Lorsque nous nous rendons sous un froid glacial à Petit Bain, la foule est déjà présente. Malgré une offre musicale dingue en ce moment, le public n’attend que ça : s’en prendre plein les oreilles avec les génialissimes Peter Kernel. La dernière fois, c’était au même endroit, en 2021. Et on en garde un excellent souvenir (rappelez-vous le livre pour enfants volé dans une station-service et la lecture qu’ils nous en faisaient). Aujourd’hui, ils viennent nous jouer leur nouvel album, Drum To Death et on est plus que prêt.e.s.
Première partie : Mossaï Mossaï
La soirée, placée sous le signe de l’agence de booking Persona Grata a de quoi faire des envieux et envieuses. Car quelle impatience de voir encore et encore les magnifiques Mossaï Mossaï. Le quatuor tourangeau est venu présenter son premier album, Faces, que nous avions déjà chroniqué sur La Face B (convaincue depuis la première heure ? Oui).
Marie nous transporte, les mots s’égrènent puis s’envolent, loin et fort. Chanter en français, des allures de dame, la classe et la décontraction. Le groupe ouvre avec notre morceau préféré, Blottie. Celui qui prend son temps, qui s’installe confortablement avant de partir, instantanément. Le ton est donné. Philémon se joint à Marie tandis que nous, on danse, on danse. De Cérébral à Charge, on frôle l’expérimental, les pédales s’affolent, la basse de Tanguy résonne dans les oreilles tandis que Jean-Loup martèle ses fûts, cadence électrique. Il faudrait que ça ne s’arrête jamais. Derrière nous, la famille. Elle sourit et danse. C’est le soutien inconditionnel et l’explosion. On a envie, ici, que le public soit conquis, qu’il en redemande, encore et encore. Mossaï Mossaï nous régale de nouveaux morceaux, dont le sublime La fourrière. Pensée émue pour Jean-Loup et sa voiture.
Un set parfait, à l’image de ce groupe, qui ne cesse de se réinventer, de créer. Une musique qui se vit, qui se joue dans le creux et dont on ne ressort jamais vraiment indemne.
Peter Kernel
Peter Kernel, c’est un duo composé d’Aris Bassetti (guitare, chant) et de Barbara Lehnhoff (basse, chant). Et comme ils le disent si bien, ça fait dix-huit ans qu’ils tournent ensemble. Et pourtant, c’est toujours la même impression qui domine : quelle fraicheur, quelle joie ! Aller à un concert de Peter Kernel c’est l’assurance de repartir un grand sourire, de laisser ses problèmes au placard et de juste rire, rire, rire.
Quelques jours avant, le duo suisse-canadien (ça aussi, ils aiment le rappeler) sortait son nouvel album, Drum To Death avec un concept tout à leur honneur : 11 morceaux, 11 batteurs ou batteuses. Ainsi, Tam Bor (déjà présent au concert de septembre 2021) succède à Cosmic Neman (Zombie Zombie) et à Béatrice Graf. Evidemment, on flippe un peu. Comment retranscrire en live le jeu de différents artistes ? Qui va prendre le lead ? Ici, ils seront accompagnés d’Hugo Panzer, batteur allemand (qui joue sur Boo) car d’après leur franc-parler légendaire, la copine de l’ancien batteur, Tam Bor ne les apprécie pas vraiment. Okay, c’est noté. En réalité, chaque date accueille un batteur ou batteuse différent.e. La classe !
Surprise, ils ouvrent le concert avec un vieux vieux titre : He’s A Heartattack qu’on retrouve sur l’album How To Perform A Funeral (2008). C’est ça aussi la magie de Peter Kernel, ne pas jouer que des nouveaux morceaux mais se promener dans leur répertoire. Barbara, les yeux fermés et pieds nus, sur les pointes, tout le temps. Rapidement, Men of the Women est joué. On est ravi.e.s.
Mhh ou bien Bzzz, le nouveau disque se découvre sous l’œil d’Aris, qui semble parfois ne pas connaitre réellement les titres. Mais évidemment, il en joue. Et lorsque surgit Amen, le public décolle. Suit l’habituel « vous avez des questions ? » et les échanges toujours si drôles entre le duo. Ari demande « ça va la bassiste? » et Barbara rétorque « ça va le guitariste? ». Entre eux, c’est le feu et la passion. Mais c’est You’re Flawless sur Thrill Addict (2015) qui remporte chez nous tous les suffrages. Dans notre cœur depuis toutes ces années, il fait partie de ces morceaux intenses et criants dont le groupe a le secret. C’est la tension qui monte, Barbara qui crie et les mots balancés très vite. Très fort. Sur fond d’expérimentations sonores.
Peter Kernel enchaîne les morceaux, donnant aux gens l’occasion de monter sur scène pour danser puis de faire des percussions avec eux. Les instruments sont lancés dans la fosse et les plus curieux se découvrent alors une nouvelle vocation. Mais tandis qu’on se rapproche de la fin, surgit Panico ! This Is Love, devant une foule survoltée. Et lorsque sous les ordres du duo chacun.e se met à haleter, Barbara, sourire aux lèvres ne peut s’empêcher de rétorquer : « c’est un peu sexuel, non? ». Oui, définitivement.
Le duo conclut finalement le set sur High Fever, dont on ne se lasse pas. C’est la fougue et la joie. L’ivresse des débuts et la promesse d’un recommencement. Peter Kernel en live c’est la magie, la bonne humeur et les titres accrocheurs. On en redemande.
Crédits photos : Cédric Oberlin