Perké with a K : « Voilà ce qu’on a comme histoire (…) vous pouvez en faire ce que vous voulez »

On a rencontré Perké with a k en octobre. On a évoqué leur EP Premier date, leur mascotte Johnny J et leur passage sur la scène de la Boule Noire le 5 octobre dernier.

(c) Lucie Camus

LFB : Comment ça va ? Vous devez tout juste redescendre de la Boule Noire (le 5 octobre dernier NDLR)… C’était comment, pour vous ?

Gabi : On en a pas mal parlé entre nous, mais je vais essayer de dire des choses que j’ai pas déjà dites… Par exemple : j’ai bien failli pleurer plus d’une fois pendant le concert…

Max : Pendant que tu jouais ?

Gabi : Oui… Il y a plusieurs fois où je me suis dit : à tout moment, ça part…

LFB : Tu saurais dire d’où ça venait ?

Gabi : Peut-être d’une sensation d’accomplissement… Cette date, on la préparait depuis longtemps. Il n’y avait pas que la musique à préparer, il y avait aussi toute la logistique, la production du concert… Et au fur et à mesure, on avait cette petite boule qui grandissait en nous, cette attente. On avait hâte que cette boule sorte, qu’elle se concrétise. Et donc, au moment où ça se fait enfin…

LFB : Ça devient réel.

Gabi : Oui, super réel. Tu as l’impression que cette chose se libère, que chacun en prend un petit morceau et le sublime. Et ça, c’est beau.

Max : C’est aussi le premier concert que l’on faisait en étant suffisamment préparés pour se dire : quoiqu’il arrive, ça sera bien. On a eu des grosses galères de son juste avant d’ouvrir les portes de la salle, mais malgré ça, je restais serein… Le stress avant concert ressemblait finalement plus à de l’excitation qu’à de l’angoisse.

LFB : Je me suis posé plusieurs questions en regardant le set : la première, elle concerne ce qui est projeté derrière vous, et notamment, cette mascotte qui surgit du sol lors de votre entrée sur scène. Vous pouvez nous raconter qui elle est ? C’est aussi celle que l’on aperçoit sur la pochette de l’EP Premier date.

Max : Son nom, c’est Johnny J. Double J, pour les intimes. C’est une pancarte qu’on a trouvée dans un grenier.

LFB : Dans un grenier ? Mais elle venait d’où ?

Gabi : C’est un peu du storytelling, qui vient du clip de Switching Delight… Il se passe dans une maison de campagne, mais je te laisse poursuivre.

Max : Dans le clip, on trouve cette pancarte dans un grenier, et on en fait notre meilleur pote. On l’emmène à la plage avec nous, on lui fait faire un ping-pong… Depuis, elle est partout avec nous.

Gabi : Il y a aussi quelque chose qu’on ne dit pas forcément, c’est qu’on trouvait que cette mascotte, elle n’avait rien à voir avec nous au départ. Johnny J avait l’air de sortir d’une autre esthétique.

LFB : Mais il est devenu malgré lui l’effigie de Perké with a k…

Max : Au début, on avait pas vraiment l’intention d’en faire une effigie… Mais on a fini par le mettre sur toutes les pochettes des singles… Et dans notre communication visuelle, il est finalement presque autant présent que nous. C’est devenu le troisième membre du groupe.

Gabi : On s’est rendu compte que graphiquement, il avait quelque chose qui marquait. Et puis il nous a aussi aidés à nous sentir accompagnés…

LFB : C’est marrant, je ne sais pas si je dirais qu’il détonne par rapport à votre esthétique. Je dirais qu’il y a même une certaine cohérence. En le voyant, je pense tout de suite aux jeux de Game Boy auxquels je jouais quand j’étais enfant. Comme le coach d’un jeu de combat.

Gabi : Un côté : nouvelle tenue débloquée pour le coach (rires).

LFB : Peut-être que c’est parce que je me sentais bien à l’époque en jouant à la gameboy, mais je trouve qu’il y a un côté feel good à ce Johnny J. Et ce côté là est aussi présent dans la musique...

Max : C’est vrai que c’est ce qu’on essaye de dégager sur scène, dans les vidéos et dans la musique. Un esprit positif, good vibes. Et Johnny J a un sourire presque débilos qui est quand même touchant…

LFB : Peut-être qu’on peut parler un peu de l’EP. Il s’appelle Premier date, et ce qui m’a frappé, c’est qu’il commence avec une chanson de rupture qui s’appelle Peter. Est-ce-qu’il y a un paradoxe à cet endroit ?

Gabi : (rires). C’est vrai, il faut le voir comme un premier date avec un public plutôt que comme un face-à-face avec quelqu’un…

LFB : D’autant qu’ensuite il y a Switching delight, une histoire de renaissance après une période tumultueuse, puis Pas fier, une chanson sur ce que l’on ne se dit pas au sein d’un couple…

Gabi : Ça serait un premier date très intense (rires). Je sais pas si tu as vu la saison 2 de Bref… Dans un des épisodes, le personnage principal a un date pendant lequel lui et son interlocutrice s’avouent tous leurs problèmes au bout de trente secondes. « Moi j’ai un TOC, moi je fais pas confiance »… Et finalement, ça fait un rendez-vous cartes sur table. L’idée de cet EP, c’était un peu aussi ça. Dire : voilà ce qu’on a comme histoire musicale, sentimentale, émotionnelle. On vous le donne, et vous pouvez en faire ce que vous voulez. On peut construire quelque chose ensemble, ou décider que ça ne matche pas pour le moment, et dans ce cas ça n’est pas très grave..

LFB : C’est drôle, c’est exactement ce que j’aurais répondu aussi, même sans avoir vu l’épisode de Bref… Sur un autre sujet : qu’est-ce-que c’est l’histoire de cette pochette, avec la chaussure immense de Max ?

Max : On voulait faire un photomontage. On aimait ce procédé, avec ces proportions absurdes…

Gabi : On aimait bien l’idée que Max passe par-dessus la porte…

Max : Ce qui pourrait être un peu intense, sauf que le lieu en question, c’est le studio où l’on travaille à Montreuil, c’est la maison. Je passe par dessus la porte de chez nous… Avec un côté artisanal qui nous plaisait beaucoup. Un graphiste verrait comment les personnages ont été détourés, et c’était aussi une volonté de laisser ça apparaître.

Gabi : Il y a une vidéo de making of de cette pochette d’ailleurs, elle est sur notre instagram.

LFB : Une question sur le dernier morceau de l’EP : c’est où, Sweet town, pour vous ? Est-ce-qu’on peut avoir une réponse différente pour chacun ?

Max : Je l’imagine un peu comme une ville-planète, au milieu de nulle part. Inspirée par une ville de fiction, où les rêves métamorphosent la nature qui se trouve autour : où la rivière se transformerait en ce que l’on souhaite boire, et où le temps changerait en fonction de ce que l’on ressent. Je pense à des dessins animés, à Futurama

LFB : Alors, c’est pas un endroit réel ?

Gabi : C’est marrant que tu en parles. Dans l’écriture du morceau, il y a un moment où j’ai eu la sensation de m’égarer un peu. Au moment d’écrire le deuxième couplet. La chanson avait globalement été écrite une première fois en deux jours juste avant un showcase que l’on faisait…

Max : C’était juste un début de chanson, mais on voulait la jouer quand même.

Gabi : Et elle a eu un très bon accueil. Alors, on s’est dit qu’il fallait l’ajouter à l’EP. Puis elle a été finie dans un second temps. Et la question que tu poses, c’est aussi une question que Max m’a posée quand j’étais bloqué…

Je crois que pour moi, c’est un endroit mobile, qui correspond à ce que l’on ressent quand on se sent bien avec des gens qu’on aime. Et, il y a pas besoin de faire des choses folles dans ce genre de cas. L’odeur des oranges dont on parle dans la chanson, c’est pas du caviar, c’est accessible… Pour moi, c’est un endroit qui n’existe pas du tout, mais qui existe tout le temps quand tu es avec des gens cools.

Max : C’est aussi l’endroit où l’on essaye d’emmener le public.

LFB : Parlons sérieusement : il faut que je vous demande un truc. La tenue de cycliste de Max, sur scène… J’adore, mais pourquoi, comment ?

Max : Pour le shooting de la pochette, on s’est retrouvé en fripes avec Gabi. Il fallait faire notre D.A à deux… Après quelques heures à fouiller et à chercher des trucs, on est tombés sur ces tenues de cycliste… Et Gabi a un passif avec le vélo.

LFB : Vous courez ?

Gabi : (rires) Oh déjà le terme, on sait qu’on est avec un connaisseur… Oui, j’ai fait pas mal de vélo. Culture vélo. Mais pas culture vélo chère, je précise. Les biclous, c’est super, mais les biclous de dentiste à 20 000 euros, très peu pour moi… Au début c’était juste pour me déplacer dans Paris, puis j’ai fait quelques voyages à vélo avec la tente sur le porte bagage. D’ailleurs Max aussi a un beau vélo, il y a même eu des moments où on se retrouvait pour en faire… On s’est donc dit que la biclou vibes, c’était un truc (rires).

LFB : Et sur scène, ça fait quelque chose de très spontané… On a l’impression que Max est descendu de son vélo et, sans aucune transition, s’est mis direct derrière le synthé basse.

Max : Oui (rires) Et il y a plein d’infos sur ce maillot, plein de couleurs…

LFB : Une dernière question peut-être, sur le futur de Perké. Vous préparez un album sur lequel il doit y avoir plein d’invités, au stade où vous en êtes, vous pensez qu’il va ressembler à quoi ?

Max : Alors moi j’aimerais bien que notre direction artistique s’affûte un tout petit peu plus. Même si je suis super satisfait de notre premier EP et je suis hyper fier justement d’avoir exploré des styles quand même assez différents. Que ce soit un tout petit peu plus serré dans la direction artistique. Plus Afro-latino que Afro-funk.

LFB : Alors, c’est fini les cocottes ?

Gabi : (rires) Pas nécessairement. Je sais que tu dis ça pour rire, mais le cachet funk il ne réside pas forcément là. Finalement, on met du temps à comprendre ce qui nous touche vraiment et ce qui est important dans une musique… Et on associe le funk à des éléments de scène ou d’arrangement qui ne font pas à eux seuls son identité, et qui par ailleurs n’appartiennent pas qu’à lui.

Max : C’est vrai. Et d’ailleurs je dis resserrer la direction artistique, mais on reste très ouverts. Sur le dernier single, Soiréesquive, il y a des choses un peu flamenco, avec de la guitare classique…

Gabi : Qui est un élément qu’il y a toujours eu dans notre musique, même si pas forcément assumé. Avec Max on vient tous les deux de là, faire sonner une guitare classique, c’est quelque chose qui nous a occupé tous les deux pendant un moment.

LFB : Et alors, ça c’est pour la musique, maintenant, qu’est-ce-que ça va raconter ?

Gabi : Je sais pas encore trop. Mais j’aimerais bien que cet album raconte quelque chose aussi, qu’il soit cohérent, avec une narration. Tout en sachant que la manière dont on écoute et produit la musique en ce moment ne favorise pas trop ce genre de démarches, mais je trouverais ça beau…

LFB : Un dernier mot ?

Max : On a les crocs.

Gabi : C’est vrai qu’après la boule noire on pensait temporiser un peu, et finalement ça nous redonné encore plus d’énergie. On a envie de jouer encore plus, d’aller encore plus loin. On a les crocs.

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