aspirine ou encore Cavalier.

Qui dit chansons d’amour dit qu’il y a aussi forcément aussi des regrets. Le regrets, le silence, les idéaux déçus s’il faut en faire quelque chose alors faisons comme Pépite. D’abord les écrire, ensuite, les balancer à la mer dans une bouteille ou du haut d’une tour sous la forme d’un avion de papier. A la fin tout disparaît, dans les montées de guitare et les synthés.

Ce deuxième album réussit parfaitement le pari qu’il s’est lancé. Résolument pop française, on aime les clins d’œil à la pop italienne à cette idée d’une musique totale, englobante quasi cosmologique. Comme l’illustre parfaitement Baptiste Perrin, cet album est une juxtaposition de couleurs acidulées, une galaxie musicale en peinture. Avec Pépite et ses années lumière, on fait mieux que voyager, on part, peu importe où, on part.

Si vous aimez autant ce disque que nous, je vous conseille fortement d’aller les voir en concert. Cela tombe bien puisque Pépite sera à la Cigale le 22 mars.

Crédit photo : Emma Birski

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