Permanent Damage, le pansement de Joesef

La Grande-Bretagne voit depuis quelques années son vivier de jeunes artistes exploser et s’exporter. L’un d’entre eux vient tout juste de rendre public son tout premier album studio. Avec Permanent Damage, Joesef effectue des débuts plus que remarqués et attendus. 

Ce que l’on peut dire pour qualifier le son et le style du jeune écossais est que ce dernier se fond dans l’air du temps, lui qui est partisan d’une Pop empruntant une grande partie de son ADN à la Soul. Après s’être exprimé à travers deux EP ,que sont Play Me Something Nice et Does It Make You Feel Good?, le moment était venu de passer la seconde. C’est désormais chose fait,e avec ce projet entouré de beaucoup d’attentes et d’excitation.

À  travers ces 45 minutes de musique, Joesef met en avant un style mûrement réfléchi, et surtout pleinement maîtrisé. Mis sur pied aux côtés du producteur Barney Lister, on retrouve une voix qui a été l’objet d’un important travail. On peut notamment le remarquer avec le falsetto plein de finesse et de subtilité utilisé par l’artiste. Ce même registre se voit utilisé dans des circonstances diverses, offrant un vrai éclectisme au projet. D’autant plus que les performances vocales de l’Ecossais ressortent dans un mix soigné, qui donne une plaisante profondeur à l’ensemble. 

Sous ces airs joyeux et lumineux se cachent en vérité des textes évoquant des chapitres douloureux de la vie de leur auteur. Permanent Damage traite des suites et des conséquences d’une rupture difficile et douloureuse. À vrai dire, c’est l’artiste lui-même qui l’avoue et confirme parler de son expérience avec celui qui est maintenant son ex-compagnon. Cependant, cette thématique en particulier est traitée avec une plume fine et subtile, digne d’un écrivain. Ce traitement est effectué avec beaucoup de recul et d’honnêteté, et explore le terrain de l’introspection. On peut notamment entendre Joesef disserter sur ses torts, et ce qu’il a raté au sein de cette relation.

Mais ce sujet triste est traité sur des morceaux souvent dansants, aux tonalités gaies et lumineuses. On peut prendre comme évident exemple la piste Didn’t How To Love You qui, avec une ambiance chaude et douce, évoque les difficultés éprouvées par le chanteur. Ce côté adapté aux pistes de danse vient des influences Soul de l’artiste, qui arbore des refrains groovy et marqués par une production sublime. Tout en délicatesse, Barney Lister magnifie l’interprétation saisissante de Joesef pour la transformer en un moment apaisant et entraînant.

On note ici un vrai talent pour édifier des morceaux efficaces à la construction et intelligents dans leur déroulé. Des illustrations de cette réussite résident dans des pistes comme Shower, East End Coast, ou encore Moment. Écrits avec brio, ces derniers montrent comment l’Ecossais parvient à ériger des compositions avec du sens et un cheminement distinct.

Avec ce premier album, Joesef affirme un statut d’espoir prometteur lui collant à la peau depuis ses débuts. En d’autres termes, l’artiste confirme les dires émis autour de sa personne précédant la sortie de ce projet. Avec 45 minutes de musique parfaitement maîtrisées, on assiste sans doute à la naissance d’un album qui ravira nombre d’oreilles curieuses. Permanent Damage est sans aucun doute l’une des parutions les plus marquantes de ce début d’année, alliant volupté et justesse. 

Vous pouvez retrouver Joesef sur Instagram, Facebook et Twitter.