ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’il dévoile aujourd’hui son tout premier titre, Sans le son, Pierre Jouan aka Pierō nous dévoile des morceaux qui marquent et les souvenirs qui y sont associés.
Une belle histoire – Michel Fugain
1998 – Primel-Tregastel, Bretagne
J’approche mon oreille un peu plus près du haut-parleur. À travers la grille du lecteur-cassette, les trompettes et les chœurs de l’intro du morceau résonnent comme une présence spectrale.
J’ai 6 ans et j’écoute en boucle cette chanson, obsessionnel comme seul un enfant peut l’être. Elle raconte l’histoire d’un amour éphémère, sur un bord d’autoroute, entre un homme et une femme qui commencent à peine leur vie. Je ne sais encore rien de l’amour, mais pressens pourtant la très grande tristesse qui émane de cette innocence apparente.
C’est mon plus vieux souvenir de musique enregistrée. Aujourd’hui, je n’ai pas la force d’écouter cette chanson jusqu’au bout, tellement elle me bouleverse.
Beautiful night – Paul McCarthney
Londres, 2012.
C’est la nuit. Seul sur le toit d’un immeuble, je regarde les lumières de la City clignoter et les vies parallèles dont chacune d’elle témoigne. J’écoute cette chansons aux paroles magnifiques et mystérieuses :
“Someone’s gone out fishing
Someone’s high and dry
Someone’s on a mission to the lonely lorelei
Some folk’s got a vision of a castle in the sky
And I’m left stranded
Wondering why”
“Un homme est parti pêcher
Un autre, on l’a laissé tombé
Un autre encore vient de partir en mission sur le “lonely lorelei”
Un type a la vision d’un château dans le ciel
Et moi je suis là, échoué, et je me demande pourquoi.”
Bach – variations Goldberg
Paris – 2005
Le piano est devenu mon meilleur ami.
Sur l’IPod nano orange, j’écoute les variations Goldberg en allant au lycée. Chaque nouvelle variation s’enfonce encore plus dans la matière du thème qu’elle épuise. Glenn Gould a enregistré deux versions de cette pièce. La première, en 1956 alors qu’il n’a que 24 ans, est virtuose et solaire. La seconde, enregistrée à la toute fin de sa vie, en 1981, est grave et lente. Je vous laisse choisir votre préférée.
Peace piece – Bill Evans
N’importe où, n’importe quand
Quand je suis perdu, et que j’ai besoin de retrouver le calme, j’écoute Bill Evans. Et j’ai alors toujours l’impression d’être au cœur de la musique, à sa source, ce qui me donne une force sereine que je ne trouve nulle part ailleurs.
Morning – Francis and the lights
2021 – Notre-dame-de-Monts
C’est l’hiver dans cette station balnéaire de l’ouest de la France. Le soir, je vais courir le long de la Mer Noire. De rares lampadaires éclairent la jetée. Dans mes AirPods, il y a cette chanson-talisman de Francis and the lights. Elle parle de la sensation précise du bonheur, depuis longtemps oubliée, qui revient par surprise. Je crois que je suis heureux.